Mondialisation - Accords internationaux

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Premier symposium de Herbert Batliner : l'Europe à l'ère de la Mondialisation, de l'Ordre Economique et du Droit Economique

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DN: SPEECH/99/69 Date: 1999-04-29
DISCOURS/99/69

L'Honorable Monsieur Leon Brittan QC Vice-Président de la Commission Européenne
Contribution du Round du Millénaire de l'OMC à la mondialisation : un point de vue de l'UE
Premier symposium de Herbert Batliner : l'Europe à l'ère de la Mondialisation, de l'Ordre Economique et du Droit Economique

Vienne, le 29 avril 1999

 

Introduction

L'interdépendance croissante de la communauté mondiale devient de plus en plus manifeste. La mondialisation affecte de plus en plus largement les relations internationales et les politiques intérieures, et cela ira en s'amplifiant. Alors que nous sommes ici aujourd'hui pour débattre de l'impact économique de la mondialisation et des réactions à son encontre, le phénomène est en fait plus vaste que cela. La mondialisation est également politique, technologique et culturelle.

La mondialisation est une réalité et elle se poursuivra sans tenir compte et indépendamment des activités du gouvernement. La question n'est pas de savoir si nous pouvons l'accepter ou la rejeter, mais comment assurer qu'elle est canalisée dans des voies positives. Il est indispensable que les organisations nationales et internationales reconnaissent l'impact de la mondialisation et réagissent en conséquence. Et ceci est une question d'une importance fondamentale comme nous envisageons les prochaines négociations commerciales dans le cadre de l'Organisation Mondiale du Commerce.

Je voudrais expliquer pourquoi je crois fermement qu'un Round d'ensemble de négociations multilatérales sur le commerce - un Round du Millénaire - est nécessaire dans le climat économique et politique actuel, pour stimuler le commerce et la croissance, pour réduire le risque de protectionnisme et pour fournir les règles de base plus que jamais requises dans une société mondialisée.

Les avantages de la libéralisation et la menace du protectionnisme

Durant les cinquante dernières années, la croissance du commerce a apporté d'immenses avantages aussi bien en Europe qu'à l'échelle mondiale. Huit rounds de pourparlers mondiaux depuis la création du GATT ont largement profité au commerce de même qu'aux consommateurs. La libéralisation du marché approuvée lors de ces négociations, a conduit à une croissance sans précédent : depuis 1960, le commerce mondial a été multiplié par quinze ; la production mondiale a quadruplé ; et le revenu mondial par tête a doublé. L'OMC est elle-même construite sur l'héritage du GATT et est une réalisation incomparablement remarquable, appliquant des règles obligatoires à la majeure partie du commerce mondial.

Cependant, pour beaucoup, la crise financière asiatique est un exemple principal de l'impact négatif de la mondialisation. Cette crise a eu et continue d'avoir un impact considérable, non seulement sur les marchés financiers, mais aussi sur le commerce international et l'investissement. A mon avis, la véritable cause des problèmes aujourd'hui en Asie et ailleurs n'est pas la libéralisation excessive du commerce, ou la libération des flux financiers internationaux, mais l'application imparfaite de l'économie de marché et la déformation des politiques libérales.

Il est très tentant, en particulier à une période de crise économique, de chercher à étouffer les flux commerciaux en introduisant de nouvelles restrictions. De nouvelles barrières peuvent pour un temps agir pour protéger les industries nationales. Mais elles sont contre-productives pour trois raisons clés.

Premièrement, elles isolent l'industrie nationale de la concurrence mondiale, d'une façon qui détourne l'impulsion compétitive de l'excellence dans chaque secteur. Il est très difficile de bâtir à l'échelon national une firme de rang international dans des conditions d'où est exclue la concurrence internationale.

Deuxièmement, les restrictions et autres obstacles empêchent l'accès de l'industrie nationale, pas seulement aux matières premières à faible coût, mais aussi aux technologies clés telles que les technologies de l'information, les télécommunications et les services financiers, qui sont nécessaires à toutes les entreprises afin de devenir concurrentielles à l'échelle mondiale.

Troisièmement, en dehors du fait de priver le consommateur de la meilleure transaction en terme de qualité et de choix des produits, les obstacles au commerce peuvent avoir l'effet d'encourager les partenaires commerciaux à répliquer avec leurs propres restrictions, ou bien à ne pas libéraliser là où autrement ils auraient choisi de le faire. D'après mon expérience, la politique commerciale tient rarement debout. Il est beaucoup mieux de laisser évoluer les choses dans un cercle vertueux, en vue de l'élimination mutuelle des obstacles plutôt que vers un cercle vicieux de protectionnisme mutuel du type de celui que l'Europe et l'Amérique du Nord ont expérimenté dans les années 1930.

Le rôle de l'OMC

Les négociations multilatérales lors d'un nouveau Round n'apporteraient pas seulement la meilleure réponse possible à la crise asiatique et aux menaces actuelles du protectionnisme, mais nous permettraient également de développer davantage le cadre des règles pour le système mondial d'échanges.

Alors que l'importance du commerce international n'est pas remis en cause, nous avons assisté à un bon échange de dialogues ces dernières années, au sein de l'UE et ailleurs, concernant l'impact de la mondialisation et de la libéralisation du commerce sur l'emploi, la répartition des richesses, le développement et l'environnement. Alors que l'allure de l'innovation technologique augmente et que le monde devient de plus en plus interconnecté, ces questions doivent être abordées de front.

Les gouvernements ont besoin d'assurer que le changement économique travaille bien d'une manière qui profite à l'ensemble de la société. C'est leur rôle d'introduire des politiques nationales pour accomplir cela à travers la redistribution des richesses et des revenus, des filets de protection sociale suffisants, des prestations appropriées en terme d'éducation et de santé, et d'autres moyens.

Mais il y a aussi un rôle clair pour l'OMC d'assurer un cadre de règles qui pourvoient à la transparence, à l'équité et à l'égalité. C'est cet aspect du système de l'OMC - sa fonction de faiseur de règles, qui aide à assurer que les avantages de la libéralisation sont partagés équitablement et que le rapide changement économique peut être mené avec succès.

Les dispositifs-clés d'un nouveau Round

Laissez-moi expliquer comment un Round de l'OMC devrait fonctionner, et comment il pourrait contribuer à créer un cadre dans lequel mener à bien la mondialisation.

Premièrement, une des principales caractéristiques d'un Round d'ensemble est la nature non déterminée du processus de mise en place de l'ordre du jour. De vastes négociations impliquant toutes les industries et tous les pays marchands, devraient habiliter les pays particuliers à poursuivre leurs priorités spécifiques, sectorielles ou autres.

Une autre caractéristique très importante d'un Round d'ensemble est le fait que son issue doit être décidée par consensus. Personne n'est obligé d'accepter cette issue. Il appartient à chaque membre de l'OMC, comprenant les pays en voie de développement et les moins développés, de négocier au mieux de leurs intérêts pendant le Round et d'estimer en définitive si la proposition finale est acceptable pour eux ou non.

Un round implique également l'approche du tant nommé " engagement unique " par laquelle, comme avec le Round de l'Uruguay et les précédents, tous les participants doivent accepter l'ensemble des résultats des négociations plutôt que de piocher et de choisir. Cela veut dire que les questions qui sont délicates pour certains mais importantes pour d'autres ne peuvent pas être ignorées, mais doivent être estimées comme une partie du calcul total des avantages que chaque membre de l'OMC a besoin de faire sur l'issue d'un tel Round. C'est cette capacité à faire des calculs politiques sur l'équilibre global des avantages qui permet aux échanges de s'effectuer entre différents débouchés.

Un Round d'ensemble implique aussi une unique date de fin. Cette date de fin attire inévitablement une forte attention politique au plus haut niveau au sein des gouvernements membres de l'OMC, lesquels mettent la pression sur les négociateurs opérant à un niveau plus technique pour clore les négociations individuelles à temps pour la conclusion générale du Round. Ceci ne signifie pas que les navires vont voyager à la vitesse du plus lent du convoi. Au contraire, cela veut dire qu'une fois qu'une masse critique d'engagements de bonne qualité est en vue, la pression politique générale s'accroît pour parvenir à des solutions sur tous les points, à temps pour atteindre la date limite convenue. Etant donnée la rapidité croissante du changement, nous n'avons plus les moyens de passer sept ans à négocier un Round, comme nous l'avons fait la dernière fois ; j'ai par conséquent proposé que le Round du Millénaire soi conclu rapidement, en trois ans.

La substance d'un nouveau Round

Quant à la substance d'un nouveau Round, il est clair que les futures négociations à l'OMC seront acceptables seulement si les avantages sont largement partagés. Les priorités de l'UE doivent encore être " finalisées " et en effet nous sommes toujours en dialogue à ce sujet avec le milieu des affaires et la société civile. Mais notre vision de l'ordre du jour est que certaines questions centrales devraient être comprises au sein des négociations.

Les négociations de l'OMC sur l'agriculture et les services sont déjà prévues pour démarrer le 1er janvier 2000, comme une partie de l'échéancier interne de l'OMC pour les nouvelles négociations convenues durant l'Uruguay Round.

Sur l'agriculture, les accords de l'OMC nous engage à poursuivre les négociations pour continuer le processus de réforme de réduction progressive des aides. Au sein de l'UE nous devrons évidemment tenir pleinement compte du résultat au sommet de Berlin des discussions de l'agenda 2000 sur la réforme de la Politique Agricole Commune.

Sur les services, nous devrons travailler en vue de niveaux progressivement plus élevés de libéralisation et de réduction des obstacles, comme par exemple améliorer les règles selon lesquelles une firme peut s'établir dans un pays tiers. Dans de nombreux pays, les services représentent maintenant la majeure partie de l'activité économique, mais encore beaucoup de restrictions demeurent qui méritent d'être abordées.

Je crois que nous devrions, au sein du Round du Millénaire, pousser aussi les tarifs industriels à davantage de libéralisation. Il y a encore des opportunités significatives pour davantage de réductions substantielles de tels tarifs à travers tous les secteurs. Une nouvelle initiative tarifaire serait à mon avis de première importance pour faire du commerce dans le monde entier, étant donné que les tarifs en vigueur agissent comme une taxe sur le commerce.

Au-delà de ces questions " traditionnelles ", il y a de nombreux sujets potentiels où des modifications dans les règles de l'OMC aideraient à promouvoir un meilleur accès au marché.

Sur la facilitation du commerce, il y a un intérêt commun à développer un cadre pour moderniser, simplifier et harmoniser les échanges et les procédures douanières. Il y a peu de meilleures façons d'ouvrir de nouvelles opportunités pour les petites et moyennes entreprises de tous les pays, que celle d'éliminer la paperasserie et les procédures inutiles.

Sur les marchés publics, plus pourrait être fait pour rendre les pratiques de l'offre de l'Etat plus transparentes et non discriminatoires, aidant à faire l'usage le plus rentable des ressources publiques limitées, suffisamment pour accroître l'accès à des opportunités de marchés extérieurs.

Sur la concurrence, l'absence d'un cadre international même minime pour la politique concurrentielle constitue un obstacle majeur à un environnement commercial transparent. Il est dans l'intérêt de tous les pays de développer un cadre de règles de concurrence obligatoires comprenant, entre autres choses, les éléments clés d'une structure juridique de concurrence, les approches communes pour s'attaquer aux pratiques anticoncurrentielles avec un impact sur le commerce et l'investissement, et les dispositions nécessaires sur la coopération internationale. Cela devrait diminuer le risque d'action extraterritoriale et empêcher n'importe quel pays ou entreprise d'exploiter sa position dominante dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement.

L'investissement nécessite un cadre d'ensemble de règles internationales compatible avec un développement soutenu. Avec les flux internationaux d'investissement se divisant entre les pays développés et de nombreux pays en développement, le temps est venu de créer un climat d'investissement transparent et prévisible, tout en tenant pleinement compte des autres intérêts de la politique publique. L'OMC est selon moi le meilleur endroit pour développer un tel cadre de règles.

Quoique le nouveau Round du commerce devrait être dicté par le marché, il doit refléter plus que les intérêts du seul milieu des affaires. Il y a deux questions plus vastes très importantes qui nécessitent d'être soulevées lors du nouveau round.

Premièrement, la plus grande participation des pays en voie de développement au système multilatéral, comprenant des mesures spéciales pour les pays les moins développés, est une priorité clé Environ une centaine des 134 membres de l'OMC sont des pays en voie de développement. Nous devons utiliser le cadre du nouveau Round pour promouvoir leurs intérêts, et améliorer substantiellement les opportunités d'échanges et l'intégration des pays les moins développés.

Je crois que les membres de l'OMC devraient également être prêts à aborder les questions relatives à la mise en œuvre des engagements passés, particulièrement les intérêts des pays les moins développés. Nous devons être souples, en apportant une aide suffisante là où les problèmes véritables existent, tout en travaillant à notre but de mise en œuvre pleine et fidèle des accords de l'OMC et des décisions ministérielles par tous les membres de l'OMC.

Deuxièmement, le rôle de la société civile dans le travail de l'OMC est d'une importance cruciale. Le lancement et la conduite réussis d'un futur Round ne dépendront pas simplement de l'identification de questions autour desquelles un consensus pour négocier peut être bâti. Ils dépendront également, dans une large mesure, de comment nous assurons que l'OMC reste pertinente pour la société dans son ensemble, sur un fond de préoccupations croissantes à propos des effets de la mondialisation.

Par exemple, l'opinion publique est de plus en plus focalisée sur l'environnement. L'OMC doit être capable de répondre aux soucis de la société que la libéralisation du commerce peut être poursuivie d'une façon qui soit compatible avec un développement soutenu. Nous avons besoin de clarifier l'interaction entre commerce et principes environnementaux. Dans ce contexte, la Commission conduit une estimation de la viabilité du Round du Millénaire proposé, de manière à évaluer, à plus ou moins long terme, son impact sur un développement soutenu.

Les normes du travail sont aussi une considération importante L'UE exploite déjà un système de primes selon lequel les pays ayant droit aux avantages du commerce sous le Système Généralisé des Préférences peuvent obtenir des profits supplémentaires s'ils nous convainquent qu'ils ont mis en œuvre et qu'ils respectent les conventions clés de l'OIT et les normes du travail. Nous devons assurer entre autres choses que la coopération entre l'OMC et l'Organisation Internationale du Travail soit prolongée sur les questions en rapport avec le commerce et le travail.

Dans une atmosphère dans laquelle l'OMC est de plus en plus sous examen minutieux, les gouvernements doivent assurer que les représentants de la société civile sont pleinement informés et consultés, et que leurs intérêts sont convenablement reflétés dans notre travail présent et futur. En même temps, nous avons besoin de renforcer la compréhension du système multilatérale par le public et la confiance en lui. Il est indispensable que nous expliquions aux groupes intéressés et au plus grand public les avantages économiques et sociaux résultant d'une expansion du commerce mondial. Une série de réunions sont déjà bien avancées entre la Communauté Européenne et les ONG européennes, les fédérations du commerce et de la distribution, et les organisations du travail, sur le futur programme de travail de l'OMC. Ceci est une partie du processus continu pour l'échange d'information et de points de vue, qui sera indispensable à la réussite du Round du Millénaire.

Conclusion

Je devrais insister sur le fait que la liste de questions que j'ai soulignées n'est pas exhaustive. Pour l'UE, rien n'est en principe exclu de considération. Cette approche d'ensemble est la meilleure voie pour répondre au très large éventail des questions économiques et sociales en jeu.

La mondialisation présente à la fois des défis et des opportunités pour la communauté internationale. Le système d'échanges multilatéral ne nécessite pas seulement de s'adapter en réponse à l'interdépendance internationale croissante, mais aussi de montrer le chemin en créant le juste cadre pour l'économie mondiale Je crois fermement qu'un Round d'ensemble de négociations sur le commerce multilatéral, un Round du Millénaire, est indispensable si nous voulons mettre le potentiel de la mondialisation au service de tous.

 

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