La stratégie dopacité
: qui fait quoi ?
Labsence dorganigramme fait quon ignore le poste exact
des autres salariés, hormis celui des gens qui travaillent directement avec
vous. Lidentification du bon interlocuteur au bon moment se fait donc
par observation, voire par un circuit compliqué dinvestigations personnelles
qui relève parfois du jeu de piste.
Copinage et cooptation
Lun des maîtres mots de la gestion des équipes, cest le changement
et ladaptation. Dans un secteur de pointe en perpétuelle mutation,
chacun est censé bénéficier de nombreuses possibilités dévolution
permanente au sein du groupe. Cependant, la circulation des informations
se fait à 2 vitesses : une pour ceux qui sentendent bien avec les
décideurs, et une autre pour les « anonymes ». On demande aux salariés dêtre
à la fois motivés, créatifs et disponibles ; cependant, les (in)compatibilités
dhumeur restent souvent le critère principal de la pérennité du salarié
au sein de lentreprise. La compétence et la motivation viennent seulement
en second lieu.
La délocalisation
Depuis 1989, Ubi Soft a entamé une politique de développement à linternational
par louverture de filiales en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis.
En 1994-95, le Japon, lEspagne et lItalie ont à leur tour une
filiale Ubi Soft. Mais cest surtout à partir de 1996 que le nombre
de filiales à létranger devient imposant : Canada, Chine, Maroc, Hollande
etc
En quelques mois, léquipe canadienne dépasse les 200 salariés.
Elle en compte aujourdhui autant quà Montreuil, autour de 400.
Lobjectif de ces délocalisations est clair : assurer une meilleure
présence en prise directe avec le marché pour les filiales de distribution,
et réduire les coûts pour les filiales de production. Cependant, à chaque
ouverture dune nouvelle filiale, quelques Français partent pour faire
la mise en place de la nouvelle structure. Le reste des équipes est recruté
sur place, condition sine qua non pour obtenir les subventions des états
daccueil. Les salaires pratiqués pour les « locaux » sont souvent
en deçà des prix du marché, en tout cas rarement au delà du montant des
subventions accordées : ce sont donc des salariés payés par leur propre
pays, et qui ne coûtent quasiment rien à Ubi Soft. Ce qui nempêche
pas quils soient tout aussi qualifiés que les effectifs français,
largement mieux rétribués.
Conclusion
La stratégie sociale dUbi Soft apparaît, vue de lextérieur,
relativement « tourbillonnante ». Les salariés sont extrêmement sollicités
en terme de motivation et dimplication, tout en ne sachant jamais
trop ce que lavenir leur réserve. En cultivant lapparence dune
société jeune et conviviale, Ubi Soft savère en fait être une entreprise
pas assez structurée pour assurer la paix sociale : elle ne peut prétendre
que les rapports entre les gens sont sains, puisque tout est affaire de
bien sentendre avec les personnes que lon suppose être décisionnaires
(la condition de la reconnaissance nest donc pas forcément lefficacité
au travail).
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