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Au lendemain des attentats terroristes perpétrés aux Etats-Unis, Attac exprimait son émotion devant les victimes et sa solidarité envers leurs familles et le peuple américain. Ces actes criminels sont une expression de plus de cette barbarie qui a fait tant de victimes au XXe siècle. Faut-il le redire ? Notre condamnation est absolue : aucune cause ne saurait les justifier, rien de positif pour les peuples ne peut en sortir.
Au-delà de l'émotion et de la sympathie envers les victimes, il faut maintenant analyser les raisons profondes de tels actes, et débattre des moyens de les éviter dans l'avenir. Il faut ici rejeter toute explication simpliste et réductrice. Non, les attentats terroristes ne relèvent pas d'un "choc de civilisations" qui opposerait l' " islam " à l '" Occident ". Une telle analyse correspond, en fait, à ce que les groupes intégristes de tout bord voudraient imposer dans la réalité. Les sociétés, au contraire, sont diverses, souvent multiculturelles et, surtout, elles subissent la domination d'un capitalisme de plus en débridé n'ayant que le profit égoïste de quelques-uns pour moteur, créateur d'inégalités sociales et plongeant les trois cinquièmes de l'humanité dans la misère.
C'est dans cette oppression et dans les conflits volontairement non résolus qu'il faut chercher l'ancrage du fanatisme et de la haine. Le terrorisme prend racine dans le désespoir et la souffrance des peuples, qu'il exploite à ses propres fins. Vouloir le combattre, c'est d'abord avoir la volonté de mettre fin une situation insupportable pour des populations entières ; c'est refuser la transformation progressive, exigée par les multinationales, de toutes les activités humaines en marchandises ; c'est accepter de prendre des mesures qui remettent en cause la logique libérale et, plus généralement, l'égoïsme capitaliste.
En refusant le choix mortifère entre le désordre libéral et la logique terroriste, le mouvement actuel contre la mondialisation libérale est porteur d'un nouvel espoir. Parce qu'il combat pour que les peuples du monde puissent avoir prise sur leur vie, pour que la démocratie citoyenne l'emporte sur la globalisation financière, il permet de redonner une vigueur nouvelle à l'espérance d'une vie meilleure. Mouvement international qui transcende les égocentrismes nationaux, il constitue, par son développement, le meilleur rempart contre la haine et le fanatisme.
En ce sens, toute action militaire qui identifierait des populations civiles à une poignée de terroristes aurait seulement pour conséquence d'ajouter la barbarie à la barbarie, et ce pour le plus grand profit de ces derniers. La "croisade " du " bien " contre le " mal ", proclamée par le président américain, impose une logique de guerre dont tous les peuples du monde, le peuple américain comme les autres, feront les frais. Elle vise, en réalité, à affermir la domination politique et stratégique des Etats-Unis et le pouvoir de leurs multinationales sur le reste du monde.
L'hypocrisie de ces déclarations va-t-en-guerre apparaît spectaculairement quand on sait que l'organisation du milliardaire Ben Laden, accusée des attentats actuels, ainsi que le régime oppressif et obscurantiste des talibans en Afghanistan ont bénéficié, par le passé, du soutien actif de Washington, et que le gouvernement américain s'est refusé à toute mesure contre les paradis fiscaux. Il est pourtant de notoriété publique que ceux-ci sont utilisés par les mafias et les mouvements terroristes pour le financement de leurs activités criminelles. George Bush vient tardivement de le reconnaître en annonçant que la " guerre " qu'il entend conduire se livrera, entre autres, sur le terrain financier. D'autres gouvernements jusqu'ici réfractaires à tout contrôle sérieux des places off-shore, comme celui de Londres, lui emboîtent soudain le pas. Comble de l'immoralité du système, et qui confirme qu'on peut y faire de l'argent avec tout, et en particulier avec la mort : il semblerait que Ben Laden, aussi rompu que les traders de Wall Street aux opérations spéculatives les plus opaques et les plus sophistiquées, ait misé et gagné des sommes très importantes en anticipant les conséquences boursières des forfaits commis à New York et à Washington.
Dans cette situation, qui témoigne du bien fondé de ses campagnes contre la finance sans loi et pour la régulation et la taxation de la spéculation et des flux de capitaux, Attac entend moins que jamais renoncer à ce qui est au c¦ur de son combat : la lutte contre les divers aspects de la mondialisation libérale. Toutes les initiatives prévues auront donc lieu. Sans prétendre à l'exhaustivité, en voici les principales jusqu'à la fin de l'année :
- Les 22 et 23 septembre, à l'occasion de la réunion du Conseil Ecofin à Liège : week-end de mobilisation pour l'instauration d'une zone Tobin en Europe. Attac enverra une délégation à la manifestation syndicale prévue à Liège le 21 septembre, et participera, les 22 et 23 septembre, dans cette même ville, au Congrès européen citoyen organisé par Attac Belgique, en partenariat avec la FGTB, la CSC et la coalition des ONG belges.
- Le 29 septembre, à Paris, Attac participera à la manifestation unitaire pour les droits des femmes en Afghanistan.
- Le 10 novembre, des manifestations unitaires contre l'ouverture d'un nouveau cycle de libéralisation du commerce mondial et contre le rôle actuel de l'OMC auront lieu dans toute la France.
- Les 13, 14 et 15 décembre, Attac participera aux initiatives unitaires prévues à Bruxelles, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze, contre l'Europe libérale et pour les alternatives à lui opposer.
Attac, Paris, 20 septembre 2001
