Mondialisation. Etat des lieux
Les OGM, les consommateurs et les citoyens - Texte paru sur la liste de discussion francophone d'ATTAC - Août 1999 | |
Les
OGM, les consommateurs et les citoyens. Par
Thierry Raffin (Sociologue, "Collectif Citoyens OGM Dangers") et Hervé Le Meur (membre
d'OGM Dangers) Depuis quelques mois,
les manifestations d'opposition aux OGM se multiplient. Le scandale européen
des farines animales trafiquées n'a fait que les attiser et leur donner
une résonance inquiétante pour les consommateurs. Le Conseil Européen
des Ministres de l'Environnement des 24 et 25 juin en renforçant "le
principe de précaution" dans la nouvelle directive sur la dissémination
des OGM et par la promesse d'une nouvelle réglementation sur l'étiquetage
donne l'impression de vouloir éteindre le feu par un soi-disant
"moratoire de fait". Certains
y voient le début de la fin des cultures transgéniques. Faut-il vendre
ainsi la peau de l'ours avant de l'avoir tué se demandent les opposants
aux OGM ? Ne faut-il pas craindre plutôt que les puissances et les intérêts
économiques considérables en jeu vont chercher à s'exprimer de manière
plus subtile ? Un peu à la manière de l'AMI un temps arrêté et qui
resurgit sous de nouvelles formes (PET) dans les discussions multilatérales. Ce sont les mêmes processus de libéralisation du commerce
qui sont à l'œuvre, comme le montre bien le bras de fer qui s'est joué
lors de la conférence de Carthagène au début de l'année en février
sur la circulation mondiale des OGM, menant à sa mise en échec, mais que
les américains viennent de finir par accepter qu'elle reprenne [1]. Dans cette résistance
qui s'organise contre les applications des biotechnologies dans le secteur
de l'agro-alimentaire, plusieurs points de vue différents convergent et
que l'on confond souvent d'ailleurs : celui du consommateur et celui du
citoyen. Sont-ils de même nature et conduisent-ils aux même exigences ?
Sont-ils attentifs aux mêmes événements, aux mêmes phénomènes ?
Rien de moins sûr. Si la revendication pratique d'un moratoire
peut apparaître un possible espace d'accord, c'est à partir de
raisonnements différents. Dès qu'il s'agit d'approfondir les raisons et
le sens de ce qui constitue le socle du "principe de précaution"
les questions de l'étendue et de la portée d'un moratoire sur les
aliments transgéniques fait débat au sein même du front anti-OGM. A partir d'un bref
rappel des acteurs de cette guerre mondiale des OGM, nous cherchons à
montrer qu'en dépit de sa puissance
le mouvement de suspicion des consommateurs à l'égard de
l'alimentation transgénique reste limité dans une compréhension des véritables
enjeux économiques et sociaux des biotechnologies que seule une critique
politique peut permettre d'appréhender pour redonner aux citoyens un
droit de parole et de décision sur le devenir des sociétés. Les
acteurs Les opposants aux OGM peuvent trouver leur motivation dans des positions
écologistes et éthiques. C'est cependant plus souvent la défense du
consommateur (l'évaluation
des risques/bénéfices) qui apparaît dans les arguments soulevés par
eux, que la revendication d'une réinstitution du citoyen. Dès lors qu'on
aborde le champ de la réflexion sociale, ce dernier est souvent réduit
à n'être que la pâle figure du consommateur dans une démocratie qui,
a pris depuis longtemps déjà pour paradigme le "Marché"[2].
Ainsi Guy Paillotin dans son livre "Tais-toi et mange"[3]
analysant les rapports entre "l'agriculteur, le scientifique et le
consommateur" utilise ainsi la
figure dominante de cet être hybride du "consommateur-citoyen"
pour nous signifier qu'il détient en définitive les clés d'un nouveau régime
alimentaire pour autant que les agriculteurs et les scientifiques sauront
l'écouter. Mais l'analyse tourne court faute de bien identifier la
"main invisible" qui a rédigé les termes du nouveau contrat
qu'on veut faire signer au "consommateur-citoyen". Pourtant, il suffit de lister comme le fait Aline Gérard dans un article
récent du Nouvel Economiste[4],
mi-critique, mi-fasciné les 10 premiers promoteurs des OGM,
"industriels des sciences de la vie" pour comprendre que le
dossier de "l'agriculture génétiquement modifiée"[5]
touche à une composante essentielle du devenir économique planétaire
que nous dessinent les cartels multinationaux. Le secteur privé de la
Recherche et Développement accentue chaque jour son emprise sur la
recherche publique à coups d'investissements croisés[6]
. A leur suite tous les thuriféraires politiques et professionnels du
progrès scientifique et de l'économie libérale, comme la FNSEA par
exemple[7]
veulent à tout prix "prendre le train en marche", sans trop
s'inquiéter de sa destination, refusant de "pénaliser les
entreprises françaises par rapport aux entreprises américaines..."
dans cette guerre économique. Les progressistes sociaux parmi eux
soucieux de la "liberté du choix pour tous"[8]
appellent à une information nécessaire des consommateurs-citoyens. Une
information nécessaire sur les OGM. Mais quelle information ? Le
point de vue du consommateur L'approche consumériste s'intéresse au consommateur d'un produit qui
peut légitimement connaître le contenu de ce qu'il achète. Cependant,
cette théorie a déjà ses limites car la formule de production n'est pas
toujours connue (Coca-Cola par exemple). La question centrale est alors
celle de l'étiquetage des OGM et constitue bien une première ligne de
front entre ce que J.P. Berlan appelle le complexe génético-industriel[9]
et les opposants aux OGM. Le premier trouve dans l'affirmation de la
liberté du commerce un argument contre l'étiquetage posé comme une
barrière technique entravant la libre circulation des OGM (par des effets
de boycott). Ainsi la Food Drug Administration, traduisant dans le champ
administratif les intérêts
économiques américains[10]
soutient-elle le postulat d'une équivalence substantielle avec les
aliments non transgéniques. Par un effet de tautologie, les autorisations
de mise sur le marché constituent une telle attestation d'équivalence et
d'innocuité qui absout de
toute responsabilité les firmes productrices. On mesure bien le jeu
politico-économique d'une telle manipulation bureaucratique lorsqu'on
apprend que les scientifiques de la FDA avaient émis l'opinion que les
OGM n'étaient pas assimilables à des produits non manipulés [11] .
Plutôt que de donner de l'eau au moulin des opposants aux OGM, la FDA a
préféré étouffer cette fois l'avis des experts. Ainsi les Etats Unis, relayant les intérêts de l'une de leurs firmes leader -Monsanto- contestent régulièrement tout à la fois les règles d'étiquetage mises en place en Europe et la longueur des procédures d'autorisation de mise sur le marché dans la réglementation européenne. A l'approche du lancement du prochain round des négociations multilatérales au sein de l'OMC (Seattle du 30 novembre au 3 décembre 99) les Etats Unis appuyés par le Canada envisagent d'intégrer dans la négociation la question des OGM pour imposer une révision des décisions européennes en matière de procédures d'autorisation et d'étiquetage des produits transgéniques. De leur côté les pays européens se battent au sein du Codex
Alimentarius[12]
pour faire valoir une règle mondiale d'étiquetage des OGM au nom
du droit à l'information des consommateurs. En Europe, le règlement sur l'étiquetage est applicable depuis le 2
septembre 1998. Cependant, les états et les fabricants alimentaires prétextent
de la difficulté à détecter les OGM[13]
et/ou du manque de normes dans les seuils de détection pour ne pas
appliquer une réglementation que Marylise Lebranchu, secrétaire d'état
aux Petites et Moyennes Entreprises vient de rappeler en affirmant
"il faut arrêter de dire qu'il n'est pas possible d'ajouter sur les
produits un étiquetage OGM. C'est compliqué, mais c'est possible et donc
on le fait"[14]
. C'est dans ce paysage que, sous la pression des consommateurs et des
campagnes de courriers du réseau Info-Conso de Greenpeace tenant à jour
une liste stratégique des produits contenant ou ne contenant pas d'OGM[15]
que plusieurs distributeurs et fabricants[16]
adoptent un marketing anti-OGM d'étiquetage, de création de filières séparées
satisfaisant aux attentes des consommateurs. Il faut mesurer la force de cet être collectif du Consommateur dans
la logique libérale du marché, capable de faire bouger de ses positions
les grandes firmes comme Nestlé qui se posait en partisan déclaré des
OGM. Cette force on la jauge aussi à la décision des grands céréaliers
(et en particulier la compagnie Cargill) nord américains de ne plus
acheter les maïs transgéniques non autorisés en Europe aux fermiers américains. Dans cette logique, un nouvel espace de bataille économique
est en train de se dessiner : certains pays ou états comme celui du Rio
Grande do Sul au Brésil cherchent à développer par l'imposition de
zones de culture protégée, une spéculation sur les cultures non-OGM réclamées
par les fabricants soumis à la pression des consommateurs. Le marché révèle
à nouveau ses capacités d'intégration de la demande consumériste. Cependant, les tractations en cours au niveau européen sur la refonte du
règlement sur l'étiquetage dans
la foulée du Conseil Européen des 24 et 25 juin 99 et à la demande des
fabricants visent à réduire ce danger potentiel de cette information par
l'étiquetage des OGM en définissant
un seuil de tolérance permettant de ne pas mentionner la présence des
OGM. Le puissant lobby des firmes biotechnologiques pourrait ainsi réussir
à tromper la vigilance des consommateurs. Ainsi déjà, la Suisse a adopté récemment un seuil de 1% de tolérance
pour la présence d'OGM sans étiquetage pour "simplifier" le
travail de détection. On murmure que la Commission Européenne envisage 2
à 3 % ... pour commencer. A défaut de se sentir à nouveau trompé sur
le contenu réel de ce qu'on lui donne à manger, le consommateur peut se
trouver rassuré par une présence limitée, garantie et contrôlée d'OGM
dans son assiette. On se retrouverait alors dans la situation des produits
"bio" pour lequel le label reste possible jusqu'au seuil de 5 %
de produits non-bio mélangés. Mais cette évolution possible de la réglementation par une
"dissolution" du risque alimentaire, ne clôt pourtant pas la
question du point de vue du citoyen qui demande un débat d'une autre
nature. Le
point de vue du Citoyen. Une critique radicale de cette "main basse sur les produits bio"[17] permet bien d'ouvrir le débat
par le dépassement de la seule approche consumériste attachée à la
notion d'étiquette, pour soulever des questions plus complexes encore,
d'ordre éthique et politique. Un
point de départ souvent emprunté par les opposants aux OGM qui
revendiquent un débat citoyen à leur propos, est le constat d'une
incompatibilité totale entre culture bio et culture transgénique. La
remarque n'est pas tant formulée à partir d'un souci premier de défendre
l'agriculture biologique en tant que telle qu'à partir d'une exigence démocratique
fondamentale de la liberté de choisi, tant pour l'agriculteur que pour le
consommateur, la nature des produits qu'il sélectionne.
Or dans un "monde transgénique" l'agriculteur de maïs
biologique entouré de voisins qui ont fait le "choix" (souvent
imposé par les firmes semencières) de planter du maïs transgénique se
trouve ipso-facto dans l'incapacité de garantir la qualité bio de son maïs
aux consommateurs. Dès lors que une variété OGM a fait l'objet d'une
autorisation de mise sur le marché, l'absence de système d'information
normalisé sur la nature transgénique des plantations rend impuissant
l'agriculteur qui voudrait s'opposer aux pollutions génétiques par le
pollen transgénique. Ce n'est que par le système interne des relations professionnelles du
milieu agricole que la connaissance des plantations transgéniques est
possible. Elle peut d'ailleurs
conduire, tant le sujet est devenu sensible et menaçant, à des actions
de destruction des parcelles incriminées au nom d'une légitime défense,
d'autant plus compréhensible que le système des mises en cultures expérimentales
est, lui aussi, non transparent et parfois se réalise dans l'illégalité[18].
La Confédération Paysanne, hostile aux cultures transgénique, dénonce
avec force cette atteinte à la liberté
économique de l'agriculteur. Les sociétés modernes sont, par nature, "légalistes" et ont
du mal a comprendre de tels actes de destruction de graines ... par des
paysans ! La multiplication récente de ces destructions vient aussi démontrer
que le droit est devenu, sur ce champ là aussi, largement inadapté aux
évolutions d'une société biotechnologique. L'association de la Caravane
Intercontinentale des Indiens[19] à ces manifestations
montre clairement qu'ils défendent ainsi une culture sociale qui reste
structurante pour l'économie de nos sociétés. Cette volonté de défendre
une indépendance économique à l'égard des multinationales qui n'hésitent
pas à faire appel à des détectives
pour traquer les agriculteurs accusés de "trafic" de semences,
revêt le sens aussi d'un combat politique contre un monde totalitaire où
Monsanto n'hésite pas à faire appel à des détectives et a mis en place
un numéro de téléphone pour la délation des "détournements de
semences" par les fermiers. Le
contrôle de des semences par une poignée de firmes privées constitue
aussi une menace majeure contre la sécurité alimentaire des populations.
Une illustration nous en est encore donnée par Monsanto qui après avoir
largement enclenché un mouvement de concentration des compagnies semencières,
se lance maintenant dans le contrôle de cette autre ressource vitale
qu'est l'eau [20]
, l'action des organisations anti-OGM comme ici celle de la Confédération
Paysanne n'est pas simplement corporative, elle est foncièrement
politique : elle sonne comme une exigence démocratique forte d'une droit
imprescriptible des citoyens à débattre du devenir des sociétés qu'ils
composent. Ce qui suppose que soit organisée une vraie transparence. Pour
une transparence du débat. En France c'est la Commission du Génie Biomoléculaire qui gère les
demandes de mise en culture expérimentales. Ce n'est que dans ce cadre
que l'information sur les OGM est constituée. Les mouvements de
protection de l'environnement ont d'ailleurs récemment dénoncé le
manque de transparence à ce niveau. Le Mouvement des Ecologistes Indépendants
(MEI) de leur côté et France Nature Environnement (FNE) associé aux
Amis de la Terre (AT) ont fait le constat d'obstruction illégale
à leurs demandes d'information. De manière plus surprenante encore le
maire d'une petite commune de Charente Maritime (Péré) s'est vu
interdire par l'administration de l'Agriculture le droit à informer ses
concitoyens sur les localisations de cultures expérimentales transgéniques.
De telles restrictions mettent alors l'Etat en pleine illégalité
[21]! Une telle attitude d'obstruction, les arguments invoqués jusqu'ici par
l'administration de contenir le risque de destruction des parcelles,
rendent la CGB suspecte aux yeux des opposants aux OGM et doivent
interroger les citoyens. Dans un contexte où la recherche
biotechnologique est dominée par les firmes multinationales et où l'on
peut observer des perméabilités fortes, et encouragées, entre la
recherche publique et les intérêts privés[22],
il est légitime de s'interroger sur l'indépendance de l'expertise
scientifique largement mobilisée au sein de la CGB. La mise en place d'un CRII Gen, à l'image du CRII Rad, qui se déclare
comme organisme d'expertise réellement indépendant, exprime bien le
doute -renforcé par les "dysfonctionnements" économico-bureaucratiques
constatés à nouveau à l'occasion du scandale des farines à la dioxine-
qui pèse sur les organisations gouvernementales aujourd'hui[23].
On peut observer un transfert de certaines compétences d'une
structure à l'autre. Ainsi Gille-Eric Séralini, qui ne cache pas ses
critiques à l'égard de la CGB dont il fait partie, se retrouve-t-il
aussi au CRII-Gen. Pourtant, le mode de financement de ce nouvel organisme
"indépendant" interroge aussi. Une part de ses ressources
provient d'entreprises privées, du secteur de la distribution alimentaire
(Carrefour), qui y investissent leur stratégie marketting. Au niveau de la politique européenne le débat est loin d'être clair également.
Un certain malaise se dégage de l'affrontement entre la Commission Exécutive
européenne (démissionnaire) et le Parlement Européen sur cette question
des OGM. Comment expliquer,
que la commission rejette les modifications de la directive sur les OGM
demandées par le Parlement le 11 février 99 ? Ces amendements visaient
à renforcer le pouvoir des états membres dans la mise en œuvre du
principe de précaution et à introduire un régime de responsabilité
pour la réparation des dommages causés par les pollutions génétiques.
Le citoyen peut se demander s'il ne faut
pas y lire la capacité des lobbies biotechnologiques à faire
obstruction, à l'expression démocratique normalement portée par le
Parlement ? Le rejet par la commission de l'amendement du Parlement sur
l'interdiction de dissémination des OGM
intégrant le gène de résistance aux antibiotiques[24]
est exemplaire de ce souci de protéger d'abord des intérêts financiers
plutôt que la santé des consommateurs comme y appellent pourtant nombre
de médecins et de spécialistes des antibiotiques[25].
Les fausses décisions[26]
issues du Conseil Européen de juin 99, ne permettent pas vraiment d'éclairer
la question, les gouvernement cherchant une issue pour concilier tout à
la fois les intérêts économiques des firmes biotechnologiques européennes
engagées dans la concurrence économique mondiale, le système global du
commerce mondial, leurs opinions publiques largement hostiles aux OGM. Il est à craindre malheureusement que le déficit d'informations et le déficit
de démocratie dans le fonctionnement sociétal, fasse que ces questions
échappent largement aux citoyens ainsi qu'aux associations anti-OGM qui
ont rarement des lobbyistes à Bruxelles. Conclusion Est-il possible d'élargir
le point de vue du consommateur attentif à une clarification de l'étiquetage
pour que se constitue une conscience citoyenne des effets pervers du
commerce biotechnologique ? Ou ne doit-on compter que sur les mécanismes
de la peur individuelle et de la psychose collective des consommateurs
pour leur santé pour arrêter l'envahissement par les OGM ? Les firmes
engagées dans une concurrence économique impitoyable qui contient en
germe les termes de sa concentration capitalistique, concentrent
aujourd'hui leurs moyens sur l'engrangement des brevets génétiques comme
autant de munitions pour une guerre du III ème millénaire
d'appropriation totalitaire du monde vivant.
Le risque majeur paraît bien être là : dans ce durcissement de
l'ordre économique qui se dessine aujourd'hui,
et que le projet de biotechnologisation des relations de l'homme à
la nature et plus globalement des relations sociales paraît à même de
cristalliser. Pour espérer échapper à cet avenir, il faut analyser les OGM comme un véritable
enjeu économique et politique dépassant sa simple réalité d'objet
scientifique, technique ou de produit de consommation. A défaut de réussir,
il est à craindre que ces OGM en s'imposant dans nos assiettes et ne
soient le début du meilleur des mondes transgéniques comme
l'annonce Jérémy Rifkin dans le "siècle biotech"[27]
. Nous voulons penser à qu'un autre monde est possible.
[1] Le 1er juillet, Klaus Toepfer, le directeur exécutif du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement) révélait que Etats-Unis -assouplissant leur position après la décision prise le 25 juin par l'Union européenne de renforcer les procédures de mise sur le marché des plantes transgéniques, au nom du principe de précaution - acceptaient la reprise de ces négociations à Montréal à partir de septembre. [2] C. Paradeise et R. Laufer, "Le Prince Bureaucrate", ed. Flammarion 1982. [3] G. Paillotin et D. Rousset, "Tais-toi et mange ! L'agriculteur, le scientifique et le consommateur", Bayard Editions Sciences-Société 1999. [4] Aline Gérard, "La cuisine du diable", Le Nouvel Economiste n°1131 - 2/07/99. [5] Dans un petit ouvrage particulièrement remarquable les Editions de l'Encyclopédie des Nuisances , "Remarques sur l'agriculture modifiée et la dégradation des espèces" (janvier 99), nous livrent une critique radicale de ce mouvement de" biotechnologisation" de la société. [6] Le secrétaire d'Etat à l'industrie Christian Pierret a lancé le 6 juillet un "appel à propositions", d'un montant de 40 millions de francs, destiné aux start-ups de biotechnologies concernant un projet intitulé "après séquençage génomique". [7] La FNSEA explique ainsi sa position dans un dossier "Agriculteurs et OGM" publié sur son site Internet http://www.fnsea.fr [8] G. Paillotin et ali. P.152. [9] Jean Pierre Berlan et Richard C. Lewontin, La menace du complexe génético-industriel, Le Monde Diplomatique, décembre 98. [10] Jennifer Ferrara, "Les vases communicants entre Monsanto et l'administration", article de The Ecologist traduit dans Le Courrier International n° 452 du 1er au 7 juillet. [11]
Il semble bien que se soit en "bonne intelligence" que la
FDA et Monsanto aient mis au point cette notion" d'équivalence
substantielle" permettant de faire l'économie de tests de
toxicité avant la mise sur le marché des produits OGM. Des experts
de la FDA elle-même remettent en cause cette affirmation qui ne
repose sur aucun fondement scientifique, comme par exemple le Dr Louis
Priybl chercheur du groupe
microbiologique de la FDA qui déclare "il y a une profonde différence
entre des nourritures génétiquement modifiées et les nourritures
conventionnelles du point de vue des différentes sortes d'effets non
attendus " (Alliance for Bio-Integrity P.O.
Box 110, Iowa City, IA 52244-0110 http://www.bio-integrity.org) [12] Le Comité du Codex Alimentarius est une instance intergouvernementale crée en 1962 sous les auspices de la FAO et de l’OMS pour établir des normes internationales en matière de produits alimentaires. La création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a accru son importance en en faisant le lieu de mise au point de la réglementation de l'OMC dans le domaine des denrées alimentaires. Lors de la réunion d'avril 99 du Codex à Ottawa, la question de l'étiquetage des OGM a été déposée sur le bureau du Comité par les pays européens. A l'issue de la discussion les Canadiens ont accepter de présider un groupe de travail visant à concilier les positions et examiner quelles seraient les conditions d'un étiquetage des OGM. [13] Anne Laurent, "Le grand flou dans la détection des OGM", n° spécial "biotechnologies" de l'Usine Nouvelle, mars 99. [14] Déclaration du 7 juillet 99. Source AFP. [15] Campagne anti-OGM de Greenpeace et liste des produits OGM : http://www.greenpeace.org/campagnes/ogm/listes.html [16]
Le 17 mars, un consortium de distributeurs européens (Saisbury,
Mark&Spencer, Migro, Carrefour, Effelunga, Delhaize, Superquinn),
le 28 avril Nestlé et Unilever, le 21 mai Danone, ont annoncé
qu’ils allaient retirer
les OGM de leurs produits. Cette décision est une reconnaissance du
refus des consommateurs, sans être une remise en cause des OGM. Au
total fin mai, les Amis de la Terre de Grande Bretagne (http://www.foe.co.uk/pubsinfo/infoteam/pressrel/)
comptaient que 24 des 30 plus gros producteurs ou distributeurs
alimentaires en Grande Bretagne avaient déclarés formellement le
retrait des OGM. [17] Chantal Le Noallec, "Main basse sur les produits bio", Le Monde Diplomatique, Mars 1999. [18] Communiqué de France Nature Environnement lors d'une conférence du 3 mars 99 organisée avec les Amis de la Terre sur l'opacité des mises en culture expérimentale d'OGM suite à une enquête pour établir la carte des OGM en France. (http://www.foeeurope.org/france/ogm-sites.htm) [19] Du 22 mai au 20 juin, 500 hommes et femmes, paysans, syndicalistes, écologistes, ouvriers et sans-terre venus d'Inde ont parcouru l'Europe pour manifester devant les centres de pouvoir pour nous faire savoir que la mondialisation "libre-échangiste" est en train de dégrader gravement leurs conditions de vie. Les participants de la Caravane s opposent notamment au développement des OGM par les multinationales de semences. [20] Vandana Shiva (Directeur de la Fondation de la Recherche pour Science, Technologie et Écologie, New Delhi.) "Monsanto et le contrôle de l'eau", (Source Monitor Monsanto http://www.antenna.nl/aseed/monsanto/) [21] De telles restrictions sont pourtant en totale contradiction avec les principes de l'accès des citoyens à l'information sur les cultures transgéniques définis dans la loi française de juillet 1992 qui transpose dans le droit français la directive européenne sur la dissémination des OGM. La CADA a d'ailleurs donné raison à la réclamation des associations, et une circulaire aux préfets sur la mise à disposition de ces informations au public est venue rappeler les termes de la loi. [22] “ Génoplante a pour vocation de doter la France d’un dispositif global, cohérent et compétitif pour l’étude des génomes végétaux et la valorisation de ces travaux (…) de développer une protection industrielle sur des innovations pour l’agriculture (…) de favoriser le développement d’activités et la création de jeunes sociétés innovantes à partir des biotechnologies. Le Comité stratégique est présidé par Paul Vialle, directeur général de l’INRA et deux vice-présidents : Alain Godard, PDG de Rhône-Poulenc santé animale et Végétale, et Pierre Pagesse, président du groupe Limagrain et du comité stratégique de Biogemma. Budget prévisionnel : 1,4 milliards de francs sur 5 ans, dont 70% sur des fonds publics (Communiqué de presse de Génoplante du 23 février 1999)). "Génoplante regroupe les organismes publics INRA, CIRAD, IRD, CNRS les entreprises semencières Biogemma et Bioplante et la branche agro-chimie de Rhône Poulenc, récemment fusionnée au groupe allemand Hoescht. Le statut juridique est pour le moment celui d'un Groupement d'Intérêt Scientifique mais doit évoluer rapidement en GIE (Groupement d'Intérêt Economique) qui lui conférera une personnalité morale de droit privé." Jean Pierre Berlan, Jean Louis Durand, Alain Roques, Pascal Tillard "Génoplante : une erreur stratégique", doc. Ronéo. [23] Déjà à l'occasion du sondage sur la sécurité alimentaire - - publié par la DGXXIV de la Commission Européenne on pouvait lire "Il est intéressant de constater que le doute semble s'installer quand il s'agit de donner une opinion sur les institutions européennes" en tant que source fiable d'information sur les produits alimentaires. Eurobaromètre 49 Septembre 98. [24] Nombre d'OGM contiennent aujourd'hui ce gène qui n'apporte rien de particulier à la plante mais qui sert dans le bricolage génétique d'élaboration-sélection du transgéne. [25] Selon un sondage de l'International Society of Chemotherapy (ISC) 57% des chercheurs interrogés (117) considèrent que le risque de commercialisation sans restriction du maïs modifié par ces gènes et commercialisé par Novartis est "inacceptable". Voir aussi l'article du 15 mai 99 de l'Independent de Londres sur un rapport de l'Association Britannique des Médecins. [26] Plusieurs observateurs ont pu noter l'incohérence de ces décisions qui suspendent les nouvelles autorisations de mise en culture d'OGM au nom d'un principe de précaution qui devrait aussi prévaloir pour les autorisations en cours, tout en refusant considérer le problème de l'importation et de la commercialisation des OGM souvent encore non étiquetés de produits américains. [27] Jeremy Rifkin, "Le siècle biotech", 1998.
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Thierry Raffin
(Sociologue, Président INF'OGM)
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