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Plus froid que l'hiver: le capitalisme! FAITS D' HIVER, RUBRIQUE CHIENS ÉCRASÉS (tract non signé)
Date: 19/1/98
Source: AG Jussieu

Plus froid que l'hiver: le capitalisme!
FAITS D' HIVER, RUBRIQUE CHIENS ÉCRASÉS

COMME tous les hivers, des gens meurent et vont mourir de froid.
Comme tous les hivers, les médias, qui ne s'y intéressent qu'à partir
d'un certain quota (les déjà 5 morts de cet hiver ne semblent pas
mériter plus que quelques lignes), vont nous dire que « le froid tue
»[~]en quelque sorte pour eux, il s'agit d'une fatalité! Comme tous les
hivers, ils insinueront que ces enquiquineurs de S.D.F meurent de froid
parce qu'ils s'obstinent à dormir dehors. Mais tous ces journalistes qui
appartiennent aux classes moyennes supérieures savent-ils ce que
signifie fréquenter les foyers d'hébergement d'urgence, ce qui n'est
autre en réalité que d'attendre sa propre mort dans un dernier
cul-de-sac! 
Comme tous les hivers,  pour expliquer ces décès, les médias comme les
politiciens nous diront tout et n'importe quoi, sauf l'évidence !
Celle-ci est trop genante pour ceux qui possèdent tout: ce qui est
anormal, ça n'est pas qu'il fasse froid en hiver, mais bien -que des
êtres humains soient condamnés à dormir dehors, ou dans des conditions
insalubres, ou dans des foyers, par essence inhumains. A l'évidence, il
est scandaleux que tout le monde ne dispose pas d'un véritable logement,
alors que l'on vit dans une société d'abondance. Car si des personnes
sont jetées à la rue, ça n'est pas dû à une pénurie de logements, c'est
qu'elles sont victimes de la logique implacable du fric: les riches
spéculent et accumulent toujours plus de fric et de logements, les
loyers deviennent toujours plus inabordables et il devient toujours plus
impossible de vivre et de se loger pour les pauvres, qui, eux, sont
toujours plus pauvres. 
Pour les décideurs de cette société, le fait que certains meurent de
froid dans la misère, pendant que d'autres possèdent des fortunes
astronomiques et n'hésitent pas à dépenser sans vergogne pour des
futilités de luxe est, somme toute, un phénomène normal justiflé par le
« réalisme économique »! C'est ,ca qu'ils appellent « liberté, égalité,
fraternité... démocratie... socialisme » (n'oublions pas que le parti au
gouvernement se dit «socialiste»)! !, Pour nous, la chose est entendue:
ces mots sont vides de sens dans le cadre du capitalisme! En revanche,
l'expression « propriété privée » y prend tout son sens: toujours plus
de propriétés pour les uns, toujours plus de privations pour les autres. 
Quand la vie d'un humain n'a de valeur qu'en fonction de son compte en
banque. celle de tous les pauvres est menacée. Si nous nous obstinons à
être résignés et bien gentils. ça continuera de plus « belle »: tous les
hivers, une partie grandissante des plus fragiles d'entre nous 
crèveront sur l'autel du capitalisme. tous les hivers, avec battage
médiatique à l'appui, on nous refera le coup des fausses solutions [~]
genre les foyers d'urgence. Tous les hivers, nous aurons droit à la
compassion hypocrite et méprisante des politiciens et des bourges. Tous
les hivers, en rotant leur caviar, ils signeront un petit chèque aux
Restos du C[ogonek]ur et nous crèverons en disant merci ! 
Mais est-il raisonnable de rester calmes et sereins face à une telle
menace et une telle hypocrisie? 
Alors puisqu'ils s'évertuent à masquer l'évidence et à ne sur tout rien
changer 
fondamentalement, allons tous nous imposer dans leurs palaces. Ne venons
pas pour quémander I'aumône, ni même leur réclamer des boulots de
larbins, mais pour leur crier que les fortunes qu'ils accaparent puent
la mort, la mort de tous les pauvres décédés par manque d'argent. Pour
nous, tous ces assassinats. ils les ont directement sur la conscience,
si tenté qu'ils en aient une, et ils devront tôt ou tard l'assumer !
Pour qu'ils comprennent vite, on a une méthode didactique: I'échange !
Qu'ils dorment dans les cartons des sans abri et que leurs palaces
servent à loger tous les S.D.F. S'ils ne comprennent toujours pas, le
symbolique devra être remplacé par du concret: pour qu'il n'y ait plus
de morts de froid, faudra que ça chauffe ! 

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