[ SAMIZDAT ]


From: samizdat@ecn.org ­ To: mailing-list conflits_l
Subject:
Mouvement de lutte des chômeurs et des précaires
Date : 7 janvier 1997 ­ Sender: owner-conflits_l

 

Pétition de soutien des travailleurs sociaux aux chômeurs et précaires en lutte

Le mouvement des chômeurs et des précaires à mis à jour les contradictions d'un gouvernement qui croyait pouvoir faire l'impasse sur le mouvement social. Celui qui avait contribué à mettre en échec le gouvernement Juppé. Après les "sans papiers", ce mouvement émerge là où on ne l'attendait pas: il est porté par ceux que l'on a pris l'habitude de prendre comme objets passifs des mesures des pouvoirs publics, c'est à dire, les "exclus".

Il y a aujourd'hui en France plus des trois millions des chômeurs officiels. 62% survivent avec moins de 4000 francs par mois. Plus d'un million de personnes bénéficient du RMI. Selon le Conseil supérieur de l'emploi des revenus et des coûts 12 millions de personnes vivent une situation de précarité et de grande pauvreté.

Aujourd'hui, des chômeurs et des précaires deviennent des acteurs et prennent la parole malgré la détresse et l'atomisation sociale auxquelles ils sont cantonés.

Les propos tenus par Mesdames Aubry et Notat, concernant la légitimité et la représentativité de ceux qui occupent des Assédics, sont alors d'autant plus scandaleux: ceci revient à nier le droit à ceux qu'on appelle les exclus à occuper la scène politique.

La précarité et le chômage sont désormais une donne centrale dans les nouveaux modes de régulation du marché et du monde du travail. Ils permettent le plus faible coût salarial et la plus grande flexibilité. Ils mettent aussi en évidence que le travail aujourd'hui ne se résume plus à l'emploi: intermittence, périodes de formation, activités diverses pourraient contribuer à une autre conception du travail pour peu qu'un revenu décent et inconditionnel pour tous soit assuré.

Or aujourd'hui, les institutions du travail social et les pratiques dites d'insertion jouent un rôle essentiel dans le maintient de l'illusion d'un champ de l'exclusion qui serait marginal. Ce serait alors à travers divers dispositifs (RMI, emplois jeunes, CES et accompagnements sociaux de toutes sortes) qu'il serait possible de réintégrer ceux qui ont été éjectés du monde salarial. On constate cependant que ces dispositifs reproduisent et légitiment surtout la précarité et qu'ils contribuent à la stigmatisation et à la relégation de masse.

Nous, travailleurs sociaux, n'acceptons plus d'être les instruments d'une gestion misérabiliste de la précarité. Nous refusons d'être les acteurs d'une mise sous tutelle insidieuse des exclus et des précaires.

L'insertion passe par l'exercice d'une citoyenneté politique, donc conflictuelle, dont les chômeurs et précaires qui occupent aujourd'hui les institutions de gestion de la précarité (ASSEDICS, CAF, CCAS, etc...) nous donnent l'exemple.

Nous les soutenons donc et nous disons que leurs revendications sont justes.

C'est ainsi que les chômeurs et les précaires peuvent retrouver une dignité et une reconnaissance sociale qui leur sont refusées.

 

Nous appelons les travailleurs sociaux
à signer cette pétition de soutien et à la faire parvenir :
Collectif " Solidarité Active Usagers-Travailleurs Sociaux"
Adresse :25 rue Saint-Maur, 75011 Paris
Tél : 01 48 07 06 68.
email : Fred@ras.eu.org



 
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