[ SAMIZDAT ]
Etrangers ne nous laissez pas seuls avec les français
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Les campagnes anti-immigrés se multiplient. Les trois derniers rapports parlementaires ont un point commun: leur xénophobie affichée. Selon eux, des hordes de clandestins nous auraient envahis (rapport Philibert-Sauvagio sur l'immigration) et seraient responsables du déficit de la sécurité social et du budget de l'Etat (rapport Courson-Leonard sur les fraudes). Les foyers de travailleurs immigres constitueraient des "zones de non-droit", en proie aux trafics comme aux maladies (rapport Cuq sur les foyers de résidents. Cette logique ne date pas dlhier. Depuis 20 ans, les gouvernements de droite comme de gauche durcissent la législation xénophobe. Les lois Pasqua et les nouveaux projets de loi Toubon-Debré ne font qu'entériner les pratiques administratives.
Délation expulsion et délit de solidarité
Le discours sur l'intégration des immigrés ne doit pas nous leurrer, c'est l'administration qui fabrique des clandestins: par le refus du renouvellement des papiers, par la remise en cause du regroupement familial ou du droit du sol pour les enfants nés en France. Les projets Toubon-Debré permettraient même de retirer la nationalités francaises sous le vague motif de trouble à l'ordre public, et pénaliseraient quiconque osera aider un réfugié à qui l'Etat aurait retire ses papiers. Si certains accueillent leurs parents, enfants ou amis sans-papiers, en prison! La machine à expulser fonctionne parfaitement. Ie principe de la double-peine permet d'expulser les auteurs de délit après leur séjour en prison. Sans oublier la triple peine qui frappe les malades: emprisonnement en France, expulsion vers leur pays d'origine où, trop souvent, les traitements ne sont pas accesssibles. L'Etat français extrade des opposants politiques sans se soucier du respect ces procedures judiciaires comme ce fut récemment le cas pour des militants basques livres arbitrairement à l'Etat espagnol. A quand le tour des zaïrois anti-Mobutu ou des kurdes...
Menace sur les foyers de résidents
Alors que nous sommes bombardés de grandes causes humanitaires et médiatiques, le rapport Cuq préconise de détruire plusieurs dizaines de foyers de travailleurs etrangers. Pourtant leur cantine servent des repas aux personnes victimes de la précarité, quelle que soit leur nationalité. Le gouvernement veut-il les envoyer aux restos du coeur? Les caisses de solidarité, mises en place par les résident pour financer des projets de développement dans leur pays d'origine, sont accusées de favoriser l'immigration clandestine. Le gouvernement veut-il supprimer l'aide au "tiers-monde" que les puissances occidentales ont contribue à affamer?
Travailleurs immigres pénalisés,
travailleurs français précarisés
Le rapport Courson-Leonard sur les fraudes dénoncent le travail au noir. Mais au lieu de pénaliser les patrons qui profite de ce système, ce texte propose de poursuivre les sans-papiers contraints au travail non déclare. La commission évalue les clandestins à 800 000 tandis que la fraude liée au travail au noir totalise, selon elle, 100 à 160 milliards de francs. Ces chiffres sont cites sans aucune source et pour cause... Comment compter précisément ce qui légalement n'existe pas? Tout en reconnaissant que les sans-papiers ne représentent que le quart de cette main d'oeuvre, ce rapport les montre du doigt. La logique de ces députés est pourtant simple: designer des boucs-émissaires, les etrangers, pour renforcer la précarisation de tous et de toutes. En plaçant les travailleurs immigres dans une situation très vulnérable, I'Etat les contraint à accepter de conditions de vies encore plus difficile ou à partir. Parallèlement, sous couvert d'insertion, I'Etat impose des emplois au rabais. La récente création de zones franches, dispensant les entreprises de cotisations sociales, ne correspond-elle pas à une légalisation du travail au noir? Bas salaires, logement de fortune, impossibilité de se défendre sur son lieu de travail restriction de l'accès à l'école et aux soins, autant de situations soigneusement construites pour renforcer l'inégalité, acroitre la concurrence de tous contre tous.
Quelle résistance?
La lutte des sans-papiers, apparus à Paris, Versailles, Morlaix, Toulouse, Lille, Saint-Denis, Bayonne..., les foyers de résidents qui entre en résistance, peuvent être renforcer par des initiatives déterminées. Paralysons les administrations où Délation et xénophobie sont monnaie courante! Le Collectif "Des papiers pour tous" s'est d'ores et déjà attaqué à certaines d'entre elles: une ANPE (où un sans-papier avait été arrété après dénonciation), les locaux d'Air France (qui accepte de déporter des réfugiés), une annexe de la préfecture (qui délivre, ou plutôt refuse, des titres de séjour aux étudiants etrangers) ont été occupes. Hier (le 14 juin) nous avons envahis le siège de la CAF en France, afin de protester contre le refus des CAF de verser des prestations sociales à des dizaines de milliers d'étrangers en toutes illégalité Exigeons l'abrogation de l'ensemble de llarsenal juridique xénophobe, les lois Dufoix, Joxe et Pasqua compris! Le collectif des papiers pour tous ne distingue pas de "bons" ou "mauvais" réfugiés. Il n'est pas question "d'accueillir toute la misère du monde" mais de la combattre. Pour notre part, nous défendons la liberté de circulation des hommes et des femmes et l'égalité de leurs droits.
Collectif "Des papiers pour tous"
15 juin 1996

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