La Tribune

07/07/99

Les syndicats sont partagés entre espoir et inquiétude


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Si les pouvoirs publics français sont manifestement favorables à l'OPE de TotalFina sur Elf, du côté des syndicats, ce qui domine, c'est l'inquiétude concernant l'emploi. La fusion entre Total et Petrofina entraînait déjà 1.000 suppressions d'emplois, 1.500 avaient été annoncées chez Elf Exploration Production ; et ce sont aujourd'hui 4.000 emplois qui sont en jeu avec ce nouveau rapprochement. Cependant, des différences se dessinent d'un syndicat à l'autre entre l'opposition radicale de la CGT et les nuances apportées par la CFDT et la CFTC. Robert Hue, secrétaire national du PCF, a, de son côté, demandé au gouvernement d'empêcher les suppressions d'emplois.
Mais le gouvernement n'est pas du tout décidé à mettre des bâtons dans les roues de Thierry Desmarest : « Qu'il y ait une logique industrielle à cette opération, a déclaré le ministre de l'Economie, et que l'on puisse espérer par là même un groupe pétrolier qui soit presque du niveau des trois premiers mondiaux, et donc vraiment à l'abri de toute tentative de récupération par un anglo-saxon ou un américain, je crois que c'est plutôt une bonne chose. »
Les effets du rapprochement. Les syndicats, et surtout la CFDT, ne sont pas totalement insensibles à cet aspect de compétition internationale. Mais, déclare Michel Bouguail, délégué central CGT chez Total, « ce sont les salariés qui vont en faire les frais ». La CFDT juge l'opération « pas si stupide que ça » mais, souligne un de ses représentants chez Elf, Guy Praxel, « c'est parce que la situation d'Elf est la pire que le groupe ait jamais connue. Le groupe ne souscrit qu'à une politique financière et n'a pas de politique industrielle ». La CFTC parle aussi d'un « moindre mal pour l'entreprise... le pire étant que ce patrimoine passe aux mains d'une société anglo-néerlandaise ou américaine ».
Recherche, sièges sociaux, raffinage, exploration-production, chimie lourde, autant de domaines où les syndicats craignent les effets du rapprochement d'Elf et de TotalFina. Déjà, le rapprochement entre Petrofina et Total a entraîné 24 suppressions d'emplois dans le pôle recherche de Total à Gonfreville. Les syndicats craignent des chevauchements entre les différents centres d'Elf et de Total. Dans la chimie fine, l'inquiétude est moins vive avec en particulier le pôle adhésif qui accéderait au premier plan mondial. Il n'en va pas de même dans la chimie de base, qui aurait besoin d'investissements du côté d'Elf.
Le nouveau groupe aura-t-il les moyens de poursuivre une politique dans tous les domaines où les deux pétroliers sont aujourd'hui présents ? s'interrogent les syndicats. Une nouvelle réunion va avoir lieu lundi entre les délégués syndicaux CGT d'Elf et de TotalFina, qui souhaitent bâtir une proposition pour coopérer sur le plan industriel.

M. C.-C.