Le Canard Enchaîné - La mare au canard du Mercredi 7 juillet 1997

Jaffré aussi près de la porte que de l’augmentation

C’est par un simple message, déposé à 7 h 45 du matin sur son répondeur téléphonique, que le pédégé d’Elf, Philippe Jaffré, a pris connaissance de l’offre hostile sur son capital lancé par le pédégé de Total, Thierry Desmarest. Sept heures plus tard, c’est par une dépêche de l’Agence France Presse que le même Jaffré a appris par le gouvernement français donnait son feu vert à l’opération. Et qu’il risquait donc d’avoir, dorénavant, son avenir derrière lui. Car l’opération, montée de main de maître par Desmarest, a désormais, selon les spécialistes, toute les chances d’aboutir.

Heureusement, Jaffré n’aura pas que ses yeux pour pleurer et il aura de quoi panser ses blessures d’amour-propre. Car le pédégé d’Elf, obsédé par les marchés et par la sacro-sainte rentabilité financière, ne s’était pas oublié lors des distributions de stock-options dont il avait arrosé les dirigeants de son groupe. Ainsi, pour le seul exercice 1997, sur les 961 000 stock-options alors créées, 60 000 ont été attribuées à Jaffré. La semaine dernière, chacune de ses actions valait 145,90 euros.

Après l’annonce de l’offre publique d’échange qui propose quatre titres TotalFina pour trois d’Elf, l’action du groupe Jaffré a flambé de 21,52% à la Bourse, pour finir à 177,3 euros.

Ainsi grâce à Desmarest et à une OPE qui, si elle réussit, le conduira à la porte, Jaffré va voir sa petite fortune personnelle augmenter de plus de 20%. Comme indemnité de licenciement, il y a pire.

Note de la rédaction : en 1998, P. Jaffré a déclaré devant des analystes américains détenir 210 000 stock-options (sans préjudice des stock-options acquises depuis 1 an). L'OPE de Total sur Elf aura ainsi valu à P. Jaffré un "bonus" d'environ 40 millions.