PAU, 25 juil (AFP) - Elf Exploration
Production (Elf-EP) a annoncé samedi
"l'abandon" de son projet de réorganisation,
rendu "inopportun" par les possibilités de
fusion du groupe pétrolier Elf Aquitaine avec le
franco-belge TotalFina, et met ainsi fin à la grève de
ses employés, commencée il y a 104 jours. Un constat
de fin de conflit a été signé samedi en fin d'après-midi
par la direction et l'intersyndicale, a-t-on appris auprès
des deux parties. Les syndicats devraientsoumettre ce
constat lundi après-midi aux grévistes et le travail
devrait reprendre progressivement à partir de mardi.
Le projet de réorganisation devait se traduire par la
suppression de 1.320 postes équivalent plein temps (ce
qui correspond à environ 1.500 personnes, selon les
syndicats), au centre scientifique et technique de Pau
ainsi qu'au siège de la société à la tour Elf de La Défense
(Hauts-de-Seine).
Des conséquences qui avaient déclenché le 12 avril un
mouvement de grève des quelque 2.200 salariés de Pau,
tandis que leurs collègues de La Défense (environ 800
personnes) cessaient le travail le 16 suivant.
Selon un communiqué de la direction d'Elf-EP, "la
situation nouvelle créée par l'OPE d'Elf sur TotalFina
et le projet industriel qui l'accompagne font qu'Elf-EP
se situera dans le futur dans un contexte très différent
de celui que nous avons considéré pour établir le
projet de réorganisation".
"Dans ces conditions, le plan de performance
d'Elf-EP risque de se retrouver inadapté au futur
ensemble des activités exploration et production du
groupe. La conséquence logique d'une telle situation est
l'abandon du projet de réorganisation actuelle connue
sous le nom de plan de performance d'Elf-EP",
poursuit le communiqué.
Le directeur général délégué d'Elf EP, André Thébault,
a affirmé à l'AFP que "cette décision est
responsable". "Si Elf et TotalFina fusionnent,
cela entraînera des modifications, Elf aura une
structure différente. Il nous est donc apparu que le
projet (de réorganisation) n'était plus opportun. Il était
devenu judicieux de le retirer", a-t-il ajouté.
Début juillet, TotalFina avait lancé une Offre publique
d'échange (OPE) sur Elf Aquitaine, rejeté par ce
dernier. Deux semaines plus tard au contraire, Elf
aquitaine a riposté en lançant à son tour une OPE sur
son rival.
L'offre de TotalFina, comme la contre-offre d'Elf,
donnera naissance en cas de succès au quatrième groupe
pétrolier mondial.
Le directeur général délégué d'Elf-EP a toutefois
indiqué que "si la situation reste telle qu'elle
est aujourd'hui, le projet de restructuration
retrouverait toute sa pertinence". "Mais nous
avons parlé d'abandon et non de suspension du projet de
réorganisation, ce qui signifie que pour nous, l'hypothèse
que la situation reste en l'état n'est pas la plus
plausible", a ajouté M. Thébault.
"On a gagné. C'est une grande victoire pour les
salariés", a affirmé Jean-Laurent Coudert, qui
représente la CFTC. "C'est extraordinaire, c'est
une capitulation sans conditions de la direction", a
affirmé de son côté le délégué de la CGT Michel
Aguer. "La direction a beau jeu de dire que c'est
l'OPE, c'est une porte de sortie pour la direction. Pour
nous, c'est le succès des salariés. On ne sait pas de
quoi demain sera fait, mais on peut dire que grâce à
cette lutte, on a pu sauver plus de 1.000 emplois à Pau
dans l'immédiat", a-t-il ajouté.
Le syndicaliste a également tenu à rendre hommage aux Béarnais
qui ont ardemment soutenu les grévistes, comme ce fut le
cas en février et en avril quand des milliers d'entre
eux, avec à leur tête le député-maire de Pau André
Labarrère et le président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques
François Bayrou, étaient descendus crier leur colère
dans la rue.
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