Indigestion chez McDo
Chez McDonald's, on sait finir une grève. Surtout du côté de la direction. Quelques semaines à peine après le conflit qui a paralysé durant quatorze jours, en décembre dernier, un des "restaurants" parisiens de la chaîne, les "managers" affichent déjà quatre procédures de licenciement. Un classique. Ce qui l'est moins, c'est la méthode employée pour se défaire ainsi des anciens "meneurs" du conflit. Il est 12 heures, un vendredi de janvier, au 98 boulevard Saint Germain. C'est l'heure de la ruée. La clientèle, qui n'a qu'un objectif, manger, ne remarque rien. Pourtant, certains employés notent une inflation du personnel. Très perceptible depuis la grève. D'abord des vigiles. Ils sont en nombre et regroupés derrière le comptoir. Ils font bloc, mangent à part : ce sont des "petits chefs" et des salariés de base venus d'autres McDo pour reprendre les choses en main en tentant de reléguer les "grévistes" au rang de parasites, et en occupant leur poste de travail. Ensuite, dans un coin près de l'escalier des toilettes, une femme, à la cinquantaine bien mise, patiente, un bloc-notes à la main. Quand on l'appelle"maître", elle s'illumine soudain, trahissant sa fonction : c'est un huissier de justice. En poste du matin au soir.
D'autres employés, "repérés" durant le conflit, sont également dans le collimateur. L'un d'eux se rend au local administratif pour des papiers. Aussitôt, un chef demande à l'huissier de constater l'abandon de poste. Un autre s'avise de demander à son "manager" où mettre les paquets de viande. Réplique : "c'est une menace." Re-huissier ! Et ainsi de suite. "Franchement, personne ne tiendra longtemps comme ça", se désole Jean-Claude, le délégué cégétiste. A preuve, il brandit un récent communiqué de la direction de McDo. Laquelle explique que des "agressions physiques, des menaces verbales, des injures envers des membres du personnel (...) [l']ont conduite à convoqué plusieurs salariés pour un entretien préalable en vue d'un licenciement éventuel".
Chez McDo, le licenciement est aussi rapide que les hamburgers !
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