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Les
contradictions des grévistes et actionnaires d'Elf |
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PAU de notre correspondante
En grève depuis plus d'un mois, les salariés d'Elf Aquitaine du centre Jean-Féger à Pau et de l'usine de Lacq protestent contre la politique du président du groupe, Philippe Jaffré, qui tend à privilégier les seuls intérêts des actionnaires. Or ces salariés sont également actionnaires. Et la direction se flatte que l'augmentation de capital réservée aux salariés à laquelle elle a procédé en avril a connu un joli succès. "Qui sont ces acheteurs ?, se demande un syndicaliste CGT. Des cadres, en majorité ? En tant que membre du conseil de surveillance du plan-épargne du groupe, je n'ai jamais pu obtenir l'étude sociale des salariés porteurs d'actions." "Il m'est arrivé d'acheter des actions, admet Jean-Michel, salarié et gréviste d'Elf Exploration Production. Cela ne me dérange pas que le cours soit élevé, si la direction mène une véritable politique industrielle. L'an dernier, l'action a grimpé alors qu'on avait trouvé du pétrole en Angola : je trouve cela normal. Mais lorsqu'il s'agit de faire monter l'action par d'autres moyens et uniquement pour rémunérer les fonds de pension américains, cela me gêne." "Cette année, je n'en ai quand même pas acheté ; mais je dois avoir dans les 1 000 actions, n'hésite pas à déclarer Albert Darribat, délégué CFTC à Jean Féger. C'est un placement, et c'est parce que j'ai foi en l'entreprise. Par ailleurs, pour les salariés, le fait de posséder des actions, c'est aussi une façon d'avoir un certain pouvoir. Il faudrait que nous en ayons davantage, pour ne pas être tributaires des actionnaires américains." Un délégué CGT de l'usine de Lacq, Jean-Yves Lalanne, qui déclare n'avoir jamais acheté d'actions, note tout de même qu'il est actionnaire de fait, puisque désormais, l'intéressement qui n'est pas retiré est automatiquement reconverti en actions, alors qu'auparavant la direction proposait d'autres placements. APPEL À VOTER "NON" Ce
syndicaliste raconte que lors de la privatisation d'Elf
Aquitaine, de nombreux salariés avaient fait preuve d'un
"pragmatisme de base". Tout en manifestant |
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Marie-Claude Aristegui |