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Les
riches se portent bien
Les écarts de revenus entre pays continuent de se creuser. Tandis qu’en 1960 les 20% les plus riches de la population mondiale disposaient de 30 fois le revenu des 20% les plus pauvres, en 1997 ce rapport atteignait 74 contre 1. Cela se vérifie également à l’intérieur des nations elles-mêmes. La plupart des pays membres de l’OCDE ont ainsi vu croître leurs inégalités domestiques dans les années quatre-vingt. Sur 19 pays, un seul affiche une légère amélioration ; les détériorations les plus importantes sont enregistrées en Suède, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le nombre de famille vivant en dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 60% au Royaume-Uni et de 40% aux Pays Bas. En Australie, au Canada, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, la moitiés au moins des familles monoparentales ont un niveau de vie inférieure au seuil de pauvreté.
En face de cette concentration de misères, on assiste à une concentration de richesses : de 1994 à 1998, la valeur nette cumulée des biens des 200 personnes les plus riches de la planète est passée de 440 milliards de dollars à plus de 1 000 milliards de dollars. En 1998, les patrimoines des trois personnes les plus riches du monde dépassaient ensemble le PIB global des 48 pays les moins avancés. En Russie, la part de revenus des 20% les plus riches est de onze fois supérieure à celle des 20% les plus pauvres.
Par rapport au coût des besoins vitaux comme par exemple l’accès à l’eau, l’énormité des fortunes en question apparaît formidable ; le coût de la réalisation et de maintien d’un accès universel à l’éducation de base, aux soins de santé de base, à une nourriture adéquate et à des infrastructures sanitaires, ainsi que pour les femmes aux soins de gynécologie et d’obstétrique, est estimé à environ 40 milliards par an. Soit moins de 4% de la richesse cumulée des 225 plus grosses fortunes.
Ces inégalités minent le développement, la démocratie et posent la question d’une redistribution des richesses, de la conquête et de l’affirmation de droits humains fondamentaux couvrant tous les volets de la vie, individuels et collectifs, matériels et politiques.
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