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Rencontre avec le directeur de cabinet du premier ministre.

07 juin 2001

ATTAC

A la demande d'Olivier Schrameck, directeur de cabinet de Lionel Jospin, une délégation d'ATTAC a été reçue à l'Hôtel de Matignon le 6 juin, de 9 h 30 à 11 h 30. ATTAC était représentée par Bernard Cassen, président, Susan George et François Dufour, vice-présidents, Pierre Tartakowsky, secrétaire général, Bernard Ginisty, trésorier et Christophe Aguiton, chargé des relations internationales. Olivier Schrameck était assisté de Pierre Duquesne, chargé des questions économiques et financières, et de Jean-Pierre Filiu, conseiller technique à la cellule diplomatique du premier ministre.

Après un exposé liminaire de Bernard Cassen portant sur l'identité d'ATTAC - mouvement d'éducation populaire tourné vers l'action -, son fonctionnement, ses objectifs et ses campagnes, son développement international ( ainsi que les domaines qui se situent hors de son champ d'intervention), le directeur de cabinet du premier ministre et ses collaborateurs ont défendu la politique du gouvernement, n' acceptant pas qu'elle soit caractérisée comme une mise en ouvre de la mondialisation libérale. Tout en soulignant les difficultés auxquelles Lionel Jospin se heurte - cohabitation, isolement du gouvernement français aux plans européen et international -, ils ont souhaité que cette politique soit mieux connue, fasse l'objet de débats critiques et contradictoires en France.

Les représentants d'ATTAC ont rappelé l'indépendance totale du mouvement par rapport aux partis politiques et à l'exécutif, et souligné qu'il n'était pas dans la nature d'une association comme la nôtre de commenter en permanence l'action gouvernementale ou de se déterminer uniquement par rapport à elle. D'une façon générale, regretté la frilosité du gouvernement français dans la lutte contre la mondialisation libérale, notamment au sein des institutions multilatérales (FMI et Banque mondiale) et de l'Union européenne, et dans les attitudes à prendre contre le nouveau capitalisme actionnarial et les licenciements de convenance boursière. Cette frilosité tranche avec l'émergence d'une prise de conscience planétaire des ravages de la dictature des marchés financiers et de la nécessité de les combattre. Elle se situe donc largement en retrait des nécessités et des attentes du moment.

Les représentants d'ATTAC ont ainsi rappelé que, malgré les assertions de Laurent Fabius, ministre de l'économie et des finances, rencontré il y a un an, il est tout à fait possible techniquement de mettre en ouvre la taxe Tobin au plan européen : le gouvernement français ne doit pas craindre, dans un premier temps, d'être minoritaire au sein des Quinze et de se tourner directement vers les différentes opinions publiques. En aucun cas, contrairement à la suggestion de Lionel Jospin dans son discours sur la mondialisation au Brésil, l'examen de la taxe Tobin ne saurait être confié au FMI dans la mesure où les Etats-Unis y disposent d'une minorité de blocage, ce qui garantit par avance l'enterrement de la mesure. Les représentants d'ATTAC ont insisté sur le fait que le calendrier de ses activités ne se déterminait pas par rapport aux échéances électorales. A cet égard, ATTAC a toujours encouragé ses adhérents à s 'engager dans les débats et les structures - partis et syndicats - qui font vivre la démocratie politique et sociale, mais sans jamais leur subordonner sa propre activité. Dans ce cadre, l'association reste disponible pour toute rencontre avec des membres du gouvernement ou des dirigeants des partis politiques pour leur faire part de ses analyses et de ses propositions.

A une remarque d'Olivier Schrameck tendant à réduire ATTAC a un rôle " tribunicien ", il a été précisé que si l'association développait des analyses critiques sur la mondialisation, elle faisait aussi des propositions concrètes dont elle souhaitait évidemment que chacun, gouvernement compris, se saisisse.

A l'issue de l'entretien, les représentants d'ATTAC ont insisté, dans la conjoncture internationale actuelle, sur le rôle particulier que pourrait jouer la France dans la résistance aux diktats des marchés financiers et des transnationales. L'écho que rencontre notre mouvement dans de nombreux autres pays en constitue un indice, avec, en arrière plan, l'ampleur des mobilisations contre les institutions qui incarnent la mondialisation libérale - dont Gênes, contre le G 8, sera un exemple en juillet prochain - et le considérable impact du Forum social mondial de Porto Alegre : beaucoup de citoyens, partout dans le monde, attendent des gestes et des politiques de rupture. Il ne s'agit donc pas d'accompagner, avec des aménagements à la marge, la mondialisation libérale, d'en corriger les pires effets, et encore moins de lui donner un impossible " visage humain ". Il s'agit au contraire, pour les élus et les gouvernements, de reprendre le terrain qu'ils ont abandonné à la finance et de mettre en ouvre des politiques alternatives.

Le président d'ATTAC a indiqué au directeur de cabinet du premier ministre que, courant janvier, à l'occasion d'un grand événement national, ATTAC fera état publiquement de ses propositions visant à montrer " qu'un autre monde est possible ".

ATTAC France. attacfr@attac.org

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06/06/01