Université d’été 2001 CYCLE D’ENSEIGNEMENT Directeur scientifique : René Passet, professeur émérite de l’université Paris I ; président du Conseil scientifique d’Attac. Ce cycle est destiné prioritairement à un public non initié à l’économie. Il a pour ambition de proposer à la fois un décryptage des notions fondamentales de cette discipline, un regard sur les enjeux auxquels elle se trouve actuellement confrontée et un éclairage des prises de position d’Attac sur ces enjeux. C’est d’une approche engagée qu’il s’agit, en ce qu’elle place au cœur de la réflexion les impératifs de la finalité humaine sans lesquels l’économie n’a pas de sens. Huit modules de trois heures chacun sont regroupés autour de trois thèmes principaux. Les enseignements auront lieu en séance plénière, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 17 h 30. Ils seront complétés par des ateliers spécialisés ou des travaux pratiques de 18 à 20 h. Deux modules seront consacrés aux différentes grilles de lecture et à l’exploration du champ de l’économie. VENDREDI 24 : 9H30-12H30 Module 1 : L’économie : grilles de lecture, évolution et enjeux Par René Passet, professeur émérite de l’université Paris I ; président du Conseil scientifique d’Attac. Il s’agit de fournir, très succinctement, les éléments indispensables à la compréhension de l’ensemble des thèmes : grilles de lecture de l’économie, principales écoles et grands auteurs ; approches micro et macroéconomiques ; flux réels et flux monétaires, avec construction de schémas simplifiés de leurs modes d’ajustement selon les différentes écoles ; changements de logiques induits par la mutation contemporaine. VENDREDI 24 : 14H30-17H30 Module 2 : Intérêt individuel et intérêt général, la question des services publics Par Jacques Capdevielle, directeur de recherche au Centre d’étude de la vie politique française (CEVIPOF), et Pierre Khalfa, membre de la Fondation Copernic. S’il existe un niveau individuel de la rationalité économique, et donc un champ légitime de la régulation marchande lorsque celle-ci ne soumet pas l’ensemble de la société au seul jeu des intérêts individuels, le marché a ses limites : il n’a pour objet de satisfaire que la demande solvable, et non les besoins ; le long terme, l’environnement se situent hors de son champ. Enfin, l’intérêt général exprime une logique sociale - et des droits humains fondamentaux- qui ne saurait se réduire à des sommes d’intérêts individuels. De cela découle l’existence d’un ensemble de fonctions sociales incombant à l’autorité publique sous contrôle citoyen. C’est sous cet angle que seront examinés la légitimité, les fonctions et la nécessité d’un secteur public. Trois modules traiteront de l’emprise de la finance SAMEDI 25 : 9H30-12H30 Module 3 : De la monnaie à la Bourse et à l’emprise financière Par Dominique Plihon, professeur d’économie à l’université Paris-Nord, et Jean-Marie Harribey, professeur de sciences économiques et sociales à l’université Montesquieu-Bordeaux IV. Qu’est ce que la monnaie ? Ses fonctions. La Bourse. La spéculation : définition, fonctions et dérives. La politique de libre circulation des capitaux dans le monde et l’emprise contemporaine de la finance à tous les niveaux de l’économie : entreprises, nations et économie mondiale. Comment le capitalisme devient « actionnarial » ou « patrimonial ». Le rôle des investisseurs institutionnels et notamment des fonds de pension. La question des retraites par capitalisation. SAMEDI 25 : 14H30-17H30 Module 4 : Les entreprises : de l’emprise financière aux licenciements de convenance boursière Par Michel Husson, économiste, et Jacques Nikonoff, ancien élève de l’ENA, professeur associé à l’université Paris-VIII. Le déplacement du pouvoir d’entreprise vers les structures de financement : une étape de plus dans une longue évolution que l’on esquissera, sans remonter au-delà du capitalisme de micro unités du début du XIXè siècle. Comment la logique de l’optimisation et de l’équilibre de l’entreprise s’en trouve bouleversée. Pourquoi, dans un tel système de production, les « cercles vertueux » de l’économie fordiste disparaissent. Les OPA, mégafusions et concentrations et les conséquences pour les relations avec le travail. La question des licenciements récents – dits « de convenance boursière » - en période de reprise économique . LUNDI 27 : 9H30-12H30 Module 5 : L’agriculture : de la faillite du productivisme aux voies d’un avenir durable Par François Dufour, ancien porte parole de la Confédération paysanne, et Jacques Berthelot, maître de conférences à l’Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse, chercheur au laboratoire Dynamiques rurales. Comment l’emprise de la finance et la libéralisation des échanges – notamment en Europe- débouchent sur la course productiviste. Conséquences pour les différents types d’exploitations. La « dénaturation » de l’agriculture. L’environnement : épuisement des sols, pollutions, réduction de la diversité génétique. La marchandisation du vivant et la question des OGM. L’impact sur les pays du Sud. Comment concilier la satisfaction des besoins d’une population mondiale croissante avec les exigences d’une agriculture et d’un environnement durables. Trois modules aborderont la question des fractures mondiales LUNDI 27 : 14H30-17H30 Module 6 : De l’emprise internationale du capital aux fractures du développement mondial : les questions de la dette et de l’aide internationale publique Par Gustave Massiah, président de l’Association internationale des techniciens, experts et chercheurs (AITEC), et Achille Mbembé, chercheur à l’Institute for Social and Economic Research, université du Witwatersrand, Johannesburg (Afrique du Sud). Croissance et développement : les différences et les mécanisme. Les inégalités de développement : développement et sous-développement, comment et pourquoi ; évolution récente : éclatement du tiers-monde. La régulation internationale : allocation optimale des ressources et rétablissement automatique de la balance. Comment la dette est-elle apparue ? Les mécanismes qui la perpétuent et la nécessité d’y mettre fin. La politique pernicieuse des organisations internationales : FMI, Banque mondiale, OMC. Libre-échangisme ou organisation de l’espace international. MARDI 28 : 9H30-12H30 Module 7 : De l’emprise internationale du capital aux menaces de l’AGCS Par Susan George, directrice associée au Transnational Institute (Amsterdam) et Philippe Frémeaux, rédacteur en chef d’Alternatives économiques. On verra comment l’OMC, qui se pose en régulatrice du commerce international, se comporte comme l’instrument d’une politique de libéralisation outrancière des échanges, favorable aux firmes transnationales et défavorables aux nations. On décrira et dénoncera l’opacité de son mode de fonctionnement (notamment de ses instances de jugement : les « panels ». On examinera surtout les grands principes qui guident son action, repris pour l’essentiel, de ceux que prétendait imposer « feu » l’AMI : clause de la nation la plus favorisée, clause du traitement national … On verra comment ces principes débouchent sur un projet d’ Accord général sur le commerce des services (AGCS) qui menace, dans leur existence même, les services publics dont nous avons vu plus haut comment ils remplissent une fonction d’intérêt général qu’aucune institution marchande ne saurait assumer. MARDI 28 : 14H30-17H30 Module 8 : De l’emprise internationale du capital à la condition féminine dans le monde Coordonné par Gisèle Halimi, avocate à la Cour, présidente de « Choisir-la-Cause-des-Femmes », et avec la participation de Jeanne Bisilliat, anthropologue. Il s’agit de comprendre comment l'emprise du capital sur l'économie mondiale affecte de manière différente les hommes et les femmes, majoritairement au détriment de celles-ci, au Sud comme au Nord : précarisation, travail invisible des femmes, non participation aux décisions... On ne pourra changer le développement économique et social sans y inclure les relations de genre*. Celles-ci seront assurées par une démocratie participative et représentative qui ne peut-être que paritaire. * le sexe se référe à la différence biologique tandis que le genre se réfère à la construction sociale de l'identité sexuelle. DIMANCHE 26 : 9H30-12H30 Table ronde - Economie solidaire : illusion ou voie d’avenir ? Animée par Thomas Coutrot, économiste, et Michelle Dessenne, conseillère technique au Cabinet du Secrétaire d’Etat à l’économie solidaire, et coordonnée par Jean-Louis Laville, sociologue, CNRS.
Travaux pratiques et ateliers Les travaux pratiques (TP) sont des études de cas et des approfondissements des thèmes traités dans les modules du matin et de l’après midi. Chaque jour, 2, 3 ou 4 TP de 2h seront proposés de 18 à 20 h. Les ateliers spécialisés, étalés sur 2, 3 ou 4 jours se dérouleront de 18 h à 20h. Ils traiteront de thèmes transversaux liés, pour certains d’entre eux, à des actions et campagnes en cours d’Attac. Sont ainsi prévus 5 ateliers : - Atelier 1 (4 jours) : Histoire, mécanismes et fonctionnement des institutions européennes. Les principales politiques communautaires Par Bernard Cassen, professeur émérite à l’université Paris-VIII, directeur général du Monde diplomatique et Anne-Cécile Robert, chargée de cours à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII, journaliste au Monde diplomatique. - Atelier 2 (4 jours) : Stratégies de communication électronique L'atelier sera avant tout un moment d'échange sur les pratiques. Les 4 séances sont destinées à mutualiser les différentes expériences afin d'améliorer les pratiques et de déterminer des modes de fonctionnement efficaces. Avec plusieurs millions de connexions mensuelles enregistrées sur les sites d’Attac, il est plus que jamais question d'Internet dans notre association. Par Laurent Jesover, chargé du site Internet d’Attac - Atelier 3 (4 jours) : L’impact de la mondialisation libérale sur les territoires et les collectivités. Cet atelier fera le point sur les actions d’Attac, réalisées ou en cours, à la suite du colloque de Morsang-sur-Orge, ainsi que sur les autres initiatives du même type prises par des collectivités. Les élus locaux inscrits à l’université sont particulièrement invités à participer à cet atelier. Coordonnée par Michelle Dessenne et Daniel Monteux, animateurs du groupe « Glocal » d’Attac. - Atelier 4 (2 jours) : Criminalité financière et paradis fiscaux Par Christian de Brie, fiscaliste, ancien membre du comité de rédaction du Monde diplomatique, et Gérard Gourguechon, vice-président du conseil scientifique d’Attac. - Atelier 5 (2 jours) : Clonage et marchandisation du vivant Par Marie Angèle Hermitte, juriste, Jacques Testart, biologiste et Monette Vacquin, psychanalyste. - Atelier 6 (2 jours) : Taxe Tobin, faisabilité, gestion, affectation Par Bruno Jetin, maître de conférences en sciences économiques à l’université Paris XIII. NB. Les TP et les ateliers se déroulent simultanément. Les participants qui feront le choix des ateliers se déroulant sur 2 ou 4 jours devront, au préalable, s’y inscrire sur place. |
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