STRATEGIE SOCIALE D’UBI SOFT

• Introduction

Comme chacun le sait, Ubi Soft est une entreprise familiale : les parents Guillemot ont longtemps été à la tête de GIS, les 5 frères Guillemot ont créé et sont chacun à la tête d’une des multi-sociétés qui composent le groupe Ubi, et les cousins, belles sœurs etc… sont à des postes-clés (France, Canada). Madame Guillemot-mère a longtemps établi les bulletins de salaire de tous les salariés d’Ubi Soft.
A cette histoire de famille, s’ajoutent une large propension à faire travailler les amis (ou les amis des amis) et/ou une tendance à créer d’arbitraires liens de copinage, vu qu’on est « entre jeunes ». Quand on débarque à Ubi Soft, l’ambiance est donc sympathique, jeune et détendue, de
prime abord.

• Flexibilité des effectifs
  Le groupe Ubi Soft est composé de plusieurs micro-sociétés de moins de 49 salariés : C’est le moyen le plus sûr de ne pas avoir de contraintes au niveau de la gestion du personnel :

  - pas d’obligation légale de créer un service du personnel.
  - pas de représentation du personnel ni de comité d’entreprise (obligatoires seulement au delà de 49 salariés), alors que Ubi Soft emploie 1120 salariés, dont 427 en France.
  - recrutement des salariés généralement sous la forme de CDD : les multiples sous-sociétés permettent de renouveler les CDD à l’envi, sans passer par la case CDI.
  
  Ubi Soft emploie parfois des intérimaires et des intermittents du spectacle, pour renforcer ses équipes en cours de projet, ou pour les métiers de création (comédiens, graphistes etc…). On a déjà vu des intérimaires travailler des mois entiers pour Ubi (ou GIS) à coup de contrats d’une semaine, renouvelés le vendredi soir pour le lundi matin. Il paraît qu’il vaut mieux embaucher des gens à la semaine pendant 6 mois en leur faisant la surprise tous les vendredis soirs de renouveler leur mission, que de leur faire un CDD, au cas où il faudrait s’en séparer dare-dare…
  
  Quant aux sociétés implantées à l’étranger, leurs effectifs croissent aussi à la vitesse de l’éclair, soit par recrutement interne pour les postes d’encadrement, soit par recrutement externe pour les autres postes.
  
  Les équipes travaillant en majorité sur des projets limités dans le temps (conception – réalisation – distribution d’un produit lambda), elles se forment, se déforment et se reforment en permanence. Cela peut expliquer le recours systématique à des types de contrats eux aussi limités dans le temps. Ce qui est plus difficile à expliquer, c’est la manière dont on apprend – ou non – que son contrat est renouvelé – ou non ; certains n’en ont aucune idée jusqu’à quelques jours avant la date butoir.

  Conclusion :
  Rendons à César ce qui appartient à César : Ubi Soft est une société où il est facile techniquement de passer d’un poste ou d’un métier à l’autre, ce qui permet une certaine souplesse en terme de plan de carrière. Mais d’un point de vue plus global, on se rend compte que la gestion des effectifs se fait principalement au coup par coup, en fonction des urgences de la production, ou des envies et caprices des dirigeants, rarement en fonction des attentes et des compétences des salariés. Ce qu’on appelle flexibilité des effectifs peut aussi être identifié à de la précarité.