LETTRE OUVERTE A UN MAUVAIS PRESIDENT

 

 

Monsieur le Président,

 

Vous avez choisi la voie d'une lettre Impersonnelle et lapidaire pour vous exprimer sur " l'offre hostile de Totalfina sur Elf ".

Cette lettre appelle, de la part du personnel en grève de l'Exploration Production et en particulier de la part des 550 agents menaces d'externalisation par votre prétendu plan de performance, plusieurs remarques.

Nous ne nous reconnaissons pas dans le communiqué de presse que vous avez envoyé le 5 Juillet: Cette volonté de prendre de force possession d'Elf... ne semble pas constituer la meilleure voie... pour tout son personnel ". DE QUEL DROIT parlez-vous en notre nom, au nom de ce personnel de l'EP que votre plan détruit massivement? Croyez-vous que nous rejetterons cette opération au seul motif que vous nous en intimez l'ordre? Croyez-vous que ce projet de Totalfina est pire que le vôtre à nos yeux ?

En des circonstances moins graves, moins solennelles, la phrase " Faites-moi confiance pour défendre de façon acharnée les intérêts du Groupe et de son personnel " aurait pu nous faire sourire. Vous avez une bien singulière façon de nous défendre, en nous licenciant par procuration, en voulant vous débarrasser de nous " coûte que coûte ". Et nous n'avons pas confiance en vous, dont la seule ambition est l'enrichissement personnel et la soif de pouvoir. S'il en avait été autrement, vous auriez favorisé le rapprochement d'Elf et de Total, au lieu de vous y opposer obstinément, aveuglément. Nous ne serions alors pas dans cette situation.

Vous vous rengorgez du doublement du cours de l'action Elf en 3 ans (c'est d'ailleurs votre seule réalisation concrète, semble-t-il). L'entreprise de séduction que vous avez menée depuis votre arrivée auprès des analystes a bien sûr fait progresser le titre. Mais vous passez sous silence le fait que cette valeur est depuis plusieurs mois présentée comme. spéculative, et que l'annonce de l'OPE lui a fait gagner 25 % en 48 heures.

Quelle que soit l'issue de cette OPE, le Groupe Elf en sera définitivement fragilisé - s'il existe encore. Vous aurez le triste privilège, Monsieur le Président, d'avoir cassé ce Groupe comme le jouet d'un enfant turbulent et peu soigneux, durant vos six années d'exercice d'un pouvoir sans partage. Un jour ou l'autre, vous devrez rendre des comptes de ce désastre.

Nous différenciant du ton cassant, péremptoire, et somme toute a peine poli de votre lettre, nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations attristées.

Un groupe de grévistes