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GRANDE
LESSIVE à Luxembourg, le 6 OCTOBRE 2001
AGIR POUR LA SUPPRESSION DES PARADIS FISCAUX
Matinée d'action dans la ville de Luxembourg pour la suppression des paradis
fiscaux à l'appel du Pôle européen de résistance-coordination d'ESCH sur
ALZETTE. Y ont participé: ATTAC LIEGE, ATTAC BRUXELLES, ATTAC NAMUR,
ATTAC DEUTSCHLAND, ATTAC MEURTHE ET MOSELLE, ATTAC MOSELLE, ATTAC LUXEMBOURG,
ATTAC STRASBOURG, ATTAC VOSGES.
L'opération
" la grande lessive " s'est inscrite dans un cycle d'actions participant
d'une campagne plus générale au plan européen (débutée à Monaco en décembre
2000, suivie de l'encerclement de Jersey le 9 juin 2001).
Attac est un mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action et
tout citoyen et toute citoyenne a le droit de comprendre ce qui se passe
dans le monde.
Comprendre comment fonctionnent les paradis fiscaux: l'île de Man,
Liechtenstein, les îles Anglo-Normandes, Suisse, les îles Caïmans, Andorre,
Luxembourg ... lutter contre eux et contre le blanchiment de l'argent,
c'est refuser une mondialisation sans lois. C'est exiger, des Etats membres,
qu'ils exercent les contrôles nécessaires pour réguler les capitaux internationaux.
Force est de constater qu'il n'y a plus de contrôle démocratique sur la
sphère financière, depuis l'indépendance des banques centrales et de la
banque centrale européenne, inscrite à l'article 107 du traité de Maastricht.
Au cours des vingt dernières années le taux d'imposition moyen des revenus
du travail, en Europe, est passé de 35% à 41%. Dans le même temps, la
taxation des revenus du capital a été réduite. Cette double évolution
s'est accélérée à compter de l'année 1990 avec la décision unanime des
pays membres de l'Union européenne de permettre la libre circulation des
capitaux, sans décider, pour autant, d'une harmonisation fiscale dans
la taxation du capital et de ses revenus. " Naturellement ", des détenteurs
de capitaux ont recherché l' " optimisation " de leur placement en choisissant
les Etats les plus favorables, fiscalement.
Pour rester attractifs à l'égard de capitaux de plus en plus mobiles,
la plupart des Etats se sont engagés dans une course à la baisse de la
taxation des revenus du capital. Le plus souvent, ils ont décidé une augmentation
parallèle de la taxation des revenus du travail, lequel est beaucoup moins
mobile ! Les paradis fiscaux, avec leur secret bancaire, leurs obstacles
juridiques et leur fiscalité faible ou nulle, jouent un rôle déterminant
pour tirer vers le bas la taxation du capital. L'objectif premier de la
fiscalité est de fournir aux pouvoirs publics les ressources nécessaires
au financement de l'égal accès de tous les citoyens aux droits sociaux
et collectifs qui leur sont reconnus.
La
politique fiscale d'un gouvernement illustre la réalité de ses choix politiques
bien plus que de longs discours ! Les moyens de contrôle et de régulation
s'avèrent de plus en plus inadaptés pour garantir le respect des lois
applicables. Les frontières sont tombées mais pas pour les administrations
fiscales, douanières et judiciaires qui " courent un cent dix mètres haies
avec des boulets aux pieds " face à des fraudeurs dopés.
Il
ne faut pas s'attendre à ce que les prédateurs lâchent leur os facilement.
Les corsaires ne disparurent que lorsque le monde se mit d'accord pour
imposer les lois maritimes !
La
fiscalité n'est ni une question technique, ni un problème complexe. C'est
un sujet totalement politique qui doit être pris en charge par les citoyens.
Sans justice fiscale, il ne peut y avoir de justice sociale. Un rapport
de force social et politique est un préalable évident face aux multiples
tergiversations et hypocrisies qui enrobent le dossier de l'harmonisation
fiscale des revenus du capital en Europe, particulièrement.
La
présidence belge de l'Union européenne offre l'occasion de construire
ce rapport de force dans l'unité la plus large. Pour régler démocratiquement
l'harmonisation fiscale du capital, l'U-E devrait se doter d'une directive
contraignante abolissant le secret bancaire et obliger les Etats à plus
de transparence sur les revenus générés par les produits financiers etc.
Nous manifesterons pacifiquement et très festivement à Luxembourg-Ville
pour dénoncer les paradis fiscaux, les fuites de capitaux vers les centres
offshore et pour engager fermement nos gouvernements à prendre les décisions
qui freineront et enrayeront la criminalité financière.
Chaque jour, la glorification des petits héros d'entreprises, de l'argent-roi,
du capitalisme sans frontières et sans limites, du profit pour le profit,
indique que les luttes contre le veau d'or reste une ardente obligation
pour les citoyens. Ne sommes nous pas entrés dans un monde qui de plus
en plus se décline tout seul ? Sans nous ?
Une autre Europe pour une autre mondialisation. Une autre fiscalité pour
une économie au service de l'humain.
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