LETTRE N° 1

De J. B. retraité des pétroles

24 juin 1999

 

à Monsieur le Premier Ministre,

 

" Le Monde " daté de ce jour nous, nous apprend que le " CORPS DES MINES " est en ébullition, à propos des nominations futures, des présidents des entreprises du secteur énergétique.

Le retraité pétrolier que je suis, enregistre avec amertume et ironie, cette information.

Que, " Le Monde ", devenu pour moi, " Bayard Presse " bis, présente de cette manière dérisoire, ( avenir de hauts fonctionnaires), une question relative à l’essentiel de l’économie nationale, n’est pas surprenant.

Sa Direction BC/BG, est bien suivie, et c’est normal.

Mais pour vous, pour le Gouvernement et sa majorité parlementaire, la question se bornera-t-elle, à ces décisions, subalternes, d’individus, même haut titrés ?

Ne pensez-vous pas, que le moment est venu de remettre en chantier les orientations énergétiques de la Nation, lesquelles ont été en fait imposées, depuis la décennie 70, par P. GUILLAUMAT et ses équipes.

Le moment n’est-il pas venu, l’opportunité se présentant, de remplacer cette politique rigide de l’énergie par une autre, basée sur la souplesse, l’économie des ressources, la recherche et l’innovation ?

D’impulser sur ce sujet crucial, une controverse élargie à l’ensemble des acteurs de la filière, et menée devant l’opinion, qui pourrait être autre chose que le simulacre de " débat ", vrai rideau de fumée mitterrandesque, de l’automne 1981 ?

Cette controverse, large et ouverte, permettrait en outre, de mettre sur le tapis, la situation des deux groupes pétroliers, ELF et TOTAL, dont l’Etat s’est exagérément dégagé, et dont l’existence, et l’accumulation du savoir doivent être préservés, comme facteurs de l’indépendance économique nationale.

Je souhaite retenir votre attention sur ce sujet, à mon avis déterminant pour l’avenir du Pays.

Je vous présente et vous prie d’accepter mes sincères salutations.

J.B.

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LETTRE N° 2

De J. B. retraité des pétroles

25 juin 1999

à Monsieur HUE,

 

Objet : extraits relatifs à la politique énergétique.

 

"  Je souhaite que vous même lisiez cette lettre, et le document qui l’accompagne (copie lettre précédente), et que le PCF prenne, sur la politique énergétique, une position plus réfléchie, plus équilibrée, que celle qu’il a défendue jusqu’à présent.

Il y a longtemps que j’ai claqué la porte de mon syndicat CGT de ELF-EP (1983), j’étais pourtant l’animateur de l’équipe de résistants qui le créèrent, fin 1943, dans la clandestinité.

Une des raisons de cette démission, est justement la position réelle de la CGT, en l’occurence, relai du parti, appuyant les oreintations de GUILLAUMAT, tout en affirmant qu’elle était défavorable au tout nucléaire.

L’explication de cette attitude contradictoire et camoufflée, réside en la présence au bureau politique d’un personnage, Le GUEN, pontife syndical d’EDF, incapable, par esprit corporatif, de se hisser au niveau de réflexion, exigé par la prise en charge des intérêts nationaux, par les salariés et leurs organisations.

Dès les années 70, la CGT confortant GUILLAUMAT, le VERTS polarisés par le refus du tout nucléaire, sans tenir compte des ressources réelles de la nation, une opinion publique désorientée et ma informée, les pro-nucléaires jouaient sur du velours.

Souvenez-vous : année 1981.

François 1er (bis) est élu, et tente de faire croire qu’il tient ses promesses électorales.

Il organise à l’automne 81, le simulacre de débat dont je parle.

Le plan GUILLAUMAT prévoyait la mise en chantier de 2 tranches de 1300MW/AN, le PS, opposant avant les élections le ramenait à 1 seule, ce qui était raisonnable.

Le débat truqué maintint la décision des 2 tranches annuelles. L’officialisation de la décision impliquait l’aval et l’avis du CONSEIL ECONOMIQUE qui fût sollicité.

Ils furent donnés sur la base d’un rapport présenté aux conseillers.

Sur proposition de M. CHOTARD, vice président du CNPF, la présentation du dit rapport fût confiée au conseiller Le GUEN, membre de la CGT, et du bureau politique du PCF, lequel avait approuvé sans doute, cette position corporatiste, éloignée de l’intérêt général du Pays.

L’occasion se présente de voir le PCF, passer au crible et au feu de la critique une des positions du passé, et montrer à l’opinion, qu’il est en mesure de prouver que les salariés, en tant que groupe social, sont aptes à prendre en charge, pour ce qui les concerne, les intérêts d’ensemble de la Nation.

En outre, le choix de la position que je préconise en matière d’énergie, permet au PC, s’il la prend en charge de montrer, face à l’irréalisme des VERTS, et aux pesanteurs des Notables du PS, la maturité de ses réflexions, et à quel point il est fondé, d’assurer la représentation des salariés dans la gestion de la Nation.

Si vous parvenez, avec le PS, a amener le gouvernement, à réexaminer la politique énergétique du PAYS?  JE PENSE QUE LE POIDS DU PCF dans l’opinion changera de signification....

Si vous pensez que le cénacle sommital, est seul dépositaire de la vérité, alors le Parti n’est pas sorti de l’ornière bolchévique, si routinière et ultra conservatrice. "

JB

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LETTRE N° 3

De J. B. retraité des pétroles

5 juillet 1999

 

à Messieurs le Premier Ministre, & R. HUE,

 

Je n’imaginais pas que l’actualité me fournirait si rapidement l’occasion d’exprimer auprès de vous, des réflexions complémentaires de celles contenues dans les lettres précédentes.

L’annonce, officielle ce jour, de l’OPE de TOTAL sur ELF, met encore plus en évidence la nécessité, et l’urgence de redéfinition d’une politique énergétique nationale.

Que les hauts fonctionnaires du corps des mines, du ministère de l’industrie, et de sa direction, ENERGIE/MATIERES PREMIERES, aient patiemment, inexorablement, conçu et poursuivi le regroupement en un seul, des deux organismes du secteur pétrolier, tous deux d’origine étatique, ne fait pour moi aucun doute.

Qu’un sous ministre (pierret), conforté dans la passivité, (si l’on peut dire) de son ministre de tutelle (STRAUS-KAHN), se laisse mener en barque par ses Directeurs, cela ne fait qu’illustrer le fossé séparant les dits ministres, d’un autre ministre JEANNENEY, imposant, lui, à l’époque, aux même Hauts Fonctionnaires, la suprématie du politique sur l’administration.

Cette différence de comportement, met bien en évidence les insuffisances de la coalition "gauche plurielle ", en ce qui concerne la gestion des affaires Nationales. D’où le cri d’alarme que constitue cette lettre.

L’urgence n’est pas dans le regroupement TOTAL/ELF, mais dans la définition d’une politique énergétique nationale, définition où tous les acteurs de la filière sont associés, ainsi que l’opinion publique, dans une controverse ramenant à sa juste place la Haute Fonction Publique.

Controverse d’où sortira le constat de l’erreur monumentale que fût le désengagement de l’ETAT , dans TOTAL et dans ELF.

Par ailleurs, dès aujourd’hui je vous pose la question suivante :

"  Etes vous certain que la fusion des deux équipes, aux expériences différentes, tant en recherche qu’en accumulation du savoir, aura de bons résultats sur le long terme ?

Pouvez-vous à ce point sous estimer le rôle actif et stimulant de la compétition, voire de la rivalité ? "

Je vous présent et vous prie d’accepter mes meilleures salutations.

JB