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LES
PARADIS FISCAUX, RELAIS FINANCIERS DU TERRORISME
COMMUNIQUE d'ATTAC
Après les attentats meurtriers perpétrés aux Etats-Unis de nombreux gouvernements
semblent soudainement découvrir certaines des conséquences des "paradis
fiscaux". Ces territoires sans loi, où le secret bancaire s'ajoute à l'existence
de lois fiscales, commerciales et pénales particulièrement laxistes, facilitent
effectivement le transit et le blanchiment de fonds de toutes origines
(fraudes, corruption, rackets, trafics, etc.) et destinés à diverses finalités,
dont, parmi d'autres, le financement d'armées privées ou d'actes terroristes.
Depuis sa création en 1998, Attac dénonce l'existence des paradis fiscaux.
Depuis toujours les gouvernements des pays les plus riches (Grande-Bretagne,
Etats-Unis, Pays-Bas, Portugal, France, Espagne, etc.) ont laissé se développer
ces territoires qui, dans la plupart des cas, dépendent en fait plus ou
moins directement de leur juridiction.
Récemment les Etats-Unis ont décidé de ne pas suivre une initiative de
l'OCDE visant à obtenir un minimum de coopération de 35 paradis fiscaux:
au nom du principe de la liberté du commerce et des affaires, et aussi
pour continuer d'aider nombre de multinationales à échapper à la fiscalité
de leur pays d'origine, les Etats-Unis ont choisi de ne pas s'opposer
à l'essentiel de la criminalité financière. Attac continue d'affirmer
que des mesures concrètes et efficaces peuvent être effectivement prises,
sans attendre l'accord spontané de tous les Etats, y compris de ceux qui
tirent bénéfice de ces criminalités économiques et financières.
Les Etats-Unis viennent de menacer toutes les banques et les institutions
financières du monde de bloquer leurs avoirs et leurs transactions aux
Etats-Unis dès lors qu'elles refuseraient de bloquer la capacité des terroristes
à accéder à leurs fonds. Ils confirment ainsi que seule jusqu'à présent
l'absence de volonté politique des pays les plus riches de la planète
a permis que prolifèrent ces territoires qui rendent possibles toutes
les criminalités aux aspects financiers déterminants. Attac demande que
ces mesure seulement à l'égard des financiers du terrorisme, mais contre
tous ceux qui vivent des trafics (drogues, armes, êtres humains, animaux,
etc.), des rackets, des fraudes, de la corruption etc. Les dégâts sont
peut-être moins spectaculaires mais tout aussi insupportables: mise en
cause des budgets publics, difficultés financières et économiques pour
nombre d'Etats, misères pour des populations entières, recul des valeurs
démocratiques, etc.
Toute limitation de ces mesures serait l'indice que les gouvernements
poursuivent dans l'hypocrisie, comme le fait d'ailleurs le gouvernement
français qui, par la voix de M Fabius, vient d'annoncer la mise en place
d'une cellule anti-blanchiment limitée à l'argent du terrorisme, alors
que les outils déjà existants, comme Tracfin et les Pôles économiques
et financiers, n'ont pas été dotés des moyens humains et matériels nécessaires
à la lutte contre la criminalité financière.
De même, on ne saurait remédier aux carences de la coopération sur le
plan européen par la seule création d'un mandat d'arrêt européen limité
au terrorisme: d'abord, parce que l'efficacité des enquêtes ne dépend
pas seulement des mandats d'arrêt, mais d'un ensemble d'actes de procédure;
surtout, parce que la garantie des droits et libertés doit être à la mesure
des avancées nécessaires dans l'efficacité des poursuites.
Attac demande donc que des mesures concrètes soient prises pour: - imposer
la traçabilité des opérations financières internationales: un contrôle
public des chambres de compensations (sociétés de clearing) doit être
mis en place; - neutraliser les relations avec toutes les entités juridiques
non transparentes (sociétés-écran, trusts...): la nullité d'ordre public
des rapports juridiques avec ces entités et le gel de leurs avoirs doivent
être envisagés; - rendre plus efficace, sur le plan européen, la lutte
contre la criminalité transnationale: l'unification des règles fondamentales
de droit pénal et la création d'un parquet européen sont aujourd'hui nécessaires.
Attac continuera de porter ces exigences, et particulièrement après le
6 octobre à Luxembourg dans le cadre de l'action "grande lessive"initiée
par Attac Luxembourg avec l'appui de nombreux comités Attac d'Allemagne,
de Belgique et de France. Après l'encerclement de Jersey et les actions
menées à Andorre le 9 juin, il s'agit cette fois de dénoncer le rôle joué
par le Luxembourg dans le blanchiment de l'argent sale.
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