Sous-comité de la Politique monétaire et du Commerce international du Comité sur les Services financiers de la Chambre des Représentants Audition sur la politique américaine envers la Banque du Développement africain et du Fonds de Développement Africain 25 Avril 2001, Témoignage de Njoki Njoroge Njehû Monsieur le Président, Je vous remercie de me donner l’occasion de témoigner devant le Sous-comité de la Politique monétaire et du Commerce international du Comité des Services financiers de la Chambre des Représentants alors qu’il examine la politique et la participation des Etats Unis envers les activités de la Banque du Développement africain et du Fonds de Développement africain. En tant qu’africaine, femme du Kenya et directrice du Réseau américain, « 50 ans, cela suffit », pour une Justice économique globale, je mesure et j’apprécie à la fois le privilège et la responsabilité qui accompagne cette invitation. Le réseau américain » 50 ans cela suffit, pour une Justice économique globale » est un rassemblement de plus de 200 organisations américaines provenant de la base, de femmes, de jeunes, pour une justice sociale et économique, pour le développement et le travail, toutes dédiées à une transformation profonde de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Le Réseau travaille de façon solidaire avec plus de 185 organisations partenaires internationales dans plus de 65 pays. Par l’intermédiaire de l’éducation et de ses actions, le Réseau a pour but de transformer la politique et les pratiques des institutions financières, de mettre fin à l’imposition par l’extérieur de programme d’économie néo-libérale et de rendre le processus de développement démocratique et responsable. Nous avons été fondés en 1994, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Nous nous concentrons sur une action orientée vers l’apprentissage des connaissances économiques, vers une mobilisation populaire et un plaidoyer politique. Votre lettre d’invitation, Monsieur le Président, me demande d’aborder un certain nombre de points et de questions spécifiques : les sujets concernant la position de la nouvelle administration vis à vis des intérêts américains et sa participation à la Banque du Développement africain et du Fonds, une comparaison entre le rôle de la Banque mondiale, du FMI et d’autres donateurs importants de l’assistance bilatérale ; le débat entre subventions et emprunts, entre prêts pour la réduction de la pauvreté et infrastructures matérielles ; et si la Banque du Développement africain joue un rôle significatif pour promouvoir des réformes favorisant l’économie libre et l’entreprise privée, le soulagement de la dette pour les pays pauvres les plus endettés et le défi du virus HIV et du SIDA pour le développement économique en Afrique sub-saharienne. Ce sont des questions importantes qui se situent au cœur du futur du Continent africain, non seulement dans la perspective de la Banque du Développement africain et du Fonds, mais aussi du FMI, de la banque mondiale et des autres institutions et pays qui prêtent et donnent une assistance en Afrique. Je crois que l’en considérant ces questions, une des distinctions essentielles doit être faite entre les intentions et les résultats. Alors que les intentions de ceux qui prêtent et donnent une assistance aux pays africains sont parfaitement énoncées- réduction de la pauvreté, réformes politiques et structurelles, etc..-la question que nous devons poser sans relâche est de savoir si le résultat est à la hauteur des intentions proclamées concernant les politiques et projets des institutions financières multilatérales. Lorsque l’on regarde les réalités auxquelles ont été confrontés les africains, aussi bien que d’autres régions du Sud mondial (Asie/pacifique, Amérique latine et les Caraïbes), il est indéniable que les résultats de la mise en place des programmes d’ajustement structurel, des réformes de libéralisation des marchés, du soulagement de la dette et la privatisation, ont échoués. Le fait est que des aspects de ces politiques et programmes-réductions dans les subventions alimentaires, réductions dans les crédits aux paysans, frais demandés aux utilisateurs pour la santé et l’éducation, privatisation de l’eau condamnent des millions de personnes à la faim, la malnutrition, la pauvreté et la mort. Les Africains travaillent durement et survivent contre mains défis. La vie en Afrique rurale de nos jours, pour la majorité des gens, est très semblable à celle que j’ai connue quand j’ai grandit : produire une grande variété de cultures, à la fois pour vendre au marché local et pour la consommation familiale ; élever des poulets ou vendre la vache familiale lorsqu’un revenu supplémentaire était nécessaire pour les frais scolaires ; pas d’électricité ; des routes de terre qui vous recouvrent de poussière à la saison sèche et de boue en saison des pluies; planter des arbres pour lutter contre la désertification ; mettre vos ressources en commun avec les voisins pour amener de l’eau par des conduites, une clinique ou une école dans votre village dans l’esprit de Harambee ou de ‘tirons ensemble '. Et par-dessus tout, ne pas perdre espoir : dans ma langue maternelle, nous disons Gûtiri ûtukû ûtakia : « il n’y a pas de nuit noire qui ne soit suivie d’un lever du jour ». C’est pourquoi les gens ne perdent jamais espoir mais continuent à lutter et combattre pour leurs vies et moyens d’existence dans la dignité même lorsque tout semble être contre eux. Les parents africains comme tous les parents, travaillent dur pour assurer les choses de base pour leurs familles-la nourriture, un abri, l’éducation, de l’eau potable sûre, et des soins de santé- et espèrent que leurs enfants auront mieux qu’eux. Il y a de nombreuses questions pour savoir pourquoi l’Afrique reste dans la pauvreté. Il y a eu tant de projets de développement et néanmoins pourquoi la qualité de la vie de la majorité des gens empire au lieu de s’améliorer et les projets s’écroulent si rapidement ?Le Kenya que j’ai laissé en 1986 pour poursuivre mes études supérieures aux Etats Unis était, comme le reste de l’Afrique, en meilleure posture que le Kenya d’aujourd’hui. A l’époque, le discours était que les choses avaient encore bien empiré-des prix plus élevés, moins d’emplois, une moindre qualité des soins et de l’éducation par rapport aux années antérieures. Quelquefois, les économistes ou les commentateurs sociaux disent qu’un pays a « touché le fond ». Au Kenya, au Mozambique, au Nigeria, au Malawi, en Ethiopie et dans les autres pays d’Afrique, nous trouvons sans cesse de nouveaux planchers, ou, pour être plus précis, qu’il n’y a pas de fond qui ne puisse devenir pire. Les dettes extérieures augmentent même si nous payons de plus en plus au service de la Dette. Quand je suis reviens au Kenya aujourd’hui pour rendre visite à ma famille, je trouve que les prix ont continué à grimper et que les gens-les gens dont j’ai toujours pensé » qu’ils n’étaient pas pauvres »- sont incapables d’acheter les choses qu’ils considèrent comme de première nécessité. Les gens sont mis au chômage ou reçoivent « la poignée de main en or » (la retraite anticipée) et les diplômés d’université n’ont continuellement aucun espoir d’embauche. De nouvelles sectes religieuses s’épanouissent pour offrir aux gens de l’espoir que toutes les voies d’hier semblent incapables de fournir. Les fermiers sont incapables d’acheter des engrais et les éleveurs de café choisissent de brader leur café plutôt que d’accepter les prix en dessous du prix de revient qui leur est offert. Aujourd’hui, ma grand-mère qui est veuve ne peut subvenir à ses besoins en vendant le café de ses 1500 arbustes qui lui permettait de vivre, elle et ses 10 enfants. Entre temps, une tasse de café coûte plus d’un dollar à Starbucks et le café AA du Kenya se vend 10-12 dollars la livre ! Les hôpitaux publics font dormir 2 malades dans un seul lit, demandent aux familles d’aller dans les pharmacies acheter les médicaments à donner aux malades, ainsi que de fournir toute la nourriture pour les malades internés ; La plupart des familles ne peuvent payer les frais de scolarité (frais d’utilisation) imposés à toute l’éducation depuis la maternelle jusqu’à l’université, ce qui conduit à exclure les filles de la scolarité car elles ne sont pas considérées comme une priorité. Dans ce contexte d’un continent qui doit faire face à d’immenses défis qui semblent à peu près insurmontables, nous devons poser des questions au sujet de la Banque pour le développement africain, maintenant vieille de 3 décennies, une institution qui fût fondée pour financer des projets qui devaient fournir les bases pour du travail, de la technologie et un moyen de sortir de la pauvreté. Au lieu d’une Afrique où les promesses auraient été tenues, nous voyons une Afrique qui a subi un rapide et long déclin -une Afrique qui a enduré des circonstances économiques qui ont empiré depuis la fondation de la Banque. Ce sous-comité peut aider à organiser une nouvelle direction de la Banque pour le développement africain, une direction qui offrirait une base pour du travail, de la technologie et un moyen de sortir de la pauvreté en aide aux initiatives des peuples africains. L’Afrique sub-saharienne est riche en ressources humaines et naturelles mais rencontre de nombreux défis : une crise du SIDA à peu près inimaginable, avec déjà 17 millions de morts et en plus 25 millions d’infectés ; un manque de possibilités officielles d’emplois, avec des coupes dans les budgets gouvernementaux diminuant de plus en plus les salaires les plus élevés ; une crise de la sécurité amimentaire, avec trop des meilleures terres dévolues aux cultures d’exportation par suite de l’insistence des politiques de la Banque mondiale et du FMI, laissant les gens vulnérables à des périodes d’absence de pluie mêmes brêves ; la destruction de l’environnement qui exacerbent des problèmes sérieux déjà existants ; l’analphabétisme ; les conflits et les guerres civiles ; le haut niveau de mortalité maternelle et infantile ainsi qu’un poids très lourd de la Dette. La Banque pour le développement africain a beaucoup de défauts sur lesquelles je ne m’étendrai pas car, au contraire des autres invités, je ne suis ni économiste ni quelqu’un qui a l’expérience de la Banque elle-même. Je voudrais juste attirer l’attention sur le fait l’institution originelle prête à très peu de pays sub-sahariens ; sa filiale des « prêts à taux faibles », le Fonds pour le développement africain, a une portée d’action plus étendue. La Banque elle-même, même si elle se remet de sa crise de gestion des années 90, perd toute signification pour la plupart des gens du Continent. Je veux donc, aujourd’hui, mettre l’accent sur ce que crois que la plupart des africains eux-mêmes diraient à propos du redressement économique et du développement de notre continent. En un mot, cela ne marche pas. La façon dont le développement est conduit et l’a été depuis le déclin économique de l’Afrique, a fait plus de mal à l'Afrique qu’il ne l’a aidée. Notre accès aux services, notre futur en matière d’emplois, nos standards nutritionnels, notre niveau de vie global ont tous déclinés depuis 1980. Qu’est-ce qui a changé depuis 1980 ? Certainement, il y a eu les crises du pétrole des années 70 qui ont durement frappé de nombreux pays africains. Il y a eu aussi l’élévation mondiale des taux d’intérêt qui, lorsque la Réserve fédérale américaine a combattu l’inflation, a eu aussi un impact négatif sur la charge de la dette de pays africains. La crise de la dette qui a frappé les dettes du Mexique ou de l’Argentine au début des années 80 a aussi frappé l’Afrique. La différence en était, tout d’abord, que les sommes dues par nos pays n’étaient pas aussi grandes que les dettes du Mexique ou de l’Argentine, ce qui fait que nous n’étions pas en première page et, ensuite, que la crise, en dépit des moindres sommes mises en jeu, était toute aussi sérieuse en proportion avec la taille de nos économies et qu’elle n’a jamais stoppé. L’Afrique sub-saharienne continue à rembourser plus à la Banque mondiale et au FMI qu’elle ne reçoit de ces institutions. Et, en dépit de ce gigantesque détournement de ressources, et en dépit dans plusieurs cas de l’acceptation de pays au sein du programme de la Banque mondiale et du FMI de soulagement de la dette, notre niveau d’endettement continue à croître. Les services sociaux continuent à être supprimés, les gens continuent à être licenciés et les prix continuent à croître. En fait, il est évident que le développement ne fonctionne pas en Afrique. Alors que les gouvernements africains et même la Banque pour le développement africain ont fait de nombreuses erreurs qui ont contribué aux échecs du développement, je pense que nous devons regarder plus en profondeur. Nous devons reconnaître que depuis les environs de 1980, la plupart des gouvernements du Continent ont essayé de mettre en place des programmes décidés par le FMI et la Banque mondiale. Ils avaient peu de choix en la matière: pour avoir accès à tous les capitaux et marchés internationaux, ils devaient accepter les recommandations de ces institutions. La Banque pour le développement africain elle-même diffère, accepte et met en place les politiques du FMI et de la Banque mondiale. Les gouvernements n’ont pas toujours mis en place ces programmes « d’ajustement structurel » complètement mais l’essentiel des politiques économiques de ces pays ont été la vision de « réforme économique raisonnable » du FMI et de la Banque mondiale : des politiques qui libéralisent les lois du commerce, abolissent les subventions, rendent le travail « flexible » ( ceci signifiant des licenciements plus aisés et des salaires minima plus faibles, privatiser les compagnies et les industries nationalisées, ouvrir les économies aux sociétés multinationales, fournir des incitations comme des taux d’intérêt élevés pour l’investissement international ( même si ces mêmes taux exclus les petits agriculteurs et petits commerçants de l’accès aux capitaux), cassent les services publics et réorientent des économies entières loin des biens de subsistance et au contraire vers l’exportation. J’accorde moins d’importance à parler d’idéologie économique ou d’intentions que de parler des résultats réels. Les résultats de ces programmes ont été dévastateurs. Attaché à mon témoignage est un graphique préparé par un économiste du personnel de la Banque mondiale qui démontre de façon graphique la relation inverse presque parfaite entre les programmes d’ajustement structurel et la croissance. La question n’est pas ici de savoir si d’autres incitations sont nécessaires ou bien si des changements d’ordres d’importance pourraient produire de meilleurs résultats. Nous avons en fait passé des années à discuter avec les institutions et avec les gouvernements précisément à propos de ces questions. Ce qui est important est de créer un changement. Est-ce que nous avons besoin de ces frais d’utilisation que ces programmes ont demandé pour les soins et l’éducation et qui empêchent les filles d’aller à l’école et les malades d’être soignés ? Comment nous obtiendrons des crédits raisonnables pour les paysans de façon à ce qu’ils n’aient pas à vendre leurs terres à de grandes entreprises d’agriculture et à se diriger vers les villes ? Comment nous pouvons construire une Afrique où les gens ont assez à manger, avec un niveau croissant d’alphabétisation, des soins de santé décents, accès à l’eau et des pratiques pour un environnement durable ? Ceci ne va pas avoir lieu avec les mêmes moyens. Les conditions d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque mondiale ne sont pas moins nocifs quand ils sont imposés par la Banque pour le développement africain ou le Fonds pour le développement africain. Les prêts pour le développement accordés à des pays sévèrement endettés n’enlèvent rien au poids de la dette i’ils proviennent d’Abidjan au lieu de Washington. Le plan de marché n’a pas fonctionné pour l’Afrique. Nous avons besoin d’un plan Marshall. Lorsque l’Europe a été dévastée par la seconde guerre mondiale, les Etats Unis, ont reconnu que prêter à des économies dévastées était un moyen illogique de développement, puis la dette continuerait à être un fardeau pour les débuts fragiles d’une nouvelle industrie. A la place, reconnaissant que leur intérêt était dans une économie européenne saine, ils mirent en place le plan Marshall, déplacent environ 2% du produit national brut américain vers l’Europe gratuitement. Les Africains et autres peuples du Sud mondial n’ont besoin ni de moins ni de plus que ce qui a été octroyé à l’Europe. L’Afrique qui a été brutalisée par le colonialisme, avec ses frontières redessinées, ses gens vendus comme esclaves et ses ressources exploitées au profit des intérêts étrangers, est devenue indépendante dans les années 50-60 et il lui a été dit de se développer elle-même. En fait d’assistance, il lui a été accordé quelques subventions et beaucoup de prêts. Quand ces pays, qui n’avaient jamais pris part à l’économie mondiale sur un pied d’égalité, sont tombés dans l’endettement, il leur a été octroyé plus de prêts-comme retirer sur une carte de crédit pour régler avec une autre. Comme le manège de la dette continuait, de plus en plus de conditions étaient imposées aux pays. Il leur était dit qu’ils pouvaient être exactement comme les Etats-unis ou la Corée du Sud en suivant les politiques de ces pays. Le problème était que ces pays se développaient avec l’aide de politiques protectionnistes ou isolationnistes. L’Afrique était jetée à la merci des marchés financiers après quelques années d’indépendance. La dette que nous encourions était utilisée comme une arme coercitive pour nous forcer des politiques qu’aucun gouvernement représentatif n’aurait accepté de mettre en place en toute indépendance. De façon prévisible, ces politiques ont échoué. L’initiative tant vantée concernant les pays lourdement endettés (Highly Indebted Poor Countries, HIPC) n’a pas réussi à atteindre le but de soulager les dettes de l’Afrique. Certains bénéficiaires de la HIPC paieront autant, sinon plus, au service de la dette après « avoir été reçus » dans le programme. Après la seconde guerre mondiale, alors que le plan Marshall donnait le coup d’envoi des économies européennes, l’Allemagne négociait des termes qui lui permettait de ne payer plus de 3,5% de son revenu d’exportation pour sa dette extérieure et rien du tout s’il n’y avait pas de surplus dans sa balance commerciale. En Afrique, des pays se sont retrouvés à payer 40,50 ou 60% de leur revenu annuel d’exportation au profit de la dette. L’initiative concernant les pays lourdement endettés (HIPC) du FMI et de la Banque mondiale, lorsqu’elle accepte des pays dans son programme et lorsqu’elle fonctionne comme elle l’a promis, a pour but de réduire ces versements jusqu’environ de 10 à 15% du revenu annuel d’exportation, sans disposition pour les années où aucun surplus de la balance commerciale ne peut être atteint. Les gens en Afrique pensent que le système est figé. Ils voient de nouveaux programmes économiques qui accueillent de nouvelles sociétés étrangères dans leurs pays et offrent des incitations à faire pousser plus de cultures de rapport ou travailler dans des usines d’assemblage, mais ils voient toujours leur niveau de vie décroître. Ils entendent que la Banque pour le développement africain sera sauvée de ce marécage par des gouvernements riches, mais ils ne sont pas surpris qu’elle agisse comme une mini-Banque mondiale, imposant les mêmes conditions pour les mêmes sortes de projets. L’Afrique a besoin de l’annulation de la dette -un pourcent des dettes dues par ces pays à leurs créditeurs multilatéraux. Le FMI et la Banque mondiale ont de gigantesques ressources. Etant donné que le peuple africain s’enlise et que ses enfants meurent, nous n’arrivons pas à voir pourquoi ces institutions continuent à investir leur argent dans les investissements du secteur privé en Asie ou en Amérique latine, tout en déclarant que l’Afrique et la fin de la pauvreté sont leurs préoccupations dominantes. Elles disent qu’elles ne peuvent pas « se permettre » d’annuler du FMI et de la Banque mondiale mais leurs dépenses ailleurs suggère autre chose, ainsi que l’a montré un audit indépendant publié la semaine dernière par la campagne « Annulez la Dette (Drop the Debt) en Grande-Bretagne. Nous pensons qu’elles peuvent, non seulement annuler les dettes qui leur sont dues mais qu’elles peuvent avoir une contribution substantielle pour effacer les dettes dues au groupe de la Banque pour le développement africain. Si l’Afrique doit aller de l’avant et surmonter les défis actuels, les pourvoyeurs de fonds bilatéraux et multilatéraux doivent passer de prêts à des subventions. Les prêts créent plus de dettes au milieu des essais pour s’occuper de résoudre les problèmes de dettes. Il n’est pas raisonnable de créer des dettes d’une main tout en essayant de les éliminer de l’autre. L’Afrique doit être libérée des conditions d’ajustement structurel qui ont échoué depuis plus de 20 ans mais continuent à être révisées, renommées et étendues par les institutions multilatérales. Finalement, l’Afrique a besoin que sa Banque du développement soit autre chose qu’un substitut ou un partenaire junior de la Banque mondiale. Je ne suggère pas qu’elle devienne une fondation de charité. Je sais qu’elle n’aura pas des ressources illimitées. Ce que suggère est ceci : que la crise insoluble de l’Afrique soit reconnue comme telle et que la Banque du développement africain reçoive pour mission de concevoir et de mettre en place des solutions créatives. Ces solutions devraient être conçues indépendamment les unes des autres selon les circonstances particulières spécifiques de chaque pays ou une partie spécifique d’un pays, prise totalement en compte. Ces programmes devraient mettre en place de nouvelles idées audacieuses, rompant avec les modèles économiques qui ont échoué et ont été recommandés depuis longtemps par le FMI et la Banque mondiale. Plutôt que de trouver de nouveaux moyens de privatiser ou libéraliser, choisir une province ou un district en Mozambique, par exemple, et fournir au gouvernement local les ressources pour attirer des individus dévoués et intelligents qui connaissent bien la région et voir si une usine de traitement de noix de cajou appartenant au gouvernement peut fournir des emplois et tirer des profits raisonnables. Il y a des centaines et des centaines de modèles de développement alternatifs qui n’ont pas été implémentés par manque de moyens et d’experts. Il y a des initiatives au niveau communautaire à travers l’Afrique qui se débattent et qui n’ont pas pu être implémentées à plus grande échelle par manque de ressources. Les Africains n’attendent pas de subventions, tout ce qu’ils veulent est que l’on leur donne la chance et le soutien pour les aider à réussir. Je ne suis pas ici pour proposer un nouveau modèle pour remplacer l’ancien parce que je ne pense pas qu’il existe un moyen unique de développement qui puisse marcher pour tous. Je crois que la géographie, la culture, la taille, le climat, le niveau des ressources disponibles et le système politique influent sur le succès ou l’échec d’un modèle de développement ou économique. Ce que nous observons est que le système en place ne fonctionne pas et jusqu’à ce que nous en trouvions un meilleur, le peuple d’Afrique vivra dans une pauvreté croissante. Le seul moyen de changer cela est de permettre au peuple africain d’expérimenter de nouvelles approches de développement. Certaines échoueront, certainement. Mais seront-elles pires que les actuelles ? Quand nous trouverons celles qui réussissent, nous serons sur la bonne voie pour trouver des solutions qui pourront être appliquées de plus en plus en Afrique. Le groupe de la Banque du développement africain est aujourd’hui en position unique pour effectuer ce travail. Elle est la seule banque de développement d’importance sur le continent et son personnel comprend environ un millier d’experts africains. Puisqu’elle existe, c’est sûrement du gâchis que de la voir dupliquer la sorte de travail que la Banque mondiale fait sur une plus grande échelle en Afrique. J’espère que ce sous-comité, lorsqu’il considérera l’engagement futur des Etats Unis dans le groupe de la Banque du développement africain, recommandera que cette institution tire avantage de ses capacités uniques et se tourne vers un pouvoir d’innovation et d’expérimentation en s’occupant de la crise économique qui prive tant d’africains d’espoirs, de chances et même de vie. En attendant, pendant que les Africains se débattent et cherchent leur futur ainsi que celui de leur continent, il leur serait bien utile d’avoir le soutien du reste de la famille humaine. Nous avons besoin de perspectives d’avenir pour que les peuples et les pays déterminent leur propre futur et plus d’épreuves comme la nouvelle Stratégie de réduction de la pauvreté (PRSP) du FMI et de la banque mondiale. Nous avons besoin de subventions pour que les africains puissent poursuivre leurs rêves de développement et obtienne une chance honnête de réussir sans hypothéquer le futur de nos petits enfants par plus de prêts et donc plus de dettes. Nous avons besoin de crédits pour que nos paysans puissent faire des cultures vivrières, nous n’avons plus besoin de réformes agraires établies par des bureaucrates n’ayant jamais visité une petite ferme rurale, sans même aller jusqu’à avoir été fermiers. Nous avons besoin d’accéder aux soins de santé de base, mais nous ne voulons plus de frais d’usage qui entraînent la mort de nombreux enfants parce que leurs parents ne peuvent dépenser quelques francs pour les vacciner. Nous manquons uniquement de chances de réussite et de vivre dans la dignité. Je crois profondément que le rôle des institutions africaines est de travailler pour effectivement s’adresser aux défis auxquels l’Afrique doit faire face. Au lieu de plus de réformes, ce dont il y a besoin, ce sont des cliniques remplies de médicaments et d’employés, d’école avec des livres de classe et des enseignants qualifiés ; de l’eau potable pour tous au lieu de contrats de privatisation pour des sociétés multinationales ; d’éducation publique gratuite pour les enfants africains exactement comme pour les enfants américains ; des politiques qui placent les gens avant les bénéfices. Il y un dossier qui a fait ses preuves dans l’investissement et le pouvoir politique dans les campagnes contre la polio, la variole et la campagne d’immunisation des enfants du Monde contre les maladies les plus importantes qui puissent être prévenues (la rougeole, le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, la polio, etc..). Nous sommes passés d’une couverture de 5% des enfants du Monde en 1980 à 80% en 1990 et nous avons sauvé 3 millions d’enfants par an. Non seulement nous savons ce qu’il y a besoin de faire, mais nous savons aussi comment le faire et nous l’avons fait dans un certain nombre de circonstances. Le même doit être fait pour l’Afrique. De nouveau, je vous prie instamment d’agir en solidarité avec les peuples africains et regardez les réussir ! Njoki Njoroge Njehû 50 Years Is Enough: U.S. Network for Global Economic Justice 202/463-2265 - wb50years@igc.org - www.50years.org |
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