François Hollande

Candidat à l’élection des Membres
du Parlement Européen

LISTE Construisons notre Europe

 

à

L’INTERSYNDICALE E.E.P et E.A.E.P.F

 

 

 

 

Madame, Monsieur,

Vous avez bien voulu m’interroger sur les mesures concrètes que nous souhaitons prendre pour empêcher que les marchés financiers ne gèrent les entreprises au détriment de l’emploi.

Comme vous, nous pensons que le licenciement ne peut et ne doit pas être le principal outil d’ajustement économique. Il est toujours un échec social, économique, humain ; il peut devenir un obstacle à la compétitivité, à l’efficacité et au projet industriel de l’économie tout entière. Les projets des entreprises ne peuvent être subordonnés plus longtemps aux volontés des actionnaires. Il est en particulier inadmissible que des entreprises dont les bénéfices sont florissants aient recours à des suppressions d’emplois massives. La récente réforme des cotisations patronales permettra de taxer plus fortement ces entreprises, pour favoriser en contrepartie celles qui créent des emplois.

Pour lutter contre cette tendance dévastatrice, nous faisons trois propositions :

Rendre moins volatils les mouvements de capitaux, en agissant pour l’instauration d’une taxe sur les transactions financières internationales. Les actionnaires doivent redevenir des investisseurs durables, soucieux de la bonne marche, sur le moyen et long terme, des entreprises dans lesquelles ils investissent.

Renforcer le contrôle des salariés sur la gestion de leurs entreprises, et notamment sur la gestion de l’emploi : il faut créer dans toute l’Europe une culture de gestion prévisionnelle des effectifs fondée sur une concertation préalable entre partenaires sociaux. Cette solution est en effet plus efficace pour l’ensemble des partenaires sociaux qu’un recours systématique à la décision judiciaire a posteriori, souvent trop tardive et surtout incertaine et aléatoire. D’une manière générale, les salariés doivent être informés, de façon précise et régulière, des décisions stratégiques qui les concernent. Pour que les négociations soient effectives, les représentants des salariés doivent disposer des moyens appropriés :

Parce qu’un nombre croissant d’entreprises sont aujourd’hui présentes sur l’ensemble du marché européen, nous devons favoriser la négociation entre partenaires sociaux à l’échelle de l’Union Européenne, en particulier dans le cas de restructurations et de concentrations de grands groupes, et renforcer le rôle de la Confédération Européenne des Syndicats.

Favoriser la négociation de conventions collectives européennes et d’un droit du travail européen, avec notamment des normes et protections communes pour le droit de grève, les droits syndicaux, le droit de licenciement et les conditions de travail.

S’agissant tout particulièrement du droit de licenciement, le contrôle administratif sur les licenciements économiques et les plans sociaux doit être accru. Pour les licenciements individuels, et lorsqu’ils ont un caractère manifestement abusif, il convient de redonner un pouvoir d’appréciation à l’inspection du travail. Les sanctions envers les entreprises, proposées par les inspecteurs du travail, doivent être plus souvent suivies d’effets. Le constat de carence dressé par l’inspection du travail devrait en outre pouvoir être décidé jusqu’aux termes des procédures. Il faut en tout été de cause augmenter le nombre des inspecteurs et contrôleurs du travail.

Vous m’interrogez également sur les arguments en faveur d’une taxe sur les mouvements de capitaux. Nous proposons d’agir pour l’instauration d’une taxe sur les transactions financières internationales. Nous partons en effet du constat, renforcé par la crise récente en Asie et en Amérique latine, que les entrées et sorties massives de capitaux peuvent avoir des conséquences désastreuses pour un pays émergent. Lorsqu’ils entrent trop vite, ils conduisent à un surendettement des agents nationaux, et se portent, dans leur euphorie, sur des projets peu rentables ou fort risqués. En se retirant trop vite, ils précipitent la chute de certains pays, chute qui tient plus de la panique et du caractère moutonnier des financiers que de réels déséquilibres dans les pays.

La proposition d’une taxe sur les transactions financières internationales vise avant tout à renchérir les mouvements de capitaux à court terme, pour les rendre moins " volatils ", moins instables, donc moins dangereux pour les pays émergents. Elle permettrait également de mobiliser des ressources pour l’aide aux pays en voie de développement.

Espérant avoir, ainsi, répondu à votre attente, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de toute ma considération.

François HOLLANDE