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Supporter le fardeau
L'impact de la crise financière mondiale sur les travailleurs et les programmes alternatifs pour le FMI et les autres institutions

Sarah Anderson
Director of the Institute’s Global Economy Program
  John Cavanagh
Director of the Institute for Policy Studies

Avril 2000
IPS - Institute for Policy Studies
http://www.ips-dc.org/

Patrick Bouyer & JC Helary

Introduction

I - Impact Global de la Crise Financière Mondiale sur les Travailleurs

A - La Cri
B - L'Impact sur les Travailleurs des Pays Touchés par la Crise
C - Quels sont les types de travailleurs les plus touchés
D - L'Effet Boomerang sur les Travailleurs américain

II - Impacts sur les Travailleurs selon les Pays

A - Asie
B - L'Effet Contagion : Impact sur les Travailleurs hors de l'Asie

III - Programmes Alternatifs

A - L’Evolution du Débat des Elites sur l’Architecture Financière Mondiale
B - Programmes Alternatifs dans une Perspective Syndicale

IV - Le programme

Niveau international
Niveau régional
Niveau national
Niveau local
Conclusion

NOTES

A propos de ce rapport :

Ce rapport est une contribution au Workers in the Global Economy Project (Projet sur les Travailleurs dans l’Economie Mondiale) ,un travail de collaboration entre l’ Institute for Policy Studies, le International Labor Rights Fund, l’ Economic Policy Institute, et l’Université de Cornell et qui est subventionné par la Fondation Ford. Nous remercions les experts internationaux du Travail , en particulier Fernando Leiva, Kjeld Jakobsen, Lisa McGowan, Young-mo Yoon et tous ceux qui nous ont fait d’utiles remarques lors d’une première ébauche pendant une conférence au Centre George Meany de l’AFL-CIO en octobre 1999. Remerciements particuliers également à Katrin Jordan stagiaire de l’IPS pour son travail de recherches.

A propos des Auteurs:

John Cavanagh est directeur du Institute for Policy Studies et Sarah Anderson est directrice de l’ Institute’s Global Economy Program. Ils sont les co-auteurs (avec Thea Lee) d’un livre intitulé Field Guide to the Global Economy (New Press, 2000). Depuis un quart de siècle, l’IPS apporte son concours au citoyen face à la mondialisation par un travail de recherches, d’écrits , d’information , de films, et de  formation de coalitions.

 

Introduction

Dans les mois qui suivirent la crise financière mondiale qui explosa en juillet 1997, des dizaines de millions de personnes  perdirent leur travail dans le monde entier. Des centaines de millions virent leur salaire net baisser. Des millions de travailleurs immigrés furent renvoyés chez eux. Les effets de l'onde de choc furent ressentis par les travailleurs de tous les pays. Pendant ce temps, les principaux responsables de cette crise n'en souffraient que peu. Comme l'a dit l'ancien directeur économique de la Banque Mondiale Joseph Stiglitz:

"En Asie de l'Est, ce sont les prêts imprudents des banques internationales et autres institutions financières , combinés aux emprunts imprudents des institutions financières locales - combinés aux attentes d'un investisseur imprévisible -qui peuvent avoir précipité la crise; mais les coûts - en termes d'accroissement du chômage et d'effondrement des salaires - furent supportés par les travailleurs. On a demandé aux travailleurs d'écouter des sermons leur disant de "supporter la douleur" peu de temps après qu'ils aient entendu, de la bouche des mêmes prédicateurs, des sermons leur expliquant comment la mondialisation et l'ouverture des marchés financiers leur apporteraient une croissance sans précédent.[1]

Fin 1999, la plupart des pays touchés par la crise montrèrent des signes de rétablissement , en termes de taux économiques de croissance. Mais pendant que les investisseurs internationaux se réjouissaient les familles travailleuses dans ces pays virent peu d'amélioration dans leurs propres vies. Une étude de la Banque Mondiale parue en janvier 2000 montre que les revenus des classes basses et moyennes en Asie de l'Est n'ont pas étés restaurés. La pauvreté urbaine a augmenté, tandis que des ouvriers de l'industrie  licenciés se battent pour survivre avec peu ou pas de protection sociale. Dans de nombreux pays des travailleurs déplacés sont retournés dans leurs villages, où ils essaient de joindre les deux bouts sur les petites parcelles familiales.[2]

Encore plus inquiétant peut-être que les effets persistants des crises des cinq dernières années est le fait qu'il n'ait pas été fait grand-chose pour éviter de telles tragédies à l'avenir. Bien que la crise ait provoqué un vigoureux débat sur "une nouvelle architecture de la finance mondiale", aucune vision claire et complète n'a émergé chez les décideurs officiels. De plus, bien que les travailleurs aient supporté le plus gros des dernières crises, leurs représentants sont absents de la plupart des tables de négociation où l'on débat de la nouvelle architecture financière et où elle se dessine. Dans ces conditions, il ne serait pas surprenant que les propositions officielles en vue d'un changement ou bien ignorent les intérêts des travailleurs, ou bien leur soient contraires.

Ceci dit, il existe des propositions bien-étudiées pour de nouvelles règles et institutions qui serviraient les intérêts des travailleurs.[3] Qui plus est , il est largement reconnu que les démonstrations massives contre l'Organisation Mondiale du Commerce par les mouvements syndicaux internationaux et autres, à Seattle en décembre 1999 , ont ouvert la porte à de nouvelles occasions de promouvoir un programme social et syndical au sein de toutes les institutions financières internationales. Il reste, cependant, un défi majeur qui est d'informer et de mobiliser les gens sur ce problème afin de mieux faire connaître les inquiétudes des travailleurs dans les débats tant publics qu'officiels.

Cet article tente de mettre l’accent sur l'impact de la crise financière sur les travailleurs. Il donne un aperçu des mécanismes par l'intermédiaire desquels la crise a touché les travailleurs. Il propose ensuite une analyse de l'impact de la crise sur les travailleurs dans huit pays : Corée, Indonésie, Thaïlande, Philippines, Russie, Brésil, Equateur et, finalement, Etats-Unis. Une dernière section présente les grandes lignes du débat officiel en vue de résoudre la crise ainsi que les composantes d'un programme émergent de citoyens Nord-Sud sur la crise mondiale financière qui met en avant les intérêts des travailleurs.

De nos jours les marchés financiers internationaux ressemblent à un casino mondial où les opérateurs font des paris en une fraction de seconde sur les fluctuations du marché. En 1980 la moyenne quotidienne d’opérations de change était de 80 milliards de dollars; aujourd'hui, plus de 1500 milliards de dollars traversent quotidiennement les frontières. Plus des neuf dixièmes des mouvements de capitaux sont de nature spéculative ,et non pas productive.

Le casino financier mondial est la création délibérée d'une politique générale. Pendant les dix dernières années, la Banque Mondiale, le Front Monétaire International (FMI), et le Trésor américain ont élargi leur vision du libre-échange pour encourager les gouvernements sur tout le globe à ouvrir leurs marchés des valeurs et leurs marchés financiers aux investissements internationaux à court-terme[4]. Les rapides injections de capitaux qui en ont résulté, en provenance des fonds communs de placement, des fonds de pension, et autres sources propulsèrent la croissance à court-terme dans les années 90,mais elles encouragèrent également de mauvais prêts et de mauvais investissements. D'après la Banque Mondiale, le montant des flux financiers privés pénétrant dans les nations les plus pauvres monta en flèche, passant de 44 milliards de dollars en 1990 à 256 milliards de dollars en 1997. A peu près la moitié était de l'investissement direct à long terme , mais presque tout le reste - comme les pays bénéficiaires allaient bientôt s'en rendre compte - était libre comme l'air, allant d'un pays à l'autre d'une tape sur un clavier d'ordinateur.

Quand les investisseurs internationaux prirent peur en Thaïlande, Indonésie et plusieurs autres pays,  à la mi-97, "l'argent brûlant" paniqua et partit beaucoup plus vite qu'il n'était arrivé. Des spéculateurs monétaires de grande envergure comme George Soros aggravèrent la crise en pariant contre les devises des nations en crise. La politique de conseils du FMI sembla simplement accélérer l'exode. De la Corée au Brésil , les marchés des valeurs et des monnaies plongèrent en piqué  et comme ces nations réduisirent leurs achats sur tout , depuis le pétrole jusqu'au blé, les prix de ces produits s'effondrèrent aussi. Comme les crises financières ont  touché les économies productives de l'Indonésie, de la Russie, et de plusieurs autres pays, ce ne fut que douleur , bouleversement, mort et ruine écologique. D'après le Président des Etats-Unis  Bill Clinton ,"Le monde fait face à ce qui est peut-être sa crise financière la plus grave en un demi-siècle"

B - L'Impact sur les Travailleurs des Pays Touchés par la Crise.

L'impact de la crise financière sur les travailleurs est souvent rapide et direct. Dans les pays en crise, la réaction en chaîne des faits économiques a débuté comme toujours par une chute libre des marchés monétaires et des valeurs quand les investisseurs se sont enfuis. Désespérant de regagner la confiance des investisseurs et pour trouver des fonds d'urgence, les pays se tournent vers le Front Monétaire International ou la Banque Mondiale ,ou les deux, pour obtenir une "approbation" et un prêt rapide. Avant que de nouveaux fonds ne soient distribués , la Banque et le Fonds demandent certaines réformes  "d'ajustements structurels". Celles-ci invariablement touchent les travailleurs à travers l'un des sept effets suivants:[5]

1 - Hausse des Taux d'Intérêt

On encourage les pays à augmenter les taux d'intérêts pour renforcer la monnaie et attirer à nouveau les investissements étrangers. Immédiatement des taux d'intérêt plus élevés paralysent l'économie intérieure, qui doit rembourser ses dettes à des taux plus hauts, ainsi que les travailleurs qui ont emprunté de l'argent. Au Mexique, au Brésil, et ailleurs, des milliers de petites entreprises ont fait faillite, ajoutant des millions de personnes aux rangs des chômeurs. En outre, des taux d'intérêts exorbitants découragent tout nouvel emprunt, ce qui réduit les investissements et rend le déclin de l'économie encore plus grave.

2 - Licenciements Massifs dans le Secteur Public

La politique de La Banque et du Fonds dans les pays pauvres peut être résumée en quatre mots : "Dépensez moins, exportez plus" . Comme les gouvernements réduisent les dépenses, un des premiers objectifs est souvent de dégraisser la fonction publique.

3 - Réductions des dépenses dans les services sociaux de base

En plus des licenciements dans le secteur public, les gouvernements ont été poussés par les prêts soumis à  rajustement à réduire les services sociaux de base. Quand les budgets de l'éducation, de la santé, et autres programmes sociaux sont réduits, non seulement des emplois sont perdus directement mais la santé et la productivité futures de la main d’œuvre sont sapées.

4 - Ecrasant blocage des salaires et suppression des syndicats

La Banque et le Fonds poussent aussi les pays à ralentir ou à stopper l'augmentation des salaires, à la fois pour attirer les investisseurs étrangers et pour réprimer la demande. Dans certains pays, les programmes de prêt ont aussi atteint les travailleurs par la mise sur pied de mesures de soi-disant "flexibilité du marché du travail". Celles-ci peuvent inclure le fait de rendre plus facile pour les entreprises les licenciements de travailleurs et d'affaiblir la capacité des syndicats à négocier au nom de leurs membres. En même temps, le FMI et la Banque Mondiale refusent de promouvoir activement l'application des principales normes internationales du travail . Dans une lettre au professeur d'université américain Jerome Levison, Joanne Salop, vice-présidente de la Banque Mondiale pour les Opérations Politique et Stratégie, expliquait que "en ce qui concerne la liberté d'association et le droit aux négociations collectives, la Banque est en train d'analyser les effets économiques afin de se faire une opinion bien étayée."[6]

5 - Dévaluation des devises locales

Une des raisons les plus évidentes pour lesquelles les travailleurs sont confrontés à une hausse des prix, dans les pays en rajustement, est la prescription politique commune faite aux pays de dévaluer leur monnaie. Les dévaluations ont pour effet de rendre les exportations du pays meilleur marché et ses importations plus coûteuses. Les salaires des travailleurs, en devise locale, permettent d’acheter moins de produits importés. De plus il faut un montant de taxes  plus important pour faire face au paiement des intérêts de leur dette extérieure dont la valeur est établie en devise étrangère.

6 - Promotion d'une production destinée à l'exportation

La Banque et le Fonds mènent une série de politiques, en plus de la dévaluation , pour pousser les pays à orienter davantage de terres de cultures alimentaires de base vers des  productions de crevettes, de brocolis, de fleurs coupées, de café et de douzaines d'autres produits destinés à l'exportation. En plus d'accélérer le déclin écologique (les éleveurs de crevettes peuvent polluer l'eau potable; les cultures commerciales ont souvent besoin de plus d’apports chimiques) ce changement s'est souvent accompagné d'un accroissement de la malnutrition , étant donné que les prix de l'alimentation de base augmentent et que des millions de paysans et d'indigènes sont déplacés de leurs terres. La Banque Mondiale a aussi été une grande instigatrice de "zones de commerce libre" où des jeunes femmes travaillent souvent dans des conditions d'exploitées pour produire des petits produits manufacturés pour l'exportation à destination de Wal-Mart, Sears, K-Mart et autres points de vente. Tandis qu'une petite élite tire profit de ces nouvelles entreprises d'exportation, les inégalités croissantes entre les gagnants et les travailleurs créent de nouvelles tensions et instabilités.

7 - Abolition des contrôles des prix sur les produits de première nécessité.

Parmi les cibles favorites des politiques du FMI et de la Banque Mondiale il y a les bas prix sur les produits de première nécessité que souvent les gouvernements subventionnent dans les zones urbaines. La suppression de ces subventions peut avoir des effets dévastateurs et dans plusieurs pays elle a provoqué des émeutes et des effusions de sang.

En somme, dans leur zèle à corriger les déséquilibres macroéconomiques et à accélérer la production d'échanges extérieurs pour rembourser les créditeurs qui sont dans les pays riches, le FMI et la Banque Mondiale ont infligé une énorme souffrance aux travailleurs des deux tiers les plus pauvres du monde.

C - Quels sont les types de travailleurs les plus touchés?

Dans une partie ultérieure nous donnons un aperçu des impacts de la crise sur les travailleurs pays par pays. Partout deux groupes de travailleurs ont été particulièrement touchés : les femmes et les travailleurs immigrés.

1 - Les Travailleurs Immigrés:

La crise a exacerbé la position déjà vulnérable des travailleurs immigrés, qui deviennent souvent les boucs émissaires de la montée du chômage . Pour montrer leur inquiétude pour leurs propres citoyens, les gouvernements dans beaucoup de pays ont sévi contre les immigrés. Singapour a renvoyé chez eux des Malaisiens ; la Malaisie a renvoyé chez eux des Thaïs et des Indonésiens , et la Thaïlande a renvoyé chez eux des Birmans[7] Le gouvernement de Hongkong a réduit le salaire minimum des travailleurs domestiques immigrés , ce qui a touché en premier les 100 000 Philippines qui sont employées de maison dans ce pays. En Argentine , l'ancien président Carlos Menem fit passer des projets de lois au Congrès afin de juguler le flot de l'immigration clandestine en provenance des pays voisins. Les nouvelles lois punissaient d'amendes pouvant aller jusqu'à 500 000 dollars , les particuliers ou les entreprises qui emploieraient des travailleurs sans papiers[8].

2 - Les Femmes

Les dimensions de la crise quant au  genre sont complexes et varient selon les régions. Cependant il y a plusieurs indicateurs qui signalent une charge disproportionnée pour les femmes:

        Un rapport de l'Organisation Internationale du Travail paru en avril 1998 accusait les employeurs asiatiques de licenciements abusifs de femmes et affirmait que les femmes avaient moins de chances que les hommes de toucher des indemnités de licenciement en cas de renvoi.

        Le rapport le l'Organisation Internationale du Travail affirme aussi qu'en Thaïlande les travailleuses étrangères sans papiers risquaient plus que les hommes d'être arrêtées et rapatriées.[9]

        Dans certains cas, les femmes ont clairement supporté le plus gros des licenciements. En Corée , par exemple, l'emploi entre avril 1997 et avril 1998 a chuté de 3.8% parmi les hommes , mais de 7.1% parmi les femmes[10]. Jayati Ghosh , économiste à l'Université Jawaharlal Nehru de New Dehli , a établi que les travailleuses de Corée et de Thaïlande ont été plus touchées par les licenciements de masse dans le textile , dans les industries liées à l'informatique et l'électronique grand public - autant de secteurs qui emploient essentiellement des femmes. En Thaïlande, les travailleuses des industries  exportatrices de type traditionnel, qui nécessitent une main-d’œuvre importante, comme les vêtements bon marché , les meubles et les matières plastiques bon marché furent les premières à être licenciées , dit Ghosh. En Indonésie également , un grand nombre de femmes qui travaillaient auparavant dans des industries exportatrices ont perdu leur emploi.[11]

Dans certains des pays en crise, les hommes constituent une plus grande part du total officiel des chômeurs. Cependant il y a des raisons de  suspecter que ce pourrait être parce que les pourcentages de femmes au chômage sont sous-estimés. De plus , certaines études ont montré que les femmes qui sont licenciées sont souvent réembauchées rapidement , mais à moindre salaire.[12]

D'après la Banque Mondiale, beaucoup de femmes qui faisaient simplement auparavant leurs travaux ménagers non rémunérés ont cherché du travail dans le secteur informel , y compris la prostitution, pour survivre à la crise. Une fondation indonésienne a affirmé qu'en 1998 , 50 à 100 femmes par mois se mettaient à travailler dans les quartiers chauds de Jakarta , contre 20 par mois en 1997.[13]

Selon Lisa McGowan , du Centre de Solidarité de l'AFL-CIO[1], le fait que les femmes aient souffert disproportionnellement de la crise n'est pas surprenant : « Une partie de la structure de l'économie mondiale tient au fait que vous avez des zones de discrimination. Quand une crise arrive, ça devient de l'hyper discrimination. Et longtemps après que la communauté financière internationale aura déclaré que la crise est "résolue" , les problèmes de racisme et de sexisme demeureront ».[14] 

D - L'Effet Boomerang sur les Travailleurs américains

Tandis que souffrent les travailleurs du Sud , ces mêmes politiques de la Banque Mondiale et du FMI ont des effets boomerang sur les travailleurs américains. En poussant les pays du Sud à se sortir de la crise en exportant avec des très bas salaires , la Banque et le Fonds ont augmenté les exportations à faible coût vers les USA. De même les prêts fondés sur la politique de la Banque Mondiale et du FMI ont un impact négatif sur les exportations américaines , et donc sur les emplois américains , de plusieurs manières:

1- Beaucoup des prêts prescrivent des dévaluations des devises ce qui fait qu'importer des produits américains ou d’ailleurs revient plus cher;

2- Les prêts sont soumis à des réductions des dépenses publiques ce qui se traduit par des suppressions de postes publics et en conséquence une réduction du pouvoir d'achat;

3- De nombreux prêts imposent l'élimination des subventions accordées par les gouvernements aux prix des biens de première nécessité produits sur place , ce qui réduit le revenu dont disposent les gens pour acheter des marchandises américaines.

4- Beaucoup de prêts prescrivent un programme de privatisation , ce qui , dans la plupart des pays en voie de développement , a un coût en emplois, ce qui , à nouveau , réduit le pouvoir d'achat des gens pour acquérir des produits américains.

Les programmes d'ajustements structurels de la Banque Mondiale et du FMI détruisent également des emplois aux USA en instiguant des politiques qui incitent les firmes américaines à délocaliser leur production offshore. Beaucoup de prêts sont conditionnés par la création de zones de transformation à l'exportation , qui offrent une main d’œuvre bon marché et un environnement de contrôle libéral qui sont attirants pour les investisseurs étrangers.

 

NOTES


[1] Le plus important des syndicats américains (NDT)

[2] Représentant personnel du président des USA pour les affaires commerciales internationales. (NDT)


[1] Joseph Stiglitz, “Democratic Development as the Fruits of Labor,” Keynote Address, Industrial Relations Research Association, Boston, janvier 2000

[2] Banque Mondiale, Quarterly Regional Review, Southeast Asia, 31 janvier 2000

[3] La meilleure présentation d’ensemble d’un programme de réforme prenant en compte les intérêts des travailleurs est le livre de Robert Blecker : Taming Global Finance (Washington, DC: Economic Policy Institute, 1999). Il y a aussi des exposés approfondis de AFL-CIO: “U.S. Workers Addressing the Global Crisis,” Executive Council Statement, 14 octobre 1998, et de l’International Confederation of Free Trade Unions (ICFTU), décembre 1998 et avril 2000. Un “Call to Action” par les Friends of the Earth de décembre 1998, l’ International Forum on Globalization, et le Third World Network constituent, avec les travaux d’autres secteurs, la trame d’un programme pour les travailleurs

[4] Voir Walden Bello, “The Rise and Fall of Southeast Asia,” The Ecologist, vol. 28, no. 1, jan/fév 1998

[5] Voir Sarah Anderson, John Cavanagh and Jill Pike, “World Bank and IMF Policies Hurt Workers At Home and Abroad,” Institute for Policy Studies, 2 septembre1994

[6] Lettre datée du 30 décembre 1999

[7] Nicholas D. Kristof, “Asia Feels Strain Most at Society’s Margins,” New York Times, 8 juin1998

[8] Clifford Krauss, “Argentina Looks for a Way to Stem Illegal Immigrants,” New York Times, 18 février 1999.

[9]Thai employers attack ‘distorted’ ILO report,” Agence-France Presse story in The Nation (Thailand), 23 avril 1998

[10] Jong-Wha Lee and Changyong Rhee, “Social Impacts of the Asian Crisis: Policy Challenges and Lessons,” United Nations Development Program, Human Development Report Office, janvier 1999.

[11] Jayati Ghosh, “East Asian Crisis hits women workers first,” InterPress, janvier 1999

[12] Banque Mondiale, “Gender Dimensions of the East Asia Crisis,” janvier 1999

[13] Banque Mondiale, ibid

[14] Presentation lors d’une conference sur “Workers in the Global Economy,” au AFL-CIO’s George Meaney Center, 22 octobre 1999