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Contrôle et réglementation des marchés spéculatifs.

Jean-Pierre Avermate (Luc Douillard, secrétaire de rédaction)

29/09/98

Ce tableau de différents dispositifs envisageables pour re-réglementer les marchés financiers et les paradis fiscaux est destiné à évoluer en intégrant les idées nouvelles et suggestions qui parviendront aux auteurs. C'est dans ce but qu'il est soumis au débat public.
Il propose une lecture synoptique par l'application systématique d'une grille de 9 questions invariables, pour chaque type de dispositif proposé :

1- Titre
2- But
3- Description sommaire du mécanisme
4- Exemple concret
5- Avantages
6- Inconvénients
7- Application unilatérale possible dans un seul pays (OUI ou NON)
8- Réalisations et précédents historiques éventuels
9- 0rientation documentaire

Sommaire provisoire :

1. N°1 : TAXE "TOBIN"
2. N°2 : TAXE TOBIN "D'AIDE AUX CITOYENS"
3. N°3 : TRANSPARENCE DES OPÉRATIONS
4. N°4 : CONTRÔLE DES MOUVEMENTS DE CAPITAUX
5. N°5 : DIVIDENDE-ACTIONS
6. N°6 : ÉPÔT OBLIGATOIRE SUR LES TRANSACTIONS DE CHANGE
7. N°7 : DÉPÔT OBLIGATOIRE DE RÉSERVE
8. N°8 : DÉPÔT OBLIGATOIRE DE GARANTIE
9. N°9 : DÉPÔT OBLIGATOIRE SUR TRANSACTION SPÉCULATIVE
10. N°10 : DOUBLE MARCHÉ DES CHANGES
11. N°11 : INTERDICTION DE MAINTIEN D'UNE POSITION DE CHANGE
12. N°12 : POISON PUT
13. N°13 : OBLIGATION DE NOTIONNEL TANGIBLE
14. N°14 : SOCIÉTÉ À BÉNÉFICE LIMITÉ

 

 

N°1 : TAXE "TOBIN"

But

Description

Taxe imposée dans le marché des changes pour réguler ce dernier et éviter les soubresauts des cours dus à la spéculation. Proposée en 1972 par l'économiste américain et Prix Nobel James Tobin, taxation minime de toute opération de change en vue de dissuader les mouvements spéculatifs à court terme (les va-et-vient intempestifs).

Exemple

Une taxe de l'ordre de 0,1 % prélevée sur chaque opération de change

Avantages

Inconvénients

Mesure monétaire internationale qui procurerait des moyens financiers disponibles, pour le financement d'organisations internationales de régulation (FMI, Banque Mondiale, par exemple), soit à la redistribution sous forme d'aide aux plus démunis de la planète. Une instauration internationale est obligatoire, faute de quoi la taxe serait préjudiciable pour le ou les seuls pays qui l'introduiraient. D'autre part, la présence de produits dérivés permet aux plus importants spéculateurs de se déjouer de l'effet négatif d'une telle imposition. La redistribution à des fins humanitaires pose également des problèmes d'administration, d'équité et de morale.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Théoriquement oui, pratiquement non.

Réalisation actuelle

Documentation

Nulle part. L'idée est remise toutefois à l'ordre du jour dans de nombreux pays, sous de nouvelles variantes, comme en Nouvelle-Zélande. FMI, Banques Centrales, ATTAC

 

 

N°2 : TAXE TOBIN "D'AIDE AUX CITOYENS"

But

Description

Taxe imposée dans les marchés financiers en vue de récolter des moyens financiers destinés à la redistribution aux plus démunis dans le monde. Inspirée de la taxe Tobin, proposée en 1972 par l'économiste américain et Prix Nobel James Tobin, taxation minime, de l'ordre de 0,1 %, sur toute opération financière dont le produit serait redistribué sous forme d'aide aux citoyens les plus démunis dans le monde.

Exemple

Une taxe de l'ordre de 0,1 % prélevée sur une opération de change, une transaction boursière.

Avantages

Inconvénients

Mesure dissuasive facilement applicable, nécessitant une organisation internationale de gestion et, (de préférence une autre), pour la redistribution. Instauration internationale obligatoire, faute de quoi la taxe serait préjudiciable pour le ou les seuls pays qui l'introduiraient unilatéralement. Mesure qui pénalise les opérations "régulières", c'est-à-dire les opérations provenant d'un négoce de biens ou de services réels. La présence de produits dérivés permet probablement aux plus importants spéculateurs de se déjouer de l'effet négatif d'une telle imposition. La redistribution à des fins humanitaires pose également des problèmes d'administration, d'équité et de morale.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Théoriquement oui, pratiquement non.

Réalisation actuelle

Documentation

Nulle part. Remise toutefois à l'ordre du jour par le projet ATTAC. FMI, Banques Centrales, ATTAC

 

 

N°3 : TRANSPARENCE DES OPÉRATIONS

But

Description

Rendre toute opération financière retraçable, depuis son origine jusqu'à sa clôture, pour la qualifier de sorte à pouvoir réguler efficacement les marchés. Toute opération faite dans un marché financier (change, Bourse, ...) doit recevoir une identification unique reprenant la qualité du donneur d'ordre, le caractère de l'opération et le nom de l'intermédiaire. Selon les caractéristiques de cette identification, l'opération sera imposée (taxée) ou fera l'objet de restrictions spécifiques ou d'encouragements particuliers.

Exemple

100.000 dollars, par exemple, doivent être achetés dans le marché des changes. Selon que le donneur d'ordre est une firme qui effectue l'opération pour payer ou couvrir un achat, ou un spéculateur, l'identification différera et engendrera une taxation ou une pratique différente.

Avantages

Inconvénients

Système permettant de cibler avec précision les transactions de manière à entraver celles considérées déstabilisatrices des autres. Exige une définition précise des opérations déstabilisatrices (spéculatives), ainsi qu'une administration souple et adéquate.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Probable dans certains pays émergents. Dispositif comparable à celui du double marché des changes. Système applicable simultanément avec celui du contrôle des entrées et sorties de capitaux ou de la fiscalité particulière des bénéfices émanant de paradis fiscaux.

(Ce dispositif n°3 est une proposition originale et inédite de J.P. Avermaete-1998).

FMI, et autres probablement

 

 

N°4 : CONTRÔLE DES MOUVEMENTS DE CAPITAUX

But

Description

Recenser l'origine et la destination des mouvements de capitaux effectués dans un marché des changes en vue de les trier, voire de les pénaliser en fonction de leurs caractéristiques propres. Chaque mouvement de capital vers ou en provenance de l'étranger transite par le marché des changes, régulé par une autorité monétaire. Selon l'importance et la fréquence des mouvements, une ponction sur les réserves de change du pays pourra s'ensuivre. Dans le cadre d'une politique monétaire dynamique, certains mouvements pourront être pénalisés, voire neutralisés en fonction de leur origine.

Exemple

L'achat de certaines devises sont interdites pour cause de relations tendues entre différents pays. Les mouvements de capitaux vers ou en provenance de ces pays sont interdits ou fortement réduits. C'est le cas entre les Etats-Unis d'une part et la Libye, l'Iran et Cuba d'autre part.

Avantages

Inconvénients

Mesure monétaire ponctuelle très efficace. Le contrôle nécessitera une administration gouvernementale ferme et robuste et un contrôle assidu. Si les pays considérés font partie des pays occidentaux, la présence des produits dérivés pourrait atténuer les effets d'une telle mesure.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Etats-Unis vis-à-vis de Cuba, de la Libye et de l'Iran. Existait précédemment entre la plupart des pays occidentaux vis-à-vis de l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid. FMI, Réserve Fédérale, BRI, Banques centrales, législations nationales.

 

 

N°5 : DIVIDENDE-ACTIONS (stock dividend)

But

Description

Augmenter continuellement le capital d'une entreprise pour préserver son indépendance face aux OPA hostiles ou aux glissements de l'actionnariat. Au lieu de payer la part du bénéfice à distribuer sous la forme de dividende, les actionnaires reçoivent de nouvelles actions au pro rata de leur avoir. De cette manière, le capital de l'entreprise est continuellement en progression, diluant son bénéfice par action, ce qui la rend moins attrayante pour une reprise hostile de la part d'un prédateur financier. Le paiement d'un dividende, s'il est en progression, a pour effet de soutenir le cours de l'action. Le paiement par le biais d'une action supplémentaire a pour effet de peser sur le cours, car l'actionnaire qui voudrait encaisser le dividende sera obligé de vendre l'action.

Exemple

Une entreprise réalisant un bénéfice à distribuer de 100 millions par rapport à un capital de 1 milliard, (le rapport bénéfice/action est donc de 10 %), si ce rapport est en progression, le cours de l'action fléchira de moins de 10 % lors du paiement du dividende, de sorte que l'actionnaire y gagnera.

Si le dividende est payé sous forme d'actions supplémentaires et qu'il est fixé à 10 F par action, et si, d'autre part, la valeur de l'action est de 100 F, il faut posséder 10 actions pour en obtenir une nouvelle (les fractions sont temporairement négociées dans le marché sous forme de "bonus", permettant à chaque actionnaire d'arrondir son avoir jusqu'à un multiple de 10). Le rapport bénéfice/action sera de 9,09 %. Il est probable que le cours de l'action fléchira de plus de 10 % lors de la distribution des nouveaux titres.

Avantages

Inconvénients

L'entreprise contrôlera ainsi plus ou moins efficacement la valeur de son capital en Bourse. Elle pourra émettre régulièrement de nouvelles actions, elle pourra aussi compliquer le dispositif en proposant de nouveaux titres qui ne rapporteront de dividende qu'après un certain délai, ou en émettant des emprunts convertibles à tout moment. Seules les très grosses entreprises peuvent se permettre de telles procédures, car leur administration est très importante (surtout si les actions sont nominatives).

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

De nombreuses entreprises appliquent ce stratagème de façon ponctuelle. En Belgique, PetroFina en est l'exemple type. Bourses, rapport annuels des entreprises.

 

 

N°6 : DÉPÔT OBLIGATOIRE SUR LES TRANSACTIONS DE CHANGE

But

Description

Neutraliser les mouvements intempestifs de capitaux. Toute entrée de capital fera l'objet d'un dépôt d'un montant équivalent à une fraction du montant importé dans un pays, auprès d'une banque centrale ou d'une instance monétaire nationale, et ceci pour une durée déterminée, sans rémunération. Cette mesure est souvent assortie de mesures complémentaires, telles que l'obligation de conserver l'investissement durant un laps de temps minimum (un an, par exemple). La durée du dépôt peut parfois s'accorder avec la durée de l'investissement, ceci afin de promouvoir certains types d'investissement.

Exemple

Un investisseur souhaitant investir dans un pays étranger où un tel dépôt est en vigueur, se verra obligé de débourser 20 % de plus, par exemple, qu'il confiera à la banque centrale du pays en question, durant un an par exemple. Au bout de ce délai, l'investisseur récupérera son dépôt.

Avantages

Inconvénients

La mesure a une fonction régulatrice au niveau de la balance des paiements. Elle doit éviter le va-et-vient de capitaux à court terme, ayant essentiellement un caractère spéculatif. Cela exige une administration adéquate et requiert du temps pour l'obtention des permissions requises. Le coût de tout placement augmente par le manque à gagner induit par ce dépôt non rémunéré. En théorie, ce dispositif devrait freiner les investissements étrangers, mais cela n'a jamais été absolument prouvé.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Dans certains pays émergents, dont le Chili où la mesure connaît un succès indéniable. Certains documents du FMI.

 

 

N°7 : DÉPÔT OBLIGATOIRE DE RÉSERVE

But

Description

Mesure régulatrice du système bancaire. Dépôt obligatoire et non rémunérateur imposé par les instances monétaires d'un pays sur LA base de certains actifs et passifs bancaires.

Exemple

Une banque concède un crédit de plusieurs millions à un client. La qualité de risque de ce dernier implique la réservation auprès de la banque centrale de l'équivalent de 10 % du montant prêté. Ce dépôt sera récupéré proportionnellement au mode d'amortissement de l'emprunt.

Avantages

Inconvénients

Mesure monétaire visant à influencer le volume des crédits et des dépôts. L'autorité monétaire est en mesure de favoriser ou de désavantager certaines formes de crédits ou de dépôts en jonglant avec le taux de réservation dudit dépôt. Elle peut influencer ainsi l'évolution de la masse monétaire du pays. Ce dispositif augmente le coût des opérations conventionnelles du système bancaire et peut également favoriser des formes de placement favorisant certains types de clients (risque de népotisme, entre autres).

Application unilatérale possible dans un seul pays

Partout dans le monde, aussi bien au niveau national qu'international. Pour ce dernier, c'est la Banque des Règlements Internationaux (la banque centrale des banques centrales) qui détermine le taux. Le taux moyen actuel est de 6 %.

Réalisation actuelle

Documentation

Tous les systèmes bancaires développés. FMI, BRI, banques centrales

 

 

N°8 : DÉPÔT OBLIGATOIRE DE GARANTIE

But

Description

Adossement d'opérations à terme (futures, options, etc...) Dépôt garantissant une prise de position dans un marché à terme et correspondant à une fraction de la valeur négociée à la fin du terme.

L'importance de ce dépôt, sa constitution et sa rémunération sont déterminées par les instances régulatrices du marché en question. Le dépôt peut donc varier en fonction des fluctuations de la valeur du contrat à terme.

(On appelle ce dépôt parfois "appel de marge").

Exemple

Madame Michu achète de l'or sur le marché des futures à trois mois. La valeur du contrat est de 300.000 F. Madame Michu doit remettre un dépôt de 10 % de cette valeur. Elle obtempère en confiant pour 30.000 F de bons du Trésor, dont elle conserve la jouissance des intérêts. Trois jours plus tard, le prix de l'or a monté de 5 %. Madame Michu se voit contrainte de verser 1.500 F supplémentaires, ce qu'elle fait en espèces. Deux semaines plus tard, l'or dégringole de 10 %, madame Michu récupère 3.150 F de son dépôt initial. Et ainsi de suite.

Avantages

Inconvénients

Ce dispositif garantit aux instances régulatrices du marché qu'une couverture existe pour l'opération engagée. Mobilisation de moyens financiers.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Sur toutes les places financières où un marché à terme existe. Les dépôts sont parfois remplacés par des avoirs auprès d'institutions financières (quand l'opération à terme est réalisée de gré à gré).

Réalisation actuelle

Documentation

Tous les marchés à terme. N'importe quel marché à terme (MATIF, par exemple)

 

 

N° 9 : DÉPÔT OBLIGATOIRE SUR TRANSACTION SPÉCULATIVE

But

Description

Contribution des spéculateurs à une meilleure redistribution de moyens financiers de par le monde. Dépôt obligatoire et non rémunérateur correspondant à une fraction de la valeur d'une transaction spéculative (non étayée par des documents justificatifs), bloqué durant toute la duré du placement ou d'avantage auprès d'une organisation internationale.

Exemple

Monsieur Dupré achète pour 100.000 F d'actions en Bourse. Il doit verser un dépôt équivalent à 20 %, par exemple, de la valeur de la transaction, ou 20.000 F auprès d'une instance internationale. La somme restera bloquée jusqu'au jour où il vendra ses actions. Que monsieur Dupré vende ses actions à perte ou non, il récupérera les 20.000 F lors de la vente.

Avantages

Inconvénients

A la fois, enrayer la spéculation outrancière en la rendant onéreuse, et permettre la récolte de moyens financiers pour une redistribution plus équitable à travers le monde entier. Ce mode de dépôt nécessite de rendre toute opération financière nominative, et l'organisation d'une infrastructure de récolte et de gestion au niveau international.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Sur toutes les transactions financières de type spéculatif, de préférence au niveau international.

Réalisation actuelle

Documentation

Nulle part à ce jour.

(Ce dispositif n°9 est une proposition originale et inédite de J.P. Avermaete-1998).

ATTAC

 

 

N°10 : DOUBLE MARCHÉ DES CHANGES

But

Description

Isoler certaines transactions de changes pour des raisons de stabilité monétaire. Les autorités monétaires (banque centrale, Trésor et gouvernement) établissent une liste d'opérations de change pouvant ou devant se dérouler dans un marché réglementé, le seul dans lequel la banque centrale intervient, toutes les autres opérations se déroulant automatiquement dans l'autre marché, qualifié de "libre".

Exemple

Toute opération de change émanant d'un négoce de biens ou de services facturés doit se dérouler dans le marché réglementé où les fluctuations des cours de changes sont gérées par la banque centrale. Tout négoce à caractère spéculatif (donc sans facture ou documents douaniers) se déroule dans le marché libre où la banque centrale n'intervient pas et où les cours fluctuent selon la loi de l'offre et de la demande. En Belgique, où ce système a été en vigueur Durant de nombreuses années, l'écart entre le cours réglementé et le libre a atteint 15 % !

Avantages

Inconvénients

Pour le pays appliquant ce système, l'avantage est d'isoler les mouvements spéculatifs ou intempestifs des mouvements réguliers, de sorte que les premiers ne puissent jamais causer de ponctions importantes sur les réserves de change du pays. (Un Soros n'aurait jamais pu pousser la livre à la dévaluation si ce système avait été en vigueur en Grande-Bretagne en 1992). Le fait qu'une opération réglementée nécessite un justificatif facilite et améliore qualitativement les statistiques dans le domaine des échanges. Administration importante, puisque pour chaque opération réglementée, aussi petite soit-elle, un justificatif est nécessaire. Ces justificatifs doivent en outre être centralisés auprès d'une institution étatique adéquate. Techniquement, par la présence des produits dérivés qui allient les activités de différents marchés en simultané, la distinction devient moins précise et permettrait donc le contournement de la mesure. Néanmoins, le même principe pourrait être appliqué dans d'autres marchés, comme celui de la Bourse, lorsqu'on fait la distinction entre des opérations non spéculatives des autres.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Rarement à notre connaissance, le FMI étant hostile à ce genre de dispositif (libéralisme oblige). Le système a cependant fonctionné dans maints pays (parfois sous forme de triple, quadruple, etc... marché), par exemple en Thaïlande depuis mai 1997. Le plus efficace a été en vigueur jusqu'au 5 mars 1990 en Belgique (et a fortiori au Luxembourg). Il a également existé en Italie pendant plusieurs années durant la décennie 70. La France a également envisagé de l'instaurer à la même époque, mais l'introduction du Serpent monétaire lui a fait abandonner cette idée. FMI, BRI, Statistiques Économiques belges 1980-1990 (publiées par la Banque Nationale de Belgique), probablement des analyses de la Banque de France des années 70, série d'articles d'éminents économistes de par le monde durant le début des années 70 (après la décision d'inconvertibilité du dollar en or).

 

 

N°11 : INTERDICTION DE MAINTIEN D'UNE POSITION DE CHANGE

But

Description

Enrayer ou entraver les mouvements de capitaux à caractère spéculatif transitant par le marché des changes. A la clôture du marché des changes dans lequel opère l'autorité monétaire d'un pays (sa banque centrale ou son conseil monétaire), les banques et courtiers négociant des devises sont obligés de solder leurs comptes en devises avec la banque centrale, au cours que celle-ci définit.

Exemple

Au début des années 70, un flot incessant de capitaux affluait en Suisse et poussait le cours de la devise vers des sommets inégalés pour l'époque. Ce flux hypothéquait non seulement la capacité exportatrice du pays, mais aussi l'avenir du secteur touristique du pays. De plus, l'afflux augmentait la masse monétaire du pays, avec risque d'une accélération non négligeable de l'inflation. Les autorités monétaires suisses étaient par conséquent confrontées devant une contradiction : relever les taux d'intérêt pour endiguer l'accélération de l'inflation mais tout en rendant le CHF plus attrayant encore, ou abaisser les taux d'intérêt pour rendre le CHF moins attrayant, mais avec risque d'alimenter la pression inflationniste. Ces autorités ont opté pour une interdiction de position de change en fin de journée.

Cela n'a pas eu tellement d'effet à l'époque car la spéculation était essentiellement immobilière, de sorte qu'il ne subsistait pas tellement de positions de changes en fin de journée. Les autorités suisses ont ajouté une mesure plus contraignante encore : un intérêt négatif sur les dépôts de non-résidents !

Avantages

Inconvénients

Mesure ponctuelle qui peut facilement être instaurée et ciblée. Elle permet à la banque centrale de "manipuler" plus ou moins le cours de change de sa devise sans devoir recourir à l'arsenal conventionnel, à savoir les taux d'intérêt. De plus, elle profite des opérations de liquidation pratiquées par les intermédiaires financiers juste avant l'heure de clôture, opérations qui font d'office fléchir le cours. Mesure unilatérale ne fonctionnant que dans une seule direction : freiner une hausse trop abrupte du cours de la monnaie nationale. Si un revirement survient rapidement, une telle mesure peut avoir des effets négatifs et dévastateurs. Elle suppose aussi une implication importante de la part des autorités monétaires dans les affaires de change.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Aucune à notre connaissance, bien qu'il soit probable que certains pays victimes de turbulences financières soient actuellement tentés d'employer de telles procédures. FMI, BRI, Rapport de banques centrales

 

 

N°12 : POISON PUT

But

Description

Clause de remboursement anticipé incluse dans certains effets financiers destinée à contrecarrer une OPA hostile ou un bouleversement de l'actionnariat. Obligation classique ou convertible assortie d'une clause de remboursement anticipé que le porteur peut exercer dès qu'une OPA hostile ou qu'une participation d'un noyau d'actionnaires descend sous une barre prédéterminée.

Exemple

Une société craignant une OPA d'un concurrent émet un emprunt convertible d'envergure assorti d'un poison put. Si l'OPA hostile est déclarée, les porteurs peuvent immédiatement se faire rembourser, ce qui diminue les ressources financières de l'entreprise et la rend donc moins attrayante pour le prédateur financier.

Avantages

Inconvénients

Mesure permettant de conserver un actionnariat fidèle, et ainsi son indépendance. C'est à la direction de l'entreprise de décider si une OPA est hostile ou si le bouleversement de l'actionnariat est préjudiciable. Les porteurs n'ont donc, en fait, aucun pourvoir réel dans ce domaine.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Différentes sociétés ont de tels emprunts en cours. Par exemple la société de télécommunications britanniques Colt Telecommunications avec son obligation classique en DEM 1998-2008 7,625 %. Rapport annuels des entreprises, Prospectus d'émissions, Bases de données obligataires d'Euromoney, d'Extel (Financial Times) ou de TES (Tijd Electronic Services, service belge).

 

 

N°13 : OBLIGATION DE NOTIONNEL TANGIBLE

But

Description

Obligation de déposer la couverture intégrale ou sa contrevaleur en espèces pour l'émission ou l'achat de tout contrat de produits dérivés (options, futures, warrants). Empêcher la création de produits financiers ne reposant sur aucun bien réel

ou associant plusieurs produits dérivés entre eux de telle manière qu'ils se couvrent mutuellement. Chaque produit dérivé étant négociable individuellement, qu'ils soient en combinaisons ou non, l'obligation évite l'absence de toute contrepartie tangible véritable.

Exemple

Monsieur Dupré est convaincu que le cours de l'action XYZ va baisser. Il ne possède pas les actions et se propose d'acheter un put (un droit de vente). Si le cours de l'action baisse réellement durant la durée de son contrat, la valeur de son put augmentera, puisqu'il lui permet de vendre les actions à un prix supérieur à celui du marché. Avec le dispositif, monsieur Dupré ne pourra pas prendre de position découverte sur le titre puisqu'il devra les posséder effectivement, ce qui enlève le caractère spéculatif de son intention.

Avantages

Inconvénients

Le dispositif élimine tous les produits financiers ayant un caractère excessif de spéculation, offrant des effets de levier mirobolants, comme les combinaisons d'options ou de futures. Il empêche également qu'une succession de plusieurs produits dérivés ne repose en fait que sur une seule valeur sous-jacente. Le dispositif nécessite une réglementation stricte dans l'élaboration et le suivi des stratégies financières impliquant des contrats de gré à gré (non commercialisés par le biais d'une Bourse). Il implique de ce fait la publication de toutes les opérations auprès des instances tutélaires du marché.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Certaines opérations spécifiques sont interdites dans certains pays.

(Ce dispositif n°13 est une proposition originale et inédite de J.P. Avermaete-1998).

BRI, magazines spécialisés, professionnels du secteur.

 

N°14 : SOCIÉTÉ À BÉNÉFICE LIMITÉ

But

Description

Plafonner les bénéfices d'une société à redistribuer, tels que le dividende, le bonus, la prime, le tantième, le stock-option, etc..., en fonction de son capital, afin de promouvoir l'investissement et/ou la redistribution dans le circuit productif (telle que : augmentation de la masse salariale, de la fiscalité ou autre dépenses d'intérêt général, etc) et de dissuader certaines formes de spéculation boursière. Pour éviter que les entreprises ne favorisent uniquement la maximisation des bénéfices au seul profit des actionnaires, il s'agit d' imposer une limite au montant redistribuable et d'obliger à réinvestir le surplus dans le circuit productif, et non dans la spéculation. Le plafond serait défini par la Loi et adaptable selon des paramètres pouvant prendre compte les types de secteurs d'activité, les disparités régionales, etc...

Exemple

Une société de télécommunications dotée d'un capital de 10 milliardsréalise 50 milliards de profit durant l'exercice écoulé. Dans ce cas, la Loi stipulera que pour ce secteur, le bénéfice redistribuable ne peut excéder 100 % du capital. La société se verra donc obligée de réinvestir 40 milliards. Ses projets internes n'entrainant qu'une dépense de 15 milliards, elle devra confier 25 milliards à des oeuvres sociales agréées par le législateur, ou bien à des projets d'investissements publics ou privés (possibilité d'essaimage) soit désignés directement par l'Etat, soit parrainés librement par l'entreprise au besoin choisis par elle sur une liste de projets agréée par l'Etat en rapport avec le développement économique, social ou culturel.

Avantages

Inconvénients

Le dispositif évitera la course illimitée à la maximisation des profits, donc à adapter les marges bénéficiaires en fonction du financement de projets futurs. Automatiquement, il favorisera sensiblement les augmentations de capital et avantagera donc la consolidation financière des entreprises.
D'autre part, il fournira des moyens financiers indispensables aux institutions sociales d'aide au développement et aux institutions reconnues d'utilité publique,ou agréées par l'entreprise elle-même.
Il réduira également la spéculation boursière basée sur le seul rapport cours/bénéfice par action. Il permettra en outre d'appliquer une politique économique sectorielle efficace et ciblée.
Ce dispositif nécessitera une rigueur comptable draconienne pour empêcher les malversations et écritures fictives et donc un contrôle efficace, continu et impartial de celle-ci. L'instance de contrôle se devra être impartiale afin d'éviter tout dérive partisane. Le dispositif nécessite donc un appareil d'Etat moderne et compétent, dont est actuellement dépourvu, par exemple, un pays comme la Russie. De plus, il devra aller de pair avec une redéfinition de la fiscalité des entreprises, ce qui pourrait avoir des implications budgétaires.

Application unilatérale possible dans un seul pays

Oui.

Réalisation actuelle

Documentation

Aucune

(Ce dispositif n°14 est une idée originale et inédite de C.J. Perrin-1998 )

Aucune