Résistance des employés chez Elf

Les travailleurs de la filiale Elf Exploration Production (Elf EP) en France bataillent dur pour préserver leur emploi et leurs conditions de travail. Il y aurait des suppressions de plus de 1 500 emplois sur 3 000 en jeu dans cette branche de la multinationale.

Elf est une vaste entreprise multinationale spécialisée dans l'exploitation pétrolière, la chimie, la pharmaceutique et même les produits de beauté (Yves St-Laurent, c'est Elf!). En 1997, l'entreprise affichait un chiffre d’affaires de 254,3 milliards de francs. Mais depuis quatre ans Elf est en restructuration et les projets ne font pas l'unanimité surtout dans les rangs ouvriers. Il est ici question de gros sous, de stratégies d'investissement, de bonne ou de mauvaise planification à long et à court terme mais, chose certaine, l'affaire est complexe comme le rapporte un article du Nouvel Observateur du 22 avril 1999.

Au début de l'année 1999, des milliers de manifestants et de grévistes multiplient les grèves tournantes et les occupations de locaux névralgiques, à Paris et à Pau. L'objectif étant de contester la décision du président Jaffré de supprimer 1 320 emplois, principalement à Lacq, berceau de la production d'Elf, soit une baisse de 47% des effectifs en France de la filiale Elf Exploration Production. Le 12 avril 1999, les employés du centre informatique Alpha situé à Pau et l'usine de Lacq en France entament des grèves tournantes et l'occupation des locaux. Depuis, les équipes se relaient jour et nuit pour garder les lieux. Cent à deux cents personnes la journée et une trentaine la nuit. A l'intérieur, c'est la Sorbonne en 1968, s'enthousiasme Albert Darribat, syndicaliste CFTC. «On dort dans des duvets sur la moquette, mais la cuisine est soignée», avec, quelquefois, un civet de chevreuil apporté par un gréviste chasseur.

Quelques jours après le déclenchement de l'occupation, le site officiel de l'intersyndicale Elf Exploration Production ouvrait ses portes sur le cyberespace. Jusqu'ici, c'était le mutisme dans les négociations entre les syndicats et la direction. Enfin, mardi, le 9 juin, un correspondant de l'intersyndical nous apprenait qu'une ouverture s'était enfin faite du côté patronal qui a convoqué une série de 10 jours de rencontres. La partie patronale semblerait enfin disposée à mettre les cartes sur la table et à discuter des orientations et des mesures d'accompagnement. C'est à suivre...