En 1995, c'est 24,5 % des nouveaux docteurs dont la situation est connue qui ont entrepris un séjour post-doctoral, au lieu de 20,7 % l'année précédente. Malgré le tassement du nombre des nouvelles thèses, on assiste bien à un nouvel accroissement du nombre des départs en stage post-doctoral.
Les listes nominatives fournies dans l'enquête annuelle par les responsables de DEA indiquent 1738 cas de séjour post-doctoral (dont environ 70 cas de poursuites d'études) mais ce nombre doit être majoré pour tenir compte des situations non précisées et des thèses qui échappent au recensement effectué par les formations doctorales.
C'est pourquoi il est légitime d'extrapoler ce décompte brut en estimant à 1 800 le flux total des docteurs qui sont réellement devenus post-doctorants à l'issue d'une thèse soutenue en 1995 (contre 1 700 en 1994 et 1 350 environ en 1992).
La proportion des post-doctorants de nationalité étrangère est de 25 %. Elle est toujours un peu plus élevée (31 %) lorsque le séjour post-doctoral a lieu en France.
On constate également que les femmes partent davantage que les hommes en séjour postdoctoral, puisqu'elles représentent un peu plus de quatre post-doctorants sur dix (41 %) alors que le taux de féminisation des nouveaux docteurs n'est encore que de 36,2 %.
Comme en 1993 et 1994, deux tiers des séjours post-doctoraux ont lieu à l'étranger. La proportion exacte est de 65,8 %.
L'Amérique du Nord (États-Unis et Canada) devient à nouveau la destination privilégiée des post-doctorants. Pourtant elle ne représente plus que 41,5 % des séjours à l'étranger contre 42,8 % en 1994, 45 % en 1993 et 55 % en 1992. C'est de loin la destination la plus attractive dans le domaine des sciences de la vie et de la santé et dans celui des sciences pour l'ingénieur.
L'Union Européenne (hors France) arrive maintenant juste derrière l'Amérique du Nord avec 40,2 % des séjours à l'étranger contre 44,1 % en 1994. Ce recul peut être relativisé si on se souvient qu'en 1992, elle ne représentait que 30 % des séjours post-doctoraux. C'est en physique et chimie qu'une majorité des jeunes docteurs opte pour un séjour dans un pays membre de l'Union Européenne.
La part du Japon demeure faible (3,5 %).
Les autres pays s'inscrivent en hausse sensible, à 14,8 %. Dans près de deux cas sur trois il s'agit de la Suisse. Viennent ensuite l'Australie - qui accueille une quinzaine de postdoctorants - puis le Brésil, Israël, Taïwan, la Norvège.. etc. qui n'en accueillent chacun que quelques-uns.
Ce sont quelque 400 docteurs de nationalité française qui effectuent leur séjour post-doctoral en France, contre 370 l'an dernier. Ils représentent une grande variété de situations, tous ne prolongeant pas forcément leurs travaux de thèse dans leur laboratoire d'origine.
L'enquête menée auprès des responsables de formations doctorales au début de 1996 fournit les derniers renseignements en leur possession sur le devenir des docteurs de 1993 qui ont entrepris un séjour post-doctoral à l'issue de leur thèse. Ces données décrivent donc la situation de ces post-doctorants deux ans en moyenne après la soutenance.
En 1994, les listes nominatives de docteurs 1993 recensaient 1 318 post-doctôrants, nombre inférieur à la réalité, compte-tenu des données incomplètes ou manquantes. Deux ans plus tard, on recense 1 380 post-doctorants qui ont soutenu leur thèse en 1993. La cohérence semble donc très bonne.
Cependant un glissement s'est produit. En effet la proportion de ceux qui sont partis en Amérique du Nord, qui était de 30 %, est passée à 28,5 % alors que les 24,5 % qui sont partis dans un pays de l'Union Européenne sont devenus 26,5 %. On ne peut donc exclure une certaine perte d'information, de même que la prise en compte de nouveaux post-doctorants qui n'avaient pas encore obtenu leur séjour lors du premier recensement.
Ils apparaissent légèrement plus jeunes que l'ensemble des docteurs qui ont soutenu leur thèse en 1993, dont l'âge médian au moment de la soutenance était de 29,9 ans.
On retrouve des variations semblables d'une discipline scientifique à l'autre : avec un age médian de 30,3 ans, les physiciens et les chimistes ont un an de moins que les biologistes (31,3 ans). Dans les disciplines proches des sciences de l'ingénieur (DSPT 4 et 8), on trouve respectivement 30,2 et 31,1 ans.
Les femmes sont sensiblement plus jeunes : leur âge médian n'est que de 30,4 ans.
Selon ces deux critères, la population des post-doctorants se différencie quelque peu de l'ensemble des docteurs qui ont soutenu leur thèse en 1993. Les étrangers sont nettement moins nombreux : 22 % au lieu de 33 % et le " taux de féminisation " est plus élevé 38,9 % contre 33,1 % malgré la sous-représentation des sciences humaines et sociales. Les deux phénomènes sont liés puisque le taux de féminisation des docteurs étrangers se situe nettement en-deçà de celui des docteurs de nationalité française. Il n'en reste pas moins que, toutes choses égales par ailleurs, les femmes docteurs optent plus souvent que les hommes pour le séjour post-doctoral : leur représentation est de 43,6 % chez les post-doctorants de nationalité française, à comparer au taux de 37,6 % que l'on trouvait chez les docteurs français de 1993.
Au début de 1996, le nombre des post-doctorants qui n'ont pas terminé leur séjour s'élève en données brutes à 511. En données réelles, il convient de majorer ce nombre pour tenir compte des 235 situations non précisées.
Ces post-doctorants représentent 44,6 % des 1 145 situations connues. Cette proportion est en fait fortement tirée vers le haut par le DSPT 5 (Biologie,médecine et santé) qui rassemble à lui seul plus de la moitié des cas : pour l'ensemble des autres disciplines, le pourcentane des postdoctorants qui continuent leur séjour au-delà de deux ans tombe à 37 %.
C'est un sur trois en mathématiques et en sciences pour l'ingénieur (DSPT 1,4,8).
Les organismes de recherche recrutent mÍme plus de post&endash;doctorants que l'enseignement supérieur en sciences de la terre et de l'univers, en biologie, médecine et santé, de même qu'en physique (19 cas contre 11,à l'inverse de la chimie) et dans les sciences pour l'ingénieur du DSPT 8. Il y a là un effet de compensation numérique de la diminution du nombre des recrutements à l'issue de la thêse dans les organismes publics de recherche, que l'on constate depuis 1990.
Tous les emplois dans l'enseignement supérieur ne sont pas forcément des postes de maîtres de conférence stricto sensu: on relève par exemple des emplois d'enseignants dans des établissements ne dépendant pas de l'Education Nationale (dont des établissements étrangers), et par ailleurs des emplois de non&endash;enseignants.
Les recrutements dans les organismes de recherche concernent également quelques emplois autres que ceux de chargés de recherche dans un EPST.
On trouve 45 chimistes sur les 59 débouchés en entreprises dans la DSPT 2, soit 20 % des post&endash;doctorants de cette discipline dont la situation est connue. On trouve un pourcentage voisin (18 %) pour les sciences pour l'ingénieur.
On a pu dénombrer 46 post&endash;doctorants (31 français et 15 étrangers) qui sont restés, à l'issue de leur séjour à l'étranger, dans le même pays que celui du séjour post&endash;doctoral. Le nombre réel de cas peut avoisiner le double, soit la centaine. En effet, cette information n'a pu être précisée que dans 375 situations recensées seulement sur les 869 cessations de séjour postdoctoral. En outre, on a pu dénombrer dans les mêmes conditions 12 post&endash;doctorants français qui s'insèrent également à l'étranger, mais dans un pays différent de celui du séjour postdoctoral.
Ces données permettent d'évaluer très grossièrement la "fuite des cerveaux" ˆ l'issue du séjour post&endash;doctoral dans une fourchette de 100 ˆ 150 ˆ l'issue de la deuxième année, mais on ne sait rien sur la pérennité de leur situation ˆ l'étranger, pas plus qu'on ne peut présumer du devenir professionnel des post&endash;doctorants qui continuent leur séjour.
Nota: Le caractère permanent de l'insertion dans un pays étranger &endash; notamment en Amérique du Nord &endash; est souvent remis en cause au bout de 5 ˆ 7 ans d'expatriation, délai qui correspond en particulier au moment où se posent les premiers problèmes liés ˆ la scolarisation des enfants. Il existe donc un flux potentiel de chercheurs de haut niveau désireux de trouver en France un poste de "senior", tel que professeur d'université ou directeur de recherche
Existe-t-il des différenciations régionales pour les post-doctorants ? Des régions seraient-elles particulièrement "exportatrices" et d'autres très peu ?
La réponse à cette question est globalement négative, à une exception près.
La répartition régionale des post-doctorants qui ont soutenu leur thèse en 1993 s'écarte très peu de la répartition régionale de l'ensemble des docteurs de cette année là. Ainsi, l'Ile-de-France représentait 38,1 % des thèses en 1993 et 37,5 % des post-doctorants en 1995.
L'exception est l'Alsace : 4 % des thèses mais 9 % des post-doc. Un sur deux est issu des sciences de la matière (DSPT 2), alors que le poids de ce DSPT est de 30 % pour l'ensemble des post-doc.
|
Poursuite du séjour |
Enseignement secondaire |
Enseignement supérieur |
Organismes de recherche |
Entreprises |
Administrations (dont hôpitaux) |
Etrangers retournés au pays |
TOTAL situations connues |
Situations non précisées |
TOTAL des cas recensés |
DSPT 1 |
7 33% |
0
|
7 33% |
3 14% |
2 10% |
0
|
2 10% |
21
|
3
|
24
|
DSPT 2 |
139 |
4 |
65 |
52 |
59 |
2 |
24 |
345 |
73 |
418 |
|
40,3% |
1,1% |
18,8% |
15,1% |
17,1% |
0,6% |
7% |
|
|
|
DSPT 3 |
31 |
2 |
5 |
24 |
6 |
1 |
5 |
74 |
15 |
89 |
|
41,9% |
2,7% |
6,7% |
32,4% |
8,1% |
1,4% |
6,8% |
|
|
|
DSPT 4 |
24 |
1 |
21 |
15 |
14 |
0 |
0 |
75 |
12 |
87 |
|
32% |
1,3% |
28% |
20% |
18,7% |
|
|
|
|
|
DSPT 5 |
284 |
1 |
79 |
81 |
51 |
29 |
0 |
525 |
114 |
639 |
|
54,1% |
0,2% |
15,1% |
15,4% |
9,7% |
5,5% |
|
|
|
|
DSPT 6 |
6 |
1 |
18 |
2 |
1 |
3 |
9 |
40 |
9 |
49 |
|
15% |
2,5% |
45% |
5% |
2,5% |
7,5% |
22,5% |
|
|
|
DSPT 7 |
5 |
1 |
8 |
1 |
0 |
2 |
3 |
20 |
2 |
22 |
|
25% |
5% |
40% |
5% |
|
10% |
15% |
|
|
|
DSPT 8 |
15 |
1 |
7 |
10 |
8 |
0 |
4 |
45 |
7 |
52 |
|
33,3% |
2,2% |
15,6% |
22,2% |
17,8% |
|
8,9% |
|
|
|
Ensemble |
511 |
11 |
210 |
188 |
141 |
37 |
47 |
1145 |
235 |
1380 |
|
44,6% |
1% |
18,4% |
16,4% |
12,3% |
3,2% |
4,1% |
100% |
|
|