DÉCLARATION DE
FRANÇOIS BAYROU


MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE
DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA
RECHERCHE




LE 3 DÉCEMBRE 1995




Nos principes sont l'ouverture et la concertation: les étudiants et la communauté universitaire ne sont ni hostiles, ni indifférents: ils sont nos partenaires.


Et c'est pourquoi nous avons multipliés les rencontres et travaillé dans un esprit d'ouverture.


Ce qui me frappe, au terme de ce cycle de concertation et de discussion, c'est l'accord très large et très général, au delà des tensions et des excès, sur un certain nombre de points.


Tout le monde est d'accord pour reconnaître que la crise actuelle a un aspect d'urgence et un aspect beaucoup plus profond et d'ailleurs trés difficile à résoudre.Profondément c'est la mutation de l'université qui était élitiste et qui est aujourd'hui ouverte au plus grand nombre qui a entraîné un veritable changement de nature. Ce changement s'est produit dans un moment de croissance du chômage, de difficultés pour l'entreprise à creer des emplois et pour la nation tout entière à gérer ses déficits, et un certain nombre de crises de société qui frappent la jeunesse en particulier.


Dans l'université l'etudiant a du mal à trouver sa place, à voir reconnaître son statut, à participer aux instances prévues par les textes mais où la majorité ne voit pas de lieu d'expression.C'est un des principaux enjeux que d'obtenir un réengagement des étudiants dans les universités.L'autre enjeu, c'est l'attente d'un réengagement de l'Etat dans une de ses missions essentielles.


Cette crise peut donc être une chance si nous savons répondre à la hauteur des attentes exprimées. Il faut d'abord répondre dans l'urgence et en termes de moyens.Mais je l'indique pour tous les moyens que j'annoncerai : il n'y aura pas un francs dépensé sans que la dépense ne soit identidiée et concertée avec les intéressés étudiants, enseignants, présidents d'universités, personnels dans son ensemble.


Pour rattraper le retard des dotations en termes de fonctionnement, le Gouvernement, en plus des 200 millions du pla précédent, permettra un amendement de 369 millions de francs, qui permettra d'assurer en particulier la compensation boursière dont l'absence, depuis des années, était, je l'ai dit dès le mois de juin, particulièrement choquante.


Pour rattraper le retard en termes d'emplois, j'inscrirai en loi de finances, dès 1996, la création de 2000 emplois d'enseignants-chercheurs et d'enseignants. J'indique que pour éviter tout risque de secondarisation de l'enseignement supèrieur, je prends l'engagement de faire évoluer le statut des Prag, pour permettre de faciliter à ceux qui le souhaiteront des activités de recherche, offrant ainsi une première chance d'entrer à l'université pour les plus motivés et les plus brilliants des jeunes reçus au concours d'agrégation du second degré. J'indique aussi que je ne laisserai pas se réduire la place des agrégés dans le second cycle. Un millier de ces emplois se feront comme les syndicats le demandent pour une part par conversion d'heure supplémentaires.


J'inscrirai d'autre part en loi de finances, dès 1996, la création de 2000 emplois d'IATOS, dont le rôle est précieux dans l'univérsité et dont on a laissé se restreindre l'encadrement. Ce sera la première fois que le nombre de postes d'IATOS créés sera équivalents au nombre d'enseignants. C'est une reconnaissance qui me paraît utile de leur place et de leur fonction.


J'ajoute que le total de 4000 emplois fera de l'anée 1996 la plus forte en terme de création d'emplois dans l'enseignement supèrieur depuis de très longues années.


Pour traiter l'urgence, un plan destiné à l'aménagement des locaux, à la sécurité, au confort, me paraît indispensable.Ce plan doit être achevé sur deux rentrées.En effet, la plupart des travaux ne peuvent être conduits que pendant les vacances. J'inscrirai donc en loi de finances rectificative, dès 1995, deux milliards de francs d'ouverture de travaux en autorisations de programme. Je demanderai aux présidents d'université qui ont une partie de leurs réserves disponibles de les mobiliser pour répondre à l'incitation de l'Etat. Chaque fois que possible, je ferai la même demande aux collectivités locales.En quelques mois, les réponses les plus urgentes pourront donc être apportées.


Une commission de suivi à laquelle chacun pourra être associé est chargée de suivre l'application de ce plan et la répartition des moyens.


Mais je l'ai dit sans cesse depuis le début de cette crise, la réforme de fond est aussi urgente que les moyens.C'est la réforme de fond qui nous permettra de répondre aux véritables questions posées. Je demande à chacune des organisations, quelle que soit leur nature, qui représentent les étudiants et les enseignants d'accepter d'être co-organisateur des états généraux de la rénovation de l'université.Ainsi nous pourrons conduire à leur terme, dans un delai fixé, c'est-à-dire dès la présente année universitaire, la création du statut des étudiants et la réforme en profondeur qui seule pourra leur garantir stabilité dans leurs études, sécurité et solidarité de leurs formations et meilleurs accés a l'emploi.


Au terme de cette réforme, le Gouvernement déposera une loi de programmation budgétaire qui permettra d'accompagner et de fixer dans un cadre pluri-annuel les mesures qui auront été ainsi definies.


Collectif Sciences
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