Cela ne sera pas
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S'il n'est pas possible de tirer le bilan du mouvement des chômeurs, de nombreuses actions et initiatives nationales étant prévues au moment où nous écrivons ces lignes, il est possible de mettre en évidence quelques lignes de forces découlant des premières semaines d'actions et d'initiatives. La première des conséquences de ce mouvement pourrait de résumer par la formule : "Les chômeurs existent, je les ai rencontrés" ! Les termes mêmes employés par tous les médias témoignent du changement radical : "le conflit des chômeurs" comme on a pu dire le conflit des infirmières ou des routiers. A peu près tout le monde considérait que les chômeurs ne peuvent pas s'organiser, ne peuvent pas revendiquer collectivement. Cela est terminé et les conséquences vont bien au delà de ce mouvement. Toutes les institutions et les politiques s'ingénient à traiter les chômeurs individuellement. Toutes les déclarations récentes de la ministre du travail, Martine Aubry le reflètent : donner une solution aux situations de plus grande détresse, traiter au cas par cas. La proposition du fond d'urgence et le refus de toute mesure de relèvement général et d'ouverture du droit à un revenu pour les jeunes sont dans ce cas. On ne donne pas de droits, le traitement du chômage est encore une affaire de charité. Ce conflit permet de poser enfin d'emblée l'exigence de traiter la question du chômage non pas comme une addition de traitements individuels mais comme une question structurelle dont les réponses se posent en terme de choix de société. C'est bien ce qui en fait à la fois l'intérêt, l'enjeu, et la difficulté pour le gouvernement à sauter le pas ! La deuxième conséquence porte sur le lien entre les revendications liées aux créations d'emplois (la réductions du temps de travail, etc.) et celles relatives au revenu : le lien entre les deux slogans d'AC !, "Un emploi c'est un droit, un revenu c'est un dû". S'il continue à exister toute une plage de désaccords portant sur la notion même de "revenu d'existence" dont nous craignons qu'elle soit utilisée par des courants libéraux qui pourraient accepter un "statut du chômeur", entendu comme un revenu au rabais pour les couches de la population décrétées inemployables, les termes du débat ont changé. Nous sommes d'accord dans AC !, et probablement dans l'ensemble du mouvement des chômeurs pour considérer qu'une avancées sur le revenu minimum, pour les chômeurs et les jeunes de moins de 25 ans, serait un pas considérable pour les chômeurs et les jeunes eux-mêmes, mais aussi pour tous les salariés parce que l'existence d'un tel revenu décent serait une arme pour refuser n'importe quel boulot proposé sur le marché du travail : temps partiels sous payés, etc. Dernière conséquence que nous ne ferons qu'aborder ici, celle renvoyant à la sphère syndicale, il est trop tôt pour traiter ici de la gestion de cette crise par le gouvernement Jospin. Le syndicalisme a été, une fois de plus, divisé en deux blocs : une moitié, probablement la majorité du mouvement syndical français, a soutenu ce mouvement, ce qui aura des conséquences importantes par le front commun permanent qui se dessine : un front qui inclut la confédération CGT, la FSU, le Groupe des 10 et le courant "Tous ensemble" de la CFDT ; de l'autre côté on a retrouvé tous ceux qui ont privilégié leur privilège d'appareil, et d'abord les directions de FO et de la CFDT. | |
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