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La plate forme
CONSTITUTION DE SENATTAC
Comité Sénégalais d'ATTAC

Action pour une Taxation des Transactions financières d'Aide aux Citoyens

La crise financière menace l'Afrique

La crise asiatique a rappelé la fragilité des Etats face aux brutales « corrections » que leur infligent les marchés. Les coups ont été rudes, en effet. Ils n'ont pas épargné la Corée, dont on répétait pourtant à l'envi qu'elle jouait désormais dans la cour des « grands » -celle des puissances occidentales, s'entend-, ni même le Japon. A présent, le mal s'étend à l'Amérique Latine et à la Russie. On craint qu'il n'atteigne demain l'Europe. Et l'Afrique ?
Le choc subi par l'Asie pourrait lui être fatal. Or, le fait même qu'on vante aujourd'hui les progrès de nombreux pays dans la libéralisation de leurs économies incite à la vigilance. Comment oublier que les principales victimes de la crise étaient encore récemment louées pour leurs politiques d'intégration dans le marché mondial.

L'Afrique se doit donc d'agir. Et il existe pour cela un instrument dont les promoteurs, à l'échelle du globe, sont de plus en plus nombreux : c'est la taxation des mouvements de capitaux. A l'initiative de citoyens français, cette dernière a récemment fait l'objet d'une importante initiative. Il s'est agi de la création d'une Association pour une taxe Tobin -du nom de l'économiste américain qui avait proposé d'imposer les transactions financières- d'aide aux citoyens (ATTAC).

 
Naissance d'Attac en France

L'été dernier, le Monde Diplomatique a publié un éditorial d'Ignacio Ramonet appelant les lecteurs à agir en faveur d'une taxation des mouvements de capitaux. Il a suscité de nombreuses réactions qui ont conduit à créer Attac.

En France, les principales centrales syndicales ont participé au processus, en compagnie de mouvements d'aide aux chômeurs et aux SDF, ainsi que, plus généralement, de collectifs citoyens préoccupés par l'emprise croissante des marchés de capitaux dans la détermination des politiques nationales. L'ensemble de ces groupements, auxquels il convient d'ajouter plusieurs organes de presse, détermine le cercle des fondateurs. Mais l'Association est loin de se réduire à un rassemblement de personnes morales. Les adhésions individuelles se sont également multipliées, à tel point qu'on en dénombre déjà près de 10 000.

Cependant, ce succès ne serait rien s'il ne s'accompagnait d'une dynamique analogue dans d'autres pays forcément confrontés aux mêmes difficultés. Dans la mesure où la circulation des capitaux nous met désormais aux prises avec une économie internationalisée, le besoin se fait pressant d'un mouvement social qui se situe également dans un cadre international. C'est pourquoi, dès lors qu'Attac a été créée, des contacts internationaux ont naturellement été noués, visant à articuler l'action de l'Association française et celles de ses partenaires étrangers.

 
Premières initiatives au Sénégal

Un comité sénégalais d'Attac s'est constitué, à partir du mois de novembre 1998. Plusieurs réunions ont associé des syndicalistes, des enseignants et des chercheurs, des journalistes, ainsi que des représentants du monde associatif, des professions rurales et des ONG.
La vigueur des débats a montré que le tissu social africain était particulièrement sensible aux dégâts occasionnés par des marchés livrés aux aléas de la spéculation. Les discussions ont marqué une certaine différence entre la perception qu'ont les Européens de la circulation irraisonnée des capitaux et celle des Africains. En effet, et nonobstant la précarisation croissante des salariés occidentaux, l'emprise des marchés apparaît d'abord aux Européens comme une hypothèque grevant leurs possibilités de conduire des réformes démocratiques. Que la faculté de mener des politiques sociales en soit du même coup compromise, c'est là une évidence qui ne saurait les laisser indifférents. Mais si l'amélioration des conditions de vie les préoccupe au premier chef, elle ne présente pas le même degré d'urgence que pour les populations africaines.

 
L'Afrique face à la globalisation financière

L'Afrique interroge la domination des marchés financiers sur l'internationalisation de l'économie à partir d'un contexte spécifique. Ce contexte est surtout caractérisé par l'extrême précarité des conditions de vie et l'échec des politiques d'ajustement structurel.

Tout d'abord, la conséquence immédiate de mouvements spéculatifs échappant à tout contrôle réside dans la dégradation des conditions mêmes de reproduction de la vie. Quand le cours d'une matière première est brutalement infléchi par la décision d'opérateurs financiers soucieux de rentabilité à court terme, des efforts décennaux de planification agricole ou industrielle peuvent être ruinés du jour au lendemain. Non seulement les conséquences à court terme s'en révèleront désastreuses, se traduisant par l'effondrement du revenu de populations rurales déjà exsangues, mais en outre, les effets à plus long terme -notamment à cause de la dégradation des terres- consisteront dans une remise en cause du Développement lui-même.

D'autre part, la spéculation financière doit être appréhendée à partir du contexte de l'ajustement structurel. A partir du milieu des années 1990, en effet, les résultats peu convaincants des politiques d'ajustement structurel (PAS) ont suscité une contestation des fondements théoriques et pratiques des orientations de développement néo-libérales des institutions financières internationales. Cette contestation culmine dans la remise en cause de l'existence et des règles de fonctionnement du FMI, dans le sillage des crises asiatique et russe. Elle tire son bien fondé de la critique du modèle de concurrence pure et parfaite. Ainsi, de plus en plus de voix réclament une politique de post-ajustement qui reconnaîtrait les imperfections du marché et l'échec des mesures de stabilisation par rapport à la réduction de la pauvreté et à la reprise durable de la croissance en Afrique. Dans ce cadre, les institutions et les mécanismes de correction des imperfections du marché sont appelées à prendre de l'ampleur. A côté des institutions publiques, les citoyens doivent jouer un rôle dans la régulation de l'activité économique et la redistribution des richesses.

En tenant compte de ces considérations -et des orientations d'Attac international, qu'il a concouru à élaborer-, le comité Attac-Sénégal poursuit, parallèlement à la taxation des transactions financières, plusieurs objectifs connexes.

 
ATTAC International

ATTAC international est un mouvement visant à instaurer une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens. Composé de comités nationaux et d'organisations partenaires, il a pour objectifs de favoriser : l'entrave de la spéculation internationale, la taxe des revenus du capital, la sanction des paradis fiscaux, l'arrêt de la généralisation des fonds de pension et, d'une manière générale, la reconquête des espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère financière et l'opposition à tout nouveau recul de la souveraineté des États face au droit des investisseurs et des marchands.

Actuellement, le monde assiste à des va-et-vient quotidiens de 1500 milliards de dollars sur les marchés financiers mais cette circulation du capital ne profite pas à tous les pays de la même manière. C'est pourquoi il est nécessaire de susciter le débat dans les deux régions pour la définition d'objectifs spécifiques à leurs réalités propres.

 
ATTAC Sénégal

Le comité sénégalais d'ATTAC s'est réuni dans le but de définir des objectifs généraux et spécifiques locaux, en tenant notamment compte des transactions financières qui ont cours au sein de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) d'Abidjan.

Objectifs généraux

Les objectifs retenus sont déterminés par les problèmes qu'occasionnent les spéculations financières dans un environnement mondialisé et déréglementé. Ils constituent les éléments complémentaires à la taxe Tobin en tant qu'instruments permettant de glisser "des grains de sable dans les rouages de la spéculation".

Les enjeu d'une telle entreprise sont :

  • obtenir la taxation des transactions financières
  • raccorder l'économie financière à l'économie réelle
  • redonner aux autorités publiques un pouvoir de décision et d'orientation qu'elles ont perdu en libéralisant les marchés
  • réduire les inégalités par le relèvement des niveaux de vie

Objectifs spécifiques

La poursuite des objectifs généraux permettra de préciser selon quelles modalités pratiques les objectifs opérationnels suivants pourraient être atteints :

  • abandonner le fardeau de la dette et consacrer les fonds économisés aux politiques de développement
  • stabiliser le cours des matières premières
  • quantifier les flux financiers à taxer
  • employer les ressources de la taxation pour favoriser l'accès aux services de base
  • lutter contre la corruption et la mauvaise gestion des deniers publics
  • stopper les privatisations massives et limiter leurs retombées sur l'économie nationale
  • mettre en place les conditions d'un développement alternatif
  • freiner la dégradation de l'environnement
  • défendre les libertés publiques et la démocratie