LIBERATION
L'OPE DE TOTALFINA SUR ELF Jaffré bat le rappel des troupes Le président d'Elf a qualifié de «miroitant et flou» le projet de TotalFina. Par HERVÉ NATHAN Le vendredi 9 juillet 1999 |
Pour Philippe Jaffré, la contre-offensive commence
par l'intérieur. Le PDG d'Elf-Aquitaine, menacé d'une
offre publique d'échange de la part de TotalFina, s'est
adressé matin à 450 cadres réunis dans la tour Elf de
la Défense, dans l'intention évidente de les rassembler
derrière lui. Il a donc entamé un travail de sape de
l'argumentaire présenté par Thierry Desmarest. «Le
projet de Total est schématique, miroitant. Il est flou
et, vous apprécierez l'ironie, très tournée vers un
public financier», a déclaré Philippe Jaffré. En
premier lieu, «la duplication de notre présence aux
endroits stratégiques pour l'exploration-production».
Surcapacité. Les Etats-hôtes des compagnies n'aiment pas qu'un pétrolier soit trop fort chez eux. Le mariage forcé entre TotalFina et Elf pourrait donc amener à des cessions de permis d'exploitation ou de prospection. Ensuite «la surcapacité évidente en matière de raffinage». L'éventuel futur groupe serait propriétaire de 15 raffineries en Europe qui nécessiteront toutes d'être mises au niveau des nouvelles normes antipollution avant 2005. Des investissements très lourds à supporter. De plus, cinq d'entre elles sont concentrées dans un rayon de 200 kilomètres, autour de la mer du Nord. Enfin, le PDG d'Elf a agité le spectre «des cessions d'actifs dans le domaine de la chimie», de quoi inquiéter le personnel, puisque la chimie représente à elle seule un tiers des effectifs. Trémolos. Très disert sur l'initiative de TotalFina, le PDF d'Elf n'a pas voulu dévoiler ses propres plans: «Il faut laisser passer l'orage». Le conseil d'administration devrait être néanmoins convoqué dans la deuxième quinzaine de juillet pour se prononcer sur une contre attaque, qui assure-t-il ne se fera pas avec Shell. Est-ce pour brouiller les cartes, Philippe Jaffré s'est dit «pas hostile par principe aux fusions, mais d'égal à égal, en position de discuter la stratégie, l'organisation, de faire en somme respecter nos projets, nos équipes, nos intérêts». Plus tard, le PDG s'est attaché à convaincre les syndicalistes du bureau du comité central de groupe France. De ce côté le PDG a fort à faire pour convaincre. «Il avait des trémolos dans la voie», confie un participant. Pressé d'en finir avec le conflit d'Elf EP (Libération du 8 juillet), qui dure depuis 3 mois, il a pressé les représentants du personnel de venir négocier aujourd'hui. |