[ SAMIZDAT ]


From: samizdat@ecn.org ­ To: mailing-list conflits_l
Subject:
Mouvement de lutte des chômeurs et des précaires
Date : 5 janvier 1997 ­ Sender: owner-conflits_l

 

marches97-info.fr

 

Deux choses importantes ont déjà été acquis par ce mouvement : les luttes de chômeurs et leurs associations et syndicats sont - de fait - reconnus, et le &laqno;point aveugle» de la politique gouvernementale, l'absence de prise en compte des conditions de vie des chômeurs, précaires et personnes victimes d'exclusions, est maintenant mis en lumière.

Il faut avoir conscience que les trois premiers jours de la semaine seront déterminants pour la poursuite de la lutte des chômeurs. Nous aurons besoin de tous les soutiens et aides possible !

 

L'état de la situation sur le terrain

Le mouvement des occupations s'est étendu jusqu'au réveillon du nouvel an et s'est maintenu dans tous les lieux symboliques pendant le long week-end du 1er au 4 janvier :

- certaines occupations ont été levées après que des sommes aient été débloquées au niveau local, c'est le cas à St Brieuc ou à Champigny où les occupants ont obtenu le déblocage de 320000 F,
- certaines ont été levées par évacuation policière - les lieux qui sont aujourd'hui les symboles du conflits, Marseille, Arras et maintenant Paris sont restés occupés, la presse comptant 13 occupations ce dimanche 4 janvier.

 

Les revendications

Les revendications sont la prime de 3000F tout de suite pour tous les chômeurs qui en feraient la demande, la mise à plat de tous le système d'indemnisation sociale et des minima sociaux et, en attendant l'augmentation immédiate de 1500F par mois de tous les minima sociaux et l'ouverture du droits au revenu pour les jeunes de moins de 25 ans qui sont aujourd'hui exclus de RMI. A partir de là, il faut développer l'ensemble des revendications, en particulier les créations d'emplois et la revendications d'une réduction de temps de travail réellement créatrice d'emplois, donc sans flexibilité...

Nous nous adressons aux pouvoir public en demandant la mise en place de réelles tables rondes pour donner satisfaction aux revendications des chômeurs, tables-rondes locales, régionales et nationales avec les associations et les syndicats présents dans la lutte. Nous nous adressons également à l'UNEDIC dont le silence des responsables est scandaleux en demandant la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire de l'UNEDIC pour prendre les mesures qui s'imposent.

 

Les réponses gouvernementales

Deux ministres se sont exprimés ce week-end : - Jean Claude Gayssot a reçu les associations et les comités de chômeurs CGT pour leur annoncr des mesures pour les chômeurs en Ile de France, la formule employée par la délégation d'AC! : &laqno;une première marche dans le long chemin vers la gratuité des transports urbains pour les chômeurs», correspond à la tonalité générale des réactions associatives et syndicales, - Martine Aubry a avancé son point de presse du mardi 6 (elle devait présenter le projet de loi sur l'exclusion) au samedi 3, aucune réponse n'a été avancée, les annonces faites (les 500 millions pour les AFR) étaient connus depuis 2 mois ! et le côté menaçant de son intervention (les actions &laqno;illégales»,...) est une véritables provocation (ce sont les termes employés par la CGT chômeurs) pour les chômeurs en lutte... les réactions syndicales et associatives ont été là aussi à l'unisson.

 

L'UNEDIC et les partenaires sociaux

La présidente de l'UNEDIC continue, après un mois de conflit, de garder un silence total ! Les choses vont devoir changer, un C.A. de l'UNEDIC ayant lieu mercredi 7 à 15h. La CFDT vient d'annoncer que Nicole Notat recevrait mardi 6 Maurice Pagat, le président de &laqno;Partage» et ancien responsable du syndicat des chômeurs. Maurice Pagat reconnaît lui-même ne jouer plus grand rôle dans les luttes de chômeurs, cette rencontre ne sera donc qu'un piètre coupe-feu !

Sur le plan syndical les choses ont évolué très positivement : après la CGT, la CFTC puis la CGC ont dénoncé la carence des partenaires sociaux, et FO s'est élevé contre la faiblesse de la revalorisation de l'ASS et demande un point précis sur les fonds sociaux (bien qu'ayant voté pour la réforme). A noter que FO s'est adressé directement aux associations de chômeurs, ce qui est un véritable tournant !

 

Les rapports unitaires

Le double point de départ de l'action (la CGT chômeurs sur la prime, en particulier à Marseille et les associations mobilisant avec des forces syndicales lors de la semaine &laqno;Urgences sociales») imposait des confluences et un rapprochement unitaire...

Si les situations locales restent diversifiées (un travail unitaire très avancé à Arras entre AC! et CGT ainsi que dans la majorité des occupations, une volonté de jouer &laqno;solo» de la part de la CGT à Marseille et dans quelques autres villes), les choses ont évolué dans le bon sens dans les derniers jours. Après l'organisation commune du rassemblement du 24 devant l'UNEDIC, les associations ont pu prendre la parole sans problème lors du rassemblement devant le CNPF organisé par la CGT le 31, la CGT étant invitée et se rendant à l'occupation à Paris à l'initiative d'AC! le 30 décembre.

Une réunion unitaire CGT, AC!, APEIS, MNCP le vendredi 2 janvier au siège confédéral de la CGT a confirmé cette volonté unitaire et les réactions aux annonces gouvernementales (cf. § ci-dessus) vont consolider ces rapprochements.

Restent les liens avec les autres associations (DAL, Droits devants!!, CDSL, CADAC, etc.) et les autres forces syndicales. La difficulté est de combiner l'expression propre de chômeurs (expression qui est à la base de la force du mouvement) et le nécessaire élargissement aux salariés et aux différentes facettes de la lutte contre les exclusions. Pendant une première phase nous aurons 3 types de contacts : - des réunions &laqno;chômeurs» (CGT, AC!, APEIS, MNCP), comme le 2 janvier, une autre est prévue le 8 au matin,

- des contacts entre confédérations dont se charge la CGT,
- des réunions unitaires larges, avec invitations de toutes les forces syndicales et associatives, la 1ère, sur le plan national se tiendra à l'invitation d'AC! lundi 5 janvier.

 

La stratégie d'action pour les jours qui viennent

Celle-ci va s'articuler sur les occupations et sur les recherches d'élargissement à l'occasion de temps forts.

 

Les occupations

Elles représentent la spécificité de ce mouvement, comme les manifestations en novembre/décembre 95 ou les barrages sur les routes pour les routiers. C'est à l'aune du nombre d'occupations que sera pris le pouls du mouvement, Martine Aubry a commencé ce samedi (seulement 4% des ASSEDIC sont occupées !).

Il est donc décisif que les occupations tiennent et s'étendent dans les jours qui viennent. Les associations et la CGT en sont persuadées, il est donc certain que l'extension aura lieu dès lundi. Les évacuations policières sont possibles, voir probable (cf. la partie menaçante de la déclaration de M. Aubry). La discussion a eu lieu lors du collectif national AC! qui s'est tenu samedi 2 à Paris et a abouti aux conclusions suivantes : en cas d'expulsion policière, l'occupation continue ailleurs, dans le lieu le plus approprié ! Le scénario envisagé est celui des sans-papiers : où que nous soyons, quelles que soient les expulsions, l'occupation continue.

Cela veut dire évidemment toute une logistique où les soutiens syndicaux et associatifs sont déterminants. Cela veut dire aussi, au cas où les expulsions se multiplient, des &laqno;parapluies» à ouvrir avec présence de personnalités, de responsables syndicaux, d'élus,... devant les lieux occupés pour protester contre les interventions policières.

 

L'élargissement

Il est, parallèlement aux occupations, indispensable. Il nous faudra pour cela des dates, des temps forts, des manifestations ou rassemblements.

Le premier aura lieu mercredi 7 janvier, avec des rassemblements dans le plus de villes possibles. A Paris, le rendez-vous est à 14h devant le siège de l'UNEDIC, métro Reuilly-Diderot.

L'étape suivante ne pourra être déterminée qu'à ce moment. Si le mouvement s'enracine et que, du côté des salariés, la solidarité passe à une phase active, il faudra appeler à une grande manifestation, nationale ou dans les grandes villes. La meilleure date étant un samedi, le 17, voire le 24.

Si nous sommes dans une situation intermédiaire, il faudra un rendez vous en semaine, où nous chercherons moins à jouer sur le nombre, une date possible sera le 14 janvier, où doit être discuté au parlement une loi permettant l'indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans ayant cotisé 40 ans et ne relevant plus de l'UNEDIC.




 
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