Communiqué à l'attention des élèves  de l'E.N.S.

«Nous occupons aujourd'hui l'Ecole Normale Supérieure parce que cette institution est la preuve que l'état sait rémunérer à juste titre certaines périodes de formation alors que la quasi-totalité des étudiants sont sans revenu ; alors que les moins de 25 ans dans leur ensemble sont exclus de tout droit aux minima sociaux ; alors que l'ensemble des précaires, étudiants ou non, ne dispose d'aucune garantie sociale permettant de refuser les petits boulots et la surexploitation. Nous ne sommes pas ici pour dénoncer le statut de normalien, mais pour dire qu'un revenu de 7500 fr. par mois pour se former ou exercer une activité de son choix ne doit pas être un privilège, et doit donc être étendu à tous.» extrait d'un tract des occupants.
Mercredi 14 janvier : suite à l'occupation des locaux par des chômeurs, précaires, étudiants, salariés et sans-logis en lutte, le Ministère de l'Education Nationale a décidé de fermer jusqu'à nouvel ordre l'Ecole Normale Supérieure. Un blocus policier a été mis en place qui interdit la circulation des élèves et du personnel. Les cours sont suspendus, la cantine ne fonctionne pas, la bibliothèque et les laboratoires de recherche sont fermés.
Cette occupation, malgré sa détermination, se déroule dans le calme. Des assemblées générales ont été organisées avec la participation de nombreux élèves. Et contrairement à ce que voudrait faire croire le Préfet de police et le Ministre de l'Education Nationale, cette occupation n'a entraîné ni dégradation des locaux ni arrêt des activités de recherche et d'enseignement. Le blocus a été imposé par décision gouvernementale.
L'occupation se situe dans la salle Dussane, la cafétéria de l'administration, le pot des caïmans, la boursinière et la salle Simone Weil. Tout se passe dans des conditions d'hygiène et de propreté satisfaisantes, chacun prenant en charge l'entretien de ces locaux.
Du fait du blocus policier, le ravitaillement en nourriture par l'extérieur n'a plus été possible à partir de vendredi soir, de la nourriture a donc été prise dans les réserves du pot.
La presse a été interdite d'accès, ainsi que les avocats et le médecin personnel de Mr Deza (CNRS) qui se trouvait être gréviste de la faim au moment de l'entrée des occupants.
Jusqu'à la manifestation nationale de samedi, l'administration arrivait à jouer un rôle d'intermédiaire entre les occupants et les forces de l'ordre. Dans l'après-midi, des négociations ont été entamées avec Mr. Soubeyran, directeur de cabinet de Mr. Allègre ; celles-ci n'ont pu aboutir : le ministère exigeant en préalable la levée de l'occupation tandis que les occupants exigeaient la levée du blocus policier.
Samedi soir, de nouveaux occupants ont pu pénétrer dans l'école. Après cette nouvelle arrivée, certains ont quitté les lieux et les occupants sont à présent une cinquantaine. Samedi, Mr. Guyon s'est déclaré ne plus être responsable de la situation. Le soir, dans un mouvement de panique dû à la crainte d'une intervention policière imminente, certaines dégradations ont été commises (déplacement d'armoires afin de constituer un barricadage des portes d'accès aux locaux, forçage du local ballon de l'association sportive sans que vol s'ensuive, forçage du distributeur de préservatifs puis fracturation de la caisse des flippers). Tous le regrettent, une réunion a été organisée dimanche entre élèves et occupants afin d'éviter qu'un climat de psychose et de rumeurs ne s'installe par ce biais.
Les occupants souhaitent la réouverture de l'école afin d'obtenir ce qu'ils étaient venus y chercher : un lieu ouvert où débats et rencontres aient la possibilité de s'exprimer et de se développer, ainsi que le droit au revenu pour les moins de 25 ans et les étudiants. Nous soutenons cette occupation.

Des élèves, internes et externes, présents sur les lieux depuis mercredi soir.