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Après les incidents de Göteborg

Nous ne laisserons pas criminaliser la contestation de la mondialisation libérale

Déclaration du Bureau d’Attac France

Mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action, Attac France n’entend ni éluder la question de la violence dans les manifestations, ni manier la langue de bois à son sujet. 

Pour mieux faire comprendre notre position, rappelons d’abord quelques données tant de fond que de conjoncture :

- Attac est un mouvement qui, dans les quelque 30 pays où il existe, a choisi d’agir de manière non violente, sans pour autant s’incliner a priori devant les impositions d’autorités refusant le dialogue (ce qui, précisons-le, n’était pas le cas en Suède). Ce choix n’est pas susceptible d’inflexions.

- Les trois faits marquants de Göteborg, et, pour les deux premiers, extrêmement préoccupants, sont : l’utilisation d’armes à balles réelles par la police dans une opération de maintien de l’ordre, sans précédent depuis des décennies dans un pays démocratique ; l’autisme de la Commission et des gouvernements des Quinze qui, malgré le rejet croissant par l’opinion des conséquences de la mondialisation libérale, persévèrent dans leur volonté de « libéraliser » à outrance ; enfin l’ampleur de la mobilisation – environ vingt mille citoyens venus de nombreux pays, et dans leur immense majorité non violents – qui ont manifesté à l’occasion de ce dernier Conseil européen sous présidence suédoise.

Disons d’emblée que nous nous désolidarisons totalement des groupes de provocateurs qui ont saccagé le centre ville de Göteborg pendant le contre-sommet. Ce comportement est triplement à rejeter. D’abord, il constitue une violation des pratiques de concertation démocratique des coordinations qui se mettent en place à l’occasion des grands rassemblements contre les politiques néolibérales des institutions internationales et européennes. Ensuite, par l’attention prioritaire que lui accordent les médias, il permet de passer sous silence les enjeux et l’ampleur de ces mobilisations. Enfin, et plus grave encore, il fournit opportunément des arguments à tous ceux – gouvernements et organisations patronales notamment – qui, inquiets à juste titre du rejet populaire que suscitent leurs politiques, croient y trouver une parade en tentant de criminaliser la contestation d’un ordre social profondément injuste. 

Les autorités suédoises portent une sérieuse responsabilité en cette circonstance. Elles n’ont pas respecté l’ensemble des engagements pris avec les organisateurs du contre-sommet en ce qui concerne les modalités d’intervention de la police - dont l’attitude a souvent été provocatrice. Surtout, elles ont laissé tirer à balles réelles sur des manifestants. Nous condamnons solennellement cette « première » dans la gestion des manifestations en Europe.

Plus généralement, c’est l’attitude de la Commission de Bruxelles et des gouvernements de l’Union, réunis en Conseil européen, qui pose problème. Au moment où s’exprime, et pas seulement dans la rue, une forte opposition à la mondialisation libérale, ils ont cru bon, à Göteborg, de demander, avec George Bush, une nouvelle dose de libéralisation des échanges commerciaux en matière agricole, de services, etc., à l’occasion de la conférence ministérielle de l’OMC prévue à Qatar en novembre. Ils donnent ainsi pleinement raison à tous ceux qui les placent dans la même catégorie que le G 8, le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE et l’OMC : celle des concepteurs et acteurs des politiques néolibérales dont les ravages sont pourtant bien connus, y compris de ces mêmes institutions. 

Les décideurs européens et autres n’ignorent rien de l’impopularité de leurs politiques. En les poursuivant comme si de rien n’était, en ne tenant aucun compte des opinions publiques, ils contribuent activement à exacerber les tensions et à dégrader la démocratie, et ils créent de ce fait les conditions d’une criminalisation de la protestation citoyenne. Cet aveuglement irresponsable doit cesser et faire place à une écoute attentive des demandes des sociétés.

Dans les prochains mois - à Gênes en juillet, lors de la réunion du G 8 ; dans différentes villes du monde à l’occasion de la conférence de l’OMC à Qatar de novembre prochain ; pendant la présidence belge de l’UE au second semestre – l’ensemble des mouvements sociaux qui pensent qu’un autre monde est possible et qu’il est urgent de le faire advenir, vont continuer à faire fortement entendre leur voix. Ils le feront avec détermination, en refusant de se laisser prendre en otages, tant par des groupes provocateurs que par des autorités politiques qui s’opposeraient au droit constitutionnel de manifester pacifiquement.

Attac France salue chaleureusement le remarquable travail effectué par Attac Suède et par la coordination qu’elle a animée afin de créer les conditions d’un dialogue public et sans concessions avec les responsables européens, pour la qualité des débats qui ont marqué le contre-sommet, et pour le succès des manifestations non violentes (20 000 personnes le samedi 9 juin) qui constituent la réalité en partie occultée de Göteborg.

Paris, le 19 juin 2001

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23/06/01