la gauche française découvre l'ampleur du mouvement anti-mondialisation

PARIS, 27 juil (AFP) - La gauche française a découvert cette semaine l'ampleur du mouvement anti-mondialisation alors que les protestations se multiplient dans toute l'Europe contre les violences policières constatées à Gênes entre le 19 et le 22 juillet, pour le sommet du G8.

Le chef du gouvernement a probablement libéré la parole dans son camp en saluant mardi à Paris, à son retour de Gênes, "l'émergence planétaire d'un mouvement citoyen", au vu des 200.000 à 300.000 manifestants anti-G8 recensés, selon les sources, en marge du sommet.

Le même jour, de Bucarest, il précisait son propos: "Que des hommes et des femmes manifestent par dizaines de milliers est simplement l'expression des libertés démocratiques et du droit de manifestation, cela ne doit pas se discuter".

Le lendemain Bernard Kouchner, ministre délégué à la Santé mais aussi ex-médecin humanitaire, évoquait "l'hypothèse d'un mai 68 mondial", des propos qu'il a développés vendredi. "Il y a une globalisation des batailles (...) Il y a eu ce qu'on a appelé le droit d'ingérence. Il y a maintenant des tribunaux internationaux et des militants internationaux", a-t-il déclaré.

Et même, selon M. Kouchner, "il y aura à terme et ce sera volontaire, une taxation des mouvements de capitaux", revendication principale des organisations anti-mondialisation libérale, portée par le mouvement ATTAC.

Avoir été ou pas à Gênes

Au nom du Parti socialiste, son porte-parole Vincent Peillon a estimé mercredi que "le PS aurait dû être à Gênes" parce que "les valeurs que défendent les manifestants sont les nôtres". "Ils ont été pris en otage entre des casseurs nihilistes et une police à la stratégie pour le moins doûteuse", ajoutait-il.

Pourtant le PS ne s'est pas joint à l'appel d'un collectif de 50 organisations, partis et syndicats pour une manifestation de protestation qui a réuni 2.000 personnes à Paris jeudi, contrairement au Parti communiste, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), Lutte ouvrière et la CGT (nationale), qui n'avaient cependant pas appelé à manifester contre le sommet du G8.

Les Verts qui, eux, étaient présents à Gênes, sont en première ligne de cette prise de conscience par les politiques, y compris parfois de l'opposition, d'un courant anti-mondialisation mondial qui a émergé en décembre 1999 à Seattle, lors d'une réunion avortée de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Une douzaine de parlementaires Verts français et italiens ont adressé jeudi à leurs gouvernements respectifs, une demande conjointe de commission d'enquête internationale "pour faire toute la lumière sur l'action des forces de l'ordre pendant le sommet de Gênes". Elle est notamment signée de Dominique Voynet, Noël Mamère et Dany Cohn-Bendit pour les Français.

Mais au-delà de la collusion entre policiers italiens et casseurs qui semble patente aujourd'hui tant les témoignages et images accumulés sont probants, les Verts formulent les mêmes revendications que les mouvements anti-mondialisation: l'annulation de la dette des pays en voie de développement, la lutte contre la spéculation financière avec l'instauration de la taxe Tobin (taxe sur les transactions financières internationales, ndlr), ou la reconnaissance de la dévastation écologique dans les pays du Sud, énumère le texte conjoint des Verts français et italiens.