Divers articles , photos et vidéo sur les manifs/sittings du 24/05/2001
Les Vidéos :
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http://www.france3.fr/fr3/video/lienram/lyon.ram
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http://www.m6.fr/info/linfo/PageDepeche.htm?IDDEPECHE=010524172536.3hvhn3fp.xml&RUBRIQUE=fra
on va rajouter et cleaner au fur et à mesure
Radio :
Sample interview mp3 de France culture by max / architek :
Journaux :
La Marseillaise 25/05/2001
LA PROVENCE DU 25/01/2000![]() |
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Les ravers
dans la rue pour les "free parties"
Un millier
de jeunes ont manifesté hier après-midi sur le Vieux-port
de Marseille. Ils dénoncent le projet de loi qui permettrait
la saisie du matériel de sonorisation lors des "free parties"
de musique techno
Salon
: la rave n'a pas eu lieu Pour une
fois, Ben est venu sans rien, les mains au fond des poches, pour "montrer
qu'on ne se laissera pas faire." D'habitude, il ne se déplace
pas comme ça.A l'arrière du fourgon mal en point, où
deux copines sirotent une bière avant de retourner dans la mêlée,
il y a toujours le "sound system", une énorme sono capable d'inonder
"un méga stade entier" de musique techno.
S'il est là, Ben, c'est parce qu'il a la trouille. Pas pour lui, pas pour ses potes, pour le "sound system", justement. "Si la loi passe, s'énerve-t-il, ce sera la mort. On ne pourra plus partir en teuf(1) tranquille. Les flics pourront nous embarquer le matos et vu que ça fait des années qu'ils en rêvent, ils ne se priveront pas." Comme ses potes, Ben assure que le phénomène des "free parties", ces grands rassemblements musicaux gratuits organisés en rase campagne, "c'est plus qu'une fête où on danse avec des lumières et de la musique, c'est une culture nouvelle, un loisir moderne, un mouvement international que les politiciens sont incapables de comprendre."
Sound systems
et tribus
Près d'un autre fourgon
tout aussi fatigué, Frank, 25 ans, plaide pour "la liberté
d'organiser des teufs où les gens peuvent venir sans sortir un
franc." Selon lui, "c'est ça qu'ils veulent: nous obliger à
rentrer dans le circuit commercial pour pouvoir nous prendre du pognon.
Et nous, c'est justement ce qu'on ne veut pas: que la fête soit
réservée aux gens qui ont du fric".Sébastien, 22ans, est du même avis. "Les sound systems qu'on retrouve dans les free parties, explique-t-il, c'est pas des trucs avec lesquels on fait de l'argent. En général, c'est un groupe de potes, une tribu, qui finance l'achat. Ils peuvent être deux, dix ou quarante à participer. Après, chaque system tourne. Il fait cinq ou six parties dans l'année. Ceux qui l'ont ne gagnent pas d'argent avec. Au mieux, ils se récupèrent sur les donations". C'est-à-dire une petite somme (de 10 à 30 francs) demandée aux ravers à l'entrée, "sans obliger personne", insiste Seb, pour payer la sono et le pétrole du groupe électrogène. Et la drogue, les terrains massacrés, les riverains dérangés, les poubelles qui traînent ? "C'est vrai qu'y a des abus, concède Vince, 27 ans, mais souvent, on empêche que les choses se passent bien. Quand on arrive quelque part et qu'on demande une benne à ordures, on nous envoit les CRS, pas la benne." Sur la dope, même discours : "Ça tourne c'est sûr, mais ce n'est une conséquence des free parties. Des gens qui fument des joints ou qui croquent des Ecstasy, y'en a aussi dans les concerts de Goldman. Et lui, on ne l'a jamais menacé de piquer sa sono..." Vince est catégorique, "ceux qui prennent des trucs, c'est pas la majorité. Moi, je kiffe la musique, pas les cachetons..." Hier, tous semblaient sur la même longueur d'ondes. Même vers 17heures, quand l'arrivée d'un groupe de policiers matraque à la main au contact des manifestants a fait monter la tension. Sans suite.
Hervé Vaudoit
![]() (1): La fête,
en verlan revisité techno
Salon : la rave n'a pas eu lieu |
à Nantes :
LIBERATION 25/05/01 http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/20010525venr.html
Par Le
l faut sortir de ses gonds,
sinon on s'en sortira pas», s'énerve un groupe arrivé
de Mulhouse à douze dans une grosse camionnette. Jeudi, 16 heures,
Paris. La place de l'Hôtel-de-Ville grouille de quelques centaines
de «teufeurs». Comme pour une free party, le lieu de
rendez-vous a circulé au dernier moment sur Infoline (boîte
vocale téléphonique). Cette fois, il ne s'agit pas de
faire la fête mais de manifester contre l'amendement antirave,
déposé par le député RPR Thierry Mariani,
qui prévoit la saisie du matériel de sonorisation. Et,
pour beaucoup de jeunes, un sitting de protestation contre «la
discrimination électronique» c'est une première.
Pour cette génération, à qui on reproche de faire
trop de bruit, d'être «sale et irresponsable»,
cette première mobilisation collective avait valeur de test.
«On sait qu'on est parfois crade, mais on est prêt à
faire des efforts», dit une jeune fille qui ramasse des cannettes,
un sac poubelle estampillé «Propreté de Paris»
à la main. «On a dû les voler, c'est pas le maire
qui nous les a donnés.»
Pétition. Dans
les rangs, une pétition, des tracts qui appellent à l'union
circulent. La résistance s'organise. L'info tourne sur le Net.
«J'ai tapé Mariani. J'en ai trouvé 150, dont un
pétomane du XVIIIe siècle...» raconte un raver
à la recherche d'un «who's who des députés».
Dans leur 306 grise, deux policiers viennent juste rappeler que ce rassemblement
n'est pas autorisé. Pour la forme. Pas question d'intervenir
sous les fenêtres de Bertrand Delanoë. Le maire de Paris
a d'ailleurs envoyé deux de ses lieutenants sur le parvis souhaiter
l'instauration d'«un dialogue» avec les ravers. Tout
aussi pacifiques à Paris qu'en province: ils étaient hier
quelques centaines à Toulouse place du Capitole, à Nantes
devant les locaux de la préfecture, place des Terreaux à
Lyon, à Lille et sur le Vieux-Port à Marseille.
En quelques jours, la nébuleuse
techno semble avoir finalement réussi à s'accorder, quitte
à délaisser les platines. Le temps presse: le Sénat
examinera finalement la question mardi. «ça fait dix
jours qu'on multiplie les réunions, j'ai pas touché à
mes machines.» Mais ça a porté ses fruits, une
délégation de «sons» (1) est enfin en place.
«On était sur des terrains parallèles, Mariani
nous fédère malgré lui», explique David,
un des membres de cette coordination. Ils seront désormais une
quinzaine à assurer une délégation tournante qui
se dit prête à dialoguer avec les pouvoirs publics. Tout
en rendant des comptes aux 70 «sons» en activité en
France.
«On va recueillir
leurs arguments, les trier comme ils font à l'Assemblée
nationale et au Sénat. Et tant pis pour ceux qui veulent se ghettoïser»,
poursuit David, en plein apprentissage citoyen. Preuve de cette nouvelle
unité, un tract appelle déjà au rassemblement pour
une «technoparade anti-Mariani» le 16 juin. Et ce,
sans exclure aucune tribu: ni les «officiels» des fêtes
légales et «commerciales» de l'association Technopole,
ni l'underground des «fêtes à l'arrache».
Mais les sacs poubelles
n'étaient pas le seul signe d'une prise de conscience. «La
situation découle directement de nos erreurs. La free a depuis
des années négligé son message. Chaque jeune qui
est venu à nos fêtes n'y a apparemment perçu qu'une
sorte d'apologie de la négligence... nous devons stopper les
dérives de notre mouvement», reconnaît un texte
largement distribué. Même Mariani et Vaillant (le ministre
de l'intérieur) n'en espéraient pas tant. Si certains
organisateurs admettent avoir été dépassés
par l'ampleur de ce phénomène «musical de société»,
beaucoup suspectent d'autres motivations à cette tentative de
reprise en main de l'Etat. «Le fond du problème c'est
qu'ils peuvent pas nous taxer. Qu'on paye pas les Sacem et tout ça»,
martèlent les teufeurs. Ce qui reste encore tabou c'est les trafics
de «prods» (produits psychoactifs, ndlr) «Le problème
c'est pas trois papiers dans un champ. Ce qu'aucun teufeur ne veut entendre
c'est qu'en mettant en place une organisation, il y aura moins de défonce»,
glisse Sébastien sous sa casquette.
Raviolis. Au-delà
du problème des substances, qui dépasse largement le cadre
de la scène électronique, tous évoquent un «malaise».
«Les teufs gratuites ça permet de pousser sa gueule.
Les gens ont besoin de décompresser.» D'autres insistent
sur la dimension musicale et culturelle du mouvement, directement menacée:
«Ça fait huit ans que je bouffe des raviolis pour acheter
mes disques. Et là on va pouvoir me les saisir. Un mix de deux
heures c'est 70 disques à 50 balles», explique DJ dud.
«L'Etat n'est pas très négociant», regrette
Laurence. Il dispose en tout cas depuis hier d'interlocuteurs chez les
ravers.
(1) Le «son» désigne
les DJ associés autour d'un même matériel de sonorisation
(sound-system). |
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