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Elf-TotalFina:
les milieux financiers commencent par bouder la
contre-offre d'Elf |
PARIS, 19 juil (AFP) - La
contre-offensive lancée lundi par Elf Aquitaine sur
TotalFina n'a pas semblé convaincre les milieux
financiers: de nombreux analystes boudaient ouvertement
l'Offre Publique d'Echange (OPE) d'Elf malgré ses
modalités financières attractives. L'action Elf a terminé en baisse de 1,42% à 173,50 euros et l'action Total en hausse de 1,15% à 131,80 euros à la bourse de Paris. A ce cours, TotalFina se situe à 7,8% en-dessous de la parité proposée. Il devrait logiquement s'en rapprocher dans les prochains jours, faute de quoi il faudra en conclure que le marché est méfiant sur le projet d'Elf, selon un opérateur d'une banque française. De nombreux analystes ont ironisé sur le "virage à 180 degrés" opéré par Philippe Jaffré, Pdg d'Elf, qui, il y a à peine 15 jours, s'opposait à la fusion entre les deux groupes en la jugeant "prématurée". "Même si l'offre d'Elf a l'air meilleure, car elle offre du cash aux actionnaires, je crois que ce groupe n'a pas une stratégie claire. Or, l'issue va se jouer sur la perception du management des deux entreprises", a estimé Peter Hitchens, analyste de la banque Williams de Broe. "Les investisseurs devront se demander: est-ce que je veux voir Total ou bien Elf diriger le nouvel ensemble ? A mon avis, Total a une équipe dirigeante mieux perçue qu'Elf par les investisseurs, et ces derniers préfèreront voir l'état-major de Total à la tête du nouveau groupe", a ajouté M. Hitchens. Comme plusieurs autres de ses collègues, M. Hitchens pense que Total va riposter en offrant à son tour "un peu de cash, bien qu'ils n'aient pas sur ce plan les mêmes ressources qu'Elf". Selon un analyste d'une société de bourse française, l'offre d'Elf "devra convaincre à son tour le marché alors que le projet industriel de Total semble l'avoir déjà largement convaincu". Il a estimé que "le potentiel de création de valeur créé par le redressement d'Elf sous la houlette de Total est a priori très supérieur à celui qui résulterait d'une gestion de Total par Elf". "Les pratiques de management, les relations sociales au sein de l'entreprise, les modes de décision et d'une façon générale, la "qualité" de Total est reconnue comme largement supérieure à celle d'Elf même si les cadres sont issus des mêmes écoles", a-t-il conclu. Les analystes estiment que les deux projets devraient permettre de dégager des synergies du même ordre, soit 2,5 milliards d'euros. La proposition d'Elf de séparer les activités chimiques des activités pétrolières, ne séduit pas les analystes. L'un d'entre eux a parlé de "bric à brac qui sent l'improvisation". Un analyste anglo-saxon a estimé de son côté que "le pôle chimie risque d'être mal perçu parce que la conjoncture est mauvaise en ce moment. De plus, la chimie de spécialité de Total se trouvera noyée dans cet ensemble --qui accueillera aussi la participation de 20% d'Elf dans Sanofi-Synthélabo--, et ne sera pas valorisée à sa juste valeur". Le marché s'attend à une prochaine surenchère de TotalFina, a estimé un opérateur d'une banque française. Toutefois, les investisseurs espèrent qu'on ne s'engage pas vers une bataille boursière longue et complexe à l'instar de BNP, Société Générale et Paribas, qui finit par lasser les marchés à force de recours et de procédures. |