N°2



                EDITO  
La question est sur toutes les lèvres. Les A.G. comme les réunions de comité de grève se vident. Un mouvement dont se détournent toutes les bonnes volontés : "Je ne trouve pas ma place", "Ca n'avance pas", "On vote sur les trucs sans importance jamais sur l'essentiel". Avant la grève de la RATP (Rentre Avec Tes Pieds) une fac bouillonnante, inventive, riche. Où débats, actions, créations et... cours se mêlent. Depuis,- la grève tuerait la grève , mais ce n'est pas si simple- une fac que seuls quelques courageux occupent, une action démocratique en panne. Peu d'A.G. plus de commissions. Le pouvoir de délégation, celui d'organiser et de contrôler, dans les mêmes mains.
Alors que faire ?
Se prendre en main, prendre la parole. Apprendre aux groupes divers à s'associer à l'oeuvre commune, non à leur corporatisme. Faire agir les délégués politiques sur mandat. Que tous se souviennent que l'A.G. est souveraine. Remettre en place une présidence d'A.G. indépendante de leurs actions, chargée d'organiser les séances, de permettre le contrôle des délégués. Relancer le travail en commission. Rappeler qu'elles sont composées de toutes les bonnes volontés de la fac. Qu'elles travaillent sous mandat voté en A.G. Que les délégués qui les représentent doivent rendre compte à l'A.G. Prévoir enfin l'après grève de la R.A.T.P. Qu'allons-nous apporter, proposer, aux 28 000 étudiants de retour sur le campus ?
Sur le plan national, l'impasse. Les revendications de Paris VIII (Ohé les étudiants étrangers !) sont de plus en plus absentes du débat. Une coord' en marche sans nous. Paris VIII en position d'extrême faiblesse, des délégués marginalisés, absents du bureau. Que faire ? Une vraie réunion de travail s'annonce à Tours mercredi 13 décembre. Yaller pour bosser avec un dossier "béton" sur un ou deux thèmes sérieux et spécifiques à Paris VIII. Prenons par exemple le retrait des circulaires discriminatoires. C'est un point capital, dont P8 s'est fait le porte-drapeau. Allons jusqu'au bout de notre action. Faisons comprendre l'originalité et l'importance de notre position à la Coord'. Travaillons pour un vrai résultat.
  • David

    Les Rêveries du Militant Solitaire  

    Je n'irai pas jusqu'à faire un compte-rendu de l'organisation pathétique de nos "Commissions" d'actions actuelles, d'abord parce que ce n'est pas si effrayant que ça, et puis parce que je pousserais l'optimisme à dire qu'il est encore temps de les repenser. En sortant de notre égocentrisme d'excentrés et en prenant modestement exemple sur nos amis de province qui eux aussi se sont "dépatouillés" au début pour s'en sortir. A Tours, dès le départ, "une condition est posée : l'indépendance syndicale et politique de la coordination. [Leur] quarantaine d'élus compte quelques syndiqués, une minorité qui promet de n'intervenir qu'à titre personnel". Les commissions sont une "sorte d'exécutif du mouvement, [ouvert] à tous et élaborant des projets présentés à l'A.G., [avec la liberté] de choisir les modalités de mise en oeuvre".
    Nous nous sommes démenés dès le 15 Nov. en démarrant sur les chapeaux de roues avec une demi-douzaine de Commissions hostiles malgré elles aux nouveaux venus de bonne volonté parce que les événements se multipliant, il valait mieux rester entre nous, "qui sommes au courant, au moins !" Ces groupes de 6 braves grévistes en moyenne ont fait beaucoup de boulot puis se sont décomposés faute de relève, anéantis par leur propre volonté d'en faire toujours plus. Hélas ! Ainsi, il n'y aura bientôt plus personne et, pour dire les choses simplement, s'il ne reste rien après la grève de notre volonté tant bien que mal structurée, nous courons le risque de retourner dans les rues dans cinq ans pour réclamer les promesses qu'on nous fait aujourd'hui.
    Je ne suis pas mieux placé que toi, honorable ami(e) lecteur/trice, pour élucubrer sur ce que devraient être ces commissions d'action. (Je n'attends donc que ta réponse suite à cet humble article). Mais je tenterai décrire mon utopie d'un Comité de Grève élaborée grâce à la sage expérience de nos cousins provinciaux. "L'A.G. quotidienne [de Tours] vote la confiance aux commissions, dont les membres restent sur un siège éjectable qui fonctionnera en cas de non-respect du contrat (...) Le mouvement reste indépendant, ce qui ne l'empêche pas de s'incrire dans un cadre politique, social, revendicatif. "Tout est politique", lancent les étudiants... Une bonne façon de récupérer "la chose publique", et de se réapproprier ce que certains syndicats ou partis voudraient monopoliser "
    Pourquoi pas comme chez eux, "un corps indissociable" composé "d'une tête" (Commission de Réflexion), "de bras" (Commission d'Action), "de sens" (Commission d'Animation), "d'un portefeuille" (Commission Pognon), "d'une gueule" (Commission Présidence d'AG) ? Et aussi une Commission de Défense des Etudiants Etrangers spécial Paris 8 ?

    1- Commission de Réflexion : Organise des débats (de nylon -de préférence avec lycra- ) et transforme en propositions concrètes ("Tu montes, chéri ?" ) les idées des participants pour les soumettre à l'A.G. ( Vive le masochisme ) S'occupe de rassembler les travaux de quantification de chaque UFR dont quelques délégués viendraient rendre compte aux A.G. Se charge de faire un livre blanc (et de le dépouiller) en diffusant un questionnaire destiné non pas à trouver sa tendre moitié mais à faire participer tout le monde.

    2- Commission d'Action : comme à Tours, comprendrait la commission Bouffe, Commission Ménage, Commission Clopes, etc.

    3- Commission d'Animation : Tout artiste en herbe vient créer les slogans pour les banderoles, les Cris ("Oh oui, encore !") de Paris 8. Chargée des tracts, elle tient compte de l'évolution de notre plate-forme de revendications. Elabore le S.O. pour les manifs et recrute de jolies décoratrices pour faire de jolis décors pour notre jolie fac les week-end de teuf. Diffuse l'info sur le rôle de toutes les Commissions. Trouve les trucs infaillibles pour faire occuper les locaux la nuit...

    4- Commission Pognon : Vous imaginez ce que c'est...

    5- Commission Présidence d'A.G. : La plus zen, pour faire régner l'ordre (je n'irai pas jusqu'à dire "l'harmonie") dans les A.G. avec 3 personnes à table (de préférence bien gaulées) qui ne sont pas déléguées, qui ont de la voix et de l'autorité pour gérer le timing ("moins de trois minutes de parole, tu prendras") et qui ne prendront en aucun cas part au débat (style : "Heu... maintenant, c'est mon tour, je me suis mis(e) sur la liste des inscrits"). Ces charmantes personnes seront également chargées de faire appliquer ce qui a été voté en A.G.

    6- Commission des Etudiants Etrangers : (et pourquoi pas une commission d'assistance aux étudiantes étrangères ?) Relance la question de leur statut qui devrait être le même que celui des étudiants français. Milite hors P8 pour leur cause et fait de la protection rapprochée lors des manifs (de préférence auprès des étudiantes mignonnes et pas trop en danger).

    Actuellement les étudiants de Tours en sont à se fonder en véritable association étudiante permanente capable de mener une action responsable et légitime. D'être un véritable interlocuteur de l'administration à l'intérieur de leur fac et à l'extérieur, dans la société. Enfin de préparer l'après grève, et les combats à venir (en février l'ALS serait supprimée...). A Tours la vraie révolution se fait dans les mentalités.

    Stéphanie

    Discorde à la Coord'    

    Mercredi 6 Déc. Programme: 10h30, A.G., Paris 8. 14h, réunion de la coordination nationale à Censier.
    "Venez tous vite, c'est l'A.G. ! On va voter pour les délégués à la Coord', l'Unef est venue en force et l'amphi est presque vide." Au bureau de grève de Paris 8, c'est la panique. Manifestement, même si grévistes syndiqués et non-syndiqués évitent entre eux ce débat, la confiance n'est pas encore présente. Autre impression à l'A.G.: pour une fois sous une présidence neutre, donc respectée, d'étudiants reconnus engagés dans le mouvement mais qui ne sont ni délégués politiques ni syndiqués, les débats se déroulent harmonieusement : vote d'une nouvelle plate-forme et élection des délégués. Sanadja fait son entrée, Mohamed, Delphine, Omeya et Clarisse sont réélus. Ils sont accompagnés de 5 suppléants. Les votes s'achèvent vers 14h, heure du départ des délégués pour Censier. Lorsqu'une intervention vide l'amphi : "Tous à Censier, vite ! La Coord' est attaquée par le Service d'Ordre de l'Unef-Id et d'S.O.S.-Racisme !" Brouhaha et branle-bas général. On se rue sur les motos, les voitures et plus tard, on apprend que le S.O. de la CGT aurait été envoyé en renfort du S.O. de la Coord'. A Paris 8, il ne reste que les présidents de l'A.G., mécontents de n'avoir pu venir à bout de l'ordre du jour : les question d'organisation de la grève à P8 restent encore et toujours en suspens.
    Journée de confusion à Censier où les querelles de sous-groupes politique divisent la coord.
    22h A Censier : le S.O. gère minutieusement les accès. Dans l'amphi, les délégations de toutes les facs de France votent (chaque fac = 1 voix). A.G. en ambiance de travail sur un Appel commun, malgré des procédures une peu cafouilleuses et une présidence fantôme assurée par qui ose prendre le micro (jusqu'à ce qu'un autre l'expulse ?) Cinq textes sont en concurrence, dont celui de Paris 8, plus politique, plus radical, plus révolutionnaire, plus "Paris 8" en un mot. "Nous, explique le délégué d'Avignon, fac la plus pauvre de France, notre mouvement est apolitique même si à titre perso je pouvais être d'accord avec quelque chose de plus politique, je ne le voterais pas. Je rends des comptes en A.G. et je me suis engagé sur défense d'une plate-forme, (un livre blanc où chaque étudiant a posé ses problèmes et qui fait l'unanimité quelles que soient les opinions de chacun, ce qui explique les taux de participation exceptionnels aux manifs )." Ce décalage, le vote le reflète. Appel Paris 8 : une voix. Toulouse-Jussieu : 27, élu au 2ème tour avec 36. Perpignan : 14. Paris XII : 1. St Charles : 12. Les délégués de Paris 8 essaient de faire passer un amendement sur la question des étudiants étrangers. Celui-ci se perdra sur le bureau de la présidence. D'où il émergera sur le coup de 4h30 du matin. Heure où l'envie de dormir fait voter "non" à tout ce qui semble faire perdre du temps et "oui" à tout ce qui donne l'impression d'en gagner. 6h00 du matin : beaucoup de délégués sont partis. Une qui reste prend la présidence et propose d'élire le Bureau "en bloc", c'est-à-dire que les candidats ne se présentent qu'après avoir été élus... "Putch de l'Unef" rétorque une voix.Nombreux sont ceux qui ne se représentent pas, ceux de province qui évoquent le besoin de retrouver leur ville. Paris VIII ne présente pas de candidats, la plus part de ses délégués sont déjà partis. Le Bureau se compose de 8 Unef (proche d'un PC, il est vrai, en pleine évolution), 3 Unef-Id (proche du P.S.), 2 Lutte Ouvrière, 1 CNT-Cargo, 3 non-syndiqués, 1 qui ne veut pas le dire.
    Malgré les attaques de l'Unef-Id, et malgré sa contradiction - être entendu sur le terrain politique sans devenir politicien - ce mouvement travaille . Dernier rendez-vous à Tours ?

    David

    DELEUZE EST MORT, TOUT EST PERMIS  

    Le siècle sera deleuzien

    Dans une assemblée générale enlisée dans une suite de monologues; il y a quelques jours; intérieur nuit.

    Plan 1 : Pour rester disponibles, les contrôleurs de centrale nucléaire jouent au Scrabble et les psychanalystes font des mots croisés. Moi, simple sentinelle de mouvements estudiantins, je lis en diagonale Pourparlers de Gilles Deleuze.
    Stéphanie, mère attentive et égérie de ce journal (voix off): "Il nous faut des articles."
    Plan 2 : Je navigue alors entre les pages 172 et 176 de ce bouquin, découpe des blocs de texte, les déplace afin d'édifier à l'infini de nouveaux espaces de pensée - je fais du pré-cinéma.
    Fondu au noir.
    Plan 3 : Deleuze (in) : "En déterminant les données, on exprime un problème que la droite veut cacher parce qu'une fois que le problème a été posé, il ne peut plus être éliminé, et il faudra que la droite elle-même change de discours (...) Au lieu de faire semblant d'ignorer les mouvements réels, pour en faire l'objet de négociations, on va tout de suite reconnaître le point ultime, la négociation se faisant sous l'angle de ce point ultime, accordé d'avance. On négociera sur les modes, les moyens, la vitesse (...) Les gens de droite ne se font pas d'illusions (...) Leur technique à eux, c'est de s'opposer au mouvement."
    Moi (off) : "C'est ce qu'a fait Juppé dans son discours à la télévision. On lui a aussi laissé le champs libre en chiffrant les besoins économiques et en ajournant la question du mode de contrôle des propositions gouvernementales, ou en ne proposant pas d'alternative au mode de fonctionnement des universités et aux lois Pasqua. La mort du mouvement étudiant a été signée dès que les media se sont mis à le réduire à des revendications budgétaires et qu'on l'a accepté sans rien dire. C'est le gouvernement qui a soutenu la politique de droite des media."
    Plan 4 : Deleuze (in) : "On fait parfois comme si les gens ne pouvaient pas s'exprimer. Mais, en fait, ils n'arrêtent pas de s'exprimer (...) Nous sommes transpercés de paroles inutiles, de quantité démentes de paroles et d'images (...) Si bien que le problème n'est plus de faire que les gens s'expriment, mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquelles ils auraient enfin quelque chose à dire. Les forces de répression n'empêchent pas les gens de s'exprimer, elles les forcent au contraire à s'exprimer."
    Moi (off) : "M. Cavada, ces derniers jours, a exactement joué ce rôle, en obligeant les étudiants à se présenter chacun leur tour, réduisant ainsi artificiellement le champs des revendications. D'un autre point de vue, on s'est obligé à faire des assemblées générales tous les jours pour prendre des décisions qu'on était incapables de tenir, dans le même temps où on était incapables d'avoir suffisamment d'interrogations sur la question des étudiants étrangers ou de débattre sur un revenu minimum garanti."
    Plan 5 : Deleuze (in) : "Du côté de la gauche, ça implique une nouvelle manière de parler. La question n'est pas tellement de convaincre mais d'être clair. Etre clair, c'est imposer les "données", non seulement d'une situation, mais d'un problème. Rendre visible des choses qui ne l'auraient pas été dans d'autres conditions (...) [Les étudiants] n'avaient pas les hommes pour transmettre et même élaborer leurs informations, leurs manières de poser les problèmes. Ils auraient dû faire des circuits parallèles, des circuits adjacents. Ils auraient eu besoin des intellectuels comme intercesseurs. Mais tout ce qui s'est fait dans cette direction, ç'a été des prises de contact amicales, mais très vagues."
    Moi (in) : "Pour que le mouvement étudiant prenne de l'ampleur, il aurait fallu des liens avec d'autres milieux. Les étudiants, au moins sur les universités les plus politisées, ont tout de suite demandé soutien aux femmes, soutien au monde du travail. Mais ces mondes-là n'ont pas répondu. Pendant la coordination à Jussieu, on avait préparé un débat avec des cheminots et des postiers. Les étudiants étaient très intéressés par les cheminots et les postiers en tant que travailleurs mais aucun des cheminots ne s'est jamais offusqué des mauvaises conditions d'études universitaires qui pouvaient lui être réservées. D'un pont entre deux mondes, il n'est resté que le tremplin. Un universitaire moyen signant un appel d'intellectuels, s'il vient de Paris 8, a utilisé la grève de la RATP comme d'un cache-sexe sur sa petite grève rabougrie, a fait ses A.G. dans son coin, a fait de l'oeil aux étudiants, puis est parti s'occuper de sa retraite, un vague mot sur les étudiants étrangers avant. Mais pensez-vous que l'un de ces signataires fasse un geste vers les étrangers ? L'université vit sur l'exploitation de ses nègres, demandez à Bourdieu."

    Mathieu

    Quelles universités et quelles Frances ?

    Le ministère est bien malin de mépriser notre aspiration à des études pour toutes et tous sans aucune discrimination. Ce gouvernement n'aime pas l'égalité. Et comment il le prouve ! Il a parjuré la République: le droit aux études a toujours été reconnu comme son socle. C'est insulter la révolution qui abolit les structures féodales de l'université par un décret du 15 Sept. 1793 à la convention. La réforme constitutionnelle du ministère Ferry en 1879 fut de consacrer la laïcité et l'accès pour tous à l'enseignement. C'est cela que contestent les néo-libéraux. Ils professent l'hyperspécialisation dans l'université. Pour nous imposer leur pensée unique, ce gouvernement nous prépare une anti-France. Que lui importe que les écoles aient pu remplir les missions fondamentales, l'enseignement et la recherche ? Il dit: "Il faut supprimer les branches mortes" ! Il est curieux que des énarques puissent se méprendre sur l'université: elle doit bien son renom dès qu'elle acquiert la multidisciplinarité et s'ouvre aux évolutions sociales .Dès le 13ème siècle: extension des chaires autres que celles de théologie ; naissance de courants hérétiques et d'ordres mendiants (Franciscains, Dominicains); re-découverte des Grecs et des intellectuels arabes... Un temps, Paris se plaça au centre de ce renouvellement intellectuel. Ce gouvernement néo-libéral (on dit aussi "déphasé" ) est ainsi fait: on réclame l'éducation et ses technocrates nous ressortent le modèle napoléonien qui fabrique de serviles fonctionnaires. Et s'ils disent "université", c'est pour nous renvoyer dans le bas Moyen-Age. "Vichypirate" a fabriqué ses mensonges dans le but de jeter le trouble sur la question essentielle du rôle de l'université dans la société. Ca ne prend pas: nous voulons être aptes à nous positionner dans les mutations de la société, et nous avons des idées d'avance ! Nous voulons l'université populaire. Nos revendications sont le ferment des grèves sociales et non des manoeuvres du gouvernement. Nous pouvons gagner parce que jamais, une fois qu'elle s'est soulevée, la jeunesse étudiante n'a perdu.
    Djoni

    ALERTE !  
    ou Les promesses de la Technique
     

    Derrière toutes les revendications actuelles, y a-t-il une idéologie ? Oui, l'idéologie occidentale, celle des Droits de l'homme et du Profit. Les deux étant l'avers et l'envers d'une même médaille. L'Occident a inventé la croissance et le développement grâce au progrès technique, et, paradoxalement, a produit la décadence de ce progrès et le chaos. Une idéologie qu'a élaboré le rêve d'une cité émancipée où tous les hommes auraient une place et dont chacun serait un libre citoyen. Ce projet est-il souhaitable ? Est-il possible ? Et à quelles conditions ? Ce rêve d'une conquête du ciel que certains ont cru réaliser grâce à la technique est très exactement une tour de Babel.

    Seulement la société est difforme. Il y règne l'injustice, la violence et la haine. Elle se déchire elle-même. Et la technique qui devait engendrer l'abondance et apaiser les querelles, donne à l'injustice, à la violence et à la haine plus d'écho. Le risque de destruction pure et simple est plus fort que jamais. Alors, parce que le rêve a tourné au cauchemar, faut-il renoncer à ses promesses ? Non, il nous faut proposer une vraie universalité, qui ne peut reposer que sur un consensus vraiment universel. Il ne peut aboutir que si chacun est prêt à faire des concessions. Nous partageons tous la conviction que chaque culture a beaucoup à apprendre des autres, qu'elle peut s'enrichir de nombreux apports. Il n'est pas sûr pour autant que chacun puisse jouer le jeu de la réciprocité, c'est-à-dire renoncer à sa propre "cruauté" pour obtenir de l'autre qu'il renonce à la sienne, afin de jouir de leurs échanges. L'Université étant à mon sens l'une des dernières cités où il nous est encore possible de penser et de faire ce futur. Et le pari étant que l'université soit un lieu de coexistence fraternelle à découvrir et à construire, cela vaut la peine d'être fait. Surtout lorsque l'on sait que toute civilisation est mortelle. Il nous faut donc sortir des fantasmes de l'immortalité et de la fascination de la catastrophe pour penser la fin de l'Occident. Un exemple très connu de la fin d'une civilisation: celui du monde antique avec la chute de l'Empire romain, qui n'a pas été catastrophique et à laquelle on se réfère pour penser à notre propre déclin. Mais enfin, nous faut-il attendre cette fin ou ce passage sans participer au renouveau qui suit toute fin, par des actions grandes ou petites ? Ne pouvons-nous prétendre être un tremplin pour un Renouveau dont bénéficieront nos arrière-petits enfants? Ne pouvons-nous pas participer à notre façon à ce grand Futur ?
    Keltoum

    Débouchés, la sortie !?  

    Souvent la question des débouchés professionnels est mal ou pas abordée dans les débats, à savoir l'importance de ce point, et la finalité de nos études.

    Pour pouvoir déboucher sur un travail, le diplôme universitaire doit être à la hauteur des conditions requises par l'entreprise; d'où l'importance de la " qualité de l'enseignement " qui nous prépare ou pas à entrer dans la vie active. C'est en fonction de cela que les entreprises jugeront de notre aptitude à occuper un poste. Elles sont souvent mal informées sur certaines filières (Ex: Lettres, Socio, Art,...) et donc estiment mal l'utilité de ces formations. De nos jours les employeurs se dirigent de plus en plus vers le scientifique pour embaucher ; le littéraire ou le sociologue est condamné aux domaines de l'enseignement ou de la recherche (qui sont souvent saturés).

    Pourquoi donc, pour avoir plus de chances de trouver un emploi, devrait-on prendre la voie scientifique ? A nous de déterminer l'importance et l'utilité de tout diplôme quelle que soit la filière, en appelant les entreprises à venir s'informer sur les campus (proposition à faire dans les A.G. de filières). En fin de compte, le travail fait partie de nos objectifs. Alors regardons l'horizon avant d'embarquer !
    Ali

    DERNIERE MINUTE  

    50 milliards de francs sur 5 ans, 25 000 postes d'enseignants et 20 000 d'IATOS; arrêt des discriminations, réquisitions, amnistie des personnes arrêtées, élargissement du mouvement à la société : ainsi la Coord' a réaffirmé sa volonté de traiter avec F. Bayrou sur la base de la motion de Toulouse.

    En séance houleuse d'A.G. à P8 le 7 Déc., les délégués de P8 ont raconté leur échec (à 1 voix près) à amender le texte sur le démantèlement du plan Vigipirate et la reconnaissance d'un revenu garanti pout tous ; les délégués ont révélé que le couac de la Coord' Nationale a porté sur... leur propre légitimité. Raisons invoquées : la grève a reporté l'A.G. constituante qui devait se tenir à Jussieu avant la manif du 5 Déc., l'élection des délégations était incomplète et l'observateur Omeya a été investi comme délégué sans l'appui des A.G. Un compromis à Censier a été trouvé le lendemain : 5 mandatés et 2 délibérants pour chaque délégation.
    Djoni

    (G)rêve illimité(e)  Comité de rédaction :