Le MEXIQUE & L’ALENA : Ceux qui soutiennent l’ALENA considérent que les points ci-dessous sont autant de preuves de son succès . · Boom des Investissements Etrangers (IDE) : L’Alena les a rendu plus attractifs pour le Mexique (passés de 4.4 Mds$ en 93 à 10.2 en 99, soit + 132 % en 5 ans) car il exigeait du Mexique leur libre circulation dans n’importe quel secteur et la levée des barrières commerciales (rendant la production pour l’exportation vers les USA génératrice de meilleurs profits). Il a aussi encouragé les investissement spéculatifs à court terme à la Bourse de Mexico. · Explosion de l’Emploi dans les Maquiladoras. L’emploi dans les usines exportatrices a plus que doublé. (passé de 550.000 en 94 à 1.131.000 en 98 soit + 143 %). Encore trés concentrées à la frontière des USA, les maquiladoras se répandent vers d’autres sites mexicains. · Fortes exportations vers les USA : de 49.4 Mds$ en 94 à 109.7 Mds$ en 99, soit + 122 %. Malgré cela, le Mexique a fait face à une trés grande instabilité financière, à une augmentation de la pauvreté, à une chute des salaires et à des problèmes environnementaux croissants depuis la mise en place de l’ALENA. · Volatilité financière : Les memes dispositions qui ont encouragé les flux de capitaux à entrer au Mexique ont aussi rendu le pays vulnérable à leurs fuites rapides. Après les sorties de fin 94, le gouvernement mexicain, devant son incapacité à stabiliser l’économie, a dévalué le peso, prolongeant la crise économique. (taux d’interet astronomiques, faillites de nombreuses entreprises mexicaines, et chute de 39 % du pouvoir d’achat national). On retrouve ces flux spéculatifs à l’origine du plongeon qu’a connu le pays à la suite de la crise financière asiatique de 97.
La charge totale de la dette publique etait d’environ 20 Mds$ plus élevée en 98 qu’elle ne le fut la 1°année de l’ALENA. Son service annuel s’est elevé entre 24 Mds$ et près de 44 Mds$ par an depuis 93, sommes qui lui ont manqué pour la réduction de la pauvreté et d’autres programmes sociaux. La pression exercée sur un pays comme le Mexique pour le remboursement de sa dette l’oblige à chercher à attirer les investissements étrangers nécessaires à ce remboursement.
· L’augmentation de la pauvreté : Le nombre de Mexicains vivant dans la grande pauvreté (c’est à dire avec moins de 2 $ par jour) a cru de plus de 3 Millions depuis le début de l’ALENA ( passant de 15 à 18 Millions de 94 à 97). Si on y ajoute ceux qui subissent une pauvreté “modérée” (3 $ par jour), le nombre de pauvres dépasse la moitié de la population (de 47 Millions en 94 à 51 en 97).
· La chute des salaires : En dépit du flot d’IDE dans la production mexicaine, la moyenne des salariés en a peu profité. Les salaires dans le secteur manufacturier ont chuté de 9.5 %. Les plaintes entregistrées en application de l’accord social annexé à l’ALENA ont fait apparaitre une repression systématique des employés qui demandent de meilleures rémunérations ou qui s’organisent en syndicats dans ce but. Cet accord s’est revelé bien peu efficace dans l’application des droits sociaux.
· La pollution industrielle : Les investissements dans l’infrastructure environnementale pour traiter l’augmentation de la pollution due à l’industrie et à la croissance de la population n’ont pas coincidé avec l’explosion du développement industriel à la frontière avec les USA. Bien plus, des enquêtes ont montré que les inspections gouvernementales ont fortement décliné après l’approbation de l’ALENA. La conséquence a été une augmentation des problèmes sanitaires liés à la pollution de part et d’autre de la frontière.
· Destruction des Ressources Naturelles : Le droit des habitants à la propriété foncière communale a été aboli de la Constitution (Art.27) pour préparer le pays à entrer dans l’ALENA. On a aussi éliminé ou réduit d’autres obstacles aux investissements étrangers. Les restrictions au droit de propriété des étrangers (jusque là limité à 49 %) ont été éliminées. De même, on a liberalisé les importations de mais US, rendant la concurrence impossible poour des centaines de milliers de petits paysans mexicains. Augmentation dramatique des investissements US dans le secteur forestier mexicain. Les 4 premières années de l’ALENA,15 entreprises US du bois se sont installées au Mexique parmi lesquelles : International Paper qui prévoit 100.000 ha au Chiapas et Simpson qui prévoit 70.000 ha pour produire des produits d’emballage en bois pour les exportations des maquiladoras L’ALENA et les ETATS-UNIS : Déficit commercial record avec le Mexique : Contrairement aux promesses officielles du gouvernement US, les exportations du pays vers le Mexique n’ont pas cru aussi rapidement que celles du Mexique vers les USA. Les USA qui enregistraient une petite balance positive avant l’ALENA, connaissent un déficit commercial record avec ce pays. Cela a aussi contribué à délocaliser les emplois US.
· Conséquences sur l’emploi : Il est impossible de calculer le nombre de salariés affectés par l’ALENA. On sait toutefois qu’au mois de Septembre 2.000, plus de 260.000 salariés US avaient été retenus pour des stages de reconversion à la suite de la perte de leur emploi en raison de la délocalisation de leurs employeurs vers le Mexique ou le Canada. En particulier les collectivités proches de la frontière mexicaine ont été particulièrement touchées. 5 collectivités texanes ont connu des taux de chomages allant de 8.5 % à 24.4 % contre une moyenne nationale en 99 de 4.1 %. Remarquons que les secteurs de l’électronique et du vetement, les plus touchés en perte d’emplois par l’ALENA, emploient surtout des femmes et des personnes de couleur. · Effet sur les salaires : Malgré des profits record et un taux de chômage trés bas, la pression sur les salaires est toujours forte aux USA où beaucoup d’entreprises menacent de délocaliser vers le Mexique ou d’autres régions à bas salaires. Selon une étude de la Cornell University portant sur 600 syndicats s’étant mobilisés, les directions, dans 62 % des cas, s’y sont opposés en menaçant l’usine de fermeture. Moyen d’intimidation utilisé par les employeurs : l’affichage du panneau
ci-dessous à l’adresse du personnel.
L’ALENA et le CANADA : Le premier accord de libre-échange avec les USA remonte à 1988. De 89 à 96, le secteur manufacturier canadien a connu un déclin de 13 %. L’écart de revenus entre les 10 % de familles les plus riches et des 10 % les plus pauvres est passé de 50 pour 1 à 314 pour 1 pendant la mËme période. La pression exercée par la mise en place de ces accords a réduit les programmes sociaux canandiens. Au moment de l’entrée en vigueur de l’accord de 88, 87 % des chômeurs étaient couverts par une assurance chômage. En 97, ils n’étaient plus que 37 %
· Clause de l’Investisseur contre l’Etat : Le Chapitre 11 de l’ALENA contient une clause permettant aux entreprises de poursuivre les gouvernements si leur pays édicte des reglements qui peuvent éventuellement diminuer les profits à venir. Cette clause a réduit le pouvoir gouvernemental de protection de la santé publique et de l’environnement. Ainsi le Canada a abandonné l’interdiction du MMT, additif aux carburants, sur plainte de son fabricant US, Ethyl Corp.. Le Mexique a du payer 16.6 Millions $ à une compagnie US pour lui avoir refusé d’opérer un site de déchet dans une zone résidentielle. Methanex, société canadienne, poursuit les USA pour près de 1 Md$ contre une mesure californienne destinée à empécher la contamination de l’eau. Les autorités US ont déclaré qu’il y a quasi consensus parmi les négociateurs pour soutenir un clause identique dans l’ALEA (Accord de Libre-Echange des Amériques) Le cercle vicieux de l’ALENA en 7 phases : 1/ Augmentation des exportations agricoles US vers le Mexique : + 1.397 % de 93 à 99. (527 M$ en 99 contre 35 en 93) Ce qui parait à première vue une bonne nouvelle à la fois pour les fermiers US et les mexicains qui paieront moins cher leur nourriture de base. 2/ Les fermiers mexicains sont déracinés : Ne pouvant pas concurrencer ces produits, qui ne sont plus subventionnés, ils abandonnent leur terre. Autrefois autosuffisants alimentaires, ils doivent maintenant payer pour se procurer leur nourriture. 3/Augmentation de la pauvreté : passant de 47 % (94) à 51 % (97) 4/ Immigration : Les fermiers mexicains déracinés grossissent le flot des immigrés vers les USA. Ironie du processus, ces nouveaux immigrants participent maintenant aux récoltes et aux fabrications de produits agricoles aux USA à des conditions de salaires misérables et d’emploi souvent dangereuses. 5/Police d’immigration : Le cout des controles aux frontières est passé de 967 M$ en 93 à 2.56 Mds$ en 99.(+ 165 %) Le nombre de policiers aux frontières a plus que doublé. 356 immigrants sont morts en tentant de traverser illégalement la frontière . 6/Les fermiers US : En 2.000, le prix du maïs aux USA a plongé à son plus bas niveau depuis un quart de siècle. Les fermiers vont probablement représenter moins de 1 % de la population totale. 7/Agrobusiness US : Par comparaison, les multinationales ont rempli leur contrat. Le bénéfice net de Cargill a été de 597 M$ en 99 (contre 350 M$ en 92), en augmentation de 70 %. En 99, Cargill a même augmenté sa part de marché en rachetant en partie son concurrent le plus direct, Continental Grain. |
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