LA
TRIBUNE |
Elf Aquitaine joue la montre
pour contrer l'offre de TotalFina 12/07/99 |
Philippe Jaffré, le président d'Elf Aquitaine, a décidé
de jouer la montre après l'offre surprise de 42
milliards d'euros lancée lundi par TotalFina. Le PDG
devrait en effet attendre la deuxième quinzaine de
juillet pour réunir son conseil d'administration.
Suivront, dans la foulée, la tenue d'un comité de
groupe européen et celle d'un comité d'entreprise
extraordinaire. Dans la « tour d'en face », comme Elf a
pris l'habitude de nommer TotalFina et réciproquement -,
le groupe dirigé par Thierry Desmarest, fort de l'aval
du Conseil des marchés financiers (voir ci-contre),
attend pour les tout prochains jours le visa de la
Commission des opérations de Bourse. Son feu vert
devrait intervenir au plus tard ce vendredi. Total doit
encore obtenir deux autorisations avant de pouvoir déposer
son offre publique d'échange : celle du ministre de
l'Economie concernant le transfert des titres miniers et
des raffineries d'Elf à Total et celle des autorités
bancaires concernant deux banques (Sofax et Fiba)
appartenant à Elf. Echappées. Philippe Jaffré a-t-il trouvé « l'initiative » d'envergure qui lui permettra de contrer l'offre de son rival ? L'annonce, dont les salariés ont eu la primeur, de la tenue de trois réunions en série (conseil d'administration, comité central d'entreprise...) pourrait le laisser penser. Selon son entourage, plusieurs solutions existent, mais la « bonne » n'aurait pas encore été identifiée. La liste des échappées possibles (British Gas, Shell, Conoco, Eni...) s'est enrichie d'un nouveau nom : celui de l'espagnol Cepsa dont Elf détient 44 % et 38 % des droits de vote. La marge de manoeuvre du PDG assiégé reste cependant toujours aussi étroite (La Tribune du 7 juillet), même si la Commission de Bruxelles a rappelé vendredi que la France ne pouvait faire usage de sa golden share dans le cas où Elf chercherait à se rapprocher d'une entreprise européenne. Quoi qu'il en soit, Philippe Jaffré sait que le laps de temps réduit dont il dispose pour trouver un partenaire le place en position de faiblesse pour négocier. Et les observateurs continuent de miser sur une réussite de l'OPE de TotalFina, « l'initiative » se limitant alors à une ouverture négociée en direction de son rival. Dans une interview au Journal des finances de samedi Thierry Desmarest écarte, avec sérénité, une offre concurrente car « aucune société ne présente une complémentarité aussi exceptionnelle avec Elf que TotalFina ». Au même moment, le groupe indiquait détenir 98,8 % de PetroFina à l'issue de l'OPE lancée le 6 mai par Total sur la compagnie belge. Elisabeth Rochard |