Le conseil
d'administration de TotalFina devrait se réunir dans la
journée pour examiner l'offre d'échange d'Elf Aquitaine
présentée lundi par Phillipe Jaffré. A priori, ses
délibérations devraient se dérouler sans surprise
majeure. Le PDG de TotalFina, Thierry Desmarest, a déjà
fait part de son sentiment sur l'OPE de son concurrent
Elf : il s'agit, sur le fond, du même schéma de
rapprochement qu'il propose lui-même, excepté la
scission entre pétrole et chimie, contestable aux yeux
de TotalFina. « Nous continuons tranquillement notre
chemin et il n'est pas question de surenchérir. Philippe
Jaffré a pris le risque de faire juger les deux offres
par le marché et le marché ne croit pas à la sienne
», confie, pour sa part, un proche du camp TotalFina.
Très sceptiques vis-à-vis du projet d'Elf, les
syndicats maintiennent leur pression. « Les personnels
sont en première ligne », a estimé hier le
représentant FO du groupe qui craint de voir le chiffre
des suppressions d'emplois (6.000, dont 2.000 en France)
s'alourdir. Par ailleurs, les syndicats d'Elf
Exploration-Production se prononceront à la fin de la
semaine sur une proposition de la direction visant à
mettre fin au conflit en cours à Pau.
Sur le terrain boursier, les choses suivent leur cours.
La Commission des opérations de Bourse a donné hier son
visa à l'OPE de TotalFina, après le feu vert du Conseil
des marchés financiers qui avait jugé l'offre
recevable. Première conséquence : Elf devra se
prononcer officiellement sur l'OPE de Total dans les cinq
jours suivant l'obtention du visa. Concernant Total, son
OPE sera ouverte officiellement pendant une durée de 35
jours de Bourse après la publication dans la presse de
la note d'information de TotalFina visée par la COB. Ce
qui fait courir l'offre jusqu'à la première quinzaine
de septembre.
« Caractère attractif. » Thierry Desmarest ne doute
pas de sa réussite, étant donné son « caractère
hautement attractif ». Mais il ne ferme pas pour autant
la porte à Elf désormais convaincu de l'intérêt d'un
rapprochement. « Je pense qu'avec la plus grande
convergence qui vient d'apparaître sur le projet
industriel, nous avons plus de chances d'arriver à une
opération amicale sur des bases raisonnables », a-t-il
déclaré hier au Figaro. Philippe Jaffré a choisi le
même journal pour lui répondre. Et les deux propos
publiés côte à côte font montre d'une même volonté
d'ouverture. « Mon approche n'a jamais été hostile à
l'égard de quiconque, assure le président d'Elf. Je
pense que la présentation de notre projet va à son tour
accélérer la maturation des idées de Thierry Desmarest
et des équipes de TotalFina. »
Il est sans doute encore trop tôt pour parler d'une
ébauche de compromis entre ces deux grands patrons à la
personnalité affirmée. « Philippe Jaffré n'est pas
aujourd'hui dans cette logique. Mais il n'y a pas de
fermeture a double tour », confie un proche du
président d'Elf. Un conseiller de Total fait chorus : «
Tout le monde a l'air d'accord pour penser que cette
affaire devrait devenir amicale. Nous sommes prêts à
faire une place au management d'Elf. C'est dans
l'intérêt de tous de se retrouver autour de la table.
» Et surtout d'éviter que cette bataille pétrolière
ne tourne à l'interminable et confuse mêlée qui divise
actuellement la banque française.
Aline Richard
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