LIBERATION |
Philippe Jaffré, Thierry Desmarest, Michel Pébereau, André Lévy-Lang et Daniel Bouton: les cinq PDG |
Les batailles
engagées dans le secteur bancaire et pétrolier
français sont avant tout dictées par les ambitions de
leurs dirigeants. |
Philippe
Jaffré, le mal aimé |
Marié à Elisabeth
Coulon.Trois enfants: Alexandra, Xavier, Géraldine.
Hobbies: golf, musique classique. |
Thierry
Desmarest, le lucide |
Marié à Annick Geraux, médecin
anesthésiste de formation, qui a choisi de ne pas
exercer pour le suivre dans ses différents postes à
l'étranger. Trois enfants: Agnès, Anne-Charlotte, Vincent. Hobbies: Ski, musique. Formation. Ecole polytechnique, Ecole nationale supérieure des Mines de Paris. Carrière. Ingénieur à la direction des Mines en Nouvelle-Calédonie; directeur des mines et de la géologie; conseiller technique au cabinet du ministre de l'Industrie Michel d'Ornano; directeur délégué de Total Algérie en 1981, il occupe ensuite divers postes dans le groupe, dont il devient le PDG en mai 1995. Postes d'administrateur: Air Liquide, TotalFina, Aérospatiale-Matra, Paribas. Personnalité. Selon le journal interne de Total, les qualités primordiales à ses yeux sont la lucidité et l'enthousiasme tandis que les pires défauts sont le manque de courage et l'arrogance. De fait, rarement patron aura paru plus simple, plus abordable, plus passe-partout. Il déteste les dîners en ville et les coteries, ne compte pas d'amis politiques et ne se met jamais en colère. Mais attention, sous ses airs de premier communiant se cache un vrai requin. C'est un industriel qui sait ce qu'il veut et qui sait tailler là où ca fait mal sans -c'est son grand talent- faire mal, puisqu'on ne lui connaît aucun conflit social. Ambition. Faire partie du club des grands. «On commence à ne plus être à la portée de n'importe qui», confiait-il peu après le rachat de PetroFina. |
Michel
Pébereau, le calculateur |
Marié à Agnès Faure, sans profession.
Quatre enfants: Alexandre, Jérôme, Iris et Sarah. Frère: Georges Pébereau, auteur d'une OPA ratée sur la Société générale en 1987. Hobbies: piano et littérature de science-fiction. Formation. Ecole polytechnique, ENA, inspecteur des Finances. Carrière. directeur de cabinet de René Monory, alors ministre de l'Economie de Valéry Giscard d'Estaing (1978-1980), directeur général puis PDG du CCF (Crédit commercial de France) de 1982 à 1993. Depuis mai 1993, PDG de la BNP, dont il a conduit la privatisation. Postes d'administrateur: Lafarge, Galeries Lafayette, Saint-Gobain, Axa-UAP, Dresdner Bank, Renault, et Elf Aquitaine Personnalité. Très policé de tempérament, Michel Pébereau est plus violent en actes qu'en paroles. Son côté poisson froid fait dire aux méchantes langues: «Pébereau rosit quand il dit la vérité.» C'est un travailleur acharné qui arrive tous les jours à son bureau à 7 heures. C'est un excellent gestionnaire qui a multiplié les bénéfices de la BNP par sept en six ans. Ambition. Le rêve de Michel Pébereau, c'était la direction du Trésor. L'arrivée des socialistes au pouvoir en 1981 a fait bifurquer sa carrière vers la banque. Il a conservé un esprit haute fonction publique. Avec l'aide des pouvoirs publics, il tente de construire une banque à trois parce qu'il ne veut pas laisser la BNP devenir la proie de prédateurs étrangers. |
André
Lévy-Lang, le susceptible |
Marié à Catherine Lang, magistrate à
Garges-lès-Gonesse. Trois enfants: Laurence, Stéphane,
Nathalie. Hobbies: Golf et ski. Membre du Racing Club de
France. Formation. Ecole polytechnique, docteur en économie de l'université de Stanford (Californie). Carrière. En 1962 il devient ingénieur chez Schlumberger et occupe différentes fonctions techniques et commerciales en France et aux Etats-Unis jusqu'en 1974. Il entre alors à la Compagnie bancaire, dont il devient président du directoire en 1982. Il est président de la compagnie financière de Paribas en 1990, et, sept ans plus tard, il absorbe la Compagnie bancaire. Postes d'administrateur: Société générale, Schlumberger et Elf Aquitaine, Finaxa. Personnalité. Son caractère modéré ne le conduit pas aux coups d'éclat. Il déteste qu'on lui force la main. Ambition. Construire une grande banque d'affaires européenne. Il a commis l'erreur de laisser croire à ses cadres que Paribas pouvait rester indépendant. La partie banque d'investissement ne lui pardonne pas ce qu'elle considère comme une «trahison». «Qu'il vende Paribas à la Société générale ou à la BNP, il a signé notre arrêt de mort», regrettent certains. Il aurait pu parier sur la privatisation du Crédit Lyonnais, en devenant son actionnaire pivot mais il a préféré une alliance plus rapide qui lui assurera une belle fin de carrière. Si SG-Paribas se fait, il prendra la présidence du nouvel ensemble pendant trois ans. |
Daniel
Bouton, le général |
Marié à Nicole Berkchole, également
banquière, membre du directoire de la banque
néerlandaise ABN-Amro et directrice de la banque NSM
(Neuflize, Schlumberger, Mallet), filiale d'ABN-Amro.
Deux filles: Anne-Laure et Caroline. Hobbies: golf (très bon niveau, handicap 6), opéra. Formation. Institut d'études politiques de Paris, ENA promotion François Rabelais (1971-1973), et inspection générale des Finances. Carrière. Directeur de cabinet d'Alain Juppé, ministre de l'Economie et des Finances (1984-1986), directeur du Budget (1988-1991) sous le ministère de Michel Charasse. Parachuté à la Société générale en 1991, il devient directeur quand Marc Viénot arrive à la présidence, directeur général en 1993 et PDG en 1997. Postes d'administrateur: Paribas, TotalFina, Canal + et Schneider. Personnalité. C'est le genre de type capable de piquer une grosse colère mais aussi de mobiliser ses troupes. «Il est plus primaire qu'intellectuel», note un financier. Plusieurs hauts cadres ont mis en cause sa politique d'acquisitions très coûteuse et son manque de prudence en Asie du Sud-Est. Ambition. Il aimait bien le secteur de l'industrie, mais Marc Viénot avait repéré des qualités de dirigeant chez le jeune inspecteur des finances. Bouton est donc devenu banquier. Il s'est totalement coulé dans l'organisation très militaire de la Générale, qu'il veut hisser sur le podium des grandes banques européennes. |