mardi 24 juillet 2001
Les manifestations continuent en Italie contre la violence policière

ROME, 24 juil (AFP) - Des dizaines de milliers d'anti-G8 et de militants de gauche sont descendus dans la rue mardi à Rome et dans les grandes villes d'Italie pour protester contre les violences policières qui ont fait un mort et des centaines de blessés pendant les récentes manifestations du G8 à Gênes (nord-est).

"Assassins", proclamait en rouge sur fond gris une banderole "apolitique" déployée en tête du cortège qui a réuni à Rome plus de 20.000 personnes, selon les organisateurs qui ont dénoncé "une répression durissime" digne de "l'Amérique latine".

La préfecture a refusé de fournir son estimation du nombre de manifestants qui ont défilé bruyamment mais sans incident dans le centre de la capitale scandant le nom du ministre de l'Intérieur Claudio Scajola et réclamant sa démission.

A Bologne (nord), la police a recensé 15.000 protestataires. Ils étaient 5. 000 à Palerme (Sicile) à défiler derrière un épouvantail caricaturant le chef du gouvernement Silvio Berlusconi en casseur du "Black bloc".

A Florence (centre), plus de 5.000 personnes, selon la préfecture, 20.000 selon les organisateurs ont répondu à l'appel à manifester dans toute l'Italie lancé par les responsables de la coordination du Genoa Social Forum : Legambiente, réseau Lilliput, Cobas (syndicats de base) mais aussi des syndicats (CGIL), des partis politiques comme Refondation communistes et les Verts.

A Gênes, 10.000 personnes ont participé à un "sit-in" où étaient déployées des banderoles demandant "Qui sont les criminels ?" ou déclarant "La brutalité policière est inacceptable". Des manifestations ont aussi eu lieu à Venise et Naples.

La présence policière a été relativement discrète comparée au déploiement massif qui a assuré la sécurité des Huit, du 20 au 22 juillet, sans empêcher que les manifestations de vendredi et samedi dernier donnent lieu à des scènes de guérilla urbaine.

Les Démocrates de gauche, principal parti de l'opposition qui a eu une attitude "schizophrène" selon une militante en refusant de participer officiellement aux manifestations du G8, avaient cette fois répondu présents.

La plupart des manifestants ont protesté contre la manière "indigne, scandaleuse et honteuse" dont ont été gérées les manifestations et la répression policière sans discernement à Gênes pendant le sommet des pays les plus riches de la planète.

Dans le cortège romain, des marcheurs arboraient une cible noire et blanche sur la poitrine et certains "survivants de Gênes", présents dans la manifestation à Rome, ne se privaient pas pour raconter.

"J'ai eu de la chance", estime Luca, 30 ans, reprochant comme beaucoup à la police d'avoir chargé les manifestants au lieu d'arrêter les casseurs aisément repérables avant les manifestations et durant les échauffourées.

"Les forces de l'ordre étaient en mesure de savoir" où étaient les éléments violents, affirme Dominique. "Dans les stades de football, les violents on sait les isoler et la police les a tous sur fichier", renchérit Fabrizio, un écologiste objecteur de conscience de 27 ans.

"J'ai tout vu à la télévision. Comme mère de famille ça m'a fait mal de voir tous ces jeunes, y compris de jeunes policiers pas préparés. Tout cela était prémédité. Ca devait arriver. On a un gouvernement de droite qui veut nous empêcher de manifester", affirme Nadia, 52 ans, militante de gauche.

Les obsèques du jeune Carlo Giuliani doivent avoir lieu mercredi à Gênes.

Sur un mur de Rome, une silhouette noire a furtivement bombé : "Vous vouliez lui ôter la joie de vivre, vous lui avez ôté la vie".