Divers articles , photos et vidéo sur les manifs/sittings du 24/05/2001

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La Marseillaise 25/05/2001

LA PROVENCE DU 25/01/2000

Les ravers dans la rue pour les "free parties"

Un millier de jeunes ont manifesté hier après-midi sur le Vieux-port de Marseille. Ils dénoncent le projet de loi qui permettrait la saisie du matériel de sonorisation lors des "free parties" de musique techno

A Marseille, Paris, Nantes, Lyon ou Toulouse, ils étaient plusieurs milliers de jeunes, fans de techno, à dénoncer un projet de loi qui, selon eux, condamne les grandes fêtes gratuites de musique électronique - Photo Patrick Gherdoussi

 
 

   Salon : la rave n'a pas eu lieu   

   Contrôle ou censure   

Pour une fois, Ben est venu sans rien, les mains au fond des poches, pour "montrer qu'on ne se laissera pas faire." D'habitude, il ne se déplace pas comme ça.A l'arrière du fourgon mal en point, où deux copines sirotent une bière avant de retourner dans la mêlée, il y a toujours le "sound system", une énorme sono capable d'inonder "un méga stade entier" de musique techno.
S'il est là, Ben, c'est parce qu'il a la trouille. Pas pour lui, pas pour ses potes, pour le "sound system", justement. "Si la loi passe, s'énerve-t-il, ce sera la mort. On ne pourra plus partir en teuf(1) tranquille. Les flics pourront nous embarquer le matos et vu que ça fait des années qu'ils en rêvent, ils ne se priveront pas." Comme ses potes, Ben assure que le phénomène des "free parties", ces grands rassemblements musicaux gratuits organisés en rase campagne, "c'est plus qu'une fête où on danse avec des lumières et de la musique, c'est une culture nouvelle, un loisir moderne, un mouvement international que les politiciens sont incapables de comprendre."

Sound systems et tribus
Près d'un autre fourgon tout aussi fatigué, Frank, 25 ans, plaide pour "la liberté d'organiser des teufs où les gens peuvent venir sans sortir un franc." Selon lui, "c'est ça qu'ils veulent: nous obliger à rentrer dans le circuit commercial pour pouvoir nous prendre du pognon. Et nous, c'est justement ce qu'on ne veut pas: que la fête soit réservée aux gens qui ont du fric".
Sébastien, 22ans, est du même avis. "Les sound systems qu'on retrouve dans les free parties, explique-t-il, c'est pas des trucs avec lesquels on fait de l'argent. En général, c'est un groupe de potes, une tribu, qui finance l'achat. Ils peuvent être deux, dix ou quarante à participer.
Après, chaque system tourne. Il fait cinq ou six parties dans l'année. Ceux qui l'ont ne gagnent pas d'argent avec. Au mieux, ils se récupèrent sur les donations". C'est-à-dire une petite somme (de 10 à 30 francs) demandée aux ravers à l'entrée, "sans obliger personne", insiste Seb, pour payer la sono et le pétrole du groupe électrogène.
Et la drogue, les terrains massacrés, les riverains dérangés, les poubelles qui traînent ? "C'est vrai qu'y a des abus, concède Vince, 27 ans, mais souvent, on empêche que les choses se passent bien. Quand on arrive quelque part et qu'on demande une benne à ordures, on nous envoit les CRS, pas la benne." Sur la dope, même discours : "Ça tourne c'est sûr, mais ce n'est une conséquence des free parties. Des gens qui fument des joints ou qui croquent des Ecstasy, y'en a aussi dans les concerts de Goldman. Et lui, on ne l'a jamais menacé de piquer sa sono..." Vince est catégorique, "ceux qui prennent des trucs, c'est pas la majorité. Moi, je kiffe la musique, pas les cachetons..."
Hier, tous semblaient sur la même longueur d'ondes. Même vers 17heures, quand l'arrivée d'un groupe de policiers matraque à la main au contact des manifestants a fait monter la tension. Sans suite.

Hervé Vaudoit

(1): La fête, en verlan revisité techno

 

Salon : la rave n'a pas eu lieu
L'idée que les forces de l'ordre puissent avoir le droit de saisir le matériel utilisé dans les raves amène, d'ores et déjà, ses adeptes à redoubler de prudence. Ainsi, mercredi soir, les gendarmes de Salon-de-Provence s'apprêtaient à intervenir sur leur zone où étaient attendus de nombreux ravers qui avaient prévu de danser quatre jours durant. Les militaires n'avaient pas localisé précisément l'endroit de la fête, gardé secret jusqu'au dernier moment. Les recherches sur internet n'avaient rien donné mais tout était prêt pour intervenir sur un large secteur.
C'est sans doute ce paramètre qui a dissuadé les ravers de faire le siège de l'endroit initialement prévu: "En règle générale, quand ils savent que nous sommes au courant, ils annulent la rave et se déplacent sur un autre lieu", affirme-t-on à la brigade de Salon.
Hier soir, les gendarmes n'avaient aucune nouvelle de la rave brisée. Les amateurs de techno ont renoncé ou sont sortis de la zone d'influence des militaires salonais. Car la force des ravers, c'est aussi de se réorganiser très vite.
S.H.

 

à Nantes :

 

LIBERATION 25/05/01 http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/20010525venr.html

Les ravers se rassemblent sous les fenêtres de Delanoë
Manifestations hier contre l'amendement Mariani.

Par ALEXIS BERNIER et MATTHIEU ECOIFFIER

Le vendredi 25 mai 2001

 

l faut sortir de ses gonds, sinon on s'en sortira pas», s'énerve un groupe arrivé de Mulhouse à douze dans une grosse camionnette. Jeudi, 16 heures, Paris. La place de l'Hôtel-de-Ville grouille de quelques centaines de «teufeurs». Comme pour une free party, le lieu de rendez-vous a circulé au dernier moment sur Infoline (boîte vocale téléphonique). Cette fois, il ne s'agit pas de faire la fête mais de manifester contre l'amendement antirave, déposé par le député RPR Thierry Mariani, qui prévoit la saisie du matériel de sonorisation. Et, pour beaucoup de jeunes, un sitting de protestation contre «la discrimination électronique» c'est une première. Pour cette génération, à qui on reproche de faire trop de bruit, d'être «sale et irresponsable», cette première mobilisation collective avait valeur de test. «On sait qu'on est parfois crade, mais on est prêt à faire des efforts», dit une jeune fille qui ramasse des cannettes, un sac poubelle estampillé «Propreté de Paris» à la main. «On a dû les voler, c'est pas le maire qui nous les a donnés.»

 

«On était sur des terrains parallèles, Mariani nous fédère malgré lui.»
David, de la coordination

Pétition. Dans les rangs, une pétition, des tracts qui appellent à l'union circulent. La résistance s'organise. L'info tourne sur le Net. «J'ai tapé Mariani. J'en ai trouvé 150, dont un pétomane du XVIIIe siècle...» raconte un raver à la recherche d'un «who's who des députés». Dans leur 306 grise, deux policiers viennent juste rappeler que ce rassemblement n'est pas autorisé. Pour la forme. Pas question d'intervenir sous les fenêtres de Bertrand Delanoë. Le maire de Paris a d'ailleurs envoyé deux de ses lieutenants sur le parvis souhaiter l'instauration d'«un dialogue» avec les ravers. Tout aussi pacifiques à Paris qu'en province: ils étaient hier quelques centaines à Toulouse place du Capitole, à Nantes devant les locaux de la préfecture, place des Terreaux à Lyon, à Lille et sur le Vieux-Port à Marseille.

En quelques jours, la nébuleuse techno semble avoir finalement réussi à s'accorder, quitte à délaisser les platines. Le temps presse: le Sénat examinera finalement la question mardi. «ça fait dix jours qu'on multiplie les réunions, j'ai pas touché à mes machines.» Mais ça a porté ses fruits, une délégation de «sons» (1) est enfin en place. «On était sur des terrains parallèles, Mariani nous fédère malgré lui», explique David, un des membres de cette coordination. Ils seront désormais une quinzaine à assurer une délégation tournante qui se dit prête à dialoguer avec les pouvoirs publics. Tout en rendant des comptes aux 70 «sons» en activité en France.

«On va recueillir leurs arguments, les trier comme ils font à l'Assemblée nationale et au Sénat. Et tant pis pour ceux qui veulent se ghettoïser», poursuit David, en plein apprentissage citoyen. Preuve de cette nouvelle unité, un tract appelle déjà au rassemblement pour une «technoparade anti-Mariani» le 16 juin. Et ce, sans exclure aucune tribu: ni les «officiels» des fêtes légales et «commerciales» de l'association Technopole, ni l'underground des «fêtes à l'arrache».

Mais les sacs poubelles n'étaient pas le seul signe d'une prise de conscience. «La situation découle directement de nos erreurs. La free a depuis des années négligé son message. Chaque jeune qui est venu à nos fêtes n'y a apparemment perçu qu'une sorte d'apologie de la négligence... nous devons stopper les dérives de notre mouvement», reconnaît un texte largement distribué. Même Mariani et Vaillant (le ministre de l'intérieur) n'en espéraient pas tant. Si certains organisateurs admettent avoir été dépassés par l'ampleur de ce phénomène «musical de société», beaucoup suspectent d'autres motivations à cette tentative de reprise en main de l'Etat. «Le fond du problème c'est qu'ils peuvent pas nous taxer. Qu'on paye pas les Sacem et tout ça», martèlent les teufeurs. Ce qui reste encore tabou c'est les trafics de «prods» (produits psychoactifs, ndlr) «Le problème c'est pas trois papiers dans un champ. Ce qu'aucun teufeur ne veut entendre c'est qu'en mettant en place une organisation, il y aura moins de défonce», glisse Sébastien sous sa casquette.

Raviolis. Au-delà du problème des substances, qui dépasse largement le cadre de la scène électronique, tous évoquent un «malaise». «Les teufs gratuites ça permet de pousser sa gueule. Les gens ont besoin de décompresser.» D'autres insistent sur la dimension musicale et culturelle du mouvement, directement menacée: «Ça fait huit ans que je bouffe des raviolis pour acheter mes disques. Et là on va pouvoir me les saisir. Un mix de deux heures c'est 70 disques à 50 balles», explique DJ dud. «L'Etat n'est pas très négociant», regrette Laurence. Il dispose en tout cas depuis hier d'interlocuteurs chez les ravers.

(1) Le «son» désigne les DJ associés autour d'un même matériel de sonorisation (sound-system).


 

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