Propositions. Spéculation

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La Taxe Tobin

Synthèse préparée par le comité mosellan d'attac -06/1999

Au moment même où le système monétaire international issu des accords de Bretton Woods* s'effondre, James Tobin, un professeur américain de l'université de Yale, imagine un outil de lutte contre la spéculation financière, dés lors appelé Taxe Tobin (Tobin Tax). Au cours d'un colloque en 1972, cet universitaire (keynésien*, prix Nobel d'économie en 1981) présente pour la première fois son idée de taxer toutes les transactions de change*, de"mettre un grain de sable" dans ces mécanismes, pour décourager "les spéculations qui effectuent des allers et retours en quelques semaines".

1. La situation actuelle

Dans un rapport récent, l'OCDE* note avec cynisme : "En raison de la mobilité internationale accrue des investissements financiers, il peut se révéler nécessaire d'alléger la taxation des revenus du capital. Ainsi la majeure partie de la charge de l'impôt retombera sur le travail qui est le moins mobile".(1)

1.1. Une succession de décisions depuis les années 70

La libéralisation et la déréglementation sont des choix des gouvernements des pays les plus riches, progressivement imposés, notamment sous la pression du FMI*, à toute la planète.

  • Abandon (par décision unilatérale des Etats-Unis) du système des changes* fixes (1971) et adoption d'un système de changes flottants (1973).
  • Fin des contrôles des mouvements de capitaux : Royaume-Uni (1979), puis Etats-Unis, puis Europe continentale.
  • Libéralisation et déréglementation des marchés des obligations* et des actions* (années 80, plusieurs étapes et des rythmes différents suivants les pays de l'OCDE*).
  • Extension de ces modalités aux pays "en transition"* et NPI* (années 90).

1.2. Hégémonie de la finance et mobilité des capitaux

Quotidiennement, quelques 1500 milliards de dollars font de multiples allers et retours, spéculant sur des variations du cours des devises. Cette instabilité des changes est l'une des causes de la hausse des intérêts réels*, qui freine la consommation des ménages et les investissements des entreprises. Elle creuse les déficits publics et, par ailleurs, incite les fonds de pension, qui manient des centaines de milliards de dollars, à réclamer aux entreprises des dividendes de plus en plus élevés. Les premières victimes de cette "traque" du profit sont les salariés, dont les licenciements massifs font bondir la cotation boursière de leurs ex-employeurs. (4)

Pour prendre la mesure de ces mouvements, il faut considérer que le PIB* français s'élève à 8000 milliards de francs par an, soit près de 1400 milliards de dollars ; que le montant total du commerce de biens et services a correspondu en 1995 à trois jours et demi de transactions sur le marché des changes (1) ; que les exportations mondiales, tous produits confondus, atteignent 5000 milliards de dollars par an (9) ; que les réserves de change* du G7* (sept pays les plus industrialisés) ne sont que de 500 milliards de dollars (10) ;que l'encours des réserves de change* de toutes les banques centrales de la planète ne s'élèvent qu'à1200 milliards de dollars (5). Ce dernier chiffre montre que les"spéculateurs institutionnels"* détiennent un pouvoir très supérieur à celui des instituts d'émission*, lesquels ne peuvent plus, ni individuellement ni collectivement, lutter contre la spéculation. M. Alan Greenspan (président de la banque centrale américaine, la FED) a d'ailleurs reconnu que "l'efficacité des marchés financiers est telle qu'elle permet de transmettre les erreurs beaucoup plus vite que quiconque aurait pu le soupçonner il y a seulement une génération". La vitesse et le volume des échanges envisageables ayant été multipliés par dix depuis 1987, les risques d'instabilité financière ont beaucoup augmenté, surtout dans un monde où les économies nationales sont de plus en plus liées les unes aux autres par tout un réseau de transactions commerciales et financières. (5)

"Seule une fraction infime des opérations, estimée à 3 % par les observateurs les plus sévères et à 8 % par les plus indulgents, a pour but de solder des transactions commerciales internationales ou de servir de véhicule pour des transferts de capitaux destinés à des investissements productifs.[...] 80 % des transactions correspondent à des allers-retours d'une durée inférieure à une semaine ouvrable[...] mais beaucoup d'opérations d'achat et de vente sont faites sur des délais encore plus courts". (1)

Depuis dix ans, une concentration massive du pouvoir financier s'est produite. Le "spéculateur institutionnel"* a surgi, acteur puissant, et désormais capable de l'emporter sur des intérêts plus traditionnels, par exemple liés à une activité productive. Grâce à une variété d'instruments, ces spéculateurs institutionnels* peuvent désormais s'approprier une partie de la richesse générée par les producteurs de biens et de services. Et, à présent, ce sont eux qui dictent souvent le sort des entreprises cotées à Wall Street. Sans lien avec l'économie réelle, ils peuvent néanmoins précipiter la faillite de grandes entreprises industrielles. (5)

1.3. Disparités et instabilité croissantes

Depuis la fin de la convertibilité en or du dollar, décidée par le président américain Richard Nixon en 1971, et depuis la libéralisation généralisée des mouvements de capitaux - aux Etats-Unis en 1974, dans l'ensemble de la Communauté européenne à partir de 1990 -,le monde vit dans une totale instabilité monétaire. Une économie financière purement spéculative s'est développée, de plus en plus dissociée – quand elle n'en est pas ennemie - de l'économie réelle et d'une véritable culture industrielle. L'objectif de la rentabilité à court terme provoque, ici des crises de surproduction (industrie automobile, électronique, informatique, acier), là des pénuries (logement, éducation, alimentation) et, dans maints autres secteurs, des chutes de productivité (céréales de base, systèmes informatiques, etc). (6)

La restructuration mondiale des institutions et des marchés financiers a accéléré l'accumulation d'énormes richesses privées, souvent produites par des transactions spéculatives. Le "club des milliardaires de la planète" compte à présent 450 membres et détient à lui seul une fortune très supérieure au produit national brut cumulé des pays pauvres, où vivent 56 % de la population mondiale. Au même moment, les revenus de la masse des producteurs de biens et de services - c'est-à-dire le niveau de vie de la plupart des salariés - continuent de baisser, les programmes collectifs de santé et d'éducation ont été revus à la baisse, l'inégalité s'accroît. Selon l'Organisation Internationale du Travail(OIT), le chômage toucherait près d'un milliard de personnes dans le monde, soit près du tiers de la population active. Car, euphorie mondialisante mise à part, c'est bien la stagnation qui, depuis le krach de 1987, définit le mieux la situation de toutes les régions de la planète. Une contraction du pouvoir d'achat mondial vient de se produire. A l'exception du florissant marché des produits de luxe, destiné au segment socio-économique le plus favorisé, les débouchés du secteur des biens de consommation courants se font plus rares. L'envol des valeurs boursières est donc sans rapport avec les mouvements de l'économie réelle. Or les marchés financiers ne peuvent pas "vivre leur vie indéfiniment". Mais quand les cours basculent, ce sont des économies destinées à financer une retraite, une éducation ou un risque quelconque qui fondent ou disparaissent sans prévenir.(5)

2. Objectifs et effets

2.1. Objectifs de Tobin et action en faveur de la taxation financière

Pour Tobin et les économistes qui ont soutenu sa proposition, le principal effet et avantage de ce filtrage serait de rendre aux politiques monétaires* nationales un peu de l'autonomie qu'elles ont perdue face aux marchés financiers. La taxe permettrait, dans certaines limites, de soustraire la détermination des taux d'intérêt nationaux à la nécessité de défendre la parité de la monnaie* . Le second effet de la taxe Tobin serait de créer une forme d'impôt sur le capital qui aurait l'avantage sur toutes les autres d'être uniforme à l'échelle mondiale. (1)

Combattre en faveur de la taxation des transactions sur les marché des changes, c'est affirmer la nécessité de démanteler le pouvoir de la finance et de rétablir une réglementation publique internationale. Taxer les opérations de change* pour pénaliser la spéculation, contrôler les mouvements de capitaux à court terme, ce serait adresser un avertissement politique fort aux principaux acteurs économiques ; ce serait affirmer que l'intérêt général doit l'emporter sur les intérêts particuliers et les besoins du développement sur la spéculation internationale. (1)

2.2. Les effets attendus et leurs limites

La taxation des opérations de change* pourrait jouer un double rôle. D'une part, freiner la mobilité des capitaux et réduire l'instabilité monétaire internationale. D'autre part, constituer un mécanisme de financement qui pourrait servir à assainir la situation financière internationale. Avec un volume d'opérations sur le marché des changes de 1 600 milliards de dollars par jour ouvrable, soit environ 380,9 trillions de dollars par an, une taxe de 0,1 % procurerait 230 milliards de dollars l'an. Ces ressources pourraient être affectées à un fonds de développement au profit des pays du Sud et de l'Est. (2)

Les limites de la taxe et son caractère de premier pas résultent du fait que les monnaies et les effets monétaires à très court terme [c'est-à-dire les liquidités] ne sont que l'une des trois formes majeures d'actifs qui constituent les portefeuilles des grands investisseurs financiers : la monnaie et les effets monétaires, les obligations* (en particulier sur le trésor, c'est-à-dire la dette publique) et les actions*. (1)

3. La Taxe Tobin, un moyen d'action parmi d'autres

3.1. Le principe de la taxe Tobin

L'idée est d'instituer une taxe sur les opérations de change*, de manière à freiner le passage d'une monnaie à l'autre et, pour reprendre l'expression de Tobin, de "jeter du sable dans les rouages trop bien huilés" des marchés monétaires et financiers internationaux. La taxe doit être faible, de manière à ne pénaliser que les opérations purement spéculatives de va-et-vient à très court terme entre les monnaies [et non les investissements].

Supposons, par exemple, qu'une taxe de 0,1 %soit prélevée sur toute opération de change* et que l'horizon du spéculateur soit mensuel. Comme chaque transaction destinée à obtenir un gain de change*implique un aller et retour entre deux monnaies (soit deux opérations de change*), il faudrait alors un écart de rendement anticipé supérieur à 0,2 % à un mois [...] pour que l'arbitrage soit avantageux (2) [sinon, le gain de spéculation est absorbé par la taxe]. Le raisonnement reste le même si l'horizon de la spéculation est d'une journée (ce qui est souvent le cas). Autrement dit, avec une taxe de 0.1 %, la plupart des arbitrages spéculatifs à court terme seraient découragés (taxation à chaque mouvement), alors que les opérations à plus long terme (un an et plus)seraient moins défavorisées (taxation lors de l'engagement et du désengagement).

3.2. Les autres moyens d'action(développements ultérieurs)

Autre forme possible de taxe sur le capital, celle sur les investissements directs à l'étranger(IDE) : investissements dans les biens immobiliers, leurs équipements et les technologies qui leur sont associées. Son articulation avec la taxe Tobin est claire : si la richesse est absorbée par les transactions financières et que les investissements directs sont négligés, alors les nations s'exposent au risque que définissait Keynes* dans les années 30, lorsqu'il écrivait qu'"il n'y a pas grand-chose à attendre de bon d'une situation (...) où le développement d'un pays devient le sous-produit des activités d'un casino".Traditionnellement, l'impôt sur les sociétés porte sur les bénéfices. Il a été efficace pendant plusieurs décennies depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et il a fourni des recettes fiscales substantielles aux gouvernements. Mais aujourd'hui, la mondialisation et la volatilité des capitaux ont rendu sa collecte extrêmement difficile. (3)

  • Une taxe sur les IDE devrait contrecarrer à la fois l'évasion fiscale entraînée par la mobilité des capitaux et l'érosion des droits fondamentaux des travailleurs dans les pays qui les accueillent. Et ce sans priver les pays pauvres des flux d'investissements, ni dicter aux firmes les endroits où elles doivent investir. Elle serait applicable à tous les investissements directs, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres. Son taux serait indexé sur une "notation" attribuée par le Bureau International du Travail (BIT), qui prendrait en compte le respect des droits fondamentaux des travailleurs (droits syndicaux, travail des enfants etc), mais pas le niveau des salaires. Les critères d'évaluation du respect de ces droits pourraient varier en fonction du niveau de développement. Le message aux transnationales serait clair : elles peuvent investir là où elles le souhaitent, mais elles seront davantage imposées si leur choix se porte sur les pays les moins regardants en matière sociale. (3)
  • Autre volet d'une restructuration de la taxation du capital : parer à la manipulation des prix de transfert [facturation interne à un groupe permettant de minorer les bénéfices là où ils sont le plus imposés, et inversement] en calculant les bénéfices d'une nouvelle manière et en identifiant les lieux où ils sont imposables. Une méthode s'inspirant de la taxe unitaire (unitary tax) existant aux Etats-Unis pourrait faire l'affaire. Elle s'appuierait sur des catégories comptables connues et assez difficilement contournables : bénéfices mondiaux consolidés, chiffre d'affaires mondial consolidé et chiffre d'affaires dans un pays donné. Pour évaluer l'assiette du bénéfice imposable, on diviserait le chiffre d'affaires national d'une entreprise par son chiffre d'affaires mondial. Pour identifier les bénéfices à imposer dans un pays donné, on appliquerait ensuite ce pourcentage aux bénéfices mondiaux consolidés. Par exemple, admettons que la multinationale Nike réalise 1 milliard de dollars de bénéfice mondial consolidé. Son chiffre d'affaires provient à 40 % de ses ventes aux Etats-Unis. On considérera qu'elle a donc dégagé 400 millions de dollars de bénéfices aux Etats-Unis et elle sera imposée en conséquence. Le grand avantage de cette taxe unitaire est qu'elle résout la question des prix de transfert et qu'elle est facile à calculer et à prélever, les possibilités d'évasion fiscale étant très limitées. Elle implique aussi bien le Nord que le Sud, et elle réduit les pressions que subissent les pays du tiers-monde pour se transformer en paradis fiscaux. (3)

 

4. Les arguments des adversaires de la taxe Tobin

Bien que la Taxe Tobin ne puisse être considérée comme une mesure radicale, elle ne suscite pas l'enthousiasme des gouvernements sociaux-démocrates, actuellement au pouvoir en Europe, qui pourtant devraient lui être favorables.

4.1. L'argument théorique : le fonctionnement actuel est souhaitable

Le régime des changes flottants s'appuie sur les mécanismes de marché où les décisions des intervenants résulteraient de certains"fondamentaux" (taux d'inflation, déficit budgétaire, dette publique, balance commerciale). Cependant, d'une part les critères jugés "essentiels" correspondent à une optique libérale, d'autre part les opérateurs agissent souvent en fonction d'autres critères liés aux monnaies en tant qu'actifs financiers : c'est ainsi que le dollar bénéficie en presque toute circonstance d'une cotation favorable que l'examen des "fondamentaux" de l'économie ne justifie souvent pas (1). Le monde du 12/10/98 rapporte d'ailleurs des propos d'Olivier Davanne (chargé d'un rapport pour Lionel Jospin) qui vont dans ce sens : "L'événement marquant du fonctionnement actuel des marchés est l'horizon très court des investisseurs. Il en résulte trop souvent des comportements moutonniers [...]. Au total, il faut bien admettre que la capacité des marchés à analyser les fondamentaux économiques et financiers est assez limitée". 

De façon plus générale, le marché serait auto-régulateur et optimiserait l'allocation des ressources matérielles, immatérielles et humaines de la planète : "la bonne ressource, venue du bon endroit, pour le bon produit, sur le bon marché et au bon moment pour le bon consommateur". Or, aujourd'hui aucun économiste sérieux ne peut attribuer ces propriétés au marché. (7)

4.2. L'argument technique : c'est infaisable

La taxe Tobin peut apparaître utopique dans le contexte actuel. Ses détracteurs font valoir que celle-ci serait contournée et ne serait efficace que si elle était adoptée par l'ensemble de la communauté financière internationale. Ces objections doivent être relativisées. Le propre de toute taxe est de faire l'objet d'une évasion fiscale, faut-il renoncer aux impôts pour autant ? En fait, l'application de cette mesure symbolique [mais pas uniquement], qui ne suffirait d'ailleurs pas à enrayer l'instabilité monétaire internationale, est avant tout une question de volonté politique de la part des Etats. D'autant que les opérations de change* se concentrent sur un nombre limité de places financières. Un complément à la taxe Tobin pourrait prendre la forme de mesures de contrôle des entrées de capitaux, telles que celles pratiquées par le Chili et la Colombie. (2)

En 1998, Londres [32 %], New-York [18 %], Tokyo [8 %], Francfort [5 %] et Paris [4 %]concentraient plus de deux tiers du marché et huit places [les mêmes et Singapour (7 %), Hong-Kong (4 %), Zurich (4%)]assuraient 82 % du total des opérations. L'interconnexion mondiale est assurée au plan technique par un petit nombre de sociétés spécialisées [...]. Par conséquent, cette concentration rendrait la perception de la taxe tout à fait faisable au plan technique et relève la nature essentiellement politique des objections faites à la proposition. (1)

4.3. Le produit de la taxation

Le produit de la taxe Tobin dépendrait du taux de la taxe - qui varie de 1 % à 0,1% selon les propositions - et de l'importance des mouvements de capitaux que la taxe doit précisément réduire : de 100 à 720 milliards de dollars. Au taux de 0,25 %, près de 290 milliards de dollars seraient dégagés ; au taux de 0,1 %, la taxe permettrait de générer 166 milliards de dollars en un an ; même un taux aussi bas que 0,05 % dégagerait quelque 100 milliards de dollars. Les chiffres sont bien entendu entourés d'incertitude, car par définition le montant global des opérations de change*, devrait baisser. Reste à savoir dans quelles proportions. (8)

La perception comme l'utilisation du produit de la taxe est un débat politique important auquel il faut apporter une réponse. Si, du fait de leur subordination aux Etats-Unis et de leur libéralisme, la Banque Mondiale* et le F.M.I* doivent être écartées, de nombreuses questions très concrètes méritent la réflexion de tous et toutes.

Qui percevra la TT ? Un organisme international ? Les Etats où se dérouleront les opérations ? Qui contrôlera la perception et le prélèvement de la TT ? Qui décidera de la répartition des recettes de la TT ?

Quelques "petites" questions soumises à la réflexion de chacun(e). [Séminaire international d'ATTAC, 25/01/99]

 

Conclusion

Les trois taxes - taxe Tobin, taxe sur les IDE et taxe unitaire sur les bénéfices – constituent une mosaïque dont peuvent s'emparer des opinions qui aspirent à plus de justice et d'équité. Les"élites" utilisent la modernisation et la globalisation pour s'attaquer aux systèmes de sécurité sociale, aux pauvres des pays développés et aux plus pauvres des pays en développement. Il est temps de leur montrer que les forces qui leur résistent savent aussi utiliser ces mêmes armes de la modernisation et de la globalisation. (3)
Une action résolue sur le marché des changes ouvrirait une brèche dans le fatalisme encore trop répandu quant au caractère prétendument "irréversible" de l'état actuel des choses. [Séminaire international d'ATTAC, 25/01/99]

Bibliographie

(1) François Chesnais, "Tobin or notTobin : une taxe internationale sur le capital" - L'esprit Frappeur n° 42
(2) Dominique Plihon, "Les taux de change" (p. 108) - CollectionRepères, éd. la Découverte (Principe de la taxe, rôles, faisabilité)
(3) M. Wachtel, "Trois taxes globales pour maîtriser la spéculation" - Le Monde Diplomatique, 10/1998, p. 20
(4) Ignacio Ramonet, "Désarmer les marchés" - Le Monde Diplomatique, 12/1997, p. 1
(5) Michel Chossudovsky, "Une frénésie spéculative qui ébranle les économies réelles" - Le Monde Diplomatique, 12/1997, p. 13
(6) Riccardo Petrella, "Une machine infernale" - Débat public,5/1997
(7) Bernard Maris, "Lettre ouverte aux gouroux de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles" - Albin Michel, 1999
(8) Ibrahim Warde, "Le projet de taxe Tobin, bête noire des spéculateurs, cible des censeurs" - Le Monde Diplomatique,2/1997, p. 24
(9) Le Monde, 12 mai 1999, Enquête de la BRI.
(10) CEPII, "L'économie mondiale 1999" - Coll. Repères, éd. la Découverte.
(11) Christian De Brie, "Taxer les revenus financiers" - Le Monde Diplomatique, 2/1996, p. 17 (Privilèges fiscaux)

Lexique(par ordre alphabétique)

  • Action : droit de propriété, fraction du capital d'une entreprise.
  • Banque Mondiale : organisme transnational chargé de prêter à long terme pour financer des opérations de développement.
  • Change : passage d'une monnaie à une autre. Le taux de change mesure la quantité de monnaie initiale nécessaire pour obtenir une unité de la monnaie finale. Le régime de change est organisé par des règles internationales. Les pays qui acceptent des règles déterminées constituent un système monétaire international marqué par un régime de change commun.
    Dans un régime d'étalon (or, argent ou tout autre marchandise jouant le rôle d'étalon), c'est-à-dire de changes fixes, chaque monnaie est définie par une quantité de marchandise-étalon, et cette définition légale est doublée d'une définition concrète : la Banque centrale est chargée de fournir aux porteurs d'unités monétaires qui le désirent le montant de marchandise-étalon correspondant à la définition légale, et inversement. Les taux de change effectifs ne peuvent s'écarter durablement du taux théorique obtenu par comparaison des définitions légales.
    Dans un régime de changes flottants, il n'y a pas d'étalon, donc pas de définition légale et pas de convertibilité indirecte. Entre deux monnaies, le change est déterminé par des procédures de marché : certains vont vendre la monnaie qu'ils possèdent contre celle qu'ils souhaitent obtenir, d'autres vont acheter, si bien qu'il en résultera un prix, qui peut varier d'un instant à l'autre. Dans un système de ce type, la variabilité du change engendre à la fois incertitude et instabilité. Pour y faire face, les opérateurs ont tendance à "se couvrir", c'est-à-dire à transférer sur des opérateurs particuliers (et des instruments particuliers) le risque de change. Ces opérateurs ne sont autres que les "spéculateurs", qui tentent de tirer parti des fluctuations de cours sur le change entre deux monnaies. Mais, ce faisant, il arrive souvent qu'ils influencent à leur tour le niveau et l'évolution du change, si bien que les opérations de "couverture" aboutissent à réduire le risque pour un opérateur particulier (celui qui s'est couvert) en l'augmentant pour tous les autres (en raison des fluctuations accrues engendrées sur le marché par les opérations spéculatives). Si les opérateurs vendent massivement une monnaie, celle-ci se déprécie jusqu'à ce que son prix la rende à nouveau attrayante. Un pays peut intervenir pour empêcher la dépréciation de sa monnaie : la Banque centrale peut acheter de la monnaie nationale pour faire remonter le cours ou augmenter les taux d'intérêt afin d'attirer, par une rémunération élevée, les capitaux étrangers qui en s'échangeant contre la monnaie nationale (à l'achat) vont en faire monter le cours.
    Le régime, mis en place en 1945, était une modalité particulière du régime d'étalon (changes fixes) dans lequel le dollar tenait une place clé. Comme l'insuffisance des réserves ne permettait plus aux Etats-Unis d'assurer la convertibilité, le régime s'est effondré en 1971 par décision unilatérale des Etats-Unis et a disparu officiellement en 1973, remplacé par un régime de changes flottants.
  • FMI (Fonds Monétaire International) : créé en 1944, avec la signature des accords de Bretton Woods*, le FMI avait pour rôle d'assurer la police du nouvel ordre monétaire international, bâti sur le principe de changes fixes*. Avec les accords de la Jamaïque (1976), la mission du FMI s'est transformée : il n'a plus à veiller sur des taux de change* qui, désormais, sont flottants. En revanche, il doit veiller à la liquidité du système monétaire international, c'est-à-dire, concrètement, au paiement des dettes extérieures contractées par un Etat ou garanties par lui. Pour cela, des mécanismes d'ajustement ont été mis en place, prévoyant des prêts spéciaux conditionnels destinés aux pays en difficulté. Le FMI est devenu, pour les pays du Tiers monde endetté, le symbole de l'orthodoxie (conformité au courant libéral dominant car la plupart des accords d'ajustement qui ont été conclus ont imposé aux pays concernés des contreparties très lourdes, coûteuses en termes sociaux notamment : réduction des dépenses publiques, privatisations d'entreprises publiques, réduction ou suppression des subventions publiques à certains produits ou certaines entreprises, dévaluation de la monnaie nationale, libéralisation des échanges internationaux).
  • G7 : Groupe des sept pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni)
  • Instituts d'émission : banques centrales.
  • Keynes et keynésiens : économistes partisans de l'intervention de l'état afin de pallier les carences du marché.
  • NPI (Nouveaux Pays Industrialisés) : désigne les pays du Tiers monde dont la croissance économique s'appuie sur un appareil industriel en développement, caractérisé à la fois par le niveau d'industrialisation et un mode d'industrialisation tourné vers l'extérieur. Les NPI ont démarré leur processus d'industrialisation plus ou moins tôt, et à des rythmes plus ou moins rapides. Ce groupe présente donc de fortes disparités (Corée du Sud, Taiwan, Singapour / Thaïlande ou le Mexique).
  • Obligation : titre de créance.
  • OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) : un organisme de concertation sur les politiques économiques et sociales des pays membres, créé en 1959. Son orientation est assez nettement libérale. A intervalles réguliers (annuels pour les pays les plus importants, bisannuels pour les autres), le secrétariat de l'OCDE procède à une évaluation de la situation conjoncturelle de chaque pays, et avance un certain nombre de propositions en vue d'améliorer la situation. Aux pays membres initiaux (tous les pays européens capitalistes, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) sont venus s'adjoindre de nouveaux membres : le Mexique (en 1993), la République Tchèque et la Hongrie (en 1995), la Corée du Sud (en 1996). Soit 29 pays au total.
  • Parité d'une monnaie : taux de change* déterminé par la comparaison entre chacune des monnaies et la quantité d'étalon dans lequel elles sont définies. La parité d'une monnaie par rapport à une autre désigne en quelque sorte son taux de change officiel. Elle n'existe donc que dans un système à étalon (voir change). Dans un système de changes flottants, il n'existe pas de parité, puisqu'aucun taux de change officiel n'est défini ou calculable.
  • Pays en "transition" : terme utilisé depuis le début des années 1990 pour désigner les pays "de l'Est" (européen) et ceux issus de l'ancienne URSS, qui, ayant renoncé à construire une économie de type socialiste, sont en train d'instaurer des économies de marché de type libéral avec les institutions correspondantes (propriété privée, banques ...) caractéristiques du capitalisme.
  • PIB (Produit Intérieur Brut) : richesse créée sur le territoire d'un pays.
  • Politique monétaire : mode d'intervention publique dans l'économie visant à régulariser l'activité économique et à éliminer les déséquilibres en augmentant ou en réduisant les quantités de monnaie dont disposent les agents économiques. Aujourd'hui elle privilégie surtout l'action sur les taux d'intérêt, ce qui provoque indirectement une restriction (taux d'intérêt élevés) ou une augmentation (taux d'intérêts faibles) du recours à la monnaie. L'autonomie d'une politique monétaire se mesure à l'indépendance de ses choix par rapport aux marchés financiers et aux politiques monétaires des autres pays.
  • SME (Système Monétaire Européen) : en 1978, la renégociation de l'Accord monétaire européen donne naissance au "Système monétaire européen" construit autour d'un ECU calculé indépendamment du dollar, c'est-à-dire à une zone de changes fixes* insérée dans un régime de changes flottants*.
  • "Spéculateurs institutionnels" : banques, entreprises d'assurance, fonds de pension, fonds spéculatifs (Hedge Funds) ... par ailleurs qualifiés d'"investisseurs institutionnels" (les "zinzins", dans le jargon économique)
  • Système de Bretton Woods : Système Monétaire International (SMI) mis en place suite aux accords de juillet 1944. Organisé autour d'une institution supranationale de crédit (FMI*), ce système de changes fixes* revenait à ériger le dollar en monnaie de référence. Ce système a disparu avec la fin de la convertibilité du dollar en or, en 1973. Pour pallier son absence, les européens créent, en 1978, dans le cadre de la Communauté européenne, le SME*.
  • Taux d'intérêt réel : taux d'intérêt effectivement supporté après déduction de la hausse des prix. Lorsqu'il est élevé le crédit coûte cher pour les ménages, les entreprises et les Etats qui hésitent à s'endetter davantage pour consommer, investir ou financer des dépenses publiques.

 

 

 

 

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