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.. Passeport (1)
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..La mondialisation financière aggrave les inégalités

Le fossé qui se creuse entre les pays développés et en développement est devenu le problème central de notre époque. Il ne fait que croître et se combine avec l’explosion de nouvelles formes de pauvreté, d’exclusion et de précarité dans les pays « riches » de l’OCDE et ceux de l’Europe centrale. Ces inégalités s’alimentent des processus de la mondialisation des marchés. L’activité spéculative déstabilise les efforts de développement, le redéploiement des activités de production exacerbe les concurrences et encourage le dumping social ; les politiques de déréglementation fragilisent les populations et poussent à la marchandisation du monde, sans limite aucune...

Confrontés à cette situation, et face aux réactions sociales qu’elle provoque, les Etats ont pris des engagements de développement lors du sommet de l’ONU tenu en 1995 à Copenhague. Des centaines d’associations, de syndicats s’étaient alors mobilisés pour que des engagements soient pris dans la lutte contre les inégalités.

Ces engagements n’ont pas été suivis d’actes concrets, ni dans le domaine du financement, ni dans celui de la dette, ni dans celui du développement. Trop occupés à mondialiser leurs marchés, les gouvernements n’ont pas traduit leurs engagements ; ils réduisent l’aide, n’investissent pas dans la réduction de la pauvreté, s’agrippent à leurs créances...

Cet état de choses est annuellement analysé dans le rapport sur le développement humain, réalisé par le PNUD et la CNUCED, d’où, sauf indication contraire, les informations contenues dans ce « passeport » sont extraites. Trop peu connues, elles devraient pourtant nourrir autant les débats citoyens que les programmes scolaires. A elles seules, elles relativisent considérablement tout ce qui peut s’écrire ou se dire sur la « mondialisation heureuse » ou sur les vertus du marché...
Les « riches » pays industriels ne sont évidemment pas épargnés par ces « vertus » ; la figure du chômeur, de l’exclu, du précaire qui les illustre a percé le silence médiatique, notamment grâce aux mobilisations du mouvement social.

Mais l’opinion publique reste sous-informées ; d’autant que les pouvoirs publics, les employeurs et les responsables médiatiques s’attachent en permanence à minimiser l’ampleur, la nature et la signification de ces inégalités. S’ils admettent qu’elles ont à voir avec la mondialisation financière – le plus souvent pour se défausser de leurs propres responsabilités – ils ne leur opposent que la perspective d’une « reprise économique », gonflée par la « net économie ». Cette reprise – si tant est qu’elle est effectivement lieu – n’implique pourtant nullement de façon mécanique une quelconque résorption des inégalités. Elle peut même, via les politiques de flexibilité, de précarisation, les nourrir. Combattre la précarité et la flexibilité, venir à bout des inégalités, éradiquer la pauvreté relève bien d’abord et avant tout d’un choix de société, de valeurs, et de politiques suffisamment courageuses pour s’opposer à la dictature des marchés, s’attaquer à la redistribution des richesses.

C’est le sens profond du « grain de sable » qu’est la taxe Tobin proposée par ATTAC. Réduisant la marge de manoeuvre de la spéculation financière, dégageant des milliards de dollars stérilisés pour les affecter au financement du social, à la réduction des inégalités les plus criantes, annonçant enfin l’offensive d’une ré-appropriation citoyenne des grands choix politiques, ceux du développement humain.

Le présent « passeport » n’a d’autre ambition que de s’inscrire dans ce processus en nourrissant débats, réflexions et mobilisations citoyennes. Qu’il résulte d’une coopération entre ATTAC et la CCAS, institution représentative des salariés et du monde syndical, est en soi de bon augure.