Propositions. Accords internationaux

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ALTERNATIVES A L’AMI : QUELQUES IDEES POUR COMMENCER

PAR WARD MOREHOUSE & COLIN HINES

 

Arrière-plan

Les combats contre l’AMI ont permis la publication d’excellentes études sur les raisons pour lesquelles on doit s’opposer à l’AMI. On a cependant accordé moins d’importance aux type de mesures parallèles qui peuvent être envisagées et au but final qui devrait remplacer l’AMI comme objet de débat dans les discussions internationales et intergouvernementales. Nous avons donc essayé de rassembler ce que nous avons pu trouver sur le sujet, en y ajoutant quelques idées de notre crû pour tenter de lancer le débat sur les alternatives que nous privilégions en tant que mouvement Car une fois que nous serons sur le point de contrer l’AMI, on nous demandera certainement notre opinion à ce propos.

Enfin, si nous avons raté le document qui justement règle ce problème, nous nous en excusons. Envoyez le nous. D’autre part, toute remarque ou tout ajout sont les bienvenus : nous nous efforcerons d’en tenir compte dans notre réflexion et de les diffuser. Nous espérons que vous trouverez cela utile.

Ward Morehouse, Program on Corporations, Law and Democracy, Suite 3C, 777 United Nations Plaza, New York, New York 10017 tel (212) 972 9877 fax (212) 972 9878. e-mail cipany@igc.apc.org 

Colin Hines, 11 Park House Gardens, East Twickenham, Middlesex, TW1 2DF. UK. tel 44181 892 8672, fax 44181 892 5051. e-mail chines@dialpipex.com 

Concept international obligatoire : le code alternatif d’investissement

(N’hésitez pas à nous suggérer un nom plus attractif)

Le but d’un tel code n’est PAS de s’assurer d’un flux sans entrave de capitaux et d’investissements mais de se concentrer sur l’assise régionale des capitaux pour mettre en place une diversification des économies régionales durables, lesquelles ont pour but majeur le droit à une vie décente. Ce droit à une vie décente est le droit le plus défendu par le Code Alternatif d’Investissement. D’autres droits, tels que le droit à la propriété privée, sont contingents au respect de ce droit le plus basique de l’Homme.

Tony Clarke et Maude Barlow, dans leur livre décisif L’AMI et la menace de la souveraineté canadienne, ont montré ceci : la charte des Nations Unies sur les droits et devoirs économiques des états fournissait un cadre plutôt différent à l’établissement de règles sur la mondialisation des investissements. Elle était basée sur l’hypothèse que les Etats-Nations, agissant au nom de tous leurs citoyens et du grand public, possédaient la souveraineté politique nécessaire à la régulation des investissements étrangers. La Charte garantissait aux pays membres le droit de superviser les opérations des firmes multinationales sur leur territoire par la mise en place d’exigences de résultats.

Ces exigences de résultats devaient s’appuyer sur les besoins de développement des populations de chaque état. En même temps que les Etats-Nations se voyaient garantis le droit de nationaliser, d’exproprier ou de transférer la propriété de possessions étrangères, la Charte demandait le versement d’une juste compensation à cette expropriation.

Même si les changements survenus dans la mondialisation de l’économie depuis les vingt dernières années exigeraient que des modifications soient faites, cette Charte des Nations Unis sur les droits et devoirs économiques des états contient un certain nombre d’éléments intéressants pour une approche moderne et différente des règles mondiales d’investissements.

En gardant ceci présent à l’esprit, une conception fondamentalement différente de l’AMI pourrait aboutir à un accord allant dans le sens suivant :

Code Alternatif d’Investissement ; Dispositions-clé

But : le Code Alternatif d’Investissement (CAI) recherche le renforcement du contrôle démocratique des capitaux et la stimulation des investissements qui profitent aux communautés régionales.

Statut national : les investissements qui favorisent l’emploi régional avec des salaires décents, protègent l’environnement et améliorent la qualité de la vie dans les régions des Etats-membres du CAI sont incités. Les Etats-membres sont vivement encouragés à accorder un statut préférentiel aux investisseurs qui poursuivent ces buts. Mais on leur interdit de traiter les investisseurs étrangers aussi bien que les investisseurs nationaux.

Clause de la nation la plus favorisée : Du moment que ce n’est pas aux dépens des investisseurs nationaux, les Etats peuvent accorder un statut favorable aux investisseurs d’autres Etats qui respectent les droits de l’Homme, traitent correctement les travailleurs et protègent l’environnement.

Exigences de résultats : les Etats sont à même d’imposer aux investisseurs des exigences qui favorisent les buts de ce code, telles que :

Produire sur le territoire un pourcentage déterminé de biens domestiques, tout en s’assurant qu’aucun monopole ne se développe.

Donner la préférence aux biens produits localement.

Exiger un minimum de participation à la vie quotidienne régionale.

Employer un pourcentage déterminé de personnel sur place et respecter les codes du travail et de l’environnement en vigueur.

Protéger les entreprises qui servent la communauté d’une compétition étrangère inégale.

Statu quo et révisions : Aucun Etat membre du CAI ne peut adopter de lois ou de réglementations qui diminuent son contrôle régional sur les capitaux ou qui détournent les investisseurs de la priorité accordée aux besoins locaux.

Les lois et réglementations existantes qui accordent un statut préférentiel aux investisseurs étrangers ou encouragent l’abstentionnisme des propriétaires d’entreprises installées localement doivent être supprimés dans la prochaine décennie.

Résolution des conflits : Les associations de citoyens et les institutions de la communauté ont le droit de poursuivre en justice les investisseurs en cas de violation de ce code d’investissement. Toute procédure judiciaire ou quasi-judiciaire, comme tout arbitrage, doit être complètement transparente et accessible à l’observation du public.

Protection de l’investissement : Les travailleurs et les communautés jouent un rôle vital dans la production de biens par les entreprises et ce rôle doit être reconnu et protégé. Ainsi, l’expropriation de ces biens pour servir les besoins vitaux de la communauté est permise mais doit prendre en compte l’intérêt des travailleurs et des communautés. De la même façon, des restrictions doivent être mises en place en ce qui concerne le rapatriement excessif des profits par les investisseurs étrangers et les capitaux ne doivent pas être transférés sans indemnisation des travailleurs et des communautés intéressés à ces capitaux.

Au centre de cet ensemble de règles sur l’investissement, on trouve bien sûr la mise en place d’un contrôle effectif des capitaux par les communautés.

Intervenir dans le contrôle des capitaux plutôt que de se décharger de toute responsabilité

Ce qui est avant tout recherché, c’est l’investissement de la majorité des fonds dans la région où ils sont générés et/ou où on en a grandement besoin, i.e. une politique du « investissez ici pour prospérer ici ». Le contrôle démocratique des capitaux doit être considéré comme le moyen essentiel des gouvernements et des communautés de se procurer des fonds pour améliorer les conditions sociales et environnementales et les opportunités d’emploi.

La crainte est que tout pays qui envisagerait seul cette approche serait immédiatement puni par les marchés et cela uniquement pour avoir eu cette idée.

Toutefois, un groupement régional d’Etats, tel que l’Union Européenne ou l’Amérique du Nord, constituerait un marché suffisamment puissant, sécurisé et lucratif pour être certain que ceux qui contrôlent les flux de capitaux ne prendraient pas le risque de le quitter.

Ces politiques doivent aussi prendre en compte une approche internationaliste et s’assurer que ces mesure ne bénéficient pas seulement aux pays riches aux dépens des pauvres. Un système d’amende sera mis en place pour les investisseurs étrangers qui n’aident pas directement le Tiers-Monde et l’Europe de l’Est à protéger et rediversifier leurs économies durables. Les règles du commerce doivent être modifiées pour assurer des revenus similaires et le transfert des technologies durables doit être au cœur des nouveaux programmes d’aides.

Ce qui est demandé à l’échelle d’un grand ensemble économique, c’est la mise en échec du pouvoir destructeur des spéculateurs à travers l’introduction d’une Taxe Tobin concernant la spéculation sur les échanges mondiaux et internationaux. On introduira une taxe d’acquisition sur les approvisionnements, stocks et autres. La facilité des crédits actuels, qui permettent aux spéculateurs de multiplier la taille de leur mise au delà même de la somme nécessaire à les couvrir, doit être remplacée par une mesure obligeant les acheteurs à avancer 100% du prix d’achat. Les gouvernements ont aussi la nécessité de s’assurer un contrôle sur les politiques fiscales (i.e. sur les impôts et dépenses publiques) en régulant de nouveau les finances et les banques et en réintroduisant un contrôle des échanges. Les banques centrales devront abaisser les taux d’intérêts pour accomplir cette fin qu’est la création d’un grand nombre d’emplois grâce à l’investissement régional.

Une fois que la menace de fuite des capitaux est écartée, le système de taxation peut être modifié progressivement pour servir les besoins généraux de la communauté. Une taxation plus forte des gains sur les capitaux, une taxe verte, un impôt progressif sur le revenu, des charges sociales plus faibles sont des mesures qui ont une place dans ces transformations. Des règles strictes de transparence permettront l’éviction de la « société de bien-être » des riches peu respectueux de ces mesures. Les délais de rapatriement des capitaux investis doivent être étendus en instituant une taxe sur les profits à court terme pour les actionnaires qui effectuent des prises de bénéfices rapides ; taxe qui tomberait à presque zéro pour les actionnaires à long terme. A la fin d’une période de vingt ans peut-être, les intérêts des actionnaires pourront toutefois être reversés aux travailleurs et communautés qui ont joué un rôle essentiel dans la création des bénéfices de l’entreprise Il est indispensable de mettre en place une régulation des investissements dans les communautés concernées.

Il est aussi vital de développer une campagne contre la fraude (entreprises qui échappent aux taxes). Ceci nécessitera la révélation publique des finances des entreprises, en particulier en ce qui concerne les taxes payées ou contournées et la fin des échappatoires aux taxes nationale et mondiale Ceci pénalisera et éventuellement éliminera les paradis fiscaux. Les transferts financiers intra-entreprise, aujourd’hui utilisées pour éviter le paiement des taxes nationales (comme dans la fixation des prix de cession interne) seront aussi réglementés et sévèrement pénalisés. Après avoir donné un avertissement clair sur la diversification des économies concernées, les centres bancaires offshore seront fermés de fait avec l’interdiction faite aux centres bancaires locaux d’honorer les transferts de capitaux offshore. Ceci empêchera les capitaux de s’évader et les banques de contourner les lois de protection et taxes nationales.

Pour conserver aux banques régionales une influence sur les banques centrales, des programmes devront être établis pour renforcer leur structure. Cela encouragera la reconstruction des économies régionales par des banques installées régionalement, des sociétés de crédit, des régimes de SEL (système d’échanges locaux)… Les systèmes d’assurance maladie et de retraites, les sociétés immobilières, les donations seront encouragés par des voies législatives et des exemptions de taxes pour l’investissement régional. Et ceux qui contribuent à de tels fonds doivent devenir en droit d’authentiques propriétaires par le biais d’un plus grand contrôle sur leur propre épargne salariale ou autre.

L’instabilité économique mondiale actuelle appuie notre propos

Puisque le but final d’une tel Code Alternatif d’Investissement est exactement à l’opposé de la raison d’être de l’AMI et du modèle néolibéral, il est essentiel de justifier sa pertinence. On peut facilement se référer à la crise asiatique actuelle. De plus, il est flagrant que les politiques déflationnistes imposées par le FMI dans cette zone ne vont pas seulement affaiblir la demande là-bas mais encore dans le reste du monde en réduisant la taille des marchés d’exportation et en défavorisant les produits d’autres pays par la dévaluation des monnaies asiatiques.

En bref, la mondialisation peut encore produire des biens et des services sans limite. Mais le problème (que le Business Week du 10 novembre a nommé dans une enquête spéciale « la menace de la déflation ») sera l’absence de consommation adéquate. L’AMI, en mettant l’accent sur l’affaiblissement de la protection des industries et services régionaux, et l’orgie de fusions mondiales, dont résultera sans aucun doute des licenciements, ne feront qu’aggraver la situation.

Ward Morehouse et Colin Hines, Décembre 1997.

A lire absolument :

  • MAI-The Multilateral Agreement on Investment and the Threat to Canadian Sovereignty Tony Clarke and Maude Barlow. Stoddart Publishing,Toronto, 1997.

Autres références :

  • Control Capital, Create Jobs Colin Hines and Alan Simpson, Agenda For A Second Term, London, November, 1997.

  • Other methods for enhancing community self management Shann Turnbull, in Building Sustainable Communities edited by Ward Morehouse, the Bootstrap Press, John Carpenter Publishing, US and UK, 1997

Recherches approfondies :

  • Turning the Tide-Confronting the Money Traders John Dillon, Canadian Centre for Policy Alternatives 1997.

  • One World Ready or Not- The Manic Logic of Global Capitalism William Greider, Simon and Schuster, 1997.

  • The Corporate Planet: Ecology and Politics in the Age of Globalisation Joshua Karliner, Sierra Club Books, San Francisco, 1997.

  • The Global Trap: Globalisation and the Assault on Prosperity and Democracy, Hans-Peter Martin and Harald Schumann, Zed Books, London, 1997.

  • Does Free trade Create Good Jobs? David C Ranney and Robert R Naiman, Institute for Policy Studies and Great Cities Institute, 1997.

  • In Defence of Capital Controls James Crotty and Gerald Epstein in Leo Panitch (ed) Socialist Register, 1996: Are There Alternatives? (New York: Monthly Review Publishing Company, 1996

  • The Case Against the Global Economy Jerry Mander and Edward Goldsmith, Sierra Club Books, 1997.

  • When Corporations Rule the World David Korten, Kumarian Press 1995.

 

Alter-Davos


Clémence Parente

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