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Jean-Marie HARRIBEY - Texte paru sur la liste "Attac-talk" - Septembre 1999 | |
La
taxe Tobin contre le capitalisme financier ?
Jean-Marie
Harribey[1]
Les discussions autour de la taxe Tobin qu’a relancées
l’association ATTAC[2]
depuis un an et l’intérêt qu’elles suscitent montrent que le besoin
d’avoir une autre présentation de l’économie et le désir d’agir
sur elle sont très vifs parmi les citoyens. La raison en est que le
fiasco du système économique apparaît au grand jour puisque le chômage
et la pauvreté sont croissants dans le monde et les écosystèmes sont
menacés par des pollutions de toutes sortes. Un fiasco dont la
financiarisation du capitalisme porte une lourde responsabilité et face
auquel une taxation du mouvement des capitaux serait sans doute nécessaire
mais non suffisante. Peut-on se satisfaire d’une nouvelle régulation du
capitalisme qui dispenserait de transformer les rapports sociaux ? 1.
La financiarisation du capitalisme La
finance est inhérente à une économie monétaire telle que le
capitalisme. En son sein, la monnaie est essentiellement l’instrument de
l’accumulation du capital. Sans elle, les propriétaires des moyens de
production ne pourraient transformer la plus-value produite par le travail
en profit et donc accroître leur capital. De plus, sans création monétaire,
l’accumulation serait impossible parce qu’au cours d’une période le
capital ne peut récupérer en vendant les marchandises produites que les
avances faites sous forme de salaires et d’outils de production. Pour
qu’un profit accumulable puisse être réalisé, il faut que soit mise
en circulation une quantité de monnaie supérieure à celle qui
correspond aux avances précédentes. Par le crédit, le système bancaire
anticipe le profit monétaire représentant le « travail vivant »
approprié par le capital. Le capitalisme ne peut donc se passer de
financement pour accumuler.
Depuis deux décennies, pour remédier à une rentabilité du
capital insuffisante dans un contexte de croissance économique faible, la
politique libérale a consisté à modifier le partage de la valeur ajoutée
entre les salaires et les profits, à l’avantage des seconds. Elle y est
parvenue grâce au chômage. Plus le taux d’exploitation des salariés
augmente, plus les détenteurs de capitaux savent que le taux de profit
qu’ils peuvent espérer est grand. La norme de profit s’élève donc
progressivement, ce qui conduit les actionnaires à exiger toujours plus
de licenciements, mais, avec au bout du compte, une sanction inévitable :
le profit étant créé par le travail, la logique de la rentabilité
financière freine l’accumulation d’ensemble du capital et la
possibilité de créer de la plus-value nouvelle. L’âpreté de la
concurrence pour s’accaparer la plus-value existante en est la conséquence,
de même que l’éclatement d’une crise de surproduction dégénérant
en crise financière en Asie du sud-est en 1997. Parallèlement,
les activités avaient été redéployées à l’échelle mondiale afin
de profiter des coûts salariaux moindres dans les pays en développement.
Pour cela, le capital avait exigé et obtenu que tous les obstacles à sa
liberté de circuler fussent progressivement levés. Ces phénomènes ont
abouti à un énorme gonflement des marchés financiers.
Un marché financier est le plus souvent un marché à terme.
Sur de tels marchés, tous les opérateurs promettent de payer plus tard
et chaque fois qu’ils vendent des titres, ils n’encaissent pas le
montant et remettent en jeu leur argent en quelque sorte virtuel. Ces opérateurs sont
essentiellement les fonds de couverture (les hedge funds), les
fonds mutuels et les fonds de pension. Par la quantité d’actions
qu’ils détiennent dans le capital des grandes sociétés
multinationales, ils ont acquis une telle puissance financière que les
transactions se déroulent entre eux. Le prix des actions ne peut alors
que monter pour éviter une perte à tel ou tel fonds spéculatif, et
cette montée dépasse l’accroissement de la production dans les
entreprises dont les titres sont échangés. Ainsi prend naissance le mécanisme
appelé bulle financière qui n’est que du capital fictif.
Lors d’un krach boursier, l’essentiel de ce qui se dégonfle,
c’est le grossissement fictif précédent : pas plus que celui-ci ne
représentait un accroissement réel des richesses matérielles, le dégonflement
ne représente un appauvrissement réel. Sauf si la spirale qui
s’enclenche fait descendre les titres au-dessous de la valeur représentative
des richesses réelles et provoque l’appauvrissement de trop de détenteurs
de capitaux qui décident alors de fermer les industries et les commerces
dans lesquels ils ont investi et de licencier en masse.
Les soubresauts financiers, n’ayant apparemment que peu de liens
avec l’évolution de l’économie réelle, ont accrédité l’idée
que la finance serait devenue autonome par rapport à la production. Cette
appréciation est en grande partie trompeuse pour deux raisons. Premièrement,
si tous les propriétaires d’actifs financiers voulaient vendre leurs
titres en même temps, ils ne le pourraient pas et les cours
s’effondreraient jusqu’à zéro. Deuxièmement, si, pendant une période
assez longue, tous les capitalistes gagnent à la fois et si leur
enrichissement croît plus vite que la production, indépendamment de
l’agrandissement fictif qui se dégonfle à l’éclatement de la bulle
spéculative, cela signifie que la répartition de la valeur ajoutée dans
le monde s’est modifiée à l’avantage du capital et au détriment du
travail. Quand Renault ferme Vilvorde, quand Sony annonce 17 000
suppressions d’emplois « pour satisfaire ses actionnaires »[3],
quand Alcatel et Elf projettent de faire de même, les coûts salariaux sont comprimés ; pour une même
production, la part qui va donc aux profits augmente et l’action monte
en Bourse. Ce n’est pas la preuve, comme tentent de le faire croire la
plupart des commentateurs, que le capital fait du profit sans travail,
c’est la preuve qu’il partage encore plus à son avantage le fruit du
travail de plus en plus productif.
Ainsi, le capital est libre de ses mouvements, mais il n’est en
aucune manière autonome vis-à-vis du travail qui seul crée de la valeur
nouvelle. C’est la raison pour laquelle les multinationales se
proposaient par l’Accord Multilatéral sur l’Investissement de ligoter
les Etats pour éviter toute remise en cause du rapport de forces entre
capital et travail, rapport de forces qui est à l’avantage du premier
grâce au chômage frappant le second. Rapport de forces que la réduction
du temps de travail pourrait permettre d’inverser en faveur des salariés
si elle s’accompagnait de création d’emplois. La réappropriation
collective des gains de productivité est l’enjeu principal du conflit
autour de la durée du travail.
L’avenir des systèmes de retraites pose des questions
similaires. Les partisans des fonds de pension propagent l’idée fausse
selon laquelle un mode de financement des retraites peut remédier à un déséquilibre
démographique, alors que, quel que soit le système et à tout moment,
les actifs font vivre les inactifs, et que la productivité du travail
progresse plus vite que ne se détériore le rapport actifs/inactifs.[4] De plus, ils font miroiter
la possibilité pour tous les revenus de s’accroître simultanément
d’un taux supérieur au taux de croissance de l’économie globale, ce
qui est impossible. Lorsque les deux mystifications précédentes
s’effondrent, ils finissent par suggérer de partir dans une nouvelle
conquête du monde : en plaçant les sommes épargnées dans les pays
pauvres se développant rapidement, les rentes perçues seraient
importantes car la main d’œuvre y est payée faiblement.
En réalité, la mainmise par les groupes financiers sur les sommes
correspondant à la protection sociale augmenterait les risques de déstabilisation
économique et financière dont les premiers à pâtir seraient les plus
pauvres des pays pauvres comme des pays riches. La frénésie de la
finance est d’autant plus stimulée que, par ailleurs, la privatisation
de la monnaie est en cours avec la généralisation de l’indépendance
des banques centrales, garante aux yeux des opérateurs financiers de la pérennité
de la lutte contre l’inflation dangereuse pour la rente financière :
la banque centrale européenne en est l’exemple le plus significatif. La
campagne en faveur de la capitalisation est le dernier avatar du vieux rêve
libéral d’associer le travail à sa propre aliénation. En faisant du
salarié un petit actionnaire, on le désarme. En faisant des salariés
les mieux rémunérés des rentiers, on attache durablement
l’encadrement à l’entreprise. S’il était victime de cette
schizophrénie, le salarié souhaitant une rente la plus élevée possible
fragiliserait son propre emploi et condamnerait celui de son enfant qui
devrait pourtant le faire vivre plus tard par son travail. 2.
Faut-il réguler le capitalisme ou transformer les rapports sociaux ?
Le libéralisme stipule que les mécanismes de marché permettent
d’atteindre la meilleure situation possible pour tous les agents économiques,
à condition qu’aucun obstacle, c’est-à-dire aucune réglementation,
ne vienne entraver le fonctionnement de ces marchés. Il assure que les
marchés sont efficaces et que, dans la mesure où la spéculation est un
bon indicateur de l’état du marché, il faut la laisser faire. Le
fiasco provoqué par le capitalisme financier a induit la faillite de
cette idéologie.
En 1972, James Tobin proposa de « jeter un peu de sable dans
les rouages de la finance » et de rétablir ainsi une forme de contrôle
des changes supprimé lors du démantèlement du système monétaire
international de Bretton Woods par Nixon en 1971. La proposition de Tobin
consiste à taxer d’un faible taux (0,1 à 0,5%) les transactions de
change entre les monnaies de façon à décourager la circulation financière
purement spéculative.[5]
La taxe Tobin suppose que les détenteurs de capitaux
n’anticiperaient pas un gain sur le marché des changes qui serait supérieur
à la taxe. Elle exige une concertation internationale de façon à éviter
les paradis spéculatifs. Tout au moins, les pays du G7, ceux de l’Union
européenne, la Suisse, l’Australie, Hong-Kong et Singapour devraient se
mettre d’accord car la quasi totalité des transactions ont lieu sur les
places financières de ces pays. Puis, une instance mondiale devrait être
chargée de la surveillance. Or, pour l’instant, aucune, ni l’OMC, ni
le FMI, n’a cette mission.
Par ailleurs, il règne un flou sur l’assiette de la taxe :
s’agirait-il uniquement des transactions de change, ou y inclurait-on
toutes les transactions sur les marchés à terme, c’est-à-dire portant
sur les titres ou même les produits ?
Enfin, il convient de prévoir l’utilisation du produit de la
taxe. La CNUCED a estimé à 720 milliards de $ le montant de ce produit
par an. Elle propose qu’il soit partagé en deux : la moitié pour
les Etats où serait collectée la taxe, l’autre versée à un fonds de
redistribution pour les pays pauvres.
La plupart des objections des libéraux contre la taxe Tobin sont
contestables et la vigueur qu’ils déploient pour la discréditer
suffirait à la rendre attrayante.[6] Ils ont bien compris
qu’en gênant la circulation spéculative des capitaux, la taxe
entravait le processus fondamental d’appropriation de la plus-value,
c’est-à-dire la partie des richesses réelles destinées au capital.
Une fois opéré le partage global entre salaires et profits, ce processus
d’appropriation prend deux formes : -
la circulation des capitaux tend à égaliser les conditions de rémunération
du capital dans le monde ; il s’ensuit que les prix qui se fixent
surrécompensent les secteurs modernes très capitalistiques et
sanctionnent les secteurs moins modernes parce que le taux de profit
s’applique à la masse de capital investie dont la structure entre
moyens de production et salaires varie d’un secteur à l’autre ;
il y a donc une appropriation par les secteurs capitalistiques de l’équivalent
monétaire d’une quantité de travail supérieure à celle incorporée
dans les marchandises produites au sein de ces secteurs, et, au contraire,
un abandon par les secteurs archaïques d’une partie de l’équivalent
monétaire du travail incorporé dans les marchandises qu’ils produisent ;
il ne faut donc pas se laisser tromper par les apparences : la valeur
ajoutée qui apparaît comme naissant dans un secteur dit à « haute
valeur ajoutée » est le plus souvent un mélange inextricable à
l’œil nu de valeur ajoutée dans ce secteur et de valeur captée
dans d’autres par le biais des prix[7] ; -
ensuite, la circulation des capitaux, grâce à l’achat de titres rémunérateurs,
a pour but de s’approprier les résultats de l’activité économique
des groupes les plus performants ; c’est la spéculation née de la
recherche de cette deuxième forme d’appropriation que vise à limiter
la taxe Tobin ; mais comme cette forme, de type spéculatif,
n’existerait pas sans la première qui est, elle, le trait dominant de
l’accumulation capitaliste à travers l’application de la loi de la
valeur, c’est sur le système lui-même qu’il convient de
s’interroger parce que ces deux processus d’appropriation qui agissent
simultanément exercent en retour une pression contre l’emploi et les
salaires[8],
c’est-à-dire sur la production de plus-value elle-même. Il
ne faut pas se cacher que la taxe Tobin n’est pas à elle seule
susceptible de faire passer d’un monde de guerre économique à un monde
de coopération et de paix. Isolée, elle pourrait même aboutir à un
coup d’épée dans l’eau si les détenteurs de capitaux imaginaient de
tourner la difficulté en déterritorialisant complètement leurs
transactions de change, par exemple en échangeant uniquement sur
Internet, supprimant de fait l’usage des marchés des changes. Le risque
de contournement existerait également si la politique monétaire reculait
encore avec l’avènement de monnaies totalement privées (certains
doivent rêver d’une monnaie Microsoft). Outre
qu’elle nécessite de réorienter l’action de tous les organismes
internationaux, la taxe Tobin devrait pour être efficace s’insérer
dans un plan d’ensemble des choix gouvernant l’avenir de la planète : -
transformer la fiscalité par un allègement de la fiscalité pesant sur
les revenus du travail, et par une harmonisation de la fiscalité sur le
capital, tant sur le patrimoine que sur les revenus ; il serait dérisoire
de taxer la vitesse de passation de la propriété tout en laissant la
propriété et ses revenus eux-mêmes exonérés ; aussi, la taxe
Tobin pourrait-elle être combinée avec une taxation des investissements
directs à l’étranger et avec un impôt unitaire sur les bénéfices
des sociétés multinationales ; -
associer à une taxe sur les mouvements de capitaux une pénalité pour
les banques qui se prêtent au jeu de la spéculation en avançant les
sommes nécessaires à celle-ci : par exemple, on obligerait les
banques à un dépôt non rémunéré supplémentaire auprès de la banque
centrale ; -
se prémunir contre les comportements spéculatifs des banques centrales
elles-mêmes en mettant fin à cette énormité qui a consisté à les
rendre indépendantes vis-à-vis de la démocratie.
La taxe Tobin ne peut donc être considérée comme une panacée.
Elle est un outil qui peut s’avérer utile pour parer à l’urgence :
enlever au capital le droit de diriger économiquement la terre entière
qu’il a conquis à travers la liberté totale de circuler.
Discuter de la taxe Tobin présente l’intérêt de renouer avec
le débat sur des alternatives au capitalisme et de rouvrir la discussion
sur un projet de société moins aliénant et moins injuste. La crise récente
en fournit l’occasion. Parce que la liberté de circulation du capital,
si importante aux yeux de ses détenteurs, apparaît crûment pour ce
qu’elle est : elle équivaut pour eux à la possibilité de
s’accaparer sur les marchés financiers la valeur ajoutée qui reste et
restera toujours produite par le travail humain, et non pas à celle de
faire de l’argent à partir de rien, comme on l’entend souvent. Références ATTAC,
http://attac.org Chesnais
F. [1998], Tobin or not Tobin, Une taxe internationale sur le capital,
Paris, L’Esprit frappeur. Davanne
O. [1998], « Instabilité du système financier international »,
Rapport du Conseil d’analyse économique, n° 14. Fitoussi
J.P. [1999], « La valeur et l’argent », Le Monde, 5
juin. Harribey
J.M. [1997], L’économie économe, Le développement soutenable par
la réduction du temps de travail, Paris, L’Harmattan. [1998],
« Répartition ou
capitalisation, on ne finance jamais sa propre retraite », Le
Monde, 3 novembre. [1999],
« La soutenabilité : une question de valeur(s) »,
Université Bordeaux IV, CED, D.T. n° 34. Khalfa
P., Chanu P.Y. (coord.) [1999], Les retraites au péril du libéralisme,
Paris, Syllepse. Nikonoff
J. [1999], La comédie des fonds de pension, Une faillite
intellectuelle, Postface de J.M. Harribey, « Il n’y a pas de génération
spontanée du capital », Paris, Arléa. Observatoire
de la mondialisation [1998], Lumière sur l’A.M.I., Le test de
Dracula, Paris, L’Esprit frappeur. Wachtel
H.M. [1998], « Trois taxes globales pour maîtriser la spéculation »,
Le Monde diplomatique, octobre. [1] . Professeur de sciences économiques et sociales à l’Université Bordeaux IV. [2] . Association pour la taxation des transactions et l’aide aux citoyens. [3] . Le Monde, 10 mars 1999. [4] . Voir Harribey [1998]. [5] . J’ai 1 $ que j’échange contre 6 F dans le but de les échanger contre un peu plus de 1 $ en pariant sur l’appréciation du franc, ou bien dans celui d’acheter des marchandises ou des titres financiers libellés en francs. Dans le premier cas, la taxe Tobin interviendrait deux fois : lors du change dollar contre francs et lors du change en sens inverse. Si nous sommes 500 spéculateurs à avoir fait ces deux types d’opérations, nous sommes taxés au taux de 0,1% sur chacune d’elles et 1 $ de taxe est récolté (en réalité, un peu plus, puisque le taux de change est supposé monter). Dans le second cas, j’achète 6 F de marchandises françaises. Mon vendeur peut avoir besoin de 1 $ pour acheter du coca-cola américain : il change. Le vendeur de coca-cola peut vouloir des francs, etc. Si 1000 transactions sont opérées entre le dollar et les francs avec ce même dollar, au total, un dollar de taxe sera prélevé à raison de 1/1000 sur chaque opérateur. Et on ne doit pas considérer qu’il y a eu une expropriation complète du fait qu’un dollar circule et qu’un dollar est prélevé, comme le croit D. Cohen [« Les mirages de la "Tobin Tax" », Libération, 29 juin 1998], car il y a eu 1000 $ de marchandises réelles produites et échangées. Par ailleurs, si le dollar a servi au départ à acheter un équipement productif, le changement répété de propriétaire de l’action représentative de l’investissement n’ajoute ni n’enlève rien à la matérialité et la productivité de celui-ci. [6] . « Le volume des transactions chuterait considérablement » indique O. Davanne [1998, p. 42]. C’est précisément le but recherché. [7] . Nous avons rappelé la problématique sous-jacente à la distinction entre valeur ajoutée et valeur captée dans Harribey [1997 et 1999], distinction qui ne prend un sens véritable qu’à l’intérieur de la théorie marxienne de la valeur. [8] . Cette pression pour capter toujours plus de valeur est dénoncée à juste titre par J.P. Fitoussi [1999] mais l’auteur ne la relie pas à la seule théorie de la valeur susceptible d’éclairer cette question puisqu’il considère le profit comme la « récompense de l’esprit d’entreprise », en ne distinguant pas l’origine et l’éventuelle justification du profit.
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Jean-Marie Harribey est professeur de sciences économiques et sociales à lUniversité Bordeaux IV, auteur de "LEconomie économe", LHarmattan, 1997.
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