Réponse à Stéphane d'AC forum
De l'intérieur du prétendu "Black Block"...

Il ne s'agit pas de mettre en doute la sincérité de ton témoignage au sujet de ce que tu as vu le vendredi à Gènes, mais force est de constater que l'explication que tu en donnes ne correspond en rien à la réalité.

Le cortège qui comprenait ce que les médias appellent le Black Block mais qui était beaucoup plus large puisqu'il était constitué de 3 à 4000 personnes, avait commencé à s'affronter avec la police à midi, aux alentours de la pointe avancée de la zone rouge, des banques ont été détruites et des barricades dressées pour freiner l'avancée des flics, des journalistes de la presse officielle chassés du cortège. En fait, il s'agissait certainement de la fraction la plus aguerrie des manifs et, pour celle-ci, il était évident qu'il ne fallait pas se laisser enfermer par les flics à l'intérieur de leur dispositif, être toujours mobile et d'attaquer des objectifs prédéfinis, loin des grosses concentrations de flics. Effectivement, la majorité de ce cortège, lors des nombreuses assemblées qui se sont tenus en différents endroits, n'avait pas déterminé les mêmes objectifs que tes amis dissociés et socio-démocrates des tute bianche : il lui semblait plutôt stupide d'aller foncer la tête contre un mur (au sens propre) au beau milieu du dispositif policier (c'est à dire dos au mur) ; de plus, n'ayant rien à négocier avec l'Etat ou son "opposition" du moment, son but n'était pas de faire les guignols devant les caméras.

Après avoir monté des barricades Corso Torino et Via Tolemaide pour bloquer les flics qui le poursuivaient, le cortège s'est scindé en trois : un tiers est resté pour défendre les barricades (c'est dans ce groupe que se trouvait Carlo Giuliani), tandis que le reste traversait le pont pour arriver sur la Piazza Giusti où un millier de personnes a obliqué à droite pour marcher sur la prison (qui a été attaquée), le reste tournant à gauche afin de donner l'assaut à la zone rouge (mais en étant protégé sur l'arrière puisque l'ensemble du mouvement avait produit la création d'une "zone libérée" tout autour de la Piazza Giusti (le cortège des tute bianche, complètement statique, bloquant le passage au Nord-Est). Précisons, même si cela t'effarouche, que sur le parcours des commerces ont été pillés et notamment une épicerie, un tabac et un magasin de casques de moto, que des banques ont été incendiées ainsi que des voitures de luxe – pour ne rien t'épargner, je me dois de te dire qu'une agence de location de voitures a été prise d'assaut et qu'un superbe rodéo a été improvisé.

Et c'est ce triste spectacle que tu as pu voir, une "zone libérée", l'œil du cyclone de l'offensive anarcho-autonome à laquelle s'étaient joints de nombreux prolétaires inorganisés ou en bande, des groupes M-L turcs et d'autres horreurs cosmopolites.

Si tu n'étais pas aveuglé par ta petite conscience tourmentée par des problèmes de jeune adulte responsable, tu aurais vu sur cette place ce que les journaux italiens eux-même rapportent : une base arrière où les combattants des trois fronts susmentionnés font des pique-niques, se partagent les fruits de la cueillette, jouent au foot avec les ballons trouvés dans une station service aux vitrines miraculeusement en miettes.

Il n'y a pas grand chose à dire sur ta description des Tshirt et autres détails qui montre juste que tu prends tes lecteurs pour des cons, comme ton ami Luca Casarini avec ses deux photos de flics en civil et ses rumeurs les plus stupides dont il nous dévoilera les preuves irréfutables (qu'il a été obligé de mettre dans un coffre en Suisse) demain (ou peut être à la Saint Bové).

Ah! Grâce à lui nous découvrons qu'il existe des policiers qui ne sont pas en uniforme (cela s'appelle communément des flics en civil), que tous ne sont pas adeptes des couleurs chatoyantes de Benetton et qu'il peut donc arriver que certains d'entre eux possèdent un Tshirt noir ; ainsi nous apprenons qu'ils sont parfois armés de bâtons. Ainsi nous apprenons que ce spécialiste de la guérilla de salon ne comprend vraiment pas comment certains peuvent s'organiser pour pénétrer discrètement dans une ville, comment des petits groupes peuvent apparaître et disparaître dans une métropole envahie par des centaines de milliers de manifestants. Lui ne connaît que les manifestations statiques sur des objectifs définis à l'avance avec le gouvernement de gauche… et oui mon petit Luca le gouvernement a changé, il va falloir trouver autre chose pour continuer ton cirque médiatique.

Il n'y a rien de surprenant à ce qu'un apprenti politicard héritier d'une longue histoire de Repentir et de Dissociation renoue avec les pires mensonges staliniens. Ce qui me surprendra toujours c'est qu'il y ait de si nombreux frustrés pour s'inventer de tels prétextes à leur impuissance. Mon cher Stéphane, il est dommage que tu aies choisi d'être toute ta vie un esclave (même si c'est un esclave qui a choisi la posture de la contestation raisonnable), aujourd'hui je veux bien te plaindre car je ne sais toujours pas si tu es un abruti ou un fieffé menteur

Tu dis avoir vu des "cagoulés" parler avec des flics alors qu'il n'y avait pas un seul flic (tout du moins en uniforme) dans la zone dont tu parles, ils auraient évidement été lynché, et même par toi et tes amis d'après ce que j'ai compris de la position dont tu te vantes.

Tu opposes le pillage d'une épicerie avec l'attaque de la prison alors que ce sont les mêmes personnes qui ont mené ces deux actions.

Tu veux faire croire que des gens voulant se faire passer pour des anarchistes lançaient des tracts du TIKB (orga ML turc), c'est évidemment des membres du TIKB qui les lançaient, ceux-ci s'étant joints au cortège (à moins que cela ne soit des flics chypriotes déguisés).

Les manifestants attaquaient la presse et cela t'étonnes, mais peut-être fais-tu parti des anarchistes qui manifestaient devant M6 pour réclamer une télé de qualité digne du service public ? Pour ta gouverne, saches que la chasse aux journalistes (c'est à dire à un des rouages de l'appareil de l'Etat-Capital) a été ouverte depuis plus de 10 ans par les fractions conscientes du prolétariat dans toutes les métropoles.

Tu considères tous ces activistes comme des fascistes et/ou des membres des services secrets, ça fait quand même beaucoup de monde, surtout que si tu veux être logique avec toi-même, tu dois y rajouter tous les pilleurs de Los Angeles, la racaille des banlieues du monde occidental, l'entièreté du mouvement de l'autonomie prolétarienne des années 70-80 en France et en Italie.

Tu oublies que, ce faisant, tu englobes Carlo Giuliani parmi les fascistes et les barbouzes, alors que comme tu l'as vu de tes propres yeux et comme il est facile de le constater sur toutes les photos de presse les affrontements ont été menés au coude à coude entre soi-disant "Blacks Blocks", autonomes, jeunes prolétaires et Tute Bianche contre la police. A ce moment tes prétendus flics, comme par enchantement ne le sont plus (ils viennent certainement de démissionner à l'instant).

Evidement je ne signe pas, si tu en déduis que c'est par ce que je suis un élément provocateur payé par la CIA, je ne peux plus rien faire pour toi.