Mondialisation. Accords internationaux
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COLLOQUE ROUND DU MILLENAIRESamedi
20 novembre 1999 - Université de Lille 1
Round du Millénaire - Le monde n'est pas une marchandise Ateliers
I-
Ouverture de la journée par Marc Delepouve, Président d’Attac Nord-Pas
de Calais Présentation
de la journée. Elle constitue un temps de réflexion collective. Elle
sera suivie, samedi 27, par une journée d’action rassemblant de
nombreuses associations et individus réclamant un contrôle citoyen de
l’OMC. II
Intervention de Jacques Duveau, Président de l’Université de Lille 1. Lorsqu’Attac
m’a demandé la mise à disposition de locaux dans l’université,
j’ai accepté tout de suite. En effet, l’université est un lieu de
production d’idées, de confrontation d’idées, un lieu critique. Il
est important pour que du monde ne subsiste pas qu’une pensée unique. De
plus, le sujet est intéressant, il concerne aussi les universités.
D’ailleurs, une rencontre des recteurs européens s’est récemment déroulée
en Espagne sur le thème de la mondialisation. Il
est nécessaire de mener une réflexion autrement que sur des objectifs de
satisfaction des besoins, dans un contexte très mouvant : ouverture à
l’international, la dualité liberté/profit liée aux innovations
technologiques, la financiarisation... Je ferais une petite remarque sur
ce contexte : actuellement un téléphone mobile vous est vendu 1F si vous
signez un contrat. Cela signifie que les entreprises financent elles-mêmes
leurs revenus futurs. OPA,
tentatives de dominations économiques, transactions sur des montants
faramineux... le monde économique acquiert aujourd’hui autant de poids
financier qu’un Etat. L’un
des enjeux de l’Enseignement supérieur est l’enseignement à
distance, préparé actuellement par des entreprises s’appuyant sur les
réseaux et les technologies. Les services et diplômes seront donc à
vendre. L’enseignement supérieur réagit à ce contexte, notamment par
des consortiums d’universités européennes (même s’ils restent
faibles comparés aux consortiums nord-américains). Pour
toutes ces raisons, je pense réellement qu’Attac est au coeur des problèmes
fondamentaux de notre société. III
Présentation des interventions et intervenants par Roland Delacroix,
Sociologue Lille 1 - membre du Conseil d’Administration Attac Nord. Au
cours de cette matinée, nous souhaitons vous présenter Attac Nord, et le
contexte dans lequel s’inscrit cette journée, à quelques jours de
l’ouverture à Seattle d’un cycle de négociations sur le commerce
international, le Round du Millénaire, au sein de l’OMC. Pour
cela, trois intervenants interviendront, et pourront , en fin de matinée,
répondre à vos questions :
IV-
Intervention de Michel Husson. Tout
d’abord, un rapide rappel historique du mouvement Attac. Après un éditorial
d’Ignacio Ramonet dans le Monde Diplomatique, qui proposait l’idée
d’une ONG internationale pour la promotion de la taxe Tobin, beaucoup de
courrier est parvenu au journal. C’est ainsi que, rapidement,
l’association national Attac est née. C’était en juin 1998.
L’objectif d’Attac s’est très vite élargi, et le sigle “ Association
pour la taxe Tobin... ” est devenu “ Association pour la
taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens. ” Différents
volets composent ce mouvement : tout d’abord l’appel d’artistes et
d’intellectuels, mais aussi un collectif important de membres
fondateurs. S’y retrouvaient des publications (Alternatives Economiques,
Politis...), des associations et mouvements sociaux (AC!, MNCP, DAL,
Droits Devant, CADAC;;;), et des syndicats (CFDT- banque, CGT - finances,
FSU, Sud PTT, Confédération Paysanne...). Ensemble, ils formaient une
coalition de masse autour de cette idée de taxe Tobin. Un
second volet a été l’éclosion très rapide de collectifs locaux. Il y
en a actuellement 130 en France, regroupant 13 000 membres. Attac
est donc un organisme à deux dimensions bien combinées : un collectif
d’organisations, et une quantité de comités locaux. De
plus, par sa nature, Attac a vite acquis une dimension internationale,
avec un réseau dans 80 pays du monde, au Nord comme au Sud. Chacun de ces
pays a une histoire différente et a mené des activités différentes.
Les administrateurs d’Attac se déplacent beaucoup à l’étranger pour
constituer ou renforcer ces partenariats. Attac
est donc une organisation originale, internationaliste, avec actuellement
une fusion sur certains thèmes concernant la mondialisation capitaliste. L’une
des questions souvent en débat au sein de l’association est : Jusqu’où
attac peut aller ? Attac a un objet très délimité, la taxation des
capitaux, avec des applications concrètes, comme par exemple les Paradis
fiscaux ou une pétition remise au gouvernement par le Président
d’Attac. Cela, c’est un lobbying très précis, concret, technique. Un
lobbying qui a le souci d’humaniser un problème très abstrait et qui a
le souci de faire émerger des réponses très concrètes et précises à
ces problèmes. Mais
Attac s’est ouverte également à d’autres objets, comme les Fonds de
pension, fortement liés aux finances. L’idée est que si les
institutions élargissent leurs positions par rapport à leurs propres
compétences, Attac doit faire de même. Ainsi,
différents groupes de travail ont été mis en place sur l’Emploi et la
finance, les Paradis fiscaux... Attac
fonctionne donc par une élaboration très sérieuse et un travail de
lobbying,, et par une importante mobilisation. Pour ces raisons, on dit
souvent que “ Attac est un mouvement d’éducation populaire et
d’action ”. J’aimerais
vous donner deux exemples qui nous donnent de bonnes raisons d’avancer
et d’être optimistes. Le
premier est un article de Libération sur Porto Allegre (Brésil-Budget
participatif) et Carrefour. La municipalité a su imposer ses conditions
à Carrefour qui souhaitait s’implanter sur son territoire. C’est un
succès limité, certes, car la tentative a échoué avec Ford. Mais cela
prouve que l’action locale est possible. Et l’un des enjeux de l’OMC
est de dire que ce type d’initiatives est illégal au regard des règles
du libre-échange international. Le
second est un article de Business Week intitulé “ Attaque
sophistiquée contre le capitalisme global ”. “ (...) Cette
mobilisation marque des points. Les ONG ont exploité le fossé entre les
pouvoirs et les sociétés multinationales, agents du changement... ont élargi
leur influence par rapport à l’international en s’associant avec des
syndicats. Elles émettent des messages nuancés qui répondent aux inquiétudes
des citoyens, ce que ne font pas les gouvernements. En fait, ce sont les défenseurs
du marché qui sont utopiques, très abstraits. ” En 1997,
l’Accord Multilatéral sur l’investissement a échoué car il est indéfendable
si on se contente de le lire ! Le
gouvernement américain devrait promouvoir les bienfaits de la
mondialisation. Il existe des changements dans le commerce, et la santé,
l’éducation, les retraites, et ils doivent s’adapter à ces
changements du commerce. V-
Intervention de Danièle Ferrer Attac
Nord a été crée en février 1999; elle s’est élargie depuis au Pas
de Calais. 225
adhérents la composent à ce jour (85 en février 99), dont 40 dans le
Pas de Calais. Ce sont des individus, des représentants de membres
fondateurs, et huit municipalités. Attac
Nord est organisé en groupes locaux. Ses moyens financiers proviennent de
25 % des cotisations des adhérents, et de subventions, notamment du
Conseil Régional. Les
actions d’Attac Nord concernent le politique, le citoyen, et la
diffusion large d’information. Rapidement,
quelques actions : réalisation d’un questionnaire pour les adhérents,
un autre pour les candidats de la région aux élections européennes, réunis
lors d’un débat en mai 99, un colloque, la participation à diverses
manifestations ou évènements, des expositions et débats, dont Culture
et Economie à Dunkerque, les Fonds de pension à Lille et Dunkerque... En
interne, des groupes de travail très ouverts et de différents types se
mettent en place :
- relationnels : accueil, formation des adhérents, questionnaires,
documents d’information, mise en place et animation des groupes locaux,
communication, media-lettre interne...
- thématiques : leur but est de rassembler des informations de
tout niveau, de réaliser des synthèses et d’y apporter de nouvelles idées
: Taxe Tobin, Retraites, Round du Millénaire, OGM... Ils débouchent sur
des débats, des fiches simples, et des temps de “ formation ”
pour les adhérents.
- documentation : site Internet pour la diffusion d’information
entre les groupes locaux, le Grain de Sable, banque de documents du Créa-Douai,
suivi des adhérents... Avec
une telle variété d’actions, quelles que soient vos attentes, vous
imaginez qu’il y a bien une place pour vous. Beaucoup d’adhérents
n’ont pas de passé de militant, mais ont juste envie de lutter contre
les inégalités. Enfin,
je tiens à souligner qu’Internet, s’il aide beaucoup le monde
marchand, peut aussi aider des contre-pouvoirs citoyens. VI
Intervention de Vincent Espagne Mon
intervention portera sur le Round de l’OMC... un dossier complexe, mais
agréable. Un
peu de chronologie : En même temps que l’article d’I. Ramonet, un
article de Lory Wallach invitait, lui, à travailler sur l’AMI. Cette
mise en lumière a permis, avec peu de personnes, d’informer la
population, de rendre public cet AMI. Mais il s’agit bien d’une
bagarre à très long terme. Le
danger, ce sont les clones de l’AMI, notamment
au sein de l’OMC. Une mutualisation des savoirs et une
contre-expertise est possible au niveau mondial. Cela permet l’émergence
d’un pouvoir citoyen face au secret de ces transactions. Le collectif
AMI est devenu depuis une organisation “ pour un contrôle citoyen
sur l’OMC ”, qui n’est pas à 100 % contre l’OMC. Il est pour
une OMC, mais avec des fonctionnements différents. L’Organisation
Mondiale du Commerce a été créée en 1994, très rapidement, lors
d’une conférence inter-ministérielle du GATT (General Agreement on
Tuff and Trade). Son originalité : il y avait nécessité d’une
institution vouée au contrôle des Etats signataires du GATT quant à
leur respect des accords commerciaux internationaux. Il fallait aussi un
tribunal. Notre
mouvement suit aujourd’hui le même processus qu’avec l’AMI : il
veut éclairer ce 9e Round de l’OMC, prévu de longue date, puisque le
Secrétaire général de l’OMC et 130 ministres savaient qu’il était
nécessaire, au bout de cinq années d’existence, de réviser les 22
accords annexes. Notre
rôle est de décoder, de, par exemple, comprendre et exposer les
articulations avec le FMI et la Banque Mondiale (partenaires de l’OMC,
comme le FAO de l’ONU). Le problème souvent rencontré est que les
expertises proviennent souvent des transnationales elles-mêmes. Derrière
l’OMC, il y a des instruments de lobbying très puissants qui
appartiennent aux transnationales. Pour
remarque : la Chambre de Commerce international de Paris s’affiche comme
partenaire de l’OMC, avec mise à disposition de ses instruments de
lobbying. Le
problème avec l’OMC, c’est qu’elle travaille au consensus. Beaucoup
de négociations se font dans les couloirs, essentiellement antre les pays
riches. Les autres ont peu de moyens, par exemple en secrétariat.
L’Union européenne a néanmoins fait des efforts récemment sur ce
point. Le
clonage de l’AMI : L’Accord
multilatéral sur l’Investissement est une idée de 1994. Mais depuis très
longtemps, environ 1945, ce qui allait devenir le clauses de l’AMI
existaient à travers quelque 1200 accords internationaux, contrôlés par
une organisation américaine. Des juristes et avocats, estimant que
l’usage, le droit coutumier, pouvaient devenir un accord officiel,
l’AMI. Les
enjeux du Round du Millénaire : Les
rapports du PNUD pour les années 1998 et 1999 montrent que la croissance
est unilatérale, qu’elle ne concerne que les riches des pays riches (12
millions de Français sont en dessous du seuil de pauvreté défini par
Bruxelles). Dans les pays pauvres, c’est la décroissance, même dans
des pays comme Hong-Kong ou Singapour. L’Union
européenne a pris une position “ courageuse ” en déclarant
que les nouvelles règles de l’OMC doivent profiter aux pays du Sud.
Parmi ces règles, il y a “ la maîtrise de leurs exportations ”,
dixit L. Jospin. Des
marchés, comme le marché des services (70% des emplois en France, 61% du
PIB des pays de l’OCDE), représentent des enjeux colossaux et doivent
être captés par les transnationales, dans les pays riches comme dans les
pays pauvres. Dans les premiers, la consommation augmente, car l’age
d’activité augmente et l’on travaille moins. Dans les seconds, les
accès à l’eau, aux télécoms, à la santé, à l’éducation sont décisifs. L’objet
de l’OMC est de supprimer toutes les contraintes pour permettre aux
multinationales de capter ces marchés. Autre
enjeu crucial : le commerce électronique, très rapide, qui pose de
nombreux problèmes : la diversité culturelle et l’accès à la
diversité, le prélèvement des taxes sur les produits, les droits
d’auteur (pas normalisés à l’échelle internationale)... Autre
marché encore : l’agroalimentaire et notamment les questions
soulevées par le brevetage du vivant et du génome, ou par les Organismes
Génétiquement Modifiés. La France prône le principe de précaution.
Les pays du Sud disent “ non ” pour des raisons éthiques et
économiques. L’ambiguïté
de la position du gouvernement français réside dans le fait que le marché
de l’environnement est très important, notamment pour la France. Des
groupes comme Vivendi sont sur ce créneau, par exemple. Suivre l’OMC
reviendrait donc à modifier des conventions comme celles de Rio ou de Bâle. Pour
l’agriculture, on se trouve avec trois blocs à intérêts divergents.
Les Etats Unis et l’Union Européenne exportent massivement et
subventionnent leurs exportations (cf Politique Agricole Commune). Les
pays émergents ou récemment riches sont fort exportateurs. Les pays du
Sud font les frais des contraintes du FMI, les fameux plans d’ajustement
structurel qui poussent à la privatisation et la monoculture. L’OMC
s’apparente à un système démocraticide : elle met en place des règles
permettant au pouvoir économique de supplanter le pouvoir politique. Même
dans nos pays démocratiques, les gouvernants s’inspirent largement de
travaux réalisés par les experts des multinationales. De
plus, l’OMC cumule les pouvoirs législatif et exécutif : elle vote les
règles et a son propre tribunal. Dans le règlement de différends, les
membres sont juge et partie. Dans
ce contexte, les réseaux de la société civile ont exigé dès septembre
1998 un bilan de l’OMC, dans le but de préciser les dégâts causés
par le GATT et l’OMC. Si ce bilan,
qui serait la moindre des choses avant de prendre de nouvelles
dispositions officielles, est refusé nous le ferons nous-mêmes au niveau
international. Ce travail a d’ailleurs déjà commencé. Seconde
exigence de la société civile : une hiérarchie des normes. Par exemple,
les Droits de l’Homme doivent être primordiaux, comme les Droits économiques
et sociaux, la Convention de Rio, la Convention de Copenhague... Enfin,
nous demandons la séparation des pouvoirs pour la création d’une
instance juridique sous contrôle des Etats et des citoyens. L’une
des forces d’Attac est d’être un réel réseau Nord-Sud. Des forums
ont été créés pour discuter ensemble, notamment entre syndicats sur
les questions de normes sociales. Le Sommet citoyen de Seattle a par
exemple rassemblé 70.000 personnes venues de 80 pays. Notre
position contre l’OMC n’est pas celle d’une Europe qui veut se
replier sur elle-même. L’ouverture à l’international est avant tout
une ouverture aux hommes, et confer l’article 13 de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme relative à la liberté de circuler et
de se déplacer. Enfin,
dans ces débats, les partis politiques sont bienvenus, même si la société
civile doit peser de manière transversale, pas seulement via les réseaux
institutionnalisés. DEBAT
AVEC LE PUBLIC 1)
Y a-t-il d’autres alternatives économiques ? Comment organiser le
pouvoir économique mondial ? V.
Espagne : La taxe Tobin a un effet très bénéfique, même si elle
n’est pas instaurée : elle constitue un levier pour aller plus loin
dans la répartition des recherches (les propositions de Wachtel, l’idée
du pollueur-payeur émise lors de la Convention de Rio, appliquée si et
seulement si les conventions sont ratifiées par les parlements...). La
taxe soulève aussi des problèmes juridiques, notamment lorsqu’il
s’agit de vouloir imposer des contraintes aux transnationales, pas
seulement aux Etats. Par exemple, un même droit du travail dans les différents
sites d’un même groupe. Enfin la taxe Tobin nous pousse à faire des
efforts pour vivre des débats transversaux,, au niveau mondial. Cela
apporte une nouvelle méthodologie. 2)
Comment sont organisées les multinationales ? V.
Espagne : Aux Etats Unis, des forums mènent une action de lobbying en
produisant des documents pour l’OMC. C’est la même chose pour une
trentaine d’industriels en Europe. Lorsque
des plans d’aménagement structurel poussent les pays à produire des
marchés publics, des marchés colossaux, les investisseurs exercent une
très forte pression sur les institutions publiques et l’argent public.
Par exemple, la création d’emplois est un de ces moyens de pression
efficaces. Concernant
l’Aide publique au développement : les pays les plus riches
subventionnent à hauteur de 0,7% les pays en voie de développement. Ce
système ne fonctionne pas car on constate que 61% de ce qui est donné
revient aux transnationales. Par exemple, une subvention pour l’accès
à l’eau potable revient à une société transnationale. 3)
Quid de l’autonomie d’Attac par rapport aux partis politiques ? Les Verts se sont confrontés aux lobbies du nucléaire. Je ne
crois pas qu’un mouvement civil suffise à produire un contre-pouvoir,
il faut aussi une incarnation politique. M.
Husson : Ce n’est pas vraiment une difficulté. attac ne veut pas se
substituer aux partis politiques et ne veut pas juste provoquer le débat.
Attac a aussi une fonction de lobbying, de pression. Par
exemple, la pétition a entraîné la constitution d’un groupe à
l’Assemblée nationale, qui a proposé des amendements... Ils n’ont
pas été votés par la majorité, mais ce sera pour plus tard. On
propose, c’est aux partis politiques de prendre leurs responsabilités. V.
Espagne : Je reviens sur l’idée de méthodologie nouvelle : la société
civile sait elle aussi rédiger des amendements pour les partis
politiques. L’instrumentation,
quant à elle, est un danger. Qu’Attac soit une école politique,
pourquoi pas, mais le mouvement civil est une force politique à part entière. 70
organisations dont 5 partis politiques sont mobilisées à propos de
l’OMC. Les partis sont donc minoritaires. Ils sont avec nous, pas devant
nous. Et s’il n’y a pas de parti politique à Attac, il existe des
groupes de politiques, comme celui du Parlement. Actuellement,
nous menons une réflexion sur l’hégémonisme de certaines formations
politiques, avec la conscience du danger que représente une période électorale
proche et de la vigilance qu’elle requiert. 4)
Le consommateur n’est-il pas un levier important ? V.
Espagne : Attention aux limites de l’action d’Attac. Il existe autour
d’Attac d’autres réseaux qui se mobilisent sur ce point. La
diversité des adhérents fait que c’est une association plurielle, qui
n’a pas de position officielle là-dessus. Les groupes locaux ont toute
liberté pour cela. Le but du jeu est d’interpeller les élus ET les
transnationales, qui s’apparentent aujourd’hui a des bunkers. Une
remarque sur les moyens d’action. Il existe différents niveaux
d’action, complémentaires : les actions individuelles, personnelles,
les actions de l’intérieur des transnationales (ex : les cadres d’Elf
se sont mobilisés pour peser sur les décisions) ou de toute entreprise,
les actions en tant que citoyen... Il existe également une mondialisation
des luttes. Par exemple, les débats sur les 35h mettent maintenant en ébullition
les entreprises britanniques. Autre
remarque sur les possibilités de contrôle qu’ont les consommateurs.
Parmi les fondateurs d’Attac, il y a Artisans du Monde, qui mène des
campagnes de sensibilisation, il y a la campagne “ l’éthique de
l’étiquette ” dans la grande distribution, qui agit comme un
code de bonne conduite. Il reste à instaurer un Comité de surveillance. Par
ailleurs, un travail est mené actuellement à la CEE pour la création
d’un label social. Remarque
: Est-il cohérent qu’une commune comme Villeneuve d’Ascq, adhérente
à Attac, voie la création d’un complexe cinématographique synonyme
d’acculturation, d’uniformisation culturelle, sur un concept de “ Loisirs
à la carte ”? 5)
Laurent Cordonnier : Sur l’instrumentalisation d’Attac, je crois
qu’il n’y a pas de problème de méfiance. Mais quelles garanties peut
prendre le mouvement pour que les actions de tels adhérents aillent dans
le sens d’Attac ? Par
ailleurs, par rapport aux quelque 100 parlementaires Attac. Comment se
fait-il que le vote ne se soit soldé que par 24 ou 34 “ pour ”? V.
Espagne. D’accord, ce vote au Parlement a été un loupé, de l’aveu
des parlementaires eux-mêmes. Le vote a été mis à l’ordre du jour au
dernier moment et s’est déroulé en pleine nuit... Mais une seconde
mouture du projet budgétaire est prévue et Tobin risque d’être au
menu.
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