Le politique est-il soluble dans les marchés financiers ?
Martine Lignières-Cassou

Pour certains, le conflit au sein de l'entreprise Elf Aquitaine préfigure de manière brutale l'impuissance des élus face au pouvoir des financiers.

"Fonctionnant selon des règles qu’ils sont seuls à se fixer, les marchés financiers dictent désormais leurs fois aux Etats et aux responsables politiques", écrit Ignacio Ramonet dans son ouvrage Géopolitique du chaos. Le constat est brutal et sans nuance, mais a le mérite d'ouvrir un débat essentiel quant au projet de société que nous voulons construire.

Le conflit au sein de l'entreprise Elf Aquitaine, privatisée en 1993, est l'expression du libéralisme le plus froid. S’il faut reconnaître que la marge de manoeuvre des élus s'est réduite ces dernières années, il ne faut pas non plus tomber dans une sorte de torpeur et de fatalisme qui nous amèneraient sur la voie du renoncement. Répéter comme un leitmotiv que les élus ne peuvent rien faire, c'est déjà jouer le jeu des marchés financiers. Leur rôle est avant tout de préparer 1 ~1 avenir d'un territoire, par exemple en renforçant les partenariats entre les avec l'université de Pau, ou au sein de l'association Béarn XXIème siècle. Il en de même de la mission sur la réindustrialisation du bassin de Pau-Lacq-Orthez confiée récemment par le Ministre de l'industrie à deux ingénieurs, à la demande des élus locaux.

Bien sûr, il faut aller plus loin. Nous devons repenser le rôle de l'Etat, réfléchir sur sa mission de prospective et de veille technologique afin de préparer les entreprises au développement de secteurs émergents. Nous devons également imaginer de nouvelles mesures pour résister à la pression des marchés.

Certains évoquent la mise en place d'une taxe sur les mouvements de capitaux, une harmonisation fiscale, ou encore une réflexion sur l'actionnariat salarié comme à Elf où les salariés détiennent 5 % du capital. Autant de pistes à regarder de près si nous ne voulons pas laisser l'économie de marché détruire de nouveaux emplois.

Dans tous les cas, le phénomène de mondialisation nous oblige à trouver des solutions au minim à l'échelle européenne.


Extrait de "Le journal de la première circonscription des Pyrénées-Atlantiques" - n° 4 Juin 1999