Lintersyndicale :
CFDT - CFTC - CGT - FO - SICTAME CGC
de EAEPF et ELF
EP
Lettre
ouverte aux responsables politiques du Béarn
La situation sociale que
nous vivons actuellement dans les deux entreprises phares
du Groupe ELF AQUITAINE en Béarn, EAEPF à LACQ et ELF
EP à PAU, par sa gravité, confirme nos pires craintes,
au sujet desquelles les organisations syndicales n'ont
cessé d'attirer votre attention, depuis de très
nombreuses années.
Il apparaît en effet
évident, à nos yeux, qu'au delà des
restructurations que nous connaissons une nouvelle fois,
c'est bien, à court terme, du désengagement et du
départ définitif d'ELF AQUITAINE du Béarn qu'il
s'agit.
Aux milliers d'emplois
déjà perdus, que ce soit au sein d'ELF AQUITAINE
ou dans les emplois induits par la sous-traitance, les
commerces, les services, les administrations d'Etat, les
collectivités territoriales, s'ajouteraient d'autres
milliers d'emplois, laissant le Béarn exsangue et sans
avenir pour ses enfants.
C'est intolérable de la
part d'un Groupe qui en 1998, dans une conjoncture
pourtant très déprimée, a dégagé 8 milliards de
francs de résultat.
Nous avons la conviction
qu'un aménagement concerté et volontariste du
territoire, peut et doit éviter cette aberration,
car il n'y a pas de justification économique à
cette évolution, mais une seule logique purement
financière qui sacrifierait l'emploi et le Béarn au
profit exclusif de la spéculation boursière.
Pour nous, organisations
syndicales d'ELF AQUITAINE, le déclin n'est pas une
fatalité, si tous ensemble nous avons la volonté
d'oeuvrer, pour assurer au Béarn et à ses enfants,
un avenir économique et industriel.
Voilà les enjeux auxquels
nous sommes confrontés.
Des solutions existent,
à partir de l'implication directe d'ELF AQUITAINE qui
doit être le partenaire incontournable de notre
ambition.
Dans cet esprit, nous
revendiquons :
un projet cohérent
de réindustrialisation du site de LACQ, avec la
consolidation des activités existantes et la
création d'unités chimiques et para-chimiques
propres à ELF AQUITAINE, seule façon à nos yeux de
crédibiliser la sincérité de son engagement
régional;
le maintien à PAU
d'un Centre Scientifique et Technique de haut niveau,
doté d'un projet industriel ambitieux, intégrant au
coeur de sa stratégie le personnel, qui est le
meilleur investissement et son avenir.
A ce propos, ne soyez
pas dupes et, plus grave, ne vous faites pas les
complices de cette mystification que représente le
projet d'externalisation par la Direction, de
fonctions vitales pour le fonctionnement d' Elf EP,
dont la conséquence inéluctable, au delà de son
démantèlement, serait son dépérissement et sa
disparition.
Mais ne vous
reposez pas uniquement sur ELF AQUITAINE qui ne
doit pas être l'alibi facile du peu
d'enthousiasme que vous avez manifesté depuis
trop longtemps à rechercher concrètement, dans le
cadre d'un projet structuré de développement, des
alternatives industrielles créatrices d'emploi au
seul donneur d'ordre ELF AQUITAINE.
L'instance
multipartite mise en place à l'initiative des
organisations syndicales d'ELF AQUITAINE, pour peu
que vous lui accordiez un intérêt qui ne soit pas
uniquement poli et médiatique, peut être la
structure à même de répondre à cette
ambition, puisque tous ensemble nous avons défini,
à partir de nos potentialités, plusieurs axes que
sont la chimie, la métallurgie, la mécanique,
l'agro-alimentaire, les nouvelles technologies de
communication et l'emballage.
Soyez imaginatifs et
persévérants pour relever ce défi qui conditionne
notre avenir commun.
Il y a dans notre
Béarn, suffisamment de richesses et de talents
pour que nous réussissions dans cette entreprise, ce
que d'autres bassins d'emploi ont mené à bien avec
moins de moyens.
Il est temps que le
politique se réapproprie le pouvoir et fasse de
l'homme sa priorité, avant les équilibres
financiers, la monnaie et la rémunération des
rentiers. C'est à ce prix que nous pourrons parler
de progrès social, de répartition juste de la
richesse et que nous défendrons les valeurs de notre
société démocratique.
Pour cela, prenez des
initiatives fortes, chargées de symbole.
Dans cet esprit, les
parlementaires devraient voter dans les plus brefs
délais des textes mettant un terme aux intolérables
licenciements dans des entreprises dont la seule
logique est toujours plus de profit, sacrifiant
l'emploi et l'avenir.
Le 17 avril dernier, le
peuple du Béarn, dans la diversité de ses
composantes, s'est levé massivement pour
exprimer, avec calme, gravité, dignité et
détermination, sa volonté d'assurer un avenir à
ses enfants.
Il vous observe et
attend de vous, ses représentants, des actes qui
soient à la hauteur de sa légitime espérance.
Pau, le 5 mai 1999
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